Comment évaluer un écrivain et son oeuvre ? En lisant, semble-t-il.
Julien Gracq, en 1949, montre que cette évidence, en plein essor de l'existentialisme et du réalisme socialiste, n'en est plus une, que la littérature n'est souvent jugée qu'en fonction des idées qu'elles sert.
Il décrit également le petit cercle littéraire français, où il suffit d'un coup d'éclat dans un premier livre pour devenir un fonctionnaire de la publication annuelle, un nom qu'on retrouve inlassablement à chaque rentrée littéraire – le terme n'existe pas encore mais il le pressent – parfois interrompu par d'interminables pages blanches qui n'empêchent pas le grand retour dix ans plus tard comme si de rien n'était.
Bref, Gracq semble parler de ces écrivains qui – là encore il semble penché sur une boule de cristal – n'ont un nom que parce qu'ils sont des vedettes de la télévision. Il semble parler de Jean d'Ormesson, que tout le monde connaissait et trouvait sympathique parce qu'il était souriant sur le petit écran, mais que personne n'a lu, du moins pas moi, ce qui m'empêche de porter un jugement sauf en répétant les mots des autres.
Comment, dans un tel marasme, évaluer un écrivain et son oeuvre ? En le lisant, contre vents et marées, et en tentant de trouver à son propos ses propres mots, les mots de son propre estomac.
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