J'ai rencontré l'écrivain belge
Thomas Gunzig à Montréal, lors de son passage au salon du livre de Montréal, en novembre dernier. Longtemps libraire, auteur de nouvelles et de romans pour les jeunes, tout comme moi, il y avait dans son parcours assez de similitudes avec le mien pour que je puisse l'aborder facilement. Et ce fut aisé, malgré la grande timidité de Thomas, que je n'aurais jamais pu appeler autrement que par son prénom, avec son air de grand ado émerveillé malgré ses quelque 35 ans.
C'est un écrivain passionné qui s'est assis avec moi. Un homme qui rêve d'une maison avec au dernier étage un atelier où écrire, celui-là entouré de fenêtres, pour pouvoir voir ses enfants jouer au jardin. Un homme qui a encore à écrire autant pour les grands que pour les petits. Un homme pour qui la nouvelle n'est pas un genre mineur, même si récemment il a davantage lorgné du côté du roman que de la nouvelle.
Et lectrice et auteure de nouvelles, je m'emballe quand il s'agit de défendre le genre, de dire à quel point les nouvelles permettent rapidement, d'entrée de jeu, de plonger dans des univers et des situations, sans qu'il soit besoin de grande mise en situation. Il faut, pour qu'une nouvelle soit réussie, aller à l'essentiel, ne pas laisser le lecteur se perdre dans les dédales de détails futiles, mais bien lui donner juste les renseignements nécessaires. Il est, selon moi, bien plus difficile de couper dans un paragraphe que d'en rajouter. Ce qui semble être aussi l'avis de Thomas.
Lui qui a été longtemps libraire, maintenant au Castor Astral, où il tâte de l'édition, est aussi un lecteur passionné, même s'il ne lui reste plus beaucoup de temps à lui entre le travail, l'écriture et la famille, qui constituent les trois pôles de son univers. Il s'étonne, bien entendu, de ma curiosité pour la littérature belge, et même, va jusqu'à avouer que j'ai sûrement plus lu ses confrères écrivains que lui. Ce qui me fait sourire: me voilà démasquée, je suis belgophile.
Des trois recueils de nouvelles de
Thomas Gunzig que j'ai lus, je retiens le côté insolite. La jungle hétéroclite et humaine qu'on retrouve dans
le plus petit zoo du monde. Minitrip, personnage central, femme aux mille aspects à qui arrivent toutes les aventures, dans Il y avait quelque chose dans le noir que je n'avais pas vu.
Mais c'est
Carbowaterstoemp et autres spécialités que j'ai préféré. Particulièrment la nouvelle intitulée le grand duc, qui porte un regard cynique sur la situation d'un immigré africain en Belgique. Mais un regard de biais, aussi, avec beaucoup d'amour et d'empathie pour ce pays dont il a rêvé à cause de
Julos Beaucarne, dont il fait un des personnages de la nouvelle. Il fallait oser, il l'a fait.
Belle rencontre que celle avec Thomas. de celles qui font d'un jour de novembre froid et gris une belle journée d'été. Peut-être à cause de ce petit mot qu'il a écrit à mon intention: « À C…, celle qui aurait dû être wallonne.» Oui, décidément, il comprend bien des choses, ce Thomas.
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