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EAN : 9782377291076
228 pages
Libertalia (01/12/2019)
3.91/5   16 notes
Résumé :
David Graeber séjourna à Madagascar de 1989 à 1991 et y découvrit l’existence d’un groupe ethnique formé des descendants des pirates qui s’y étaient installées au début du XVIIIe siècle. Il a rédigé sur le sujet un essai, où il entreprend, entre autres, de faire la lumière sur l’utopie pirate connue sous le nom de « Libertalia ». Décryptant les légendes pirates et analysant la documentation disponible, l’auteur explore l’impact qu’eurent les flibustiers et leurs des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'anthropologue américain David Graeber retrace l'histoire des Zana-Malata, population établie au Nord-Est de Madagascar, descendants métissés des pirates qui s'y étaient installés par milliers au début de XVIIIe siècle. Surtout, il défend l'hypothèse d'une influence de leurs pratiques, conscientes et intentionnelles, proto-démocratiques et de leurs expériences sociales radicales, dont la fameuse expérience utopique de Libertalia, sur les penseurs des Lumières.
(...)
Ces « utopies pirates », avec leurs modes de prises de décision et leurs aspirations égalitaristes, nourrirent certainement les conversations en Europe au tournant du XVIIIe siècle, grâce à l'intérêt pour la piraterie, alimentée par la littérature, accordant à leurs acteurs un rôle politique au niveau mondial jamais reconnu. David Graeber fournit en annexe un tableau confrontant la chronologie de ces événements avec celle de la publication des principaux textes du Siècle des Lumières. Il semble avoir épluché la totalité des documents disponibles afin de les confronter, de retracer la généalogie jamais entreprise de la liberté moderne, de contribuer au projet de « décolonisation des Lumières ».

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Page 9 de sa préface David Graeber écrit : « le mythe de Libertalia, utopie pirate en actes, est resté une source inépuisable d'inspiration parmi la gauche libertaire. On y a toujours eu le sentiment que, même si elle n'avait jamais existé, elle aurait dû exister ».
Ce « mythe » apparaît dans les écrits d'un certain Capitaine Charles Johnson (qui serait un nom d'emprunt de Daniel Defoe, par ailleurs auteur de Robinson Crusoé). Et serait le résultat d'une société « proto-démocratique » et même libertaire*, créée par des pirates sédentarisés sur les côtes de Madagascar à la toute fin du 17ème siècle.
Graeber est anthropologue, il va donc étudier sur le terrain les populations, leurs coutumes, croyances, histoires … Il étudie aussi les ouvrages anciens sur ce sujet, notamment ceux d'un certain Nicolas Mayeur (1747-1813). Les témoignages ne sont pas toujours extrêmement fiables. Mais on peut penser, sur la base de certains faits avérés, qu'il exista pendant quelques décennies, l'ébauche d'une telle société.
L'assimilation et le métissage de diverses populations a toujours été le lot dans l'histoire de Madagascar. Les pirates fuyant la répression des empires coloniaux de l'époque ou cherchant d'autres sources de richesses, ne font pas exception à cette règle. Dans les sociétés malgaches, les femmes avaient une grande influence sur le commerce, les sortilèges et elles avaient une liberté sexuelle qui n'existait pas dans d'autres cultures. Sur leurs bateaux, les pirates quant à eux pratiquaient une forme de démocratie, puisque les équipages élisaient leurs capitaines, que les décisions étaient prises en commun et que les butins étaient partagés à parts égales. Dans la société clanique, de petits royaumes guerriers, l'assimilation et les influences mêlées de ces particularités firent sans doute croire à la possibilité d'une société plus égalitaire … Mais hélas, utopique (il faudra certainement d'autres « ingrédients » pour s'en approcher, dont la responsabilité individuelle, le respect … et sûrement plein d'autres choses pour y parvenir … Mais à petit pas … il y a toujours l'espoir ;-).
Reste la question : Qui influença qui ? les pirates libertaires ou les philosophes des Lumières ?
Ce texte est un peu complexe dans ses aspects les plus anthropologiques, mais il reste inspirant sur le sujet de cette expérience unique et de cette aventure humaine.
Allez, salut.
P.S. : *Puisque, hélas, le mot Anarchie évoque chez certains le chaos.
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Un livre intéressant sur un sujet très fantasmé, à partir d'un travail très fouillé, ayant pour origine la thèse de doctorat de l'auteur. Peu de certitudes, beaucoup de conjectures, mais écrit avec humour et un parti pris d'optimisme, ce petit livre est un plaisir à lire. On est embarqué d'emblée avec les pirates, les autochtones, les roitelets auto-proclamés, histoires passées par la littérature populaire de la fin du 17e siècle et du début du 18e, en particulier Daniel Défoe, et qui en avaient fait un sujet à la mode dans les salons intellectuels européens ; c'est la source d'information d'une grande partie de ce livre, avec les récits ultérieurs d'aventuriers, mais c'est également un biais spectaculaire (il fallait bien raconter des belles histoires).
Un peu frustrant quand même de rester sur tant de lacunes, mais les légendes garderont encore toutes leurs forces.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La population malgache reste attachée à la liberté sexuelle. Elle se distingue des populations musulmanes et chrétiennes qui viennent s’installer à Madagascar. Les Zafy Ibrahim influencent la confédération betsimisaraka à travers une spiritualité et un mode de vie original. « De toutes les ethnies de Madagascar, les Betsimisaraka sont renommés non seulement pour leur égalitarisme et leur résistance à l’autorité centrale, mais aussi pour leur penchant pour les spéculations philosophiques et cosmologiques », précise David Graeber.

Mais les Zafy Ibrahim imposent un contrôle patriarcal sur la sexualité des femmes. Les « libertines » sont punies par la mort. Pourtant, les Zafy Ibrahim finissent par abandonner leur jalousie puritaine et s’adaptent à la tolérance sexuelle des Malgaches. La société betsimisaraka permet les mariages forcés des jeunes femmes esclaves. Mais l’arrivée des pirates secoue le cadre patriarcal. Les flibustiers ont l’habitude de fréquenter plusieurs femmes. Mais leurs concubines peuvent également avoir d’autres amants si les pirates les délaissent.
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(Les historiens) partent du principe que la seule question qui vaut d'être approfondie est la suivante : y a-t-il vraiment eu une colonie utopienne d'anciens pirates nommée Libertalia sur la côte Malgache ?
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Vidéo de David Graeber
Extrait du livre audio « Au commencement était...» de David Graeber et David Wengrow, traduit par Élise Roy, lu par Cyril Romoli. Parution numérique le 28 septembre 2022.
https://www.audiolib.fr/livre/au-commencement-etait-9791035409968/
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