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Citations sur Pour une juste cause (60)

Parfois, on se réveille en pleine nuit avec la sensation que la mort est proche, une sensation si claire que l'on croit avoir lu jusqu'à la dernière ligne le livre dur et bref de son destin.
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L'homme ne peut pas rester très longtemps dans un état d'extrême tension incompatible avec la vie.
L'homme s'habitue à cet état et même se calme non pas parce ce que les choses se sont améliorées, mais parce que l'attente nerveuse se dissipe dans sa conscience, fondue dans le flot des soucis et des labeurs quotidiens. Ainsi, les malades se calment non pas parce qu'ils sont en train de guérir, mais parce qu'ils se sont habitués à leur maladie.
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On tenta à de nombreuses reprises de trouver dans le caractère de Hitler les raisons du rôle qu'il joua dans l'histoire. On connaît bien des aspects de son caractère, mais ni sa hargne vindicative, ni son penchant pour les pâtisseries à la crème fouettée, ni sa sinistre habileté à jouer sur les bas instincts de la foule, ni son amour des chiens, ni sa folle énergie alliée à de la méfiance, ni son mysticisme, ni son intelligence et sa mémoire puissante, ni la versatilité capricieuse qu'il montra dans le choix de ses favoris, ni sa cruelle perfidie et son pendant, une sentimentalité exaltée,
ni ses dizaines d'autres propriétés et de traits ordinaires ou repoussants ne peuvent à eux seuls expliquer ce qu'il a commis.

S'il put accéder au pouvoir, ce n'était pas parce que l'Allemagne convenait à son caractère, mais bien parce que cette Allemagne fascisante d'après-guerre avait besoin d'un Hitler.

L'Allemagne, vaincue dans une guerre impérialiste, cherchait un Hitler, et elle l'avait trouvé.

Mais la connaissance du caractère de Hitler permet de comprendre les mécanismes de son accession au rôle de chef de l'État nazi.

Dans sa biographie et dans la nature de ses actes il faut noter une constante: l'échec. De manière étonnante, son succès fut bâti précisément sur ses échecs. Lycéen et étudiant médiocre qui avait échoué à deux reprises aux examens d'entrée à l'Académie des beaux-arts de Vienne et de Munich, homme politique malchanceux qui avait commencé sa carrière comme éclaireur de l'armée bavaroise et comme instructeur auprès d'un parti dont il finit par devenir le chef, Hitler n'avait pas connu de chance non plus dans ses relations avec les femmes.

Dans son for intérieur, il garda toujours sa timidité de mauvais élève et n'oublia jamais que, dans les conditions d'une libre compétition des talents, il n'avait point été admis même dans le cercle le plus modeste des peintres de province.

L'échec trace devant les gens des chemins différents : les uns capitulent et se ratatinent, acceptent leur sort, les autres sombrent dans le mysticisme, les troisièmes, désespérés, se laissent aller, les quatrièmes deviennent aigris et envieux, les cinquièmes hypocrites et vils, les sixièmes soupçonneux, timides, manquent de confiance en eux, les septièmes se projettent dans l'histoire, les huitièmes trouvent leur compte dans un mépris stérile, les neuvièmes dans une ambition maniaque, les dixièmes choisissent la voie du crime et du banditisme. (pp. 599-600)
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[...] ... Déjà, à l'époque, avant la guerre, il était évident qu'Hitler avait triomphé de dix pays d'Europe occidentale presque sans effort, que l'énergie de ses troupes n'avait presque pas été entamée. D'immenses armées terrestres étaient concentrées à l'est de l'Europe. Sans cesse, de nouvelles configurations politiques et militaires provoquaient de nouveaux débats. La radio avait transmis la déclaration d'Hitler selon laquelle selon laquelle le sort de l'Allemagne et du monde était fixé pour mille ans.

En famille, dans les maisons de repos, dans les entreprises, on parlait guerre et politique. L'heure de la tempête avait sonné : les événements du monde s'étaient mêlés au destin de chacun, avaient fait irruption dans la vie des gens et on ne prenait plus de décision concernant les vacances d'été à la mer, l'achat de meubles ou d'un manteau d'hiver sans consulter les communiqués de la presse militaire, les discours et les études publiés dans les journaux. Les gens se disputaient souvent, remettaient en question leurs relations. On se disputait surtout au sujet de la puissance de l'Allemagne et de l'attitude à prendre envers cette puissance.

A cette époque, le professeur biochimiste Maximov était revenu d'une mission scientifique. Il avait été en Tchécoslovaquie, en Autriche. Strum n'avait pas de grande sympathie pour lui. Cet homme aux cheveux blancs, aux joues rouges, aux gestes onctueux et à la voix douce lui semblait timide, veule, une bonne âme. "Avec son sourire, on peut obtenir du thé gratis," disait Strum, "deux sourires pour un verre."

Maximov avait fait un exposé dans une petite réunion de professeurs. Il n'avait presque rien dit sur le caractère scientifique de son voyage mais avait parlé de ses impressions, de ses conversations avec des savants, avait décrit la vie dans les villes occupées par les Allemands.

Comme il parlait de la situation de la science en Tchécoslovaquie, sa voix s'était mise à trembler, et il avait poussé un cri :

- "On ne peut pas raconter ça, il faut le voir ! Les gens ont peur de leur ombre, de leurs collègues de travail, les professeurs ont peur de leurs étudiants. La pensée, la vie intérieure, la famille, l'amitié, tout est sous le contrôle du fascisme. J'avais un camarade qui avait fait ses études avec moi, nous avions bûché à la même table les dix-huit synthèses en chimie organique, cela fait trente ans que nous sommes amis, eh ! bien, il m'a supplié de ne pas lui poser de questions. Il était terrorisé à l'idée que je puisse me servir de son récit et que la Gestapo le reconnaisse même si je ne révèle ni son nom, ni sa ville, ni son université. Le fascisme sévit dans la science. Ses théories sont effroyables , et demain, elles deviendront de la pratique. Elles le sont déjà d'ailleurs. Car on y parle sérieusement de sélection, de stérilisation, et un médecin m'a raconté qu'on avait tué des malades mentaux et des tuberculeux. C'est l'anéantissement total des âmes et des esprits. Les mots "liberté", "conscience morale", "compassion" sont traqués, il est interdit de les transmettre aux enfants, de les écrire dans les lettres privées. Voilà comment ils sont, les fascistes ! Qu'ils soient maudits !"

Ces dernières paroles, il les avait criées ; puis, prenant son élan, il avait donné un puissant coup de poing sur la table : on eût dit un matelot de la Volga fou de rage et non pas un professeur à la voix douce, à la tête blanche, au sourire agréable.

Son exposé avait produit une forte impression. Strum avait dit :

- "Ivan Ivanovitch, vous devez noter vos observations et les publier, c'est votre devoir ..."

Quelqu'un avait dit alors, prenant le ton d'un adulte qui s'adresse à un enfant :

- "Tout cela n'est pas nouveau et ce n'est pas le moment de publier des souvenirs de ce genre : nous avons intérêt à consolider la politique de paix et non pas à la fragiliser.*"

* : Pendant la période entre la signature du pacte Molotov-Ribentropp et l'agression allemande, le 22 juin 1941, la presse soviétique avait cessé de traiter l'Allemagne nazie de fasciste et accusait au contraire les Alliés d'avoir déclenché une campagne de haine. L'Allemagne était désormais présentée comme un pays agressé auquel l'Union soviétique devait apporter son soutien. Dans ce contexte, toute déclaration anti-allemande devenait dangereuse.... [...]
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l'équipe travaillait depuis dix huit heures. L'atelier des fours Martin, une immense boite en fer, était secoué par le fracs et le grondement qui parvenaient des ateliers voisins et de la cour de l'usine.
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Tous ces lieux chers et familiers étaient en flammes. La terre russe n'était qu'un immense brasier. Le ciel russe était voilé de fumée. Et peut-être n'avait il encore jamais aimé si tendrement, si passionnément, de tout son sang, de toutes les forces de son âme cette terre avec ses forêts, son ciel et ces milliers de visages chers et proches.
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La souffrance humaine ! L’humanité future s’en souviendra-t-elle ? Les pierres des hauts immeubles et la gloire des généraux demeurent dans les siècles, mais les larmes et les chuchotements, les derniers soupirs et les râles des mourants, les cris de désespoir et de douleur disparaissent sans laisser de traces avec la fumée et la poussière que le vent chasse dans les steppes.
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Le succès et le pouvoir de Hitler ne cessaient d’étonner le Duce. Il y avait quelque chose d’irrationnel dans le triomphe de ce psychopathe de Bohême et, en son for intérieur, Mussolini considérait ce succès comme une curiosité, un malentendu de l’histoire mondiale.
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Les bombardements atteignirent et frappèrent la ville. Les immeubles mourraient comme meurent les hommes. Les uns, hauts et maigres, s’affaissèrent sur le côté, tués sur le coup, les autres trapus, restèrent debout, tremblant et chancelant, éventrés, laissant voir tout ce qui jadis était caché : les portraits aux murs, les buffets, les tables de nuits, les lits à deux places, les bocaux de céréales, une pomme de terre à moitié épluchée sur une table recouverte d’une toile cirée maculée d’encre.
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Une colère qui ne fait pas la différence entre un ennemi armé et un nouveau né, entre une adolescente et une vieille femme impotente, est une colère dangereuse et terrible ...
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