Toute mon histoire : Carnets de vie et de musique

Quand j'étais un ado boutonneux, encore plein d'illusions sur l'immense coffre des merveilles de la vie qui commençait juste à s'ouvrir devant mes yeux encore aveuglés de lait maternel (oui, parce que j'en buvais toujours trop et le trop plein me dégoulinait dans les yeux. J'étais déjà pas très dégourdi à cet âge), je rêvais d'être une rock star...

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours adoré la musique. Non seulement en écouter mais aussi en jouer. Je me souviens d'un anniversaire où mes parents m'avaient offert une espèce d'enceinte lecteur de cassettes où on pouvait brancher un micro et s'enregistrer. Je n'ai jamais su si mes parents avaient regretté cet achat (en tout cas, c'était le cas des voisins) mais cela m'a permis de me lancer dans des expérimentations musicales que n'auraient pas reniées les Pink Floyd si toutefois les notes avaient appartenues à des gammes terriennes.

Nous étions donc au début des années 90, j'avais 14-15 ans et j'habitais bien sûr chez mes parents, qui n'etaient pas encore sortis de la période des yéyé. On écoutait Sylvie Vartan, Michèle Torr et Frédéric François. Notre Johnny national constituait leur limite tolérable de la rock'n roll attitude.

Je gratouillais donc ma guitare discrètement, en m'astreignant néanmoins à jouer ouvertement la maison bleue de le Forestier, histoire de les rassurer sur mon état mental. Mais petit à petit, la tentation de tourner le bouton de distorsion de l'ampli devenait insoutenable et le rock m'a pénétré comme le diable a pénétré Reagan (la petite fille du film l'exorciste, hin, pas le président des USA).

Comme j'étais à peu près content du résultat brillant... heu bruyant (correcteur orthographique, désolé), j'ai eu la bonne idée de faire participer des copains ayant la même passion que moi pour les fausses notes et nous avons formé notre premier groupe répétant tous les samedis, fenêtres grandes ouvertes, et arrosant de douces mélodies rock, punk, grunge tout le lotissement au son de reprises de Radiohead, Smashing Pumpkins, The Clash, Pixies et bien sûr Nirvana et Foo Fighters (spoiler : on s'approche lentement du thème du livre, ne vous inquiétez pas, ça va devenir bientôt intéressant).

J'assurais le rôle de guitariste chanteur à la manière d'un Jean-Michel Apeuprès le talent en moins. Mais mine de rien, à force d'abnégation, de répétitions, de corne sur les doigts à cause des cordes de guitare et d'acouphènes, nous sommes arrivés mes trois compères et moi-même à jouer des chansons en entier. Il y avait Nico à la basse, Marco à la guitare (ou au bipeur tatou tamtam, ce fameux ancêtre du téléphone portable qui sonnait toutes les 5 minutes) et Samir à la batterie.

Oh, ce serait mentir de dire qu'il n'y avait pas de "pains" ou de fausses notes à chaque morceau mais l'encouragement de mes parents et l'incroyable tolérance du voisinage quant au bruit hebdomadaire (aussi régulier que les cloches de l'église un dimanche à 11h), ont fait que les progrès étaient réels et nous sommes lancés courageusement et avec insouciance dans l'organisation de concerts dont certains restent dans les annales avec au moins 10 personnes dans le public, parents, frères et soeurs inclus.

Cette histoire a continué pendant près de 20 ans, de Montpellier à Lyon. Hormis Nico le bassiste, mon ami de toujours et pour toujours, le "line-up" a évolué au fil des ans (surtout les batteurs) et on a même fait deux albums (toujours écoutables sur les plateformes de streaming - cherchez "la maison ZiA" pour les courageux sur Deezer, Spotify and Co). On avait même pressé 1000 exemplaires d'un magnifique CD pour lequel il doit me rester 4 cartons de 150 albums toujours cellophanés qui prennent la poussière dans le garage, sans doute pour un bon moment encore).

Qu'en reste-il maintenant ? Bah, je travaille désormais dans un bureau, devant un ordinateur qui est globalement mon meilleur compagnon professionnel, lorsqu'il ne se fige pas aléatoirement, m'obligeant à rebooter le tout et à aller prendre un café dégueulasse (mais gratuit) avec des collègues ayant eu le même bug. Au moins, ça fait un sujet de discussion.

Tout ça pour dire que mon rêve de devenir une rock star n'est désormais qu'un lointain souvenir. Les guitares sont rangées. Je tape bien encore un peu sur des bambous ou autres fûts de batterie de temps en temps mais mon instrument de prédilection est désormais le logiciel Excel où j'excelle (hahaha clown inside) dans les formules de sommes, moyennes et rechercheV.

Qu'est ce que j'ai raté pour passer à côté de mon rêve ? A quel moment ai-je pris la mauvaise décision ?

Pourquoi ça a marché pour Dave Grohl, le principal protagoniste de cette merveilleuse biographie de celui que je considère comme la plus grande rock star actuellement en vie ? (pour ceux qui ne savent pas qui c'est, vous pouvez vous reporter à une chronique sur ma page Facebook sur une vidéo des Foo Fighters qui m'avait bouleversé).

Ce livre biographique, écrit par Dave Grohl et traduit en français par Harper Collins (si j'ai bien compris) raconte sa vie tumultueuse qui l'a fait passer d'un ado pas trop fait pour l'école à l'immense bonhomme qu'il est devenu désormais tant en tant que musicien qu'en tant qu'homme, en tant que père ou en tant qu'ami.

Ce livre est truffé d'anecdotes parfois très drôles et pleines d'auto-dérision, parfois tristes à t'arracher quelques larmes.

Il raconte sa vie de bohème, sa progression d'abord avec le groupe Scream, puis avec Nirvana ainsi que la création des Foo Fighters et tant d'autres moments de vie de musique ou intime qui ne peuvent que confirmer toute l'admiration que j'ai pour ce bonhomme.

Qu'est ce qui m'a manqué pour devenir un Dave Grohl ? Finalement, à peu près tout.
Le courage, le culot, le talent, le travail acharné de mon instrument et aussi un peu de chance, celle qui te fait être la bonne personne au bon moment.

C'est tout ça qui est raconté dans cette biographie, dans cette merveille de biographie que j'ai déjà lue deux fois et que je relirai sans doute encore plusieurs fois, comme un catho avec la bible.

scob.

Il y a quelques années, j'étais tombée complètement par hasard sur la biographie de Steven Tyler. (Au plus profond de mon être, j'espère que vous savez qui il est, mais si d'aventure, votre culture musicale était atrophiée, je rappelle à toutes fins utiles qu'il n'est autre que le chanteur d'Aerosmith). Cette lecture m'avait touchée, mais elle m'avait aussi fait découvrir des choses que j'aurais préféré ignorer, et certains détails ont un peu brisé la magie lorsque je l'ai vu en concert quelques mois plus tard. Je m'étais promis de ne plus lire de biographie, a fortiori de stars du rock. Sauf que je n'ai aucune volonté, et qu'en plus les éditions HarperCollins m'ont proposé en SP ce texte de Dave Grohl, écrit durant le confinement quand, privé de scène, il fallait qu'il s'occupe ! Ma volonté en carton et moi avons donc renié tous mes serments passés pour entrer dans ces lignes, avec cependant une légère appréhension ! En effet, ma précédente expérience m'a fait redouter des récits de débauche et d'excès en tous genre.

Mais c'est tout le contraire qui s'est produit ! Dave Grohl a passé sa vie porté, bien sûr, par l'amour de la musique, mais également par l'amour de sa mère et par des valeurs familiales qu'envers et contre tout, il s'efforce de reproduire avec son épouse et ses trois filles. Ce récit, c'est une symphonie, un ode à la musique, au rêve, au pouvoir du rock. J'ai noté mille phrase, j'ai été touchée par mille image. Dave Grohl, c'est celui qui fut le batteur du groupe Scream avant de devenir celui de l'emblématique Nirvana, puis le fondateur, guitariste et chanteur des Foo Fighters. Dave Grohl, c'est aussi cet homme qui regarde toujours les idoles qui lui ont donné le goût de la musique comme un gamin sans comprendre qu'il en est une lui-même. Cet homme simple, qui semble toujours aussi étonné lorsqu'on le sollicite pour des événements incroyables... Tout au long de ma lecture, c'est ce sentiment qui m'a le plus frappée : comment peut-on être Dave Grohl et ressentir en permanence ce sentiment d'illégitimité ?

Alors bien sûr, on parle de légendes du rock, du grunge même. le tout ne se fait pas sans quelques grammes (qui doivent bien faire des kilos, sur ces années) de beuh, quelques (hecto)litres de whisky. Mais s'il est une chose à laquelle il n'a jamais touché, c'est la coke. Ce que cette amante cruelle a fait de son ami Kurt laissera un vide béant dans la carrière de l'artiste, mais son absence n'a jamais cessé de l'accompagner, tout comme celle de son meilleur ami, décédé lui aussi.

Je m'attendais à une histoire de destinée incroyable, entraînant sur une pente raide un gamin grisé par le succès. J'ai lu l'histoire d'un homme ordinaire qui s'est accroché à son rêve et qui a vécu l'extraordinaire sans jamais cessé de s'en étonner, sans jamais cessé d'en être reconnaissant. C'est d'ailleurs quelque chose qui revient souvent, dans ses mots : cette gratitude qu'il exprime et ré-exprime à l'envi.

Alors bien sûr, on a droit à quelques anecdotes un peu rock 'n roll, comme une chute de la scène, une overdose de caféine qui lui a fait croire à une attaque cardiaque, une arrestation pour conduite (d'un scooter !) en état d'ivresse en sortie d'un concert. Au travers ces détails, on a pourtant l'impression de suivre un ado un peu perdu qui fait l'andouille sans penser aux conséquences, mais qui ne fait que des petites bêtises d'ado. On ne parle pas de s'attacher à un radiateur plutôt que de monter sur scène ni de saccager systématiquement ses chambres d'hôtels.

Cette balade de ce monstre de la musique que j'aime m'a émue et j'en ai savouré chaque mot. Dave Grohl est un artiste, le rock est une religion, ma religion, d'ailleurs ! Je n'ai jamais trouvé de meilleur moyen de me détendre qu'en collant dans mes oreilles des riffs surpuissants, qu'en m'évadant, pour trouver la paix, dans cet océan de décibels. J'ai toujours adoré que le bruit emplisse mon espace. J'ai lu les mots de Dave en me repassant chacun des titres qu'il évoquait. Les siens ou ceux des monstres qui l'ont inspiré. Merci pour ce voyage au coeur de l'une des belles âmes du rock...
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Dave Grohl, pour ceux qui ne le connaissent pas, a été le batteur du groupe Nirvana, est le leader de Foo Fighters et a collaboré avec beaucoup d'artistes durant sa carrière. Il est aussi considéré comme le gars le plus sympa du Rock.

Dans son livre, Dave nous partage sans filtre ses souvenirs les plus précieux : de son enfance à son groupe Foo Fighters en passant par sa découverte de la musique et du punk rock, l'ascension de Nirvana, et les rencontres faites tout au long de sa carrière. C'est un homme humble, qui est tout aussi fasciné que nous lorsqu'il se retrouve face à d'autres personnalités.

A ces anecdotes, s'ajoutent des moments de vie plus personnels avec sa femme et ses filles. Dès le début, on comprend vite que sa famille est ce qu'il a de plus important, et notamment la personne qui l'a inspiré tout au long de sa vie : sa mère.

On y découvre un gars authentique, positif, brillant, et surtout reconnaissant pour la vie qu'il a mené jusqu'ici. On vit intensément chaque moment, comme si on était confortablement installé avec lui devant un verre: certains passages sont à mourir de rire, et d'autres sont beaucoup plus émouvants.

Ce livre, c'est simple, je l'ai dévoré! J'aimais l'artiste avant, il est impossible maintenant de ne pas aimer l'homme.
Pour beaucoup, il est encore "ce gars du groupe Nirvana", mais il est tellement plus. Ce carnet de vie est donc un gros coup de coeur.

Dave Grohl, c'est "ce mec de Nirvana", mais heureusement il n'est pas que ça. Multi-intrumentiste, chanteur, compositeur, membre et/ou fondateur de plusieurs groupes, il a, comme dirait ma grand-mère, plusieurs cordes à son arc (à sa guitare aussi oui, bref).
Et non, ce n'est pas Dave Navarro, n'en déplaise aux gens qui les confondent (big up à Dave Navarro également, s'il passe par là 💜).

Ça c'était ce que je savais avant.
Ce que je sais maintenant, c'est que Dave Grohl est un gars extra.
Si je devais mettre une photo à côté du mot enthousiasme, ce serait sans aucun doute la sienne.
Car Dave Grohl est aussi un papa gâteau, un fils aimant (les cartes postales envoyées à sa mère pendant sa première tournée avec Scream et reproduites dans le livre sont tellement touchantes, coeur sur lui), un véritable fan qui n'en revient pas de pouvoir croiser ses idoles, et un gars chanceux (sauf quand il se casse la jambe en plein concert).

Celles et ceux qui aiment les biographies bien chronologiques avec dates et chiffres à la clé, passez votre chemin, Toute mon histoire ressemble plus à une discussion à bâtons rompus avec un Dave Grohl drôle et humble. J'ai souvent souri et franchement ri, j'ai aimé cette ingénuité et cette candeur à laquelle je ne m'attendais pas en commençant ce livre.

De ses débuts à 18 ans dans le groupe Scream à ses tournées mondiales avec les Foo Fighters, en passant bien évidemment par le le succès intersidéral de Nirvana, Dave Grohl nous plonge dans ses souvenirs avec beaucoup de tendresse, une bonne dose d'humilité et énormément d'humour. Il a un vrai talent de conteur, et le titre américain est merveilleusement bien choisi à cet égard, car plus qu'un récit autobiographique linéaire, c'est un véritable recueil d'histoires et d'anecdotes qu'il nous confie ici. [C'est donc ce titre que je préfère mettre en avant, plutôt que le titre choisi pour l'édition française : Toute mon histoire : carnets de vie et de musique]

En toute franchise, j'ai beau adorer lire des mémoires, je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'attendais pas à être scotchée dès les premières minutes, ni à dévorer les 10h35 d'écoute en une semaine seulement. Depuis que j'écoute des livres audio sur Audible, je ne cesse de dire à quel point c'est un avantage que le livre soit lu par son auteur.ice. Mais c'est encore plus vrai ici car Dave Grohl fait preuve d'une chaleur et d'une conviction que j'ai trouvées absolument irrésistibles, comme s'il revivait les anecdotes à mesure qu'il nous les raconte.

C'est l'histoire d'un fan de musique qui va participer presque sans le vouloir à une révolution sonore et qui n'en reste pas moins un gamin émerveillé face aux légendes qu'il est amené à côtoyer. C'est l'histoire d'une superstar invitée à des galas à la Maison Blanche ou dans les concerts et les festivals les plus prestigieux, mais qui crie son amour pour sa famille, et notamment sa mère et ses filles, à presque toutes les pages. C'est l'histoire d'un ami fidèle qui a perdu trop de potes en chemin et qui livre son chagrin avec beaucoup de pudeur et des mots poignants. C'est le récit d'une vie extraordinaire racontée par quelqu'un qui mesure la chance qu'il a et qui en est très reconnaissant, ce qui le rend infiniment sympathique et touchant à mes yeux.

J'ai adoré.
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