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Alexandre Ferragut (Traducteur)
EAN : 9782070734283
272 pages
Gallimard (15/02/1994)
3.77/5   11 notes
Résumé :
Quand on s'appelle Putasson (Whoreson) et qu'on est né dans le ghetto noir de Detroit, d'une mère prostituée et d'un père inconnu, on est, à la lettre, un « enfant de putain ». Quoi d'étonnant si vos rêves de gosse se cristallisent sur des montres en diamant, des Cadillac longues comme des corbillards, des costumes à 500 dollars et tout ce qui fait la panoplie du maquereau. Enfant de putain est un chapitre de l'histoire de la libre entreprise et du rêve américain, r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'Enfant de putain, prénommé ainsi par sa mère, une prostituée de Détroit, grandit dans le ghetto, devient souteneur à quinze ans, passe quelques années derrière les barreaux pour proxénétisme, puis part pour New-York retrouver une femme.
Récit sordide d'une vie qui semble marquée par le déterminisme social, Enfant de putain est d'autant plus pénible à lire qu'il est en partie autobiographique et qu'il restitue avec beaucoup de réalisme et une certaine froideur la vie des afro-américains hommes et femmes dans les ghettos des grandes villes.
Whoreson (étrangement traduit par Putasson) est le rejeton d'un client blanc. Sa couleur en plus de sa naissance le place encore à part dans un monde qui ignore la nuance. Il nous rappelle le Trick Baby de Iceberg Slim.:
" L'autre policier, celui qui me tenait, m'a demandé: « Gamin, c'est quoi, exactement , ta couleur? »
Sa question m'avait pris par surprise: « J'suis de couleur » ai-je répondu. Il m'a frappé sur la bouche. « Allez debout contre la voiture, salopard de bougnoule », a-t-il hurlé d'une voix furieuse. »
Extrêmement violent envers les femmes, portant tout l'attirail du pimp, grosse cadillac, et diamants, Whoreson fait toujours preuve d'une grande lucidité, sur lui, sur la justice, sur les autres. Mineur lorsqu'il est envoyé en prison, il comprend vite qu'à l'intérieur plus encore que dans le ghetto, il doit être au sommet de la chaine alimentaire pour survivre, et s'y comporte comme une bête. le champ lexical de l'animalité martèle tout le texte, et contribue encore au malaise du lecteur.
L'auteur, Donald Goines n'était pas destiné à vivre une vie de violence. Originaire de Détroit, né dans une famille de la classe moyenne , il s' était engagé à 17 ans pour combattre en Corée où il était devenu accro à l'héroïne. Il connaitra la prison et finira abattu sur un parking.
Son roman Justice blanche, misère noire paru en France en 1973 mérite d'être lu au vu des évènements qui ont secoué récemment les Etats-Unis. Un demi-siècle plus tard, rien n'a changé.
Enfant de putain est ce que nous offre de meilleur la Fiction Urbaine, même si comme chez Iceberg Slim, les personnages y sont détestables. Cependant, la violence exercée sur les femmes, comme la violence sociale rendent souvent sa lecture déplaisante.
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Donald Goines est un auteur que j'affectionne énormément. Déjà, je trouve son histoire assez touchante. Ce type, venu d'un milieu pas vraiment défavorisé, est devenu accro à l'héroïne à l'armée. La drogue a changé sa vie, le faisant entrer dans un milieu auquel ses origines sociales ne le prédestinaient pas. Toxico, dealer, braqueur, maquereau, Goines a aussi connu la prison et c'est là qu'il a découvert la lecture et l'écriture. Malheureusement, ce n'est pas une histoire qui finit bien, la littérature ne l'a pas sauvé. Il est mort assassiné sur un parking, sans doute dans le cadre d'un deal de drogue. Mais, il a laissé sa trace, à travers des romans d'une force extraordinaire. A l'instar d'un Iceberg Slim, il s'est attaché, de roman en roman, à faire découvrir les bas-fonds de l'Amérique, celle des dealers, des toxicos, des putes et des macs. J'aime bien Iceberg Slim mais j'ai toujours eu une petite préférence pour Goines. Je trouve que dans tous ses récits, même les plus durs, et c'est le cas de cet « enfant de putain », il y a une petite part de tendresse, une dose d'humanité que je ne trouve pas chez Slim.

La tendresse, il faut pourtant vouloir la voir dans « enfant de putain », sans doute le récit le plus violent que j'ai lu de l'auteur. Ce roman est parfois très difficile à lire, à la limite du soutenable, tout particulièrement en tant que femme. En effet, dans « enfant de putain », les femmes sont maltraitées, battues, violées, prostituées, humiliées. Mais, ce faisant, Goines ose montrer une certaine vérité, il n'édulcore jamais. Et cette violence sert avant tout à appuyer son propos. A travers le destin de ce jeune homme, fils de pute au sens propre du terme, maquereau brutal, Goines évoque le problème du déterminisme social et la façon dont chacun, dans un climat social délétère ou l'Homme est un loup pour l'Homme, va exploiter plus faible que lui. En tant qu'homme noir, né dans le ghetto d'une mère prostituée, Whoreson est une victime de la société mais il va se trouver des victimes encore plus faibles à exploiter sans vergogne. L'humanité ne ressort pas grandie de cette évocation réaliste du monde de la prostitution. Et pourtant, comme je l'ai dit, chez Goines, il y a toujours une lueur d'humanité. Ici, elle se trouve au début du roman et à la fin. La première partie du roman, qui raconte l'enfance de Whoreson, est illuminée par l'amour que porte cet enfant à sa mère prostituée. J'ai trouvé cela très touchant. Quant à la fin, comme dans « l'accro », terrible roman sur la toxicomanie, Goines renonce au réalisme et à la véracité pour offrir un happy end à son personnage. On peut y voir de la naïveté ou une forme de faiblesse dans le fait de ne pas aller jusqu'au bout. Moi, j'y vois de l'humanité et de la tendresse pour cette saloperie qu'est l'être humain.

Encore une fois, Goines m'a secouée, m'a choquée et m'a émue. Je trouve que cet auteur n'est pas assez connu en France, il mériterait largement d'être aussi lu que Slim. Si vous vous sentez d'attaque à plonger dans cet univers sordide, n'hésitez pas, vous y trouverez peut-être, comme moi, une lueur de tendresse qui, étrangement, raffermira votre foi en l'humanité.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
 Être maquereau, c’est tout un art, Putasson. Il y a peu de maquereaux au monde qui peuvent vraiment s’honorer de ce titre. C’est pas parce qu’un mec tire son fric d’une pute que c’est un vrai mac. Les vrais macs sont très rares. 
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Je savais ce qui me restait à faire. Sans argent à la maison et avec une mère malade sur les bras, mon enfance venait de connaître une fin brutale.
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J’avais toujours su que ses bijoux dépassaient ce qu’il m’était donné d’acheter avec l’argent de mes putes, mais l’excitation que j’avais éprouvée en achetant ma première montre ornée de diamants m’avait poussé à agir sans réfléchir, et j’en étais puni par une grande honte.
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Chaque fois que quelqu’un reçoit du fric de sa maman, il se peut qu’il y ait un connard qui appelle ça du maquereautage.
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Une vie dont je ne savais rien sinon qu’entre ma femme et moi tout serait fait de sincérité et que le mensonge ne serait plus qu’un souvenir.
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