"Un être humain atteint la maturité lorsqu'il est en accord avec lui-même et qu'il cesse d'être tiraillé entre différentes aspirations ou potentialités. Il a réalisé en lui l'unité. Il a accompli son humanité."
C'est ainsi que commence l'introduction de
Anselm Grün dans ce livre. L'auteur nous pose la question de la maturité dans la foi chrétienne. Il s'aide comme toujours de la psychologie pour nous guider. Il cite souvent Jung pour cibler les obstacles à cet accomplissement de soi. " Se réconcilier avec sa part d'ombre refoulée fait partie du processus conduisant à la maturité". "Pour devenir un être humain à part entière il faut rechercher le contact avec soi". Jung était profondément religieux. Dieu était pour lui une "force du destin en tant que représentation de moi-même sous la forme de ma conscience" écrit-il dans une correspondance. On trouvera aussi l'influence chez Grün de Erikson, de Dürckheim et de Maslow. Pour Maslow, "l'homme mûr a un sentiment d'appartenance et d'enracinement, son besoin d'amour est satisfait, il se sent aimé et aimable, il possède dans la vie un statut et une place, les autres le respectent." Pourtant, reprend Grün, "nous devons dépasser la simple recherche de l'estime de soi. Nous avons un désir de Dieu et nous aspirons à vivre cette unité avec Dieu". On voit bien que pour l'auteur, l'homme ne peut se réaliser que dans Dieu. C'est ce qui l'aide, qui lui donne sa force de vie. Mais cette spiritualité doit être harmonieuse, s'accorder avec la vie dans toutes ses dimensions. La maturité doit être le résultat de de la construction de soi dans une spiritualité équilibrée. Retrouver ainsi l'humain et le spirituel. Les deux notions sont indissociables. On retrouve là les pensées d'auteurs comme
Jean-Yves Leloup,
Christian Bobin ou
Michael Lonsdale. Dieu est indissociable d'un soi réussi. Grün se réfère à un Dieu chrétien. Pour ma part, je préfère "l'idée de Dieu", un dieu plus universel, omniscient, immanent, que l'on retrouve sous différents aspects dans la plupart des religions. Je ne veux pas m'enfermer dans le christianisme mais je ne veux pas non plus le rejeter. Avoir la foi est pour moi une notion plus universelle. Et je pense avec
Anselm Grün, qu'effectivement, un homme ou une femme ne peut se réaliser pleinement qu'avec une dimension spirituelle. C'est le message de l'auteur.