Parcours de Rêve
Ça commence par un film
"Le cri du sorcier" de Jerzy Skolimowski
Je n'en dirai rien si ce n'est qu'il s'agit d'un cri qui tue..
En fait, il n'y a pas de début.
Le chamanisme et le "Dreaming" (ou Loi du Rêve) font partie de ces lieux de savoir qui ne seront jamais des "domaines"
Car leur clôture (spatio-temporelle) est aussi dangereuse qu'aventureuse
L'homme veut rire mais il craint toujours les pouvoirs de l'énonciation (sous toutes ces formes)
Après cette introduction un peu "facile", je poursuis sans ordre ni dessein sinon celui de cerner un objet moins dans l'idée de le mettre en valeur que d'inventer une autre figure dans laquelle cette errance sera lisible dans son contour exagéré
(Le travail de l'auteure est très incitatif, me donne d'autres envies que celle du commentaire)
le Rêve est un mythe, un totem et un itinéraire.
C'est une connaissance que tous les hommes ont en partage mais que certains font semblant d'ignorer
Ce qui passe librement d'une forme à l'autre dans le rêve, inventant en nommant ce qui n'existe pas encore, à l'insu du rêveur qui ne sait pas qui il est (dans le rêve)...
Pour cela, il faut qu'il naisse et c'est du Rêve qu'il naît
"Ils avançaient, "pleuvaient" et enfantaient de nouveaux nuages qui prenaient leur place pour continuer le voyage."
(Récit de Jo Long Jangala de Lungkardajarra)
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Le virtuel et l'actuel sont ni continus ni discontinus mais les deux à la fois : pour que le virtuel s'actualise ou que l'actuel se virtualise, les deux registres doivent s'autopénétrer et en produire un troisième : celui des rêves et des rituels.
La coupure entre le consommable et le non consommable ne se situe pas entre les totems du clan et les autres mais départagerait plutôt ce qui est Chair de Rêve et ce qui ne l'est pas : les hommes reconnus comme tels, "Yapa", par opposition aux étrangers, "yapakari" "humain-autre" ("autre qu'humain"). L'étranger est autre chose qu'humain car il n'est pas lié par une parenté symbolique aux humains qui constitue la tribu. On notera que l'expression warlpiri pour dire "je ne sais pas" est "karija" : en ce sens ne pas savoir, c'est renvoyer à l'Autre comme inconnu.
La capacité de voir "à travers" est de par toute l'Australie associée à celle de voir "au loin", "dans le passé" ou "le futur" ou encore d'agir instantanément sur une victime en pointant un objet magique meurtrier pour le projeter à distance. Toutes ces caractéristiques renvoient à la synchronie de la quatrième dimension en tant qu'elle abolit les obstacles spatiaux ou temporels qui régissent nos repères courants.
On peut se demander [...] si les noms de ces figures ancestrales, qu'il s'agisse de femmes-esprits, de "père" et "mère" tribaux, n'expriment pas, au delà des personnages, des notions connotant la gestation permanente de l'univers.
Les Warlpiri disent que la Loi du Rêve se déchaîne d'elle-même contre le transgresseur : les hommes, qui par leurs rituels orientent le pouvoir générateur des Rêves ou effectuent des rites magiques de punition, ne se considèrent que comme des médiateurs dont les actes confirment le sort qu'a déclenché le transgresseur. Celui qui en dit trop sur ce qu'il a appris dans les cérémonies masculines ou celle qui a vu ce qu'elle n'aurait pas dû voir sont ensorcelés, "chantés" à mort ou "pointés" avec un os par des anciens.
CLIMAT, CHAUD DEVANT !
avec Marie-Monique ROBIN, Daniel NAHON, Joël GUIOT, Barbara GLOWCZEWSKI, Éric DE KERMEL