Vagabonds prête à confusion. Il ne s'agit pas des déambulations d'un pauvre ère en manque de nourriture comme dans la Fin, roman le plus illustre de
Knut Hamsun. le terme désigne ceux qui, attirés par les promesses d'une vie plus large, quittent leur Norvège natale dans l'espoir de trouver leur salut en Amérique. C'est aussi l'activité incessante des deux personnages principaux du roman. Edevart est un homme honnête, sérieux et travailleur. Son partenaire August est un être déraciné, pleins de ressources, ne reculant devant aucun expédient pour faire sa fortune. Leur paysage est une petite baie d'où partent les bateaux pour Les îles Lofoten, en quête de harengs et de morues, que les gens du village salent et disposent sur des pierres afin de les sécher. Parfois la pêche est miraculeuse, le quotidien en est grandement amélioré. le plus souvent la mer se fait plus parcimonieuse. Alors on exploite les maigres bandes de terre pour qu'elles rendent, pour en arracher sa subsistance. Quant à l'élevage, le lieu ne s'y prête guère, les plus heureux ont moins de vaches que les doigts d'une main. Alors quand l'envie de s'arracher du quotidien les tenaille, qu'il faut à tout prix trouver d'autres ressources, nos deux compères se font vendeurs ambulants, longent les côtes, c'est en cela qu'ils vagabondent. Mais toujours Edevart revient, alors qu'August plus téméraire et sans attache continue ses pérégrinations.
Vagabonds est une belle oeuvre qui n'est pas sans me rappeler
Pêcheur d'Islande, récemment lu. Mais ce n'est pas un roman tragique comme celui de
Pierre Loti. Tout part de la baie et tout y revient. Plutôt qu'aller chercher la fortune ailleurs, Hamsum nous invite à garder et nourrir les racines qui nous attachent à la terre qui nous a vu naître, car c'est elle qui nous correspond le plus, alors que le voyage est souvent la fuite impossible de soi-même.