Merci à Jens Christian Grøndahl.
Pendant toute la lecture de ce livre, j'ai cru que j'avais vingt ans et j'ai cru m'appeler Sonja.
Je me suis replongée dans l'actualité des années 1970,
Se souvenir de Benno Ohnesorg étudiant pacifiste tué lors d'une manifestation contre le Chah d'Iran,
Se souvenir de l'émotion qu'a soulevé cet événement dans le mouvement étudiant allemand et dans la radicalisation de toute l'extrême-gauche européenne à la fin des années 60,
Se souvenir des manifestations contre la guerre du Vietnam,
Se souvenir des manifestations de soutien au peuple palestinien,
Se souvenir du massacre de Mogadiscio,
Se souvenir de la une de Libération le 19 octobre 1977 :
« Après 43 jours, nous avons mis fin à l'existence misérable et corrompue de Hanns-Martin Schleyer. ... Nous ne sommes pas étonnés par la dramaturgie fasciste des impérialistes pour détruire les mouvements de libération. le combat ne fait que commencer. Commando Siegfried Hausner »,
Se souvenir de la mort d'Andreas Baader, de Gudrun Ensslin, de Jan Carl Raspe et des co détenus retrouvés morts dans leurs cellules, suicide collectif ?
L'actualité des années 1970 n'est pas le sujet du livre, c'est juste le contexte.
Nous n'avons pas à en être fiers, nostalgiques ou aigris, cela fait juste partie de notre histoire.
Avec
les mains rouges, nous découvrons
Un superbe roman d'amour, nous ne sommes pas dans la série harlequin, c'est un amour de rencontre qui permet à chacun d'avancer,
Un roman qui essaie de montrer l'importance de nos choix, des rencontres qui peuvent remettre en question nos vies, remettre en question notre existence de chaque jour, remettre en question nos habitudes,
Oser refuser l'enfermement que l'on peut choisir de vivre au travers du traditionnel "métro-boulot-dodo",
Oser refuser l'ennui qui parfois avec fulgurance traverse notre esprit lors de notre existence,
Un roman qui montre que l'on ne doit pas être passif, que nous devons toujours être acteur de nos vies, que nos actes ont des répercussions pas seulement sur nous mais aussi sur les autres et que nous devons en être conscient.
Le style de Jens Christian est toujours aussi dense. Chaque mot à son importance. Chaque phrase ne s'embarrasse pas d'effet d'habillage et a toujours un sens profond.
Il faut parfois lire, relire et encore relire pour que les mots pénètrent notre cerveau et qu'ils puissent nous révéler tout leur sens.
Ce n'est pas une lecture reposante, alors que le vocabulaire n'est pas rébarbatif, de simples mots de tous les jours mais la sauce est fort consistante.
J'aime beaucoup Jens Christian Grøndahl, et
J'avais vingt ans et
J'aurais pu m'appeler Sonja,
Mais je n'ai jamais eu
les mains rouges !