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Violante do Canto (Traducteur)
EAN : 9782070383320
448 pages
Gallimard (21/02/1991)
4.35/5   31 notes
Résumé :
" Ils ne se lassaient pas d'admirer le fleuve [...] Non seulement Marta et Vicente, mais tous les autres, qui venaient de Ces pays où, faute d'eau, la terre était desséchée et stérile, où seuls résistaient les animaux les plus farouches - et l'homme, le plus farouche de tous. Appuyés à la balustrade, ils parlaient peu. L'essentiel de la conversation consistait à faire des projets pour Sao Paulo. Personne ne s'attendait à ce que l'argent fût facile. Mais ce qu'ils es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est un écrivain engagé qui publie en 1946 “Les chemins de la faim”. Élu député communiste l'année précédente, à seulement trente trois ans, Jorge Amado a déjà derrière lui quinze années de militantisme qui l'ont conduit maintes fois en prison et en exil.

Originaire de la région de Bahia, Amado connaît bien le petit peuple rural du Nordeste brésilien.
Défenseur des opprimés, il est interpellé de voir dans les années trente cette région agricole laisser partir bon nombre de ses paysans miséreux vers un hypothétique eldorado.
Comment aurait-il pu rester insensible au sort de ces démunis se dirigeant vers São Paulo en quête de jours meilleurs ?

Des familles entières d'émigrants participent à cet exode rural à grande échelle. Petits métayers ou journaliers, ils viennent de ces immenses fazendas créées il y a bien longtemps par les premiers colons. le fléau de la sécheresse ou les choix arbitraires de propriétaires terriens les obligent, parfois du jour au lendemain, à quitter leurs racines.

La fazenda dans laquelle vivent depuis des décennies Jucundina et son mari Jeronimo vient d'être vendue et les voilà eux aussi contraints, avec leur descendance, à l'exil. Leurs maigres économies suffiront-elles à couvrir les dépenses du voyage ?
C'est une famille de onze personnes qui s'enfonce dans la caatinga inhospitalière au coeur de la vaste région du Sertão, première étape de leur périple vers la capitale.
Malgré l'aide précieuse de l'âne Jérémias, les adultes et les trois enfants en bas âges progressent lentement dans ce désert d'épines infesté de gros lézards et de serpents venimeux. La nourriture et l'eau sont rationnées au maximum. Au-dessus de leurs têtes un ciel sans nuage, seulement des urubus dont le vol concentrique n'annonce rien de bon...
D'abord à pied, puis en bateau et enfin en train, le périple est interminable et s'apparente à un chemin de croix. Combien seront-ils au final à voir les lumières de la grande ville ?

Sans jamais tomber dans le misérabilisme, l'écrivain trentenaire a construit un roman dont le réalisme et la maturité ne laissent pas de surprendre. le jeune auteur a trouvé dans l'écriture un moyen on ne peut plus pacifique pour témoigner d'une société, à ses yeux, profondément injuste.

J'ai découvert Jorge Amado avec “Les chemins de la faim” dans les années quatre-vingt.
La relecture de cette épopée m'a tout autant captivé cette semaine. Avec le recul, il me semble que ce roman constitue le ticket d'entrée idéal pour aborder l'oeuvre de ce grand écrivain humaniste.
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L'époque : les années 30
Le lieu : le très sec Nordeste brésilien, en particulier la « caatinga » épineuse.
Les protagonistes : les paysans sans terre, exploités par de riches propriétaires carrément esclavagistes car la structure foncière au Brésil fait des paysans la catégorie la plus exploitée .
(De plus, les grands propriétaires ont une tradition de vol de terres et de crimes de toutes sortes contre les populations – cela continue hélas principalement en Amazonie depuis quelques décénnies)

1ère partie (la plus longue) : nous suivons une famille contrainte d'émigrer , ce qui implique de traverser l'aride sertão , de trouver une place pour traverser le fleuve, d'avoir le feu vert des autorités médicales pour pouvoir prendre le train, dans l'espoir d'aller grossir les favelas de Sao Paulo .
Peu survivent à ce voyage. (toute la famille s'en va ; Les 3 fils ainés sont déjà parti volontairement, depuis un moment)
La seconde partie (qui pourrait se lire séparément) raconte la vie de « Zé Tonnerre », l'un des fils qui était entré dans une bande de Cangaceiros, ces légendaires bandits itinérants sévissant dans le Nordeste jusqu'au milieu du XXè siècle. Il va croiser (le temps d'une balle de fusil) son frère qui était entré dans la police, dont la mission était d'éradiquer les cangaceiros ET les « béatos », ces illuminés errant dans le sertão en annonçant la fin du monde, et que suivaient des centaines voire des milliers de paysans pauvres .
La troisième partie (je l'ai trouvée moins intéressante) s'intéresse au destin du fils aîné devenu soldat ET militant du parti communiste.
La quatrième partie est toute courte, le petit fils qui n'est pas décédé dans la première partie va suivre le chemin de son oncle et la voie de la lutte politique.
La dernière phrase : « Les germes de douleur et de révolte avaient grandi dans cette terre rougie de sang, dans cette terre de famine. le temps de la récolte était venu. »
(Pauvre Jorge Amado, il n'avait pas prévu en 1946 que tout allait s'aggraver encore, jusqu'à ce qu'un Bolsonaro vienne anéantir les quelques droits que la paysannerie brésilienne avait réussi à conquérir...).

Comme bilan, je dirais que je recommande ce livre pour son aspect documentaire, pour sa lecture agréable, mais en prévenant qu'il y a un aspect tout à fait frustrant qui est que l'auteur laisse tomber des personnages (surtout féminins) dont le sort intéressait pourtant le lecteur.
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Quand les enfants ne croient plus pouvoir vivre sur la parcelle cultivée par leur père, ils quittent la maison. Leur père n'est même pas propriétaire et un jour il se fait expulser et doit rejoindre la route de la faim avec pour destination Sao-Paulo symbole de travail d'argent et de bonheur. Mais la route est faite pour les bien portants, les faibles n'arriveront pas à bon port.
C'est l'histoire de la misère, de la détresse de la mère qui ne comprend pas pourquoi naître pour tant de pauvreté et des hommes qui suent sang et eau vers un mirage.
Superbe
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les urubus, derrière eux, n’eurent pas grand mal à remuer le peu de terre qui recouvrait le corps de Dinah. Eux non plus ne trouvaient pas grand-chose à manger dans cette caatinga aride et déserte. Bruyants et querelleurs, ils foncèrent en bande sur le cadavre, échangeant des coups de bec. Jéronimo qui marchait en avant, et qui ne voyait plus dans le ciel les rapaces suivre la caravane, devina ce qui se passait. Joao Pedro, lui aussi, savait qu’ils étaient en train de dévorer le cadavre de sa femme. Mais il n’avait plus le courage de revenir sur ses pas, de perdre plus de temps, il était à bout, il n’avait plus la force de souffrir, plus de larmes à verser.
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«Ils ne se lassaient pas d'admirer le fleuve [...] Non seulement Marta et Vicente, mais tous les autres, qui venaient de ces pays où, faute d'eau, la terre était desséchée et stérile, où seuls résistaient les animaux les plus farouches - et l'homme, le plus farouche de tous. Appuyés à la balustrade, ils parlaient peu. L'essentiel de la conversation consistait à faire des projets pour Sao Paulo. Personne ne s'attendait à ce que l'argent fût facile. Mais ce qu'ils espéraient, c'est qu'il existât, et que la terre ne fût pas aussi aride, aussi difficile à obtenir que celle qu'ils venaient de quitter.»
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Video de Jorge Amado (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Amado
Adriana Brandão auteur de "Les brésiliens à Paris, au fil des siècles et des arrondissements" vous parle d'un texte et d'un auteur important pour elle : "Dona Flor & ses deux maris" de Jorge Amado.
Dans la catégorie : Littérature portugaiseVoir plus
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