David Graeber est antrophologue à la prestigieuse London School of Economics, et il n'a jamais caché son militantisme anarchiste. Fin 2011, il participe au mouvement Occupy Wall Street, duquel il devient vite l'une des "figures de proue", comme aiment à le dire les médias. Ce bouquin est pour lui l'occasion de revenir sur ce mouvement, mais aussi de proposer une réflexion plus large sur la démocratie et les mouvements révolutionnaires.
⁃ La partie 1 est un témoignage de la naissance et de l'organisation progressive du mouvement Occupy Wall Street. le chapitre s'organise en partie dans un jeu de questions / (longues) réponses des plus intéressants. Il se demande pourquoi, cette fois, le mouvement a pris (l'appel à occuper les institutions financières est vieux comme les USA, mais c'est la première fois qu'il fonctionnait avec une telle ampleur), et quelles étaient ses modalités d'organisation et de fonctionnement concrètes.
⁃ La partie 2 est une réflexion sur le concept de démocratie. Réflexion qui se base en bonne part sur l'histoire, où l'auteur revient sur des faits de plus en plus connus : le terme « démocratie » a radicalement changé de sens dans l'histoire. Aujourd'hui, il désigne le mode d'organisation politique de nos sociétés, basés sur l'élection de quelques personnages issus d'une élite économique et culturelle. Il y a quelques siècles, il était assimilée par ces mêmes élites à l'anarchie et au désordre, et renvoyait aux réalités de la démocratie athénienne antique (mais pas que), soit assemblées populaires et dirigeants révocables tirés au sort.
⁃ La dernière partie a pour but de donner aux militants des outils démocratiques, telle le consensus. C'est donc une sorte de guide pratique.
Ce livre, selon les chapitres, adopte donc des tons assez différents : analyse sociologique d'un mouvement social, journal de terrain et témoignage, essai politique, guide pratique... Mais toujours le soucis de Graber est d'articuler le théorique et le pratique. Ouvrage très intéressant pour tous ceux qui s'intéresse aux mouvements des Indignés, mais aussi à l'anarchisme et aux processus démocratiques en général.