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3,22

sur 116 notes
Jens Christian Gröndahl s'interroge sur le sens de l'engagement et sur ses retombées affectives et politiques , jusqu'à quel point un individu lambda est-il vraiment impacté par des évènements qui se déroulent au loin même si il en a vu les images...
1977, fin de l'été, Copenhague. Il, le narrateur, travaille à la Gare Centrale au service de réservation des hôtels. Elle ,Randi ,danoise, cherche une chambre . de fil en aiguille, de clef de consigne en hébergement, elle disparait...
Quinze ans plus tard, il croise sa route. Sonja et non plus Randi, lui raconte les mois qui ont précédé leur première rencontre , son séjour en Allemagne, sa rencontre avec des activistes rouges.. Quand ils sont extradés puis jugés en Allemagne, Sonja doit faire face à son passé, au rôle qu'elle a joué et à ses responsabilités. Coupable ou pas?
Quand la grande et la petite histoire s'imbriquent ..les interrogations se font nombreuses et ce roman essaie fort habilement d'amener le lecteur à se poser quelques questions .Intéressant.

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Quand le passé pèse comme un couvercle, quand le passé déborde...
Effectivement, il s'agit bien de ça dans ce roman : une jeune fille participe à une opération terroriste, en 1977, en Allemagne. Pétrie d'idéaux d'indépendance et de liberté, c'est vraiment par hasard qu'elle a suivi ce groupement terroriste, tellement par hasard qu'elle ne se rend compte que bien après que l'homme "qui partageait son matelas" est un tueur.
Ce qu'on peut appeler la culpabilité va la ronger, après avoir revu, 15 ans après, notre narrateur, qu'elle avait rencontré ... également par hasard, après l'une des opérations de son groupe.
C'est donc une histoire de hasards, de coïncidences qui font "s'entrechoquer" des personnes qui n'auraient jamais dû se croiser.
Ce choc des rencontres provoque l'action ou la réflexion, mais qu'on le veuille ou pas, il détermine la suite de notre vie.
J'ai aimé ce roman de hasards et de rencontres, de réflexion sur la politique engagée aussi, mais pas au point d'en être passionnée; les héros ne m'ont pas touchée...La jeune femme est un peu trop distante, un peu trop "je-ne-sais-pas-où-j'en-suis-dans-la-vie", ce caractère bizarre m'exaspère, comme le fait d'appeler le narrateur quand ça lui chante pour lui parler du passé; et celui-ci, comme un mouton, accourt l'écouter...
Bref, intéressant pour l'analyse des interactions entre les gens et les évènements, sans plus.
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Ce roman à la recherche du temps passé à remplir le vide ou à fuir la banalité de jours fades, au prix d'actions insensées, m'a remis en mémoire l'année 1977. J'allais me marier, j'exerçais le métier dont je rêvais, le sens de la vie était évident. C'était les années de plomb en Allemagne, le terrorisme aveugle au nom de la libération des peuples opprimés, le "suicide" des meneurs emprisonnés à la une de Libération.
Il est question de cette page d'histoire contemporaine agitée dans Les mains rouges, mais ce n'est pas l'essentiel.
À nouveau, l'auteur sonde les élans incongrus qui poussent chacune ou chacun à exploser l'ennui d'une existence bien rangée, bien conforme, bien insipide. L'auteur place ses personnages en suspens, exprime leur humeur en phrases sinueuses qu'il faut parfois relire pour en saisir la signification profonde. J'admire la virtuosité d'un précis de philosophie existentielle nourri d'une interrogation constante sur les accidents de la vie, créateurs de rupture d'une normalité endossée plutôt que taillée sur mesure. C'est d'une beauté taciturne, un brin démoralisante .
Je me demande si je pourrai côtoyer encore et encore la tonalité triste d'une écriture si habile à fouiller le coeur d'êtres désemparés face à une oeuvre dont l'ampleur les dépasse : vivre une bonne vie, juste bonne.
















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Ce livre m'a laissé une impression étrange. Attention, je dis étrange, et non pas désagréable, loin de là.
Je ne veux pas trop révéler l'histoire, la quatrième de couverture le fait déjà beaucoup trop à mon goût, comme souvent malheureusement... Juste quelques petites choses.
Une rencontre rapide entre le narrateur et une jeune femme mystérieuse, des retrouvailles par hasard quinze ans plus tard. "Par hasard" est d'ailleurs l'expression qui résume bien ce roman, car tout ou presque y est affaire de hasard. Croiser le chemin de la bonne (ou mauvaise) personne au bon (ou mauvais) moment, et le cours de la vie s'en trouve bouleversé. C'est ce qui arrive à Sonja, un peu paumée, assez naïve, et qui va se laisser embarquer dans des histoires qui la dépassent.
L'écriture est très légère, toute douce, alors que les sujets abordés sont graves (on parle de la bande à Baader tout de même !), c'est ce décalage qui m'a laissé cette impression étrange... étrange, mais très agréable.
Un dernier mot, sur la couverture du livre. Je trouve la photo parfaite : une jeune femme à l'air un peu désabusé, au regard qui peut paraître vide à première vue, mais qui semble finalement bien mystérieux et dont on a du mal à se détacher : excellent portrait de Sonja.
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Elle s'appelle Sonja (ou peut-être Randi ?), et lui n'a pas de nom.
C'est lui qui raconte et c'est elle qui intrigue...
Énigmatique, insaisissable, elle apparait un beau jour de 1977 au guichet de la Gare Centrale de Copenhague, puis disparait pendant 15 ans. Quand le hasard les réunit à nouveau, le temps a passé mais Sonja n'a rien perdu de son mystère.
Par bribes, un secret après l'autre, elle se confie à lui qui n'attendait que ça, elle lève doucement le voile sur son passé, et nous voilà revenu au début des années 70, en pleine mouvance révolutionnaire d'extrême gauche, tendance "bande à Baader".

La jeune Sonja, tout juste sortie de l'adolescence, réside alors en Allemagne : elle est aux premières loges pour assister à la montée en puissance de l'insurrection armée contre l'ordre capitaliste. Naïve et idéaliste, grisée par sa liberté toute neuve, Sonja se retrouve traversée par "ce sentiment profond d'être en transit, pas encore écrasée par ces choses aussi encombrantes que sont une histoire personnelle, une personnalité, une identité". le hasard (encore et toujours lui) va mettre sur sa route des individus par forcément recommandables, dont le souvenir la hantera longtemps...
Prise de conscience tardive, remords, culpabilité, soif d'absolution : autant de sujets délicats que l'auteur aborde avec une certaine pudeur et un joli sens de la formule.

L'écriture tout en retenue de Jens Christian Grøndahl, que j'avais déjà beaucoup aimée dans Les Portes de Fer pour sa finesse et sa légèreté, se prête en effet parfaitement à ce subtil jeu d'effeuillage, fait de révélations et de dissimulations, d'aveux et de non-dits.
L'écrivain danois excelle décidément dans l'art de peindre le doute, le flottement, l'errance, la confusion des sentiments.
Il nous offre là deux personnages atypiques et prompts à l'introspection, dont il dresse des portraits fragmentaires, riches de nuances, d'énigmes et de zones d'ombre.

En la matière, Les Portes de Fer m'a semblé un peu plus abouti, mais je ne regrette en rien cette deuxième lecture de Grøndahl.
Une fois encore, son texte fait la part belle à l'incertitude et à l'impalpable, et j'ai aimé me tenir aux côtés de ces héros pour qui la vie est "une salle d'attente où des voyageurs rassemblés par le hasard attendent que l'histoire passe les prendre".
Plutôt joli, n'est-ce pas ?
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« Je l'ai rencontrée un été à la fin des années soixante-dix, quand je travaillais à la Gare Centrale, au service de réservation des hôtels. » Une rencontre fortuite qui va marquer durablement le narrateur. La jeune-femme l'intrigue. Elle lui remet la clef d'une consigne puis disparaît. Elle resurgit après quelques jours et lui demande de l'héberger. Il découvre dans ses affaires son passeport. Elle s'est présentée sous une fausse identité. Elle disparaît à nouveau, sans un au revoir.

Il la croise à nouveau quinze ans plus tard dans une rue de Copenhague. Il cherche à la revoir, ressentant le besoin de parler à cette femme frôlée de manière fugace et accidentelle. Sa part de mystère continue de l'intriguer. Elle le renvoie à sa jeunesse, cette période si indécise et si inconsistante de sa vie, et lui permet de prendre conscience de la vacuité de son existence. Ils vont se rencontrer, discuter. Écrasée par le poids de sa culpabilité, elle a besoin de parler, de révéler son secret. Après avoir passé une année à Francfort comme jeune-fille au pair, le hasard l'a mise sur la route de Thorwald, un homme plus âgé qu'elle. Séduite, elle l'a suivi sans rien savoir de lui. Elle a découvert progressivement sa participation à un groupe terroriste révolutionnaire. Elle a choisi de rester et de suivre les consignes qui lui ont été données.

"Les Mains rouges" est un roman sur le poids du passé, la culpabilité, le quotidien auquel il est difficile d'échapper et le hasard qui guide nos existences. Comment parvenir à assumer la responsabilité de nos actes ? Pourquoi des jeunes gens choisissent ils la lutte armée ? Quelles sont ces forces invisibles qui font que vous serez ou non victime d'une balle perdue ? J'ai été happé par le faux rythme de ce récit même si certains passages m'ont parfois rebuté. le roman nous plonge dans une ambiance pleine de mystère avec un narrateur qui parle très peu de lui-même et une femme aux différentes identités - son véritable nom n'est jamais révélé - qui dévoile peu à peu son histoire et ses souffrances. Comme pour certains d'entre vous, le roman m'a fait penser à Patrick Modiano. On y trouve des errances géographiques, une ambiance pesante, des identités floues et une quête d'un passé perdu qui se mue en enquête sur soi.
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Un conseil : là encore, ne lisez pas la 4ème de couv' si vous voulez avoir quelque chose à découvrir !
Le narrateur, un étudiant, travaille l'été au service de réservation des hôtels de la Gare Centrale de Copenhague. Une jeune fille, Randi Petersen, lui confie la clef d'une consigne automatique où elle vient de déposer un sac, puis lui demande de l'héberger. Elle disparaît au bout de quelques jours, manifestement après s'être rendu compte que le jeune homme a fouillé dans ses affaires et découvert sa véritable identité : Sonja Evers... le narrateur croise par hasard quinze ans plus tard Sonja, il la suit et va tenter de résoudre l'énigme de cette femme dont la fuite l'a visiblement hanté pendant toutes ces années.
Je n'en dévoile pas plus. C'est l'histoire de deux individus tourmentés : l'un par l'énigme d'une jeune femme, l'autre par le poids de son passé et sa culpabilité. Il y est question de la peur de la vacuité de l'existence, de la "philosophie" du terrorisme, de la fascination que peut exercer un individu quasi-inconnu sur un autre pendant plusieurs années de séparation, de la Justice et de la justice (culpabilité, remords)... Certaines des réflexions suscitées par ce roman très riche m'ont rappelé l'excellent le liseur de Bernhard Schlink.
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Merci à Jens Christian Grøndahl.
Pendant toute la lecture de ce livre, j'ai cru que j'avais vingt ans et j'ai cru m'appeler Sonja.
Je me suis replongée dans l'actualité des années 1970,
Se souvenir de Benno Ohnesorg étudiant pacifiste tué lors d'une manifestation contre le Chah d'Iran,
Se souvenir de l'émotion qu'a soulevé cet événement dans le mouvement étudiant allemand et dans la radicalisation de toute l'extrême-gauche européenne à la fin des années 60,
Se souvenir des manifestations contre la guerre du Vietnam,
Se souvenir des manifestations de soutien au peuple palestinien,
Se souvenir du massacre de Mogadiscio,
Se souvenir de la une de Libération le 19 octobre 1977 :
« Après 43 jours, nous avons mis fin à l'existence misérable et corrompue de Hanns-Martin Schleyer. ... Nous ne sommes pas étonnés par la dramaturgie fasciste des impérialistes pour détruire les mouvements de libération. le combat ne fait que commencer. Commando Siegfried Hausner »,
Se souvenir de la mort d'Andreas Baader, de Gudrun Ensslin, de Jan Carl Raspe et des co détenus retrouvés morts dans leurs cellules, suicide collectif ?
L'actualité des années 1970 n'est pas le sujet du livre, c'est juste le contexte.
Nous n'avons pas à en être fiers, nostalgiques ou aigris, cela fait juste partie de notre histoire.

Avec les mains rouges, nous découvrons
Un superbe roman d'amour, nous ne sommes pas dans la série harlequin, c'est un amour de rencontre qui permet à chacun d'avancer,
Un roman qui essaie de montrer l'importance de nos choix, des rencontres qui peuvent remettre en question nos vies, remettre en question notre existence de chaque jour, remettre en question nos habitudes,
Oser refuser l'enfermement que l'on peut choisir de vivre au travers du traditionnel "métro-boulot-dodo",
Oser refuser l'ennui qui parfois avec fulgurance traverse notre esprit lors de notre existence,
Un roman qui montre que l'on ne doit pas être passif, que nous devons toujours être acteur de nos vies, que nos actes ont des répercussions pas seulement sur nous mais aussi sur les autres et que nous devons en être conscient.

Le style de Jens Christian est toujours aussi dense. Chaque mot à son importance. Chaque phrase ne s'embarrasse pas d'effet d'habillage et a toujours un sens profond.
Il faut parfois lire, relire et encore relire pour que les mots pénètrent notre cerveau et qu'ils puissent nous révéler tout leur sens.
Ce n'est pas une lecture reposante, alors que le vocabulaire n'est pas rébarbatif, de simples mots de tous les jours mais la sauce est fort consistante.
J'aime beaucoup Jens Christian Grøndahl, et
J'avais vingt ans et
J'aurais pu m'appeler Sonja,
Mais je n'ai jamais eu les mains rouges !
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"Les mains rouges" est un livre intriguant qui nous remet en question. Jens Christian Grondahl y aborde les thématiques fortes de la culpabilité, de l'engagement politique et amoureux, des responsabilités que l'on prend à chaque décision, chaque action.
Il prend le cas particulier d'une jeune femme plongée dans le chaos du terrorisme des années 70 en Allemagne et qui comprend véritablement ce à quoi elle a participé 20 ans plus tard. Elle assistera au procès de ses anciens compagnons et entendra la douleur de la famille d'une victime.
Lecture utile et riche, à partager.
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"C'est toujours moi, ce jeune homme qui allait par les rues de Copenhague, désorienté, une clef de consigne en poche, et j'en sais à peine plus sur lui que ce qu'il pouvait deviner sur celui que je suis aujourd'hui" (pages 13-14).

Nous sommes au Danemark, à la fin des années 1970. le narrateur, un étudiant, rencontre fortuitement Sonja, une jeune femme séduisante mais aux abois. "Elle rêvait d'autre chose, de partir très loin, mais même ses rêveries la déprimaient, par leur côté songe-creux et fade, et par leur distance avec sa réalité" (page 49).

Elle semble se cacher, et fuit sans s'être dévoilée. Quinze ans plus tard, alors qu'il ne l'a pas oubliée, il croit la reconnaître dans une rue, la suit, l'aborde. Elle finit par lui raconter son histoire, qui nous emmène dans l'Allemagne de la bande à Baader et de la violence des activistes clandestins. Elle se confie, et raconte sa dérive progressive, liée à son absence de culture politique, qu'elle ne parvient pas - ou plus - à comprendre aujourd'hui : "les décors étaient réels, mais ils appartenaient à une histoire qui n'avait rien à voir avec elle" (page 77).

Un livre plein de retenue sur la culpabilité, la responsabilité, le pardon ... et le désenchantement. C'est un bon roman, mais c'est peut-être justement ce côté désenchanté qui m'a un peu déçue ou fatiguée, même si je suis toujours assez sensible à la thématique des "rendes-vus manqués".
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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