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EAN : 9782490698325
96 pages
Nouriturfu (02/09/2021)
4.12/5   12 notes
Résumé :
Un essai fort, accessible et enlevé, qui règle leur compte au sexisme, au racisme, à la LGBTphobie, au classisme ou au validisme qui troublent encore bien trop souvent nos verres de vin… Il signe aussi le retour de Sandrine Goeyvaerts après Vigneronnes (2019) et inaugure notre nouvelle collection, « Chips », des petits livres addictifs !
L’autrice y a notamment exploré le langage du vin, « décortiqué tout ce qui coince : misogynie, invisibilisation, harcèleme... >Voir plus
Que lire après Manifeste pour un vin inclusifVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Les mots du vin, véhiculés de bouche en bouche sans être vraiment remis en question depuis presque toujours, reflètent une pensée dominante, celle de l'homme blanc, bourgeois, valide et hétérosexuel. » (p. 6) Mesdames, si chez vous, c'est toujours Papa qui ouvre les bouteilles ou votre compagnon qui reçoit la carte des vins au restaurant, vous comprendrez sans mal la démonstration de l'autrice. le mondovino et le langage qu'il utilise est sexiste, raciste, classiste, misogyne et excluant. Trop de mots compliqués ? Mais non, Sandrine Goeyvaerts vous explique tout. Asseyez-vous, prenez un verre, ça va se passer en douceur. « le monde du vin est hétérosexuel par défaut, comme l'ensemble de la société. le lesbianisme est fétichisé, l'homosexualité masculine est moquée ou attaquée puisqu'elle ne semble pas se fondre dans le monde de la 'virilité' ». (p. 40) J'en vois déjà certains pousser des cris d'orfraie : MÉONPEUPLURIENDIR !!! Si ton expression prévoit de ne rien remettre en question et de rester sur des acquis bien mal acquis, en effet, vaut mieux te taire, Jean-Mi !

Venons-en au vocabulaire. Un vin qui a de la cuisse, c'est quoi ? Ou qui est velouté ? Qui a un goût de fruits exotiques ? Et c'est quoi un fruit exotique ? Et par-dessus tout, c'est quoi un sacré nom de nom de vin féminin ou de vin masculin ? Pourquoi les blancs sucrés ou les vins cuits seraient-ils l'apanage des femmes, alors que les whiskys et autres rouges tanniques (ton père) devraient-ils être réservés à des bonhommes ? C'est quoi ces différences fondées sur rien de sérieux ? « On devrait peut-être cesser tout court de faire intervenir les organes reproductifs dans les commentaires de dégustation ? Tant qu'on en est là, cassons le mythe : le vin féminin n'est pas macéré aux ovaires, et le vin masculin n'est pas non plus infusé à l'essence de bite. » (p. 41)

Les blagues misandres de l'autrice, en live ou sur le papier, c'est toujours du caviar. Pour avoir eu le plaisir d'assister à plusieurs ateliers de dégustation de vin que Sandrine Goeyvaerts a donnés en ligne pendant le confinement (si si, c'est possible), je peux confirmer que mettre sa langue dans sa poche, ce n'est pas le genre de la dame ! Mais mettre le doigt où ça fait un peu mal à l'égo de ces messieurs et où ça redonne de la confiance aux femmes, ça oui, elle sait y faire ! Ce que prône l'autrice, c'est d'en finir avec les discriminations et de réinventer le langage du vin pour qu'il soit accessible à tous. « Tant qu'à penser inclusif, autant essayer de ne laisser personne de côté. Histoire qu'on puisse tous joyeusement picoler. » (p. 59) Et le glossaire final donne de solides bases techniques sans faire de vous un.e imbuvable pédant.e qui secoue trop fort son verre de pinard sous la lumière.

C'est sans surprise que le livre de Sandrine Goeyvaerts rejoint mon étagère de littérature féministe ! Pas étonnant... Les premières lignes du bouquin m'ont férocement fait éclater de rire ! « Avertissement : ce livre est en écriture inclusive. À ce propos, je trouve tout de même assez audacieux de la considérer comme un péril mortel, alors que les hommes se sentent obligés d'appeler un chignon 'man bun' » (p. 5)
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Nouvelle publication des éditions Nouriturfu, et nouvelle collection lancée (Chips), sur un format un peu à l'image des "Tracts" de Gallimard, des textes pas trop longs, et engagés sur des sujets précis.
Ici, donc, le machisme dans le milieu du vin. Sandrine Goeyvaerts a choisi de s'attaquer à ce problème via le vocabulaire. Sujet déjà très vaste, qui n'est ici, forcément, qu'effleurer.
Le constat est simple, le vin, c'est le monde, voire pire en France, où cette boisson revêt un peu du prestige national, et donc a tendance à être la chasse gardée des vieux mâles blancs. On peut traduire, le mondovino (comme elle dit), c'est un monde de vieux cons.
Et pourtant, ça bouge, à la marge, les vins bios, naturels, punk, petites cuvées, etc.
Mais ça reste à la marge, le marketing/langage autour du picrate est toujours très machiste.
Bon.
Ensuite, pour les solutions, je ne suis pas sur la même longueur d'onde, tout comme sur l'écriture inclusive que je trouve lourde (même si effectivement, dire man bun pour un chignon sur un homme, c'est bien plus ridicule !).
Les réunions non-mixtes, par exemples. Il suffit de mettre une bonne baffe au premier qui est débile dans une dégustation ou qui explique que les femme doivent boire du Montbazillac parce que c'est sucré. Bon après, ça ne fait de mal à personne.
Et surtout, à mon sens le mondovino n'est qu'une des manifestations de la société dans son ensemble qui a besoin de hiérarchiser des gens selon des critères bien précis. Mais la société, c'est nous, nous sommes comme ça, on a besoin de critiquer, de classer, de conceptualiser, d'essentialiser, de réifier, de mythifier. Sinon, quid des religions, des églises, des états ?
Alors quoi, on ne doit rien faire ?
Ah mais si, bien sûr, déjà en rire, ensuite considérer les gens comme des êtres humains et rien que ça, ça devrais suffire. Pour y aider, la vinasse c'est vraiment pas mal, alors on va dans une petite cave, on discute, et on goûte !
N'oublions pas que nous vivons dans un des pays les plus riches du monde, qui produit certains des meilleurs vins où on peut choisir de sortir en poum-poum short ou en burka !

Point positif du livre, il est plein d'humour et de blagues, je recommande. La seule ratée ? "La différence entre un vin nature et une réunion en non mixité ? L'un est sans intrants, l'autre sans intrus." Bof.
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Attention, misogynes et réacs que l'écriture inclusive rebute, passez votre chemin, vous risqueriez de faire des boutons ! Les autres, arrêtez-vous un instant et intéressez-vous à ce bouquin d'une centaine de pages que vous allez lire en moins d'une heure.

Sommelière et caviste, Sandrine Goeyvaerts est aussi écrivaine. Chroniqueuse dans des Elle, elle en est à son cinquième ouvrage. Son combat ? Rendre le vin accessible et mettre en avant les femmes qui peuplent le monde du vin, trop longtemps délaissées et mises de côté, voire pire.

Dans cet essai, Sandrine vient interroger les représentations du vin et les clichés sexistes, racistes et misogynes qui y sont souvent associés. Elle transpose à cet univers qu'elle connaît bien des débats de société et une volonté croissante d'être plus tolérant, plus inclusif, moins stigmatisant.

Pour qui s'intéresse à ces questions, l'ouvrage est un focus intéressant et bon nombre des réflexions mises en avant par Sandrine peuvent être étendues à bien des univers à majorité masculine (je pense aux écoles d'ingénieur, au monde du bâtiment...).

Pour 10 euros, vous aurez entre les mains un ouvrage de qualité, écrit dans une langue simple, plein d'humour et de pédagogie, et qui en prime vous donnera des clés pour mieux comprendre le monde du vin et son vocabulaire... Tout en vous offrant des pistes pour contribuer vous aussi à votre niveau à faire changer les mentalités et les propos.
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Rendre le monde du vin plus inclusif : pourquoi, comment ? le pourquoi, c'est assez facile d'y répondre, lorsqu'on est soi-même une femme qui boit du vin. Les discussions en salon du vin où on est ignorées, le restaurant où le vin commandé par Madame est proposé à Monsieur pour goûter... A cause d'un effet de tradition, on accorde moins de crédit aux femmes pour comprendre les termes techniques, et celles-ci, de leur propre aveu, se sentent exclues dans ce domaine si masculin. Si cela vaut pour les femmes, on peut aisément le transposer aux personnes racisées, aux LGBT, et autres minorités, visibles ou invisibles. Selon l'autrice, changer cet état de fait passerait en premier lieu par le langage. Il est vrai que les critiques gastronomiques et autres cavistes et négociants utilisent bien volontiers des termes très imagés et peu représentatifs. Entre les précisions sur la robe du vin, les jambes ou la cuisse, ces critiques qui parlent de vins "bien en chair"... Vous admettrez que cela véhicule une image plutôt sexiste de cet univers. On y pense moins, mais il est bon aussi de se méfier, lorsque l'on cherche à qualifier le goût du breuvage, de termes évoquant l'exotisme : car ce qui est exotique à nos yeux, l'est-il réellement aux yeux de personnes issues d'un autre continent ? Pourtant, ces personnes ne sont-elles pas tout autant capables que nous, français blancs, de savourer un bon vin ?



Tout l'enjeu, selon l'autrice, est donc de réfléchir à un langage plus inclusif, moins fourni d'images qui ne parlent qu'à certains. Décrire les goûts que l'on ressent ne devrait pas nécessiter un vocabulaire sexiste ou raciste. Se baser sur des observations concrètes (odeur de fruits, goût d'épices, etc) ne peut-il pas suffire ? Sandrine Goeyvaerts invite également les femmes ou les personnes racisées souhaitant déguster des vins à se réunir en non-mixité, ou du moins en mixité choisie. En effet, on constate assez aisément que, lors de réunions de dégustation, des femmes, des personnes racisées ou encore handicapées, ont parfois du mal à s'exprimer face à certains messieurs qui semblent se parler entre initiés... alors qu'ils le sont parfois bien moins que ceux qu'ils excluent. Apprendre à déguster du vin sans s'entourer d'hommes cis blancs peut permettre de gagner en aisance dans ce domaine, et de se sentir ensuite davantage à sa place, fort.e.s des connaissances acquises.

Un beau programme que nous propose ce court essai, une réflexion à mener pour que le vin se démocratise. Coup de coeur pour ce texte sur le vin qui ne consiste pas en une énième glorification d'un univers très fermé sur lui-même.
Lien : https://chroniqueetudiantele..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« Peut-être pourrions-nous commencer par là ? Utiliser des références familières parce qu’elles nous parlent, mais ne pas s’approprier ce que nous ne connaissons pas intimement. Il est nécessaire de repenser les mots dont nous usons, en français, nous demander pourquoi nous en usons et ce qu’ils disent de nos rapports à l’autre. » (p. 54)
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« On devrait peut-être cesser tout court de faire intervenir les organes reproductifs dans les commentaires de dégustation ? Tant qu’on en est là, cassons le mythe : le vin féminin n’est pas macéré aux ovaires, et le vin masculin n’est pas non plus infusé à l’essence de bite. » (p. 41)
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« Le monde du vin est hétérosexuel par défaut, comme l’ensemble de la société. Le lesbianisme est fétichisé, l’homosexualité masculine est moquée ou attaquée puisqu’elle ne semble pas se fondre dans le monde de la ‘virilité’ ». (p. 40)
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« Avertissement : ce livre est en écriture inclusive. À ce propos, je trouve tout de même assez audacieux de la considérer comme un péril mortel, alors que les hommes se sentent obligés d’appeler un chignon ‘man bun’ » (p. 5)
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« Les mots du vin, véhiculés de bouche en bouche sans être vraiment remis en question depuis presque toujours, reflètent une pensée dominante, celle de l’homme blanc, bourgeois, valide et hétérosexuel. » (p. 6)
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Videos de Sandrine Goeyvaerts (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sandrine Goeyvaerts
Présentation du "Manifeste pour un vin inclusif" par son autrice, Sandrine Goeyvaerts.
4e de couverture : « Si vous attendez de ce livre un petit bouquin distrayant, passez votre chemin (non revenez, on va rire un peu quand même). Attention, ça va piquer : le monde du vin est largement sexiste, classiste, raciste, LGBTphobe et validiste. La bonne nouvelle c’est qu’on peut tenter de comprendre ce qui nourrit ces inégalités pour y remédier. Avec l’éclairage de linguistes, sociologues, anthropologues, mais aussi les témoignages de professionnel·les ou d'amatrices et amateurs de vin, j'ai exploré son langage, démêlé l’écheveau complexe et souvent tordu que constitue le vocabulaire du vin, décortiqué tout ce qui coince : misogynie, invisibilisation, harcèlement, plafond de verre, manque de légitimité... Les obstacles sont nombreux. Dans ce manifeste, je propose donc d’autres façons de s’exprimer un verre à la main, plus respectueuses de la diversité du mondovino. Parce que la langue est un outil d’émancipation et qu'on a tout à gagner à redonner du sens aux mots partage et convivialité. »
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