AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791092016864
248 pages
Jigal (10/09/2016)
4.1/5   25 notes
Résumé :
Mai 81. La France se passionne pour les prochaines présidentielles. Louka, jeune étudiant marseillais, cherche plutôt une idée pour gagner un peu de fric. Une mère aux abonnés absents, un père abattu lors d’un braquage, Louka a un passé chargé, trimbalé entre foyers et familles d’accueil. Pour l’instant, il va à la Fac, vit de petits boulots et de combines en tout genre. Mais Louka est intelligent, il fonctionne à l’instinct, maîtrise déjà les codes des voyous et ce... >Voir plus
Que lire après Le printemps des corbeauxVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
4,1

sur 25 notes
5
6 avis
4
2 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis


Louka a grandi entre foyers et familles d'accueil, en ce printemps 1981 sa vie semble se stabiliser. Il est un jeune homme en apparence sans histoire. Louka a aussi un livret de famille chargée : une mère nympho disparue dans la nature et un père mort durant un braquage. Bon sang ne saurait mentir, le gentil étudiant, met le fruit de ses études au service d'escroqueries qui sur le long terme devraient mettre beaucoup de beurre dans ses épinards. Nous sommes à Marseille en Mai 81, et à Marseille un petit orphelin, tout futé qu'il soit, est un agneau sans défense face aux caïds du milieu et un député débonnaire qui d'une main de fer dirige la ville aidé par les joyeux drilles du Service d'Action Civique (le SAC). Heureusement, Louka, gentil garçon et brillant étudiant, apprend vite, et sur le terrain il est parti pour réussir brillamment ses partielles de cynisme et d'amoralité.

Une bonne vieille série noire qui va vite. Un polar poisseux sous le regard de la « bonne mère ». Marseille, son histoire, la grande et la petite, et l'arrivée au pouvoir des socialiste comme si vous y étiez. Pour Maurice Gouiran, le Vieux Port devient le précipité d'une France rance et corrompue. Il plonge, sans gants, ses mains dans les boites à archives de la cité Phocéenne, pour en sortir des histoires peu reluisantes de Marseille sous l'occupation. Collabos, corbeau de la pire espèce, nostalgiques de l'Algérie Française, proxénètes, vendeurs de schnouffe, manipulateurs, tout le monde est réuni pour une belle partie de poker menteur. Un bon vieux polar quoi !

Le petit lecteur pointilleux fera remarquer à Maurice Gouiran que le vendredi 8 Mai 1981 ne pouvait pas être un jour férié, car c'est Mitterrand qui l'a réinstauré. CQFD
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          160
Je suis ravie de poursuivre ma découverte de l'auteur. Me voici plongée dans une période très marquante politiquement de notre histoire récente, l'ère électorale de 1981.
Une plongée dans cette atmosphère de doutes, de liesses ou d'euphorie. La grande crainte de la droite capitaliste de voir arriver la gauche au pouvoir, en face un engouement vers ce nouveau monde plein d'espoirs.
Louka, jeune homme, qui débute dans la vie en allant à la Fac poursuivre des études d'informatique. Pourtant, son passé est déjà lourd d'émotions, en effet orphelin de père et abandonné par sa mère. Quittant à sa majorité l'assistance public, il s'installe dans un petit appartement et découvre son nouvel environnement, sa manière de gérer sa vie, et ses relations avec les femmes.
de part ses connaissances grâce à son parcours scolaire, il va se lancer dans une « magouille » qui va lui permettre de remplir son compte en banque. Ingénieux et instinctif, il va développer sa technique et guetter : surtout ne pas se faire attraper. J'ai beaucoup aimé comment l'auteur met en scène ce personnage à la fois sulfureux et inventif !!!
Il flirte allègrement avec la ligne rouge, avec les autorités d'une part et les mafieux de l'autre. Il va se révéler grâce à ce deuxième groupe, une idée ultra lumineuse lui est venue en lisant le journal et en utilisant le travail d'un ami. A partir de là, tout va s'accélérer, le danger le guette, les morts vont commencer à pleuvoir. Il se sait en danger et va faire en sorte de retourner la vapeur, à son avantage sans aucun doute !
J'ai adoré le format de cette histoire, le compte à rebours, nous commençons par la fin et remontons le temps. L'auteur nous tient, on souhaite savoir comment on en est arrivé là !!! C'était magique justement d'être autant à l'affut et totalement avalée par cette histoire et le contexte politique de l'époque.
Une excellente lecture, touchante, mettant en relief à travers Louka, la place de la famille, les sentiments, le rôle des rencontres qui peuvent faire changer une vie, du bon ou mauvais côté de la ligne !! le rapport à la mort également aussi et comment se construire lorsque les bases sont inachevées ou bancales.
J'ai été émue à certains passages, révoltée à d'autres, c'est le brio que l'auteur met au service des ses livres, nous embarquer totalement et nous remuer, nous interpeller et nous amener à réfléchir. Comme d'habitude, j'ai beaucoup appris également, cette période précédait ma naissance et je ne m'étais pas rendue compte, à quel point nous étions encore à la recherche des coupables de la Seconde Guerre Mondiale.
Ce volet m'a tenue en haleine également car je me rends compte que j'ignore encore beaucoup de faits, tout comme le bombardement de Marseille par les alliés et ce n'est qu'un exemple. La collaboration et ses conséquences sont encore en 1981 sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes.
Le poids politique, le clivage droite-gauche, le pouvoir et le milieu marseillais sont bien mis en lumière, tant par leurs rouages et fonctionnement, très instructif également et qui permettent de comprendre certains faits qui se sont déroulés quelques années plus tard.
J'ai de nouveau terminé cette lecture à la fois bousculée et ravie !! Oui oui, je vais continuer de lire cet auteur dont je suis maintenant une grande admiratrice.

Lien : https://leslecturesdemaud.co..
Commenter  J’apprécie          21
Je crôa, tu crôas, il croâ

Luc/Louka est un petit jeune pas bégueule passé par la DDASS avant que sa grand-mère ne finisse par s'intéresser à lui. Il n'y a pas plus self-made man que lui, même s'il s'illustre plus par une intelligence de l'arnaque assez fine que par des études rondement menées et un job d'enfer.

Louka fait plus dans l'escroquerie bancaire que dans le deal de trader… Mais cela lui va bien : argent facile, il a l'oseille, il aura la fille.

Car ce qui caractérise avant tout Louka, c'est une ambition démesurée qui le poussera à faire le corbeau avec pourtant une idée assez forte de la morale. Maurice Gouiran joue ainsi tout au long de son polar avec les apparences souvent trompeuses et les ambiguïtés de chaque personnage même s'i fait reconnaître à Maurice Gouiran une prédilection pour les salauds. Si certains personnages font preuve d'une morale toute relative, on ne peut pas dire qu'ils s'étouffent de scrupules…

La fin justifie les moyens et le but de Louka est de faire marcher l'ascenseur social, peut importe comment il arrive à palper son oseille. Il n'hésite donc pas à s'engouffrer dans toutes les faiblesses de ceux qu'il croise pour s'enrichir et accéder à une société dont les portes devraient lui rester fermer. Louka fait beaucoup penser à ces personnages récurrents des chansons de Renaud de petits loubards qui s'amourachent d'une jeune fille de la haute et qui se fracassent plus souvent qu'à leur tour sur les premiers barreaux de l'échelle sociale : les vases ne communiquent pas vraiment entre les différentes couches même si de la basse extraction des malfrats à la hautes des politicards industrieux il y a tant de ressemblances. Encore une ambiguïté sur laquelle Maurice Gouiran joue habillement.

Longtemps ce « Printemps des corbeaux » a l'allure d'une histoire somme toute banale du petit jeune qui se croit plus malin que les autres et qui ne réalise ses différentes erreurs que trop tard, jurant qu'on ne l'y reprendrait plus. Et puis, on sent bien que Maurice Gouiran aime trop son personnage de loser magnifique pour le laisser dans la mouise dans laquelle il le place avant qu'il n'ait pu toucher du doigt son rêve de succès.

Le seul reproche que l'on pourrait faire à Maurice Gouiran est peut-être de n'avoir pas su trancher sur le caractère exact de son héros : Louka se sent aussi bien dans la peau du loubard que dans celle du jeune homme propre sur lui, intellectuellement favorisé par la nature : ni franchement dans un monde, ni clairement dans un autre, Louka épouse les codes de l'un pour s'immiscer dans l'autre. Il ne devrait fatalement être à l'aise nulle part…

Et pourtant, ce roman se lit telle une fable sociale moderne qui mélangerait des bribes de grenouille qui se voyait en boeuf et d'arroseur arrosé où l'histoire ne fait que se répéter, où le coupable peut devenir victime, où l'on finit par tomber par là où on a pêché !

Et pourtant on en vient à aimer Louka, on en vient à désirer qu'il s'en sorte, d'une manière ou d'une autre !

L'écriture de Maurice Gouiran ne manque pas non plus de mordant ni d'humour, ce qui ne gâche rien à l'affaire…


Lien : http://wp.me/p2X8E2-J0
Commenter  J’apprécie          20
Maurice Gouiran abandonne son héros récurrent Clovis Narigou pour nous narrer cette histoire d'arnaque et de gangsters sur fond d'élection présidentielle attendue et crainte. le gros coup de Louka nous amènera également à la guerre 39/45 et à Marseille. On se promènera donc entre ces deux périodes, les actes commis dans l'une ayant des conséquences dans l'autre, mais je n'en dirai rien de plus, pour ne pas déflorer le suspense. Comme toujours, Maurice Gouiran est bien documenté et installe son histoire dans celle du vingtième siècle. Il faut bien se rappeler, qu'en 1981, R. Reagan est président des États-Unis, M. Thatcher, premier ministre anglaise, des libéraux pur jus, durs -M. Thatcher laissera mourir en prison des militants irlandais, le plus emblématique, Boby Sands meurt le 5 mai 1981. En France, Mitterrand est aux portes de l'Élysée, les communistes à celle du gouvernement et les bolcheviks à celles de l'est parisien. Que les plus jeunes d'entre vous ne rient pas, en 1981, certains -les riches, ceux qui avaient du pognon à perdre- pensaient réellement que les Russes allaient entrer dans Paris. D'ailleurs, Reagan et Thatcher ont demandé à Mitterrand de ne pas nommer de ministres communistes...

L'ambiance est morose donc chez les bourgeois. Personnellement, j'avais 15 ans et je me souviens encore de la tête de certains copains au lendemain de l'élection (ben oui, j'étais à l'école privée et entouré de gens friqués, moi qui venais de la cité HLM). A Marseille, Louka fréquente une jeune femme issue de cette catégorie sociale qu'il exècre et dont il veut profiter. La grande force du polar de Maurice Gouiran est de mêler des personnes réelles avec ses personnages et d'en faire un roman au rythme soutenu. Pas un seul moment de relâchement, de détente, on tremble pour Louka en se demandant s'il sera assez fort pour tenir tête à tous ceux qu'il a contre lui. On sourira à l'occasion, notamment lorsque Louka révèlera son pseudonyme pour monter sa première arnaque.

Maurice Gouiran aime sa ville, Marseille, mais pas au point d'oublier tout ce qui s'y est passé. pas au point de faire l'impasse sur les comportements de ses habitants pendant la guerre, ni sur ceux de la pègre locale acoquinée aux grandes familles et aux politiciens. Il ne dit pas qu'ailleurs ce n'était pas la même chose, mais sans doute à Marseille, tout est exacerbé. En tous les cas, amoureux de Marseille ou pas, il faut lire les romans de Maurice Gouiran, toujours excellents et intelligents qui au pire rappellent l'histoire de notre pays et au mieux nous l'apprennent de la manière la plus agréable qui soit, la lecture de polars.
Lien : http://www.lyvres.fr
Commenter  J’apprécie          30

💖 Belle découverte 💖

Ce fut mon premier de l'auteur et j'ai frôlé le coup de coeur. 

Mais quel livre !!
J'étais totalement subjuguée par la plume, la construction du livre et tout le savoir caché à travers ces pages. 

Un travail de recherches, de documentation dingue. Ce livre, en plus d'être un excellent polar, était une mine d'informations. 

J'ai appris beaucoup de choses dans ce bouquin, sur la France et notamment la ville de Marseille, mais aussi sur d'autres éléments bien sombres d'ailleurs. 

L'auteur nous propose un roman avec une construction plutôt originale, dans lequel on suit le jeune Louka, personnage assez filou, auquel il est dur de s'attacher et pourtant, je n'ai pu m'empêcher d'admettre qu'il était fort intéressant et très intelligent.
Un protagoniste en demi-teinte, très bien peaufiné, qui a subi les dommages d'une enfance compliquée.
L'auteur d'ailleurs use parfois d'humour noir et j'ai trouvé que ça allait très bien avec la situation 😂

Parallèlement à la quête d'argent facile que mène notre cher Louka, l'auteur nous dépeint la ville de Marseille des années 80.
81, l'arrivée de Mitterrand au pouvoir et bien d'autres événements. Une ville dans laquelle la lutte des classes sociales se ressent. L'insécurité règne déjà. 
Un climat particulier. 

J'ai trouvé l'intrigue  subtilement amenée et j'ai adoré qu'en parallèle on découvre  certains faits historiques. 

Un roman riche en émotions, très vivant, captivant avec une pointe d'humour malgré tout. 

J'ai eu du mal à le terminer non pas par ennui mais par l'envie de le savourer. 

Bref ce fut le premier et ce ne sera pas le dernier.
J'ai adoré et je recommande pour les fans du genre mais pas que. Je ne suis pas forcément férue d'histoire mais j'ai apprécié cet apprentissage très fluide. J'ai même fait d'autres recherches en parallèle pour vous dire !! 
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
« Nous vivons dans un monde où chacun doit rester sagement à sa place. Le drame est que cette règle, cette sorte de malédiction sociale, n’est malheureusement pas le seul fait des institutions ou des classes dirigeantes. Elle croupit dans les discours quotidiens, dans les échanges de la rue, dans le regard de nos voisins : pire encore nous la portons en nous. »
Commenter  J’apprécie          230
Décidèment, le Canard Enchainé s'acharnait sur Maurice Papon. Thépot pensait qu'à soixante et onze ans, tout homme mérite un minimum de respect. Déjà, en 1980, ce satané journal avait publié un article sanglant sur les importantes ristournes fiscales dont auraient bénéficié les deux gendres de celui qui était alors ministre du Budget. Un mauvais procès pour un homme dont le seul défaut était de trop aimer sa famille... On perdait décidemment le sens des valeurs dans ce pays !
Commenter  J’apprécie          80
L'après-midi Tonton était allé déposer une rose rouge sur les tombes de Jean Jaurès, Victor Schoelcher et Jean Moulin, au Panthéon. Un geste qui faisait logiquement râler les adversaires respectivement du socialisme, de l'abolition de l'esclavage et de la résistance aux Boches et à Pétain. C'était souvent les mêmes .
Tonton aimait bien les symboles.
Faut dire que ça coute moins cher que les décisions et les actions.
Commenter  J’apprécie          40
J’allais rompre avec Irène. Définitivement. C’était décidé. J’étais déterminé à prendre le taureau par les cornes et à lui parler dès le lendemain. Bien entendu, elle allait brailler. En deux ans, on prend des habitudes. Ses orgasmes matinaux semblaient lui être aussi indispensables que l’insuline aux diabétiques. Mais Irène ne m’attirait plus. Et puis, sans doute pour me donner un motif supplémentaire, je m’étais persuadé que, sous des dehors bourgeois et un maquillage de bon aloi, Irène n’était qu’une pétasse, une folle du cul. Rien de plus. Fallait l’entendre gueuler de plaisir quand on baisait. Ses serments d’amour n’étaient destinés qu’à m’attacher.
Commenter  J’apprécie          20
Trois jours après mon installation, j’ai découvert un peu par hasard que ma voisine du dessous était rongée par le manque d’amour. Et comme le hasard fait parfois bien les choses, mon jeune appétit sexuel, longtemps jugulé par l’environnement contraignant de mon adolescence et exacerbé par le monde nouveau et prometteur qui s’offrait à moi, a largement profité des bonnes dispositions de la dame. Je lui ai donc généreusement apporté ma jeunesse, ma fougue et ma vigueur, mais rien de plus.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Maurice Gouiran (20) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maurice Gouiran
Maurice Gouiran, en plein confinement, vous parle de ses longues journées de travail ! Et comme c'est un homme multi casquettes… attendez-vous aux surprises !
autres livres classés : marseilleVoir plus


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2864 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}