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EAN : 9782825143001
93 pages
L'Age d'Homme (13/06/2013)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Collection « Archipel slave »

«En marchant, je me retournais sans cesse avec angoisse: le moindre bruit dans ce silence était si rivé, si englué à mes pas que j’avais l’impression de traîner aux pieds des faisceaux de branchages et j’essayais de deviner si mon cheminement n’avait pas alerté quelque oreille aux aguets. Au début, j’avançais à travers la substance médullaire de la Banque, foulant aux pieds
la noire semence des chiffres avec le se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Contrairement à la 4e de couv', à la préface et à l'ensemble des critiques qu'on peut trouver dans la presse ou sur le net, je ne vais pas vous spoiler cette courte nouvelle. (Note aux éditeurs, préfaceurs et critiques professionnels : si vous ne savez pas parler d'une oeuvre sans en révéler l'intrigue, pitié : changez de métier.) du coup je vais commencer par vous parler de Alexandre Grine (pour les français) / Alexandre Stepanovitch Grinievski pour les russes. Un sacré personnage. Il n'est allé à l'école que pendant 4 ans en tout. Juste le temps d'apprendre à lire et à écrire. Comme son père était un sale type et que sa mère est morte alors qu'il avait quinze ans, c'est à peu près à cet âge qu'il est parti pour Odessa dans l'espoir de devenir marin. Mais comme il ne savait rien faire, ça a été plus compliqué qu'il ne l'imaginait. Il a multiplié les emplois : expéditionnaire de bureau, garçon d'étuve, copiste ... et mendiant quand il ne trouvait pas d'autre moyen de rester en vie. Ensuite, il recommence : écrivain public, chercheur d'or, matelot sur les péniches de la Volga ... Il s'engage dans l'armée, mais constatant vite que l'armée tsariste, ça n'est pas son truc, il déserte et devient anarchiste, ce qui lui vaudra une première déportation en Sibérie (non, les communistes n'ont pas inventé le concept). Il s'évade et recommence. Et c'est aussi là qu'il se met à publier ses premiers livres. Ce qui lui vaudra d'être de nouveau déporté. Libéré, il collabore à plusieurs journaux, s'en prend directement au Tsar dans ses écrits, et pour éviter la troisième déportation, il part se planquer en Finlande. Et lorsque la Révolution russe chasse le Tsar, Grine revient à Petersbourg depuis la Finlande. A pied. Il est immédiatement enrôlé dans l'Armée rouge où il chope le typhus et c'est à sa sortie de l'hôpital que Gorki le fait admettre à la Maison des Arts qui se situent dans l'ancienne banque qui sert de décors à L'Attrapeur de Rats.
Grine est alors connu pour ses écrits romantiques-réalistes, et cette nouvelle n'est ni l'un ni l'autre. On se trouve ici quelque part entre le surréalisme et le conte fantastique. Il est évident que Grine nous parle de son époque - les années 20, donc - en Russie, et pourtant il nous offre une histoire aussi intemporelle qu'universelle.
C'est très bien écrit, très facile et très rapide à lire et l'Attrapeur de Rats mettra d'accord tant les amateurs de littératures que les amateurs de contes traditionnels. Mais dépêchez-vous : ça n'avait pas été ré-édité depuis 1972, et je doute que cette édition 2019 reste longtemps disponible
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L'attrapeur de rats d'Alexandre Grine
Petrograd, 22 mars 1920, le froid et la neige fondue glacent un homme sur la place aux foins, il est venu vendre ses derniers livres pour pouvoir s'acheter quelques pommes de terre et survivre. Il les avait vendus une misère juste après une charge de la police montée. La famine est sévère. Il avait fait bouillir ses patates sur un petit poêle en fer mais le bois manquait, il débitait discrètement des morceaux du toit où les châssis des fenêtres. Malade, 41 de fièvre, délire, trois mois d'hospitalisation, au retour son logement est occupé il est à la rue. Entraide avec des amis puis gîte douteux fourni par un épicier qui avait désormais une fonction officielle. Il le loge dans une banque désaffectée. Des dizaines de pièces désaffectées pleines de papiers et de détritus. Il va y passer la nuit en brûlant des liasses de documents dans une cheminée puis ne trouvent pas le sommeil, son esprit va divaguer centre rêve et réalité.
Une nouvelle de 70 pages qui débute dans un hyperréalisme très prenant et qui peu à peu laisse place au sein de ce labyrinthe bureaucratique à une étrange fable. Fascinant.
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L'auteur utilise deux éléments de décor qui me plaisent beaucoup :
- d'abord une ville à l'abandon où les gens ne font qu'errer et survivre. Je crois d'ailleurs que dans l'introduction au récit on nous donne les raisons et le contexte historique de la catastrophe politique et économique qui a soufflé St-Pétersbourg il y a un siècle, mais en réalité peu importent ici les circonstances ou même le lieu. J'ai toujours trouvé que ces histoires de villes - habituellement des machines à impulser, diriger et digérer le flux de leurs habitants - brutalement mises à l'arrêt constituaient un terreau très fertile pour l'imaginaire : ce qui était purement fonctionnel devient brutalement esthétique et forme un paysage étrange, toujours inédit et atemporel
- ensuite l'autre face du récit qui se déroule dans un intérieur immense, désert, labyrinthique, qui semble même de plus en plus démesuré et inextricable à mesure que le narrateur y progresse. C'est le genre de lieu qu'il m'arrivait de voir en rêve - mais pas dernièrement, maintenant que j'y pense - avec toujours beaucoup de plaisir.
Le récit a précisément cette texture et cette qualité du rêve, la façon dont les choses y surviennent et s'y agencent, l'aspect à la fois précis et incertain qu'y ont les personnages. le déploiement de l'action est tellement réussi que le dénouement pourrait en être légèrement décevant, mais après réflexion, on peut se plaire à croire que la fin reste ouverte, que les apparences en sont peut-être trompeuses, que ce qui y ressemble à de la sécurité est peut-être plus fragile qu'on ne le croit.
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critiques presse (1)
Actualitte
05 août 2019
Les Éditions Noir sur Blanc [...] ont exhumé L’Attrapeur de rats (1924), nouvelle sombre et énigmatique d’un auteur russe méconnu, Alexandre Grine.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Sur toute chose s'était appesantie l'empreinte de la putréfaction et du silence. Une audace inouïe était passée comme un souffle de porte en porte, cyclone formidable, invincible qui s'était détourné aussi facilement que s'écrase une coquille sous le talon."
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Video de Alexandre Grine (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Grine
Les Voiles écarlates (Алые паруса), film soviétique réalisé par Alexandre Ptouchko en 1961.
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