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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Zach Nicoll, dit l'Irlandais, était devenu une figure locale comme graffeur puis artiste-peintre. Il était arrivé à Marseille vingt ans auparavant et avait débuté comme artiste de rue avant de s'établir dans un atelier. Ce qui n'avait pas plu à tous ses confrères qui l'avaient traité de lâcheur.

Des toiles ont été dérobées dans son atelier, ce qui pourrait laisser penser à un simple vol avec dommage collatéral. Emma Govgaline, et son binôme Sami sont chargés de cette enquête. Après avoir délaissé Emma, sa policière punkette favorite, durant ses trois mois d'hibernation, Clovis essaie de la contacter par téléphone. Peine perdue, elle ne daigne pas répondre. Elle est en colère après lui, à cause de sa défection, mais, tout à fait entre nous, elle aurait pu se déplacer et le rejoindre à La Varune.

Ceci ne nous regarde pas, et retrouvons Clovis chez Zach, où il rend une visite de courtoisie à Aileen, son épouse devenue veuve, en compagnie de Biscottin et de Raph, un ancien agent des RG. Elle leur demande de l'accompagner à Belfast afin de pouvoir enterrer Zach chez lui, dans la terre de ces ancêtres. Seul Clovis est disponible et accepte de l'escorter.

Clovis avait déjà effectué quelques reportages sur le sol irlandais, notamment dans la prison où Bobby Sands fut interné, et il propose au directeur du magazine Les Temps Nouveaux des articles dont il détaille les grandes lignes. Cela lui permettra de se renflouer quelque peu, il faut concilier l'utile à l'agréable.

Aileen n'est pas vraiment accueillie à bras ouverts par la famille de Zach, la mère, la soeur, et quelques autres dont Ghetusa, la veuve du fils aîné abattu par un snipper alors qu'il était sur un échafaudage avec Zach en train de taguer. Clovis va retrouver d'anciennes connaissances, recueillir des témoignages sur les années de guerre, ceux qui ont participé de près ou de loin aux Troubles.

Certains témoignages se contredisent, aussi bien sur les agissements de certains membres de l'IRA, que sur ceux de Zach. Si les hommes jouent une part active, celle des femmes n'est pas à négliger. Car outre Aileen, la femme de Zach, Ghetusa la belle-soeur qui n'accepte pas d'être reléguée comme la veuve un point c'est tout, des égéries ont parfois bousculé cette prédominance machiste. Ainsi Breena, combattante féministe au sein de l'IRA, une figure difficile à cerner, d'autant plus qu'elle est décédée dans des conditions troubles, mais qui n'acceptait pas de rester mère, ou femme, au foyer.



Plus qu'une histoire doublée d'une enquête sur la mort de Zach, du vol des tableaux, qu'Emma et Sami pensent avoir résolu en arrêtant des vendeurs à la sauvette qui en possédaient quelques exemplaires, c'est un nouveau coup de poing, ou de pied, que Maurice Gouiran donne dans des dessous historiques.

Finalement, les Troubles n'avaient été qu'une guérilla de pauvres, exploitée par les riches.

Une diatribe, non seulement envers l'ignominieuse Miss Maggie, mais également envers ceux qui se sont affrontés, aussi bien Anglais, que Catholiques, Nationalistes divisés, Protestants aussi, ceux qui s'érigent en intégristes. Maurice Gouiran met également l'accent sur la condition féminine bafouée en Irlande, un sujet qui ne fait pas la Une des médias, alors que les pays du Proche et Moyen Orient sont très souvent critiqués négativement pour leur concept machiste. Avant d'aller balayer devant chez les autres, il faudrait regarder si son porche n'est pas crasseux.

Face à mon étonnement, il soutint que la femme irlandaise ne pesait pas lourd dans la communauté catholique et républicaine. Elle était là pour pondre des gosses, les élever, prier Dieu et obéir à son mari.

Retrouvez la chronique complète sur le blog ci-dessous :
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Maurice Gouiran avec "L'Irlandais" raconte non seulement une enquête policière mais aussi des moments de l'histoire de l'IRA et des bribes du street art. L'ensemble est cohérent et tient en haleine.

Zach Nicholl est retrouvé le crâne fracassé, c'est Emma qui est en charge de l'enquête sur l'assassinat de ce peintre du street art. Elle va être aidée malgré elle par le journaliste Clovis. Ils ont une liaison en pointillé dont on ressent l'influence sur l'affaire.

Il y a beaucoup d'humour dans ce roman. Des phrases plaisantes jalonnent l'ensemble du récit. La poésie n'est pas absente non plus. Ainsi "L'Irlandais" procure des bons moments de lecture au-delà de l'intrigue elle-même.

" C'était le seul Irlandais de notre connaissance. Pourtant l'Estaque était un port largement ouvert sur le monde. le quartier regorgeait de fils d'Italiens, d'Espagnols, d'Arméniens, d'Algériens, de Grecs, de Marocains, de Turcs, de Tunisiens, de Comoriens, de mauvais et de bons Aryens et de bons à rien."

Maurice Gouiran distille des sarcasmes sur la société. Il montre aussi le milieu du street art que je ne connais pas vraiment. J'ai donc appris pas mal de choses tout en restant accrochée à l'enquête sur la mort de Zach Nicholl. Les descriptions très habiles permettent d'imaginer facilement les couleurs et les dessins sur les murs.

L'auteur montre la pauvreté et les inégalités aussi bien en Irlande qu'en France. Il évoque le conflit en Irlande, les périodes glaciales de l'IRA. Il nous montre des sociétés qui souffrent. Sa vision permet de comprendre des événements graves sous une autre optique. La notion d'exil est bien abordée, Zach étant un Irlandais vivant à Marseille.

" Ça me rappelait une réplique de Roméo et Juliette de ce bon vieux Shakespeare: "Il me faut ou partir et vivre, ou rester et mourir." A Marseille, de nombreux immigrés - Arméniens, républicains espagnols...- m'avaient confessé avoir eu le même non-choix: partir pour vivre..."

Enfin le récit double entre les paragraphes avec Emma et Clovis en parallèle, parvient à éclairer le meurtre de manière originale.
" L'Irlandais" est donc un roman intéressant pour diverses raisons et je ne saurai que le conseiller car on ne perd pas de temps avec une telle lecture.Et pour reprendre un terme du livre, ce récit éloigne de la "morosine" ambiante.

Lien : http://delphlabibliovore.blo..
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Clovis Narigou apprend de la bouche de Biscottin - avec quelques difficultés dues à des problèmes de dentier de son vieil ami - que Zach Nicholl, un peintre Irlandais de leur connaissance, a été assassiné dans son atelier à Marseille.

Il n'en faut pas plus pour que Clovis, après une petite hibernation dans ses collines au milieu de ses chèvres, reprenne du service pour découvrir qui s'est permis de s'en prendre à un pote.
L'Irlandais étant toujours resté discret sur son passé, ses amis ne connaissent de lui que sa période phocéenne, son épouse Irlandaise, et son parcours qui l'a vu s'illustrer dans le Street art avant de se laisser séduire par un certain confort au grand dam de quelques anciens compagnons de rue qui n'ont pas vu cette reconversion d'un très bon oeil.

Les maigres pistes suivies par la police sont celles d'un cambriolage qui a mal tourné – quelques toiles d'une valeur certaine ayant disparu -, d'un règlement de comptes dans le milieu de l'art mural, et d'une éventuelle résurgence du passé de l'artiste qui se serait d'abord illustré dans les quartiers de Belfast où les admirateurs de l'époque scrutaient plus son talent à travers la lunette d'un fusil.

Clovis, que la curiosité professionnelle attire vers une verte Érin qu'il affectionne tout particulièrement, profite de la proposition de la veuve du peintre qui cherche une bonne âme pour l'accompagner en Irlande et la soutenir dans la dure épreuve consistant à affronter sa belle-famille.
Fort d'un carnet d'adresses bien rempli depuis des reportages effectués pendant les heures sombres des troubles nord-irlandais, le reporter se charge de compléter les investigations de la police marseillaise, et plus particulièrement d'Emma, sa fliquette punk androgyne préférée, passablement remontée contre lui, et qu'il doit réapprivoiser après quelques mois d'abandon.

Ce qui ne l'empêche pas de succomber aux charmes d'une autre veuve, celle du frère de Zach abattu des années auparavant par les unionistes. Car c'est son point faible à ce brave Clovis, son talon d'Achille, il ne se contente pas de défendre la veuve et l'orphelin, il lui faut impérativement donner de sa personne pour consoler la veuve, et il semblerait que plus les aventures s'enchaînent et qu'il avance en âge, plus sa libido s'avère exacerbée.

Comme presque à chaque roman de Maurice Gouiran, l'intérêt se trouve autant dans le contexte et le cadre historique que dans l'intrigue elle-même, et j'avoue avoir enrichi mes connaissances sur cette période pourtant relativement utilisée en toile de fond de romans noirs. L'auteur nous éclaire sur l'évolution de l'IRA, l'organisation la plus connue des néophytes, dont les rangs sont régulièrement secoués par des scissions au fil des désaccords qui apparaissent entre partisans de l'apaisement et tenants d'une ligne combattante pure et dure. J'ai découvert avec surprise l'existence d'artistes portant la contestation sur les murs de Belfast à travers leurs fresques, au risque de se faire allumer par des snipers adverses, et plus globalement, la condition des femmes dans la société Irlandaise qui apparaît bien rétrograde.

Pour l'inconditionnel de l'oeuvre de Maurice Gouiran que je suis - et de ce fait particulièrement exigeant -, cet avant-dernier opus n'est vraiment pas le meilleur, tout en restant dans une honorable moyenne. J'espère que « Qaraqosh », le suivant et pour l'instant dernier en date, sera un cran au-dessus au niveau intrigue, et je ne saurais trop conseiller à Monsieur Narigou de prendre ses gouttes, afin que ses états d'âme et ses ardeurs d'ordre sexuel ne deviennent pas plus envahissants.
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Clovis Narigou, ancien journaliste d'investigation, est maintenant éleveur de chèvres à La Varune, sur le massif de la Nerthe, au nord de Marseille. de passage au Beau Bar, un bistrot où il a ses habitudes, il apprend la mort de son ami Zach Nicoll, « l'Irlandais ». Après avoir débuté dans le street art contestataire, Zach avait quitté l'Irlande et la rue et s'était installé dans un atelier marseillais.

Son épouse Aileen l'a trouvé mort dans son atelier, le crâne défoncé. le vol semble être le mobile du crime, d'autant que certaines des toiles de Zach ont été retrouvées en vente au marché aux puces. Après que les receleurs aient été alpagués par les policiers, il leur apparaît bien vite que ces petits délinquants n'ont rien à voir avec le meurtre.
Clovis, qui commençait à s'ennuyer un peu après un hiver passé en solitaire, sans autre compagnie que celle de ses chèvres, éprouve le besoin de se mêler de l'enquête, pour aider son amie et amante occasionnelle Emma Govgaline, inspectrice de police.

Craignant l'accueil de la famille de Zach, Aileen demande à Clovis de l'accompagner en Irlande pour y enterrer son mari. Clovis y voit là une bonne opportunité d'enquêter sur le passé de Zach, qui s'est toujours montré très réticent à évoquer cette époque.
Clovis a déjà séjourné en Irlande pour divers reportages à l'époque des « Troubles », doux euphémisme pour qualifier une période où les deux camps se sont allègrement trucidés pendant trois décennies.

Lors de son séjour, Clovis va rencontrer plusieurs personnes qui ont connu Zach, chacune éclairant le personnage sous un jour différent – Nigel et Terry, les compagnons de lutte, Ghetusa la veuve de son frère Vortimer, contrainte à un éternel veuvage par la rigidité du clan, l'évocation de Breena, combattante féministe, qui aurait eu une relation avec Zach, avant d'être exécutée.
Tous ces personnages formidables ne représentent que quelques unes des nombreuses pièces du puzzle qui composait la société irlandaise à l'époque des Troubles.

Avec « Franco est mort jeudi » je découvrais la plume de Maurice Gouiran, sa façon directe d'aborder les épisodes méconnus de l'Histoire, et de montrer ce qui dérange, là où d'autres se contentent de détourner les yeux.
Dans ce roman il ne déroge pas à ses habitudes, et avec le même talent il nous raconte l'Histoire au travers d'une histoire.

Sur la base d'une enquête policière sur l'assassinat de Zach, artiste militant et résistant, il nous propose une réflexion profonde sur la révolution irlandaise, sur les multiples raisons qui ont conduit le peuple irlandais à se déchirer de la sorte. Loyalistes anglicans et républicains papistes se sont ainsi affrontés durant plusieurs décennies.
Il met l'accent sur la complexité de cette époque, où nuances entre les différents courants politiques, les frontières entre les nombreux groupes paramilitaires, se réclamant de l'IRA, n'étaient jamais clairement définies, et où le héros d'un jour pouvait se voir accusé de traîtrise et exécuté le lendemain.

Maurice Gouiran développe son intrigue, dans son style très incisif, avec une verve bien méridionale. Des bistrots marseillais aux pubs de Belfast, « où la mauresque cédait la vedette à la pinte de Guinness et le cagnard à la bruine », entre secrets et non-dits, il nous propose une lecture plus précise de l'Histoire, dans les méandres du dédale historico-politique que fut le conflit irlandais.
Et, encore une fois, à mon grand plaisir, je me suis laissé entraîner pour ce voyage en Irlande, qui fut un très bon moment de lecture.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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