Heurs et Malheurs de Doña Orovida Villeda dans l'Espagne de la fin du XVème siècle, sous le règne d'Isabel la Catholique. Issue d'une famille tolédane aisée, Orovida mène une existence agréable auprès de son mari David. Refusant de paraître à la Cour, où son beau-frère est le médecin personnel du Prince, Orovida et son époux prennent conscience des changements que le règne d'Isabel va provoquer dans leur vie. Un décret royal isole les juifs des chrétiens. Refusant la conversion contrairement à d'autres membres de la famille, les époux Villeda quittent Tolède pour Villafranca, petite cité d'Estrémadure où ils se mettent à défricher des terres arides.
La vie de la séduisante jeune femme passe de la félicité à une longue série de déboires, éclairés ça et là par sa passion pour un chrétien, le gouverneur Juphré de Aguila. Mais cet amour est balayé par les incessantes mesures qui frappent juifs et convertis, discriminations, fiscalité, multiplication de minuscules ghettos dans les villes de la Péninsule, montée en puissance de l'Inquisition…Quant à la beauté d'Orovida, elle ne lui attire que des malheurs.
Bien écrit et bien documenté, inspiré de faits réels,
Trop belle Orovida m'a laissée sur le quai, le train de l'empathie étant parti sans moi. Aucun attachement pour les personnages pourtant fort mal lotis. En revanche, à travers la destinée mouvementée d'une femme juive qui refuse d'abjurer sa foi, le roman illustre parfaitement l'inconfortable position des juifs espagnols. Une coexistence illusoire, un statut perpétuellement sur le fil, une communauté déchirée, des convertis qui seront à leur tout frappés d'anathème, un fort attachement à l'Espagne qui génère des réticences à vivre en exil au sein d'autres communautés juives (A propos des juifs du Maroc: « Ils ne sont guère cultivés et en dehors de leur religion, ils ne savent pas grand chose. Certains disent même qu'ils s'adonnent à des pratiques et à des rites de sorcellerie arabes et berbères de sorte qu'en général, les nouveaux venus essaient de demeurer à l'écart. » ). Et qu'ils soient riches ou pauvres, puissants ou misérables, leur sort à tous sera scellé.
Yael Guiladi a consacré deux autres romans à l'Espagne médiévale,
Los Cipreses de Córdoba (Cordoue, Xème siècle) et
La Copista del rey Alfonso (Alphonse X le Sage) que je lirai.