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EAN : 9782253062691
316 pages
Le Livre de Poche (01/02/1993)
4.02/5   320 notes
Résumé :
"Dès que je le vis, je sus que Léopold Wiesbek m’appartiendrait. J’avais onze ans, il en avait vingt-cinq…"
Prise ainsi par une passion que rien n’éteindra, Émilienne devra attendre son heure. Talentueux, beau, aimé des femmes, Léopold fait un mariage d’argent pour pouvoir se consacrer à la peinture. La jeune fille va lentement tisser sa toile, ne reculant devant rien, sacrifiant au passage quelques existences. Des années plus tard, après la mort de son amant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Sous les auspices du mythe de Tristan et Yseult, la désormais vieillissante Emilienne égrène ses souvenirs. Souvenirs d'une vie placée sous le signe exclusif de l'amour avec un grand « A », à la conquête duquel elle aura tout sacrifié, ou presque.
Emilienne, âgée de onze ans, est à la remorque de sa mère qui court les réceptions mondaines de la bourgeoisie bruxelloise. C'est à cette occasion que la petite fille croisera Léopold, jeune peintre encore méconnu. Elle en tombe éperdument amoureuse, et décide sur-le-champ que cet amour sera un jour payé en retour : « Dès que je le vis, je sus que Léopold Wiesbek m'appartiendrait. J'avais onze ans, il en avait vingt-cinq ». Phrase choquante, affirmation égocentrique, conviction prétentieuse, caprice d'enfant gâtée, toujours est-il qu'au prix de bien des tourments et de doutes abyssaux, au prix aussi de plusieurs destins cruellement sacrifiés sur l'autel de l'amour absolu et de manoeuvres à la moralité douteuse, Emilienne parviendra à ses fins quelques années plus tard. Elle se fera aimer de Léopold, faisant éclore une passion d'abord clandestine, puis, après mariages de convenance ou d'argent, en pleine lumière, au mépris du qu'en-dira-t-on.
Portée par une écriture superbe, l'histoire d'amour d'Emilienne et Léopold est captivante, magnifique, extraordinaire. Mais cette conquête, avec plan de bataille et stratégies hautement manipulatoires à l'appui, paraît aussi malsaine, et me pose beaucoup de questions. Au-delà de l'aspect moral, du caractère exclusif, égoïste et destructeur (pour les tiers) de la relation des amants, peut-on réellement tomber amoureux à 11 ans, au point d'en être obsédé à vie ? Et surtout, peut-on forcer quelqu'un à tomber amoureux de soi ? Jusqu'où peut-on aller dans la transformation, l'adaptation, la maîtrise de soi pour devenir celui/celle dont l'autre va, à coup sûr, tomber amoureux ? Jusqu'où aller dans le reniement de soi, de sa propre individualité, pour se métamorphoser en LA personne que l'autre va choisir ? En la personne que l'on CROIT que l'autre va choisir, car peut-on être sûr de savoir ce que l'autre désire, pense, aime, ou, encore plus difficile, ce qu'il VA aimer ?
Ce pari insensé n'a pas arrêté Emilienne, qui misait pourtant gros en vouant sa vie à un homme dont elle ne pouvait être certaine qu'il l'aimerait. Elle a joué, gagné contre le Destin, qui prendra sa revanche et lui fera payer sa passion, puisqu'elle survivra longtemps à son amant, dans la douleur, le désespoir et l'incompréhension de sa fille.
Honte à moi qui n'avais jamais lu un roman de ma compatriote Jacqueline Harpman. Celui-ci est magnifique, tout en subtilité et finesse psychologique. Et au-delà de l'histoire d'amour, c'est l'immersion dans l'ambiance belgo-bruxelloise des années 50 qui ajoute au bonheur de lecture…
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Le roman se situe dans la bourgeoisie empesée belge des années 1930. Emilienne a onze ans.
Enfant unique, ses parents, bienveillants, l'ont eue sur le tard et s'affolent pour un rien chaque fois qu'il lui arrive la moindre petite perturbation.
Elle est élevée dans un milieu plus que bourgeois au milieu de dames qui n'utilisent leur beauté que pour faire un beau mariage et rester à l'abri de leur argent.
Une ambition magnifique quand on y pense bien.
Notre Milienne va tomber amoureuse, à onze ans d'un peintre, Léopold Wiesbek et le seul grand désir de sa vie sera de le séduire une fois son heure venue. A-t-on idée?
Jacqueline Harpman écrit très bien, décrit magnifiquement les coins de la côte belge, du Brabant wallon et cette bourgeoisie oisive qui peuplait encore les salons à l'époque.
J'ai relevé quelques invraisemblances au fil de ma lecture mais laissons-nous faire par la fiction.
Enfin, j'aurais fait connaissance avec la plume de Jacqueline Harpman mais j'ai beaucoup plus de sympathie pour la vraie vie.
Celle-ci, j'en ai un peu pitié. Réduire son rôle de femme à dépendre du bon vouloir d'un homme. Je crois que ce n'est plus possible...enfin j'espère pour nous, pauvres femmes.
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Quand Emilienne rencontre le peintre Léopold Wiesbeck, elle sait au premier regard qu'il sera l'homme de sa vie. Elle a 11 ans, il en a 25. Qu'à cela ne tienne! Emilienne l'approche, l'apprivoise, sait se rendre indispensable à ses côtés et attend patiemment son heure. Pendant que Léopold fait un mariage d'argent pour pouvoir se consacrer à son art, Emilienne affûte les armes de la séduction. Elle grandit en prenant l'apparence et le caractère de la femme idéale. Quand le peintre découvre que la petite fille a grandi, il succombe, et enfin peut commencer la passion partagée que rien ne pourra détruire, ni les souffrances de leurs conjoints, ni la distance, ni le temps.


Beaucoup de charme et une atmosphère"cosy" pour un roman envoûtant où la peinture des sentiments dévoile tout ce que l'amour recèle d'égoïsme et de violence. Même dans l'univers feutré des salons de la bourgeoisie bruxelloise, le feu de la passion dévore tout sur son passage. Emilienne, héroïne patiente et obstinée, vit son amour sans se soucier des convenances et lui sacrifie tout: son mariage, sa fille, sa réputation. Elle peut paraître cynique parfois, monstrueuse par moment, mais, toujours, c'est l'amour qui la guide et c'est pour cela que finalement on s'y attache et on la soutient. Comme elle, on devient sans pitié pour l'épouse délaissée de Léopold, comme elle, on se prend à espérer les retrouvailles, les moments volés, la parfaite communion des corps et des esprits. La plage d'Ostende est l'histoire d'un amour absolu, où les amants sont seuls au monde, où le coeur est engagé jusqu'à la mort, où les sacrifices consentis ne pèsent rien, où la raison n'a plus son mot à dire, un amour dont on rêve même si on se demande si on aura le courage de le vivre...Passionnant, ensorcelant, extrêmement bien écrit, ce roman laisse une marque indélébile dans la tête et dans le coeur.
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"Dès que je le vis, je sus que Léopold Wiesbeck m'appartiendrait. J'avais onze ans, il en avant vingt-cinq."

Magnifique histoire d'amour que celle d'Emilienne et Léopold. Et pourtant si tragique, si pathétique, si désespérante.

J'ai éprouvé des difficultés à entrer dans les salons cossus de Uccle, au sein de cette communauté de gens pour qui avoir une maison de vacances à 20 kilomètres de chez eux, dans un Brabant Wallon déjà embourgeoisé, était du dernier chic. C'était au temps où ils allaient s'encanailler dans un Molenbeek populaire, repère d'artistes et noyau de la projection de films sur grand écran. On est dans les années 50, une autre époque, un autre temps,...

La plume de Jacqueline Harpman, que je découvre ici, est simplement magnifique. Et c'est grâce à elle que je me suis de plus en plus immiscée dans la tête d'Emilienne qui nous raconte sa folle histoire d'amour, celle qui l'a révélée à la vie et sans laquelle elle peut désormais mourir.
On imagine mal une gamine de onze ans tomber amoureuse, se créer une personnalité à laquelle l'élu ne pourra que succomber quelques années plus tard et consacrer sa vie à cet amour, contrarié dès le départ. Et pourtant, si on voulait résumer le roman en quelques mots, ça pourrait être ceux-là.

Le personnage d'Emilienne recèle une telle ambiguïté! Entre la femme forte qui s'arrange pour que le monde tourne comme elle l'a décidé et la femme soumise qui se retrouve à vivre aux Etats-Unis sans le vouloir et mère sans l'accepter. C'est cette ambiguïté qui fascine tout au long de la lecture.

Les deux derniers chapitres sont magnifiques. Tellement bien écrits, tellement plein d'amour, tellement pudiques et pourtant tellement inconvenants.
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« La plage d'Ostende » est un roman écrit par Jacqueline Harpman, écrivaine et psychanalyste belge, décédée en 2012. On y retrouve deux grands thèmes: la passion amoureuse et la détermination d'un caractère hors du commun. le milieu bourgeois du Bruxelles des années 50 et 60, avec ses convenances et ses mondanités, n'a rien de très folichon. A vrai dire, je me suis ennuyée au début puis je me suis laissé happer par cette histoire d'amour passionnée.

Déterminée, Emilienne Balthus, 11 ans, tombe amoureuse de Léopold Wiesbeck, 25 ans. Emilienne n'a rien laissé au hasard : ses vêtements, sa coiffure, son maintien, son physique même doivent se modeler à sa volonté pour plaire à Léopold. Rien de romantique dans ce long et patient travail pour se construire une identité compatible avec l'objet de son désir.
Toute sa vie est construite sur ce sentiment tenace, sans tenir compte du monde extérieur, de façon tout à fait égocentrique. Intelligente, elle devient professeur d'université et vit dans un univers luxueux et calme.
Ecrit à la première personne, ce qui donne de la crédibilité à l'histoire, le récit est au passé, Emilienne confie donc des souvenirs et on sait que la fin lui est connue. Celle d'une relation amoureuse qui a eu des conséquences dévastatrices pour plusieurs personnes comme dans son entourage.

Jacqueline Harpman sait admirablement décrire les sentiments et manie, d'une plume fluide, l'analyse de l'être humain. D'Emilienne, l'auteur fait ressortir l'intelligence, la beauté, l'esprit calculateur, l'égocentrisme, la froideur et la passion intense. Les personnages secondaires, dont Léopold, l'être aimé et amoureux, Mme van Aalter qui manoeuvre pour tout décider de la vie du
peintre et Georgette, la rivale qui s'efforce de séparer les amants, sont très bien décrits, réalistes et tous manipulés à différents degrés.
J'ai beaucoup aimé ce roman à l'écriture travaillée mais aisé à lire.
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Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Elle portait un éternel demi-sourire, comme d'autres un bijou dont elles ne se séparaient jamais. Sans aucun doute, elle était particulièrement enchantée qu'on fût là, ou bien on venait de dire une chose exquise? Il fallait un moment pour s'apercevoir que le sourire ne la quittait pas, qu'il s'adressait indifféremment à tout ce qu'elle voyait, la rue à traverser, sa soupe ou un passant. Si on lui parlait, elle venait à un air de ravissement pur, mais tout s'arrêtait et après un moment on avait une curieuse impression de vide et on se rendait compte que le sourire se promenait également sur chaque détail qui lui était donné de rencontrer. Si bien qu'on en venait à deviner que c'était un masque. Un jour de lassitude, son mari révéla qu'elle continuait à sourire en dormant et, quand elle enterra sa mère d'abord, son père ensuite, sans changer d'expression, on forma l'hypothèse qu'elle ne pouvait pas se défaire d'une sorte de crispation involontaire qui frappait certains muscles de son visage, même au sein d'une dispute ou au plus vif des remontrances qu'il pouvait lui advenir d'endurer, si bien qu'elle donnait à croire à ceux qui ne la connaissaient pas qu'elle se moquait d'eux. Elle avait toujours l'air d'être sur le point de se répandre en volupté et pour finit jetait la confusion dans les esprits. Peu après la fin de la guerre, elle se tua d'une balle dans la tête sans laisser de lettre, on la retrouva souriant et nul ne sut jamais à quoi. On l'enterra ainsi, et si l'éternité existe, elle y entra telle qu'elle avait toujours été, prête au ravissement pour ne jamais l'atteindre et semer, là-bas, la même perplexité qu'ici. (page 311)
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Il est vrai que je choisissais bien mes peintres, mais elle avait le pouvoir d'amener chez moi les gens qu'il faut avoir. Je n'ai jamais compris ce qui jette les uns dans la gloire et les autres dans l'ombre. Je sais que je nomme cela le pouvoir mondain et que pendant vingt ans je m'en suis servie.
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J'entends parfois parler d'amours qui meurent, de passions qui s'éteignent. De quels maigres feux s'agit-il là? Il paraît qu'il y a des amants qui se font des reproches : je n'en veux même pas à Léopold d'être mort car j'ai bien vu qu'il n'y pouvait rien.
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Et il se mit à partir, emporté à une vitesse folle, tourbillonnant vers le dedans de lui-même. Je compris qu'il se noyait dans l'eau grise de ses yeux et je criai, je criai, pour le rappeler, qu'il reste avec moi, je lui serrais sauvagement les épaules et je vis bien qu'il tentait de s'accrocher à moi, désespérément, qu'il faisait tout e qu'il pouvait pour résister à la houle qui l'emportait, il me regardait droit dans les yeux, il tendait l'oreille pour recevoir mes appels, j'en suis sûre, mais le bruit des vagues était trop fort, il était assourdi et je criais encore plus fort pour que ma voix arrive jusqu'à lui, il était déjà trop loin, il tournoyait dans les remous, un voile passa sur son regard, il fronça les sourcils, je vis l'effort terrible qu'il faisait car il voulait rester avec moi comme il l'avait toujours voulu, il luttait contre l'assaut de dislocation, il ne sut pas qu'il succombait, il devint de plus en plus lointain, la pression de ses mains se desserra, je le vis entrer dans l'opacité et il cessa d'être là, mes yeux ne voyaient plus que des yeux sans regard, je fus sans voix devant un muet. (page 288)
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Léopold la tenait par le coude. Quand il me vit, il eut ce sourire aveuglant qui n'appartenait qu'à moi et, dans le brouhaha du cocktail, parmi les regards tous tournés vers nous, à côté de Blandine blême et qui se soutenait à peine, il se créa autour de nous cette zone de silence qui nous isolait, où nous étions seuls à pouvoir séjourner, ce royaume que nos regards définissaient. Debout dans cette assemblée dérisoire où chacun était venu pour être vu par des gens qui voulaient qu'on les voie, parmi la broussaille des paroles ineptes, dans le mouvement désordonné de la vanité, des petites ambitions, des projets médiocres et d'un maigre snobisme, je fus parcourue par le vent, l'océan déroula ses marées en moi, je me sentis radieuse, l'élue de toute terre promise et je souris à Léopold. (page 207)
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Videos de Jacqueline Harpman (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline Harpman
Lectomaton, extrait de "La plage d'Ostende", de Jacqueline Harpman, lecture par une étudiante IESSID, bibliothécaire documentaliste.
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