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EAN : 9782070361144
240 pages
Gallimard (07/05/2009)
3.67/5   52 notes
Résumé :

A l'orée des années 2000, un jeune homme traverse, seul, le Grand Ouest australien. Une échappée, plus qu'un voyage, par-delà les confins désolés de la plaine de Nullarbor. Et la découverte pour le lecteur d'une Australie loin des clichés faciles, âpre, cruelle, où les êtres semblent se perdre, au sens strict se défaire, dans l'immensité du paysage. Une campagne de pêche hallucinan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le moins que l‘on puisse dire c‘est que David Fauquemberg fait des débuts fracassants avec ce « Nullarbor ».
Voyage initiatique d'un jeune homme qui décide de traverser l'Australie qui le mènera vers des rencontres et des territoires au-delà de son imagination. Et croyez le ou non, ce voyage est aussi impressionnant, renversant, déroutant pour le lecteur que pour son jeune héros. Ca tangue sévère ce retour aux sources vers les vastes plaines aborigènes. Sa manière d'appréhender les éléments hostiles (flore, faune, humains, intempéries) et de nous embarquer sans le moindre répit est remarquable de bout en bout. L'écriture de l'écrivain voyageur nous laisse sans cesse sous tension, son road-movie tient la distance avec une impressionnante maitrise pour un premier essai. Il réussit un roman hors du temps, bien loin de nos interrogations occidentales, qui se lit d'une traite.
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David Fauquemberg né en 1973 fait des études de philosophie avant de se lancer dans une série de voyages à travers le monde, de Cuba à la Patagonie en passant par l'Australie qui lui inspirera ce roman paru en 2007. Quand il n'écrit pas des romans, David Fauquemberg est aussi grand reporter pour le magazine Géo.
Le titre du livre Nullarbor est le nom d'une région du sud de l'Australie, où le héros va vivre une aventure intense. Végétant depuis deux ans à Melbourne il décide de partir en stop vers l'ouest puis de remonter vers le nord, chez les aborigènes « et advienne que pourra ». le roman est découpé en cinq chapitres et chacun lui permet de rencontrer des personnages très forts. Des Hell's Angels dans des bars minables, des pêcheurs fous de haine contre les requins et les tirent à la carabine au cours d'une partie de pêche qui n'aura rien de folklorique mais où à chaque instant on risque la mort ou la blessure grave. Enfin il échouera chez les aborigènes et le voyage devient initiatique quand il sera pris sous l'aile protectrice d'Augustus qui lui enseignera quels préceptes permettant de survivre sur ce continent étrange, où vos ancêtres peuvent se réincarner sous la forme de corbeaux et vous protéger discrètement.
Un roman assez mince finalement (232 pages en poche) vu la distance parcourue lors de ce périple et les évènements traversés, mais plein de bruit et de fureur, écrit en phrases courtes qui cognent. Un bouquin que j'ai dévoré en quelques heures, avide d'avaler ces centaines de kilomètres de poussière, de franchir ces gués de fortune à bord d'un 4x4 bringuebalant, ou d'errer dans la mangrove terrorisé à l'idée d'être happé par un crocodile ou mordu par un serpent venimeux, sans parler de ces « araignées, ventrues, hideuses, longues comme la main, attendant leur heure, tapies sous le feuillage ». le finale est superbe, rejoignant la mystique aborigène et ses croyances qu'on dit d'un autre âge, mais qui sait ?
Si le style n'est pas le même, l'approche des peuples aborigènes d'Australie m'a rappelé les meilleures pages de Bruce Chatwin et son Chant des pistes. Excellent livre que je ne peux que vous conseiller.
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Livre « coup de poing » qui, refermé, reste sur l'estomac. L'histoire tient à peu de chose : la traversée en stop du grand ouest australien par un jeune homme dont on ne sait rien, pas même son nom. Il recevra des sobriquets au fil de ses rencontres. Mais il embarque le lecteur sous sa peau, dans ses yeux, pour vivre ce périple de façon physique, voire douloureuse. On prend ses coups. On vit ses peurs et ses coups de coeur. Mais on avance. Jusqu'au bout. Ce roman fracasse. Par une écriture « à bras le corps », saisissante. Les descriptions des personnages ou des paysages sont à vif. Ainsi le fascinant Augustus « aux yeux d'un noir absolu, tout en prunelle dont on ne peut capter le regard, la clope au bec… » Tout serait à noter ! Les voix, les façons de moduler, le narrateur capte toutes les nuances et avec lui nous voici en empoignade avec la nature hostile à l'étranger, à l'imprudent. Empoignade avec les mots travaillés jusqu'à faire de chaque scène un bijou accompli. Oui bien sûr, il y a la séquence de la pêche-massacre remarqué par tous les critiques littéraires mais il y en a tant de séquences, bout à bout, une propulsion qui a quelque chose d'échevelé et d'absurde et pourtant de primordial. Une traversée qui déchire les chairs mais dont la saveur réside dans les rencontres avec des êtres qui connaissent chaque étoile par son nom. Incursion intense mais éphémère dans leur vie. Fraternisation du regard, entente tacite au coeur du coeur de l'humanitude. Et en filigrane un savoir ancestral, archaïque qui laisse l'occidental sur la touche ! A lire absolument et surtout un auteur à ne pas manquer : c'est un privilège !
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Le récit de voyage est un genre casse-gueule, surtout quand le pays traversé est l'Australie. Que peut-on dire d'un pays à la fois si vaste et si vide, et tout particulièrement de son désert ? D'accord, il s'agit d'un préjugé personnel qui n'a absolument aucune chance d'être valable. le narrateur se met en tête de traverser la Nullarbor, c'est-à-dire la grande plaine désertique (nul arbor : aucun arbre, en latin) qui s'étend au coeur de l'Australie. Sans raison apparente, sinon peut-être ce nom qui fait rêver.
Le récit reprend à son compte un certain nombre de standards du genre : la dèche, les petits boulots, la route comme fin en soi, l'errance au gré des rencontres toutes plus bizarres les unes que les autres.
On croise ainsi un couple d'Italiens qui traverse l'Australie d'un bord à l'autre en se disputant sans cesse, car elle est vierge et ne veut pas coucher avant le mariage, un camionneur en mal de compagnie pour l'aider dans sa tentative suicidaire qui consiste à tenir 48h sans dormir pour livrer en temps et en heure sa cargaison d'acide à l'autre bout du pays... Il y a aussi des pêcheurs dégénérés trucideurs de requins et des paumés, des vrais, dont on ne sait s'ils ont vécu un jour de leur vie hors de la misère géographique, économique, sociale et mentale...
Le récit est par moments une succession de scènes prises sur le vif dans des saloons glauques ou des stations d'essence improbables, en pleine mer sur un rafiot de pêcheurs pourris, ou pour finir, au bord d'une mangrove en compagnie d'aborigènes. On assiste à une partie de pêche à la tortue, on écoute les récits mythiques d'anciens, on note la présence vaguement maléfique de deux corbeaux au-dessus d'une cabane en tôle, on lit des noms aux sonorités magiques, qui font comme de vieilles incantations prononcées en rêve (Yagoo...), des sobriquets amusants (le français est rebaptisé Napoléon aussi sec par les aborigènes), des cosmogonies exotiques, et pour finir on rencontre un crocodile centenaire que part rejoindre Augustus dans une sorte de suicide un peu (trop ?) mythique...
Malgré l'ultime phrase sur laquelle se referme le récit (« Rien. »), je dois reconnaître que mon préjugé initial sur l'Australie en était bien un. Il n'y a pas de lieux moins propices que d'autres au voyage et surtout à sa mise en récit, et on peut très bien écrire sur le rien.
Le récit de David Fauquemberg est servi par un style efficace, mélange d'argot et de recherche poétique, avec des phrases bien balancées, équilibrées, justes, sans place ni pour l'épanchement ni pour la fadeur. Pas de place non plus pour l'explication (pesante), ici l'évocation – accrochée à quelques détails bien choisis – remplace la description. le tempo est bon, le rythme de la narration convient au baroudeur, sec, nerveux, sans ballast inutile.
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J'avais ce livre dans ma bibliothèque depuis au moins deux ans. J'ai eu du mal à y venir, du mal à être dedans et aucun mal à en sortir. Je n'y ai pas trouvé mon compte. Je ne suis déjà pas fan de Napoléon, alors...

Ce n'est pas que le sujet soit inintéressant, mais c'est que je n'aime pas les récits de voyages qui commencent mal, se passent mal et finissent de manière prévisible...Quand on est pas à sa place dans une situation ou un contexte, on se casse ou on fait preuve de grande humilité

. Ce récit m'a mis mal à l'aise, vraiment mal à l'aise. Je n'ai pas du tout compris l'esprit de l'auteur ni son but si tant est qu'il y en ai eu un. Cet acharnement à vouloir en être alors que tout, dans les événements qu'affronte l'auteur ( si il s'agit bien d'un récit et non d'un roman...) lui dit de faire demi-tour. Un envers et contre tout stupide et dramatique.

Pour le style, c'est un récit simple, sans fioritures ni grand style( heureusement), ce qui colle avec l'apprêtée de l'histoire.

Vite lu, vite oublié. Je tenterai une autre lecture, plus tard car ce n'est pas souvent que je descend un livre de la sorte.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Bruce a poussé un juron. Il m’a tendu une ligne en maugréant : « Requin ». Coupant le moteur, il s’est engouffré dans la cabine. J’ai dû me battre pour ne pas laisser filer. Le fil, agité de soubresauts incontrôlables, me déchirait les mains. Je sentais le nylon pénétrer la chair de mes paumes. Derrière moi, Billy faisait disparaître les nœuds, ils auraient pu m’arracher un doigt si le poisson décollait. Cette fois, le suspense a duré moins longtemps. L’animal est monté tout de suite au combat. Un requin-marteau de grande taille, qui décrivait des cercles de plus en plus réduits à la verticale du bateau. Un guerrier. Il n’avait pas peur, dans son élément il ne craignait personne. Heureusement pour moi, ça devait faire des heures qu’il avait mordu à l’appât. Pourtant, il m’arrachait les bras à chaque battement de queue. Il évoluait en surface à présent, à un mètre cinquante de mes mains. Ses yeux inexpressifs semblaient fixés sur moi, son échine tressaillait comme celle d’un taureau dans l’ultime tercio. Pourquoi me laissait-on ainsi jouer avec la bête ? Quelqu’un allait-il couper cette maudite ligne ? Bruce a jailli de la cabine en braillant : « Putain, sors-lui la tête ! » En me retournant, j’ai failli tout lâcher. Bruce pointait sur moi un fusil de chasse Winchester à canons sciés. Les orifices de sinistre présage passaient et repassaient devant mon ventre au gré des mouvements de la houle. De toutes mes forces, j’ai soulevé la gueule du requin. Bruce a tiré à bout portant. Déflagration ahurissante. Le requin est retombé sur le dos, secoué d’effroyables spasmes. Pris de fureur, Bruce lui a balancé une seconde décharge. « Enculé d’requin ! » Il n’avait plus la force de résister, mais il n’était pas mort. Un œil pendait sur le côté, arraché à l’orbite. Du revers de la main, j’ai essuyé les lambeaux de cervelle, les éclats de cartilage qui me criblaient le visage. Curt et Billy ont crocheté les ouïes du requin, qui vomissaient des torrents de sang. J’aurais dû les aider, mais le vacarme des détonations, l’odeur de la poudre m’avaient tétanisé. Rien ne m’avait préparé à cela.
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Fauché, la rage au ventre, j’avais quitté Melbourne, cette Europe en exil où je vivais reclus depuis bientôt deux ans. J’ai oublié pourquoi. Le temps pressait. Gagner l’ouest, le nord, les tropiques aborigènes. Nébuleux projet. Rallier Perth, en stop, trouver de quoi me refaire, pour obliquer vers Broome et advienne que pourra. Tout semblait bien parti. Seize cent kilomètres en trois jours. La route, sa généreuse indifférence, agissait déjà comme un puissant remède. Aux portes de la Nullarbor, un camionneur exténué m’avait pris à son bord. Il ravitaillait une station-service, où il m’avait laissé. Quelques voitures étaient passées, à contresens pour la plupart. Les conducteurs emportaient l’essentiel de leurs biens, ils partaient s’installer ailleurs, en Terre promise. Un exode. Les rares voyageurs qui traversaient la Nullarbor dans le même sens que moi n’inspiraient vraiment pas confiance. Des paumés, des fous, des représentants au bout du rouleau. Cette route hallucinée charriait le tout-venant de la détresse humaine. Prudent, j’avais établi mon bivouac dans le bush, parmi les herbes sèches, les touffes de spinifex.
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Les blancs, ils ont fait dégager tout le monde… Ils voulaient plus les voir sur l’île. Un bel endroit comme ça, tu parles, ils l’ont gardé pour eux tout seul. Toujours la même histoire, hein, Napoléon. Un jour, ils ont rassemblé tout le monde. Ils ont dit qu’il fallait partir. Un cyclone va venir, qu’ils ont fait. L’île disparaîtra sous la mer. Ils les ont mis dans des bateaux, à part les vieux, pas moyen de faire partir. Tout ça, Napoléon c’était que des bobards… Les miens ont atterri à Lombadina, il y avait des aborigènes de toute la région… Ils ont pris les enfants, les ont placés dans leur pension. Pour les éduquer, il disait. Les parents, c’était trop de tristesse, personne a eu le cœur de retourner sur l’île…
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« Alors faut pas se promener là tout seul ? J’ai demandé.
- Ah non, Napoléon. À moins d’marcher en haut des des des dunes. Parce qu’il galope, les croc », même sur le sable. Ou bien t’amènes un chien… Le crocodile raffole des clebs. Friandises ! Il entend aboyer, on l’tient plus, il est comme fou… Crois-moi, Napoléon, s’il a le choix, un croc ira toujours après le chien.
- Mais dans l’affaire, tu perds ton chien !
- Hé, Napoléon qui t’a dit de prendre le tien ? Celui du voisin, il te faut… Une pierre, deux coups, le croc te bouffera et le clebs d’à côté, celui qui aboie tout le temps, t’en es débarrassé. »
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J’connais des tas d’histoires comme ça. Trois types partent à la chasse après la fermeture du pub. À l’affût dans un arbre, ils poireautent des heures et des heures. Au petit matin, il fait froid, l’un des trois en a marre, descend de sa branche. Les autres lui crient de revenir, il leur faut un cochon. Mais leur pote ne veut rien entendre. Alors ils se bagarrent, le coup part. Là, ils l’enterrent au pied de l’arbre, ni vu ni connu. Bien sûr, on retrouve le corps. En général, l’autopsie montre qu’il s’est débattu dans son trou, car il n’était pas vraiment mort.
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Vidéo de David Fauquemberg
Toute sa vie, Kerry Salter a cherché à éviter deux choses : sa ville natale et la prison. Mais son grand-père se meurt et la police du Queensland la soupçonne de complicité dans un cambriolage. La jeune aborigène remonte donc sur sa Harley, direction Durrongo, sa rue principale, son pub, son ennui, ses sauvagesnormauxblancs… et sa famille fantasque. Car, entre sa mère qui tire les cartes dans les foires, son frère, sorte de koala géant alcoolique, et son neveu mal dans sa peau qui se rêve en baleine, Kerry aura fort à faire. D'autant que le maire entreprend de construire une prison sur la terre sacrée des Salter : la magnifique île d'Ava où leur ancêtre, pourchassée par les Blancs, s'est réfugiée pour y accoucher. La guerre entre l'édile corrompu et la famille Salter sera féroce.
Un roman grinçant et jubilatoire qui nous plonge au coeur du bush australien.
Melissa Lucashenko est une autrice bundjalung de la côte est de l'Australie. Très active dans la défense des droits des aborigènes, elle est co-fondatrice des Sisters Inside, une association qui vient en aide aux femmes incarcérées. Celle qui parle aux corbeaux est son sixième roman. Il a reçu le prestigieux prix Miles Franklin en 2019.

Traduit de l'anglais (Australie) par David Fauquemberg.
En savoir plus : https://bit.ly/3o2LT1x
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