L'autre jour, je décide de m'essayer à
Knut Hamsun et je choisis un de ses
romans disponibles à la bibliothèque tout à fait au hasard - si on ne tient pas compte du fait que je l'ai choisi parce qu'il était très court. Une oeuvre de jeunesse, pourquoi pas pour aborder un auteur dont on ne connaît rien ? Là-dessus, je vais sur Wikipédia et je lis que L'homme secret est une des premières et médiocres tentatives de
Hamsun. Hum, me voilà un peu refroidie.
La personne qui é écrit l'article de Wikipédia avait malheureusement raison.
Régis Boyer (préfacier de la traduction française) et
Pierre Grouix (traducteur et auteur d'une postface) ont eu beau s'escrimer à affirmer que, malgré ses défauts, L'homme secret ne manquait pas d'intérêt, ils sont loin de m'avoir convaincue.
Une histoire d'amour pas bien intéressante, pas très développée, pas très subtile, au style plat, aux chapitres très courts qui ne permettent pas d'approfondir quoi que ce soit, pas d'étude psychologique, pas d'aspect contemplatif non plus, un secret dont on se fiche et une fin assez bizarre. Les personnages de Rolf et Rønnaug, qui tombent amoureux et vivent leur relation malgré les embûches - qui n'en sont pas vraiment - n'ont vraiment rien d'accrocheur. On comprend que
Knut Hamsun ait renié ce très court roman, voire qu'il l'ait oublié (mais sans doute faisait-il semblant de l'avoir oublié). Que
Régis Boyer parle de sous-texte, de non-dits et de
Nathalie Sarraute (ce qui est forcément aguicheur) à propos de L'homme secret me dépasse.
Cela dit, on pardonnera à
Knut Hamsun d'avoir raté ce premier texte publié en 1877 ; il n'avait après tout que 18 ans, et on sent bien qu'il est loin de maîtriser son récit, ce qui est bien normal. Ce n'est pas tant
Knut Hamsun qui me dérange que la décision d'avoir traduit ce texte pour le publier complètement seul. Je comprends bien que l'édition norvégienne existe sous ce format, mais le nom de
Knut Hamsun n'a forcément pas la même portée dans la culture norvégienne et dans la culture française. Il m'aurait semblé bien plus logique que ce texte apparaisse dans une publication des oeuvres complètes de
Hamsun en français, afin que les aficionados puissent appréhender l'évolution de l'écrivain.
À part pour les fins connaisseurs de
Hamsun, je ne vois guère l'intérêt de lire ce roman, qui n'est pas désagréable en soi, certes, mais qui n'apporte rien à ceux qui veulent découvrir cet auteur tellement acclamé pour
La Faim. Donc, surtout, si j'ai un conseil, c'est de ne pas faire comme moi et ne pas aborder
Hamsun par ce texte. Cela dit, je ne compte pas m'arrêter là, vu la renommée de
Hamsun pour la plupart de ses autres oeuvres.