je reste assez déçu par cet "évangile intérieur". Il s'agit d'une série de textes radiophoniques parus en 1935. Même si les années 30 offrent des similitudes avec notre époque, notamment une instabilité sociale et géopolitique, on ne parle plus de la religion de la même manière. On sent bien que l'auteur, en tant que prêtre, souhaite interroger notre foi et notre pratique, mais son discours reste éminemment enfermé dans le carcan dogmatique du christianisme. Un auteur actuel aborderait plus volontiers la notion de spiritualité, plus consensuelle, plus ouverte. On sent bien la quête intérieure, mais il m'a manqué justement cette ouverture à d'autres spiritualités pour être parfaitement en accord avec le texte. A presque un siècle d'intervalle, les besoins de spiritualité sont toujours les mêmes, mais ne s'expriment plus de la même manière.
C'est pourtant un livre qui pourra convenir à d'autres lecteurs plus traditionnalistes.
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Quel mystérieux baptême sont ces larmes que nous refoulons à peine, quand un visage d'amour traverse notre regard, en nous révélant le monde que nous croyions peut-être aboli, et auquel nous sentons maintenant que nous appartenons par toutes les fibres de notre être : le monde de l'esprit et de la qualité, du silence et de la clarté.
(...)
Tout être est capable de nous faire ce don merveilleux qui nous découvre l'humanité vraie. Et ceux qui nous l'ont fait sont à jamais nos bienfaiteurs, quand bien même nous ne les aurions aperçus qu'une seule fois sur la route, car la seule chose qui compte vraiment en nous, c'est ce fond lumineux dont chacune de ces rencontres a augmenté la richesse.
Il y a en chacun de nous une vocation mystique qui s'ignore le plus souvent. Notre moi nous accable et nous avons besoin d'être guéris de nous-mêmes. Nous ne sommes vraiment heureux qu'en nous perdant de vue, en nous effaçant en ce qui nous dépasse. Nous voudrions avoir notre point d'attache en un autre. Nous sommes travaillés obscurément par cette aspiration qui pousse les saints à s'identifier à Dieu, à mettre en lui leur vrai moi : "Et maintenant, ce n'est plus moi qui vis, c'est Dieu qui vit en moi."
Les monastères sont, dans le monde des âmes, ce que sont, dans les grandes villes, les vastes jardins qui préservent la pureté de l'atmosphère:ils recueillent la lumière et thésaurisent le silence, sans lequel toute parole est vaine.
Toute parole est vaine qui n'est pas redite au-dedans, avec le consentement de l'amour.
Les hommes qui disent quelque chose ne sont pas très nombreux : ceux qui écoutent sont encore plus rares.
Pensée de Maurice Zundel n°4. Quand l'homme découvre Dieu.