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EAN : 9782364130401
160 pages
Vents d'ailleurs (20/02/2014)
4.17/5   15 notes
Résumé :
Il y a cinquante ans certains pays d’Europe comme la Belgique et la France ont ouvert grand les bras pour accueillir les travailleurs invités issus des zones rurales d’Anatolie. Ils seront les « travailleurs invités ». Ils seront nos pères et nos mères ; vos ouvriers, vos nettoyeuses, puis vos bouchers, vos épiciers, vos voisins, parfois vos amis. Depuis cinquante ans, nous avons fait l’objet de quantité d’enquêtes et d’études, produit des discours et des statistiqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Dans Anatolia Rhapsody, Kenan Görgün se livre à une analyse de la situation des immigrés, en l'occurrence, l'immigration Turque en Belgique, en partant de son expérience personnelle, de ses réflexions dans ce qui constitue une sorte d'état des lieux qui, grâce à son intelligence et un récit très littéraire, revêt un caractère universel.
Déjà écrivain accompli (influencé par la littérature américaine notamment Stephen King), Kenan Görgün publie en 2014 (dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'accord Belgo-Turc pour attirer la main d'oeuvre) un récit dans lequel il s'intéresse au retour aux pays des Turcs des deuxième et troisième générations, nés en Belgique. Il s'attache dans cet essai/roman, où il se met en scène personnellement, à décrire pour mieux les faire comprendre, les mécanismes de l'immigration Turque vers la Belgique qui illustrent et génèrent actuellement, une immigration de retour au pays, De Belgique vers la Turquie.
La raison première est, dans les années 1960, un besoin de main d'oeuvre dans les pays occidentaux - l'Allemagne, en particulier, voyant déjà un mur qui va la priver d'une main d'oeuvre bon marché - et ce sont des régions pauvres et peu éduquées qui vont être sollicitées et pourvoir à cette demande. Une population qui, du jour au lendemain va se retrouver séparée, avec toujours en tête un séjour temporaire, seulement destiné à amasser suffisamment d'argent pour vivre une retraite au pays. Une autre raison est une mythologie qui se forge au travers d'une population avec son histoire, des rêves fantasmés de la mère patrie, consciencieusement entretenus et transmis à leurs enfants, par la langue et par la religion, mais surtout par les récits sublimés et mythiques d'une Turquie, décrite comme le pays de tous les bonheurs et de toutes les aspirations heureuses. Pas étonnant dès lors que les deuxième et troisième générations se sentent à l'étroit et coincées entre deux civilisations, deux langues qui peuvent apparaître comme une richesse mais qui constitue surtout un déchirement entre deux affectifs - famille au pays d'origine et amis du pays d'accueil - qu'il est difficile pour certains de concilier. Ni tout à fait Belge, ni tout à fait Turc, une sorte de construction schizophrène handicapante, transmise d'une génération à l'autre, dans laquelle nombre de questions restent taboues, comme la sexualité, l'émancipation des filles, et un repli communautaire sécurisant et protecteur, qui au final, empêche toute acculturation dans le pays d'accueil.
La rhapsodie est définie comme un poème ou partie de poème contenant un épisode épique, spécialement emprunté aux poèmes homériques et c'est bien avec une multiplicité de points de vues et réflexions que Kenan Görgün réussit à dessiner ce poème, cette épopée entreprise par les pères, que les fils entreprennent dans le sens contraire, un retour comme celui d'Ulysse, semé d'embûches et conduisant pour certains à une déception face à une réalité différente de celle montrée par le miroir déformant et tendu par la première génération.
Anatolia Rhapsody est un récit, littéraire passionnant, intelligent, subtil, très érudit et sans concession, un miroir qui permet de voir des vérités en face et sans concession, des qualités que j'avais déjà appréciées dans la nouvelle que Kenan Görgün avait écrit sur l'abattoir d'Anderlecht pour "Bruxelles noir".
Un auteur à découvrir absolument.
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Ce récit-essai dans lequel la petite histoire familiale de l'auteur enlace la grande Histoire de l'immigration turque parle de quête identitaire à travers le prisme de la dualité des immigrés. Ni belge ni turc, et pourtant les deux à la fois, l'auteur ouvre la réflexion quant aux problèmes culturels et socio-économiques liés à l'immigration.

Selon lui, les identités plurielles, souvent célébrées, produiraient également des effets de suridentification qui peuvent s'avérer aliénants. Comment lier modernité et tradition ? Comment apprivoiser la différence de culture au sein d'une même culture ? L'auteur s'interroge sur son rapport à l'Autre, à la communauté, à la société dans laquelle il vit.

Une lecture, certes exigeante, mais ô combien intéressante sur les enjeux de l'immigration et ses conséquences.
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Anatolia Rhapsody - sous titré "roman". Où est le roman? Peut-être dans la construction littéraire, dans le style d'écriture, dans une langue précise, originale, parfois humoristique... ce qui permet au lecteur de prendre connaissance facilement et avec plaisir d'une réflexion sociologique critique sur la migration turque en Europe depuis 50 ans. En partant de sa propre expérience de vie, au sein d'une famille déracinée en Belgique, pour raison économique, l'auteur s'interroge et nous interroge, sur des éléments essentiels de l'existence humaine: définition de l'identité, définition de la communauté, définition de la culture, définition de l'exil réel et intérieur... Où trouver sa place dans la société des hommes? le livre se termine par une vibrante dénonciation de la société capitaliste mondiale et cependant tout au long des pages, on ressent un humanisme vivant et un amour de l'Homme, en tant qu'espèce. A lire si on veut un peu mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons actuellement.
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J'ai découvert ce livre grâce au club de lecture de la bibliothèque de mon village. Au départ, peu emballée par le style d'écriture, un peu trop torturé notamment dans les moments d'introspection de l'auteur. On s'habitue toutefois au fur et à mesure.

Les descriptions des habitudes culturels des parents, les non-dits, la nostalgie pesante et le regard personnel que l'auteur porte sur cette immigration sont par contre très intéressants. Ce livre permet de mieux comprendre l'Autre.

Suite à cette lecture, nous avons rencontré l'auteur avec le club de lecture. Celui-ci est particulièrement charmant et encore plus intéressant en vrai.

En résumé : peu emballée au début, intéressée au milieu et enthousiaste après l'avoir rencontré avec l'envie de lire la suite de cette trilogie.
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Petite pépite sur l'exil, l'immigration, l'émigration, la tolérance, la culture, l'acceptation, l'héritage, et ce côté mélancolique incroyable...

L'auteur conte sa famille, l'exil, volontaire ou pas, les questionnements, l'intégration, la double culture difficile de la nouvelle génération, les doutes, les espoirs, le retour, l'émotion, l'amour, l'amitié, la différence de culture au sein de la même "culture"...

un texte court mais intense
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Dans leurs villages, des gens qui, chaque jour, se sont croisés, salués, ont partagé le thé, le travail aux champs, le gardiennage des troupeaux, ont fumé ensemble des cigarettes fabriquées à partir de restes de tabac plus prestigieux, allongés sous un arbre ou assis devant l'unique petit café du bled, qui ont chaque matin ouvert les yeux sur le même paysage, dont ils connaissaient chaque arbre, chaque sillon de la terre qui se transformerait en ruisseau lors de fortes pluies, et se sont endormis la nuit aux aboiements des mêmes chiens, avec dans les muscles la fatigue de corvées familières, se retrouvent dispersés sur plusieurs pays du jour au lendemain. Ils partent en exil comme on se jette d'un navire qui sombre.
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L'économie mondiale, ce sport de combat ayant le fric pour trophée, a bouleversé des existences, provoqué colonisations et transhumances. Et ensuite on a demandé à la culture de trouver les justifications, les discours conciliants, les circonstances atténuantes (...)
Dans un système marchand mondialisé, c'est le dernier moyen de sauver quoi que ce soit : en faire un produit de consommation. Si tu échoues à mettre un code-barre sur ta culture, elle disparaîtra.
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Aimer l'absence de la chose plus que la chose elle-même amena nos parents, et par incidence leurs enfants - notre génération - à chérir une idée de la Turquie plus que la Turquie elle-même.
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Nous ne continuons à vivre par les autres que si nous avons pu leur laisser un souvenir par lequel nous garder vivants.
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Je n’écris pas ce livre pour dresser des tableaux ou citer des chiffres. Je n’écris pas ce livre pour chanter avec les sirènes de l’optimisme ni pour hurler avec les loups qui voient le mal partout. Je ne suis ni sociologue, ni historien, ni attaché aux Affaires étrangères ; je n’ai pas la moindre qualification pour la démonstration mathématique, j’ai juste les mots que je parviens à tirer de mon clavier. Sur ma table d’écriture, je n’ai pas déballé des archives ou des statistiques, j’ai déposé des morceaux de vie, que je tripote dans tous les sens pour tenter de les faire parler, de gré ou de force. J’écris ce livre pour saisir ce quelque chose d’impalpable, qui n’a pas de nom, pas de carte d’identité, ni affiliation à la Sécu ni droit social, ce tremblement qui échappe aux tableaux, aux chiffres, aux sirènes et aux loups, et qui est la frontière contre laquelle je bute, l’impasse à cause de quoi je n’arrive pas à conclure à l’immigration comme à une réussite.
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Videos de Kenan Görgün (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kenan Görgün
La Compagnie Gambalo, la Foire du Livre de Bruxelles, l'Adeppi, avec le soutien de la Fédération Wallonie Bruxelles , la CAAP et Gsara, ont réalisé le projet Billets d'écrits : cinq auteurs et autrices - Kenan Görgün, Patrick Delperdange, Valérie Cohen, Philippe Gustin et Philippe Raxhon - ont proposé une consigne qui a été développée au cours d'ateliers d'écritures menés par Nicolas Swysen dans cinq prisons francophones. A l'issue de ces ateliers, les détenu.e.s ont pu rencontrer l'auteur ou l'autrice, échanger autour de leurs productions et faire dédicacer les ouvrages que La Foire du Livre, Ker Editions et J'ai lu avaient offerts.
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