Je suis restée hermétique à la majorité des nouvelles de ce recueil. Je comprends, grâce à la postface, que l'écriture de l'auteur est faite pour déranger, interroger, qu'il ne faut pas chercher à tout comprendre… mais il y a des limites à l'expérimentation selon moi.
Dans la majorité des nouvelles je me suis trouvée embourbée dans des phrases faisant peu, voir pas, de sens, des histoires qui n'en sont pas, des narrations qui font au-delà de l'expérience.
Assez ironiquement l'une de celles que j'ai apprécié est celle qui ne se compose que de paroles, et même pas d'un dialogue étant donné qu'un seul personnage s'exprime. C'est l'une des nouvelles que j'ai su apprécier, grâce au jeu du langage. Ce fait me fait donc dire que ce n'est pas la langue expérimentale qui m'a posé soucis, mais bien ce désir d'une écriture ne faisant pas sens.
En somme ce n'est absolument pas un recueil que je conseille à tout le monde. Il faut s'y plonger dans ayant parfaitement conscience qu'on va lire des nouvelles qui sortent de l'ordinaire, qui sont là pour déranger, pour emmener le lecteur très, très, très loin.
Malheureusement je n'ai pas su faire ce voyage, et ma lecture s'en est trouvée alourdie et, malheureusement souvent, ennuyante.
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Pourtant, il arrive parfois que l'on meure, d'une certaine façon, variété distincte de mort, imparfaite et temporaire, au cours même de cette vie. Nous mourons, on meurt, un autre mot ne définirait pas cet état, cette saison cruciale. C'est un sombre amenuisement continu, un franchissement tel qu'il ne met pas de terme naturel à l'existence, mais au cours duquel on se sent le terrain d'une opération profonde et défaisante, d'une transmutation intime précédée d'un certain arrêt; toujours accompagné d'une destruction préalable, un vidage douloureux; on devient, alors, étranger à soi-même. Chaque créature est une ébauche, à être sans cesse retouchée, jusqu'à l'heure de la libération par l'arcane, au-delà du Léthé, le fleuve sans mémoire. Pourtant, tout vrai grand pas en avant, vers la croissance de l'esprit, exige la chute complète de l'être, l'immense tâter de dangers, un défaillir au milieu des ténèbres; le passage. Mais, ce qui vient ensuite : la renaissance, un homme plus réel et plus neuf, ainsi est-il écrit dans les anciens grimoires. Frères, croyez-moi.
Le corps endolori, allongé sur des faisceaux d'herbe ou sur du cuir de boeuf, le temps s'étirait, le moment n'arrivait jamais - "... comme fin ? L'amour..." - une question que la réponse améliorait. Pinho Pimentel pensait : que la Femme, à qui il pensait, il ne la connaissait pas, il ne l'avait jamais vue. Ou plutôt, il ne pensait pas, il ne s'aidait pas d'idées, saturé par les sursauts. Il ne voulait pas. Cela le fatiguait, comme cela fait toujours mal de devoir étreindre son rien.
Pourquoi suis-je venu ? Il m'a été donné, encore au dernier moment, de dire non, de refuser ce poste. On m'a demandé si je le souhaitais. Face à la liberté de choix, j'ai hésité. J'ai laissé la voie se consumer, j'ai craint la dérive de lignes inévitables et secrètes, j'ai toujours été anxieux d'être complice du destin. Et, aujourd'hui, j'ai cette certitude : toute liberté est fictive, aucun choix n'est permis ; alors déjà, la main secrète, la chose intérieure qui nous déplace à travers les chemins justes et ardus, c'est elle qui m'a forcé à accepter.
La furie du couple était superbe. Ils tournaient en cercle, hérissés, et, soudain, l'un d'eux a attaqué Rapirrã d'un vol direct, un vol de combat; c'étaient bien de minuscules poignards, les ailes déployées, aux éperons rouges. L'autre, sans doute la femelle, appuyait l'attaque par un contre-vol oblique. On était ému par leur force, eux si petits, rois de leur courage, maîtres de toute la prairie.
Alors le Grand Acheteur avait expliqué que le diamant combattait le malheur et les maladies, car en ordonnant fermement la pensée, il anéantissait tristesses et idées d'anxiété. -"Il lui faut mille ans pour se former. Mais quand on le trouve prêt, il révèle l'urgence, il veut qu'on lui donne notre vie décidée, par des instincts impétueux de célérité..."
À l'occasion de leur venue à la librairie Dialogues pour une rencontre autour de leur livre, "Escale en Polynésie" publié aux éditions Au vent des îles, Titouan et Zoé Lamazou nous ont confié plusieurs conseils de lecture !
La femme de Parihaka de Witi Ihimaera : hhttps://www.librairiedialogues.fr/livre/6737338-la-femme-de-parihaka-witi-ihimaera-au-vent-des-iles
le baiser de la mangue d'Albert Wendt : https://www.librairiedialogues.fr/livre/702160-le-baiser-de-la-mangue-albert-wendt-au-vent-des-iles
Diadorim de Doão Guimarães Rosa : https://www.librairiedialogues.fr/livre/999016-diadorim-joao-guimaraes-rosa-editions-10-18
Pina de Titaua Peu : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20130193-pina-titaua-peu-au-vent-des-iles
Au temps des requins et des sauveurs de Kawai Strong Washburn : https://www.librairiedialogues.fr/livre/18956184-au-temps-des-requins-et-des-sauveurs-roman-kawai-strong-washburn-gallimard
Manières d'être vivant de Baptiste Morizot : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16090590-mondes-sauvages-actes-sud-manieres-d-etre-vi--baptiste-morizot-actes-sud
Calanques, Les entrevues de l'Aiglet de Karin Huet : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16651719-calanques-les-entrevues-de-l-aigle-karin-huet-parc-national-des-calanques-glenat-livres
Belles découvertes !
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