« Un jour, je lui prouverai que je suis capable de me débrouiller par moi-même. »
« Tiens, quelqu’un a oublié de protéger ses pensées… »
Un hoquet de stupeur s’étouffe dans sa gorge tandis que la voix railleuse de Koru s’insinue dans sa tête.
« Hé ! ça suffit d’épier mon esprit. »
— Ce n’est pas ta capacité à te débrouiller que je remets en doute, reprend l’animal avec sérieux.
— Quoi, alors ?
— Celle de te retenir de brûler les étapes. Crois-moi, j’ai aussi vécu cet âge où tout semble possible et où l’on se laisse gagner par son assurance. Devenir un Oracle accompli demande du temps. Tu as libéré de nouvelles facultés qu’il te faut maintenant apprivoiser. Tu devras être patiente et me faire confiance, d’accord ?
— Même quand le sort du monde est en jeu ?
— Surtout quand le sort du monde est en jeu.
« Tu ne nous vois pas encore, mais nous sommes constamment à tes côtés. Tu n’es pas seule. Tu as le droit d’avoir peur, de te sentir dépassée. D’être vulnérable. Toutes tes émotions sont légitimes, quelles qu’elles soient. N’éprouve aucune honte à les ressentir plus intensément, ou différemment, car telle est ta force. L’empathie est ta meilleure alliée, parce qu’elle te permet d’envisager ta mission avec humanité, et non comme une simple obligation. N’oublie pas : il y aura toujours une Étoile pour veiller sur les Oracles et les accompagner dans leur difficile tâche. Toujours. »
Dans cet instant suspendu, l’enfant et son Étoile ne font qu’un.
— Je te cherchais sans relâche, à travers chaque époque, chaque réalité. Et je t’ai enfin trouvée.
Elle presse son front contre le sien, place ses petites mains de chaque côté de sa tête et ferme les yeux. En réponse à leur étreinte, les Orbes endormis émergent en contrebas et forment des dizaines de torsades qui s’entremêlent pour les entourer. Leur lumière iridescente inonde les lieux, célébrant cette complicité entre l’Oracle et l’Étoile.