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Qu'est-ce que la LITTERATURE ? Jalons & joyaux d'un art littéraire universel depuis ...
Liste créée par dourvach le 12/04/2015
18 livres.

Quels furent les inventeurs d'une langue universelle ?

Quelles furent leurs oeuvres-phare ?

En bref ? "Faut qu' ça chante !!!"... et nous parle toujours aussi fort !

Une liste OUVERTE... sous l'infime condition que nous prenions tous ce temps d'argumenter un peu nos choix (esthétiques et personnels) en quelques lignes... [PS : Bien sûr, tout comme moi, vous pouvez utiliser des extraits de vos critiques personnelles d'oeuvres littéraires adulées...et nous vous ferons le "copier/coller" habituel de vos commentaires ici pour enrichir durablement la liste commune, limitée arbitrairement à 100 oeuvres d'art littéraire ! Amitié, bienvenue et à très bientôt... ]



1. L'Iliade - L'Odyssée
Homère
4.27★ (2446)

[dourvac'h] Homère était vraisemblablement à la fois un aède (auteur-compositeur-interprète) et un rapsode (interprète-improvisateur) : les "Chants" de "L'Iliade" et "L'Odyssée" sont autant de témoignages vivants de son art inimitable -- à la fois récit épique et reflet des efforts incessants de génération d'aèdes et rapsode pour obtenir LA beauté expressive... En bref ? "Faut qu' ça chante !"... Deux oeuvres qui -- telles "L'épopée de Gilgamesh" ou "La Théogonie" d'Hésiode -- ont traversé les siècles... Ah, grâce à Victor Bérard et d'autres, " L'aurore aux doigts de rose" comme "Le sombre océan aux couleurs vineuses" ont encore de beaux lendemains...
2. Le Rouge et le Noir
Stendhal
3.75★ (58542)

[dourvac'h] Notre amie Woland a bien raison : " Comme la première fois où je l'avais lu, "Le Rouge et le Noir" m'est apparu comme l'un des plus grands romans jamais écrits.". Julien Gracq et Yachar Kemal en ont pensé et écrit sensiblement la même chose... On ne s'en lasse pas : ce livre où l'on se dit à chaque ligne que "TOUT peut arriver"... Alors... Julien "arriviste" ? Simple sens de la survie sociale (a fortiori si l'on on est né pauvre dans une scierie, autour de 1814) mais ses errements dans sa conduite de vie le perdront... Magnifiques descriptions -- comme de l'intérieur -- de coeurs amoureux (Julien, Louise, Mathilde...). Intérêt -- devenu exotique pour nous -- du "contexte" terriblement revanchard de la "Restauration" (toujours traitée dans un "ton" d'ironie bienveillante et impitoyable par l'auteur)... Force et autorité "restaurées" des Gens d'Eglise... mais société devenue ingérable par la seule "force" des "dogmes"... Société qui se re-morcèle, mais en secret : "sous le manteau", y compris sous les habits noirs de la prêtrise (à la couleur si sécurisante pour la bourgeoisie... ). Ah, comme cette histoire, toujours scindée en ses deux "livres", reste passionnante... Oeuvre "inusable" ? Probablement... Bref, vive Stendhal !!! [1830]
3. Eugénie Grandet
Honoré de Balzac
3.67★ (23057)

[dourvac'h] La tendre Eugénie (au coeur généreux), son cousin Charles "panier-percé" incurable (donc constamment fauché), le père Grandet forcément "rapiat comme pas un" (couvant amoureusement ses chers "petits louis"... ), les Cruchot et les Grassin, clans voisins que l'on invite -- chacun drapé dans son Code de l'Honneur intime de bourgeois saumurien... C'est que l'on ne s'ennuie guère, en nos "Scènes de la vie de province"... Narration amoureuse, auteur empathique, humour de tous les instants : l'un des Maîtres-Livres du géant tourangeau... [1834]
4. Boule de Suif - La Maison Tellier
Guy de Maupassant
3.86★ (20701)

[dourvac'h] De "Boule de suif" à "La Maison Tellier", je ne savais lequel de ces deux courts chefs d'oeuvre d'observation de l'HUMAIN ordinaire ici célébrer... L'école ingrate du journalisme a "produit" Maupassant et Simenon : soit deux géants de la Littératture... Tout comme Simenon, Maupassant ne jugeait pas : il s'imprégnait, observait et à force d'empathie, peignait les coeurs de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel... C'est peu dire qu'il aimait ses personnages et ses "ambiances"... Vive l'éternel Maupassant ! [1880]
5. Les Circonstances de la vie
Charles-Ferdinand Ramuz
3.80★ (42)

[dourvac'h] Retracer son émerveillement à la découverte de ce fier roman composé dans une soupente parisienne, en 9 mois -- de janvier à octobre 1906 -- et publié pour la première fois à "La Semaine littéraire" de Genève (en "préoriginale", chapitre par chapitre et en quatre mois -- de fin décembre 1906 à avril 1907) puis en coédition entre les éditeurs Payot (à Lausanne) et Perrin (à Paris) en mai 1907. Emile Magnenat est un brave bourgeois de notaire. "Pas très fute-fute", comme on dirait aujourd'hui... Il aime sincèrement sa fiancée -- jeune fille issue d'un "excellent milieu", et dont ses propres parents pensent évidemment le plus grand bien : Hélène deviendra donc sa femme. La pauvre, cepensant, tombe peu à peu malade, de plus en plus malade... et -- un désespoir de plus ! -- ne lui laissera pas d'enfant... Pendant ce temps, dans les affres dun désespoir bien authentique, l'époux de la pauvre Hélène s'entiche de Frieda, leur "fille-au-pair" alémanique malencontreusement embauchée quelques mois plus tôt "en vue d'aider" l'épouse à l'ensemble de ses tâches domestiques : un émoi réciproque entre Emile et Frieda aura lieu au cours d'un bal "des bords du Lac", bal qui finira sous l'orage. Hélène meurt quelque temps après. Scandale à Arsens (dont le modèle serait la petite ville lacustre d'Aubonne)... Emile Magnenat doit déménager ses pénates -- et fermer son étude -- en emmenant Frieda (par qui le scandale est arrivé) en chemin de fer à "la grande ville" (heum... évidemment pour lui et toutes proportions gardées) : Lausanne ! Mais Frieda est une sacrée roublarde : elle ne veut plus bosser -- surtout à des travaux de domesticité -- et se laisse entretenir, devenant "naturellement" très dépensière... Pensant bien faire, Emile "rame" tout ce temps pour tenter de faire face à "sa nouvelle vie"... Frieda, bien sûr, s'en contrefiche et se trouve un amant... Que va devenir notre pauvre Emile ? Voici tout l'argument. Un très beau drame existentialiste, tout en finesse et "ironie bienveillante"... (offrant d'ailleurs un très bon parallèle lacustre avec les deux premiers romans de Robert Walser) ! Quand Emile se réveille, pour lui aussi il est trop tard : comme un enfant, il se sent "bien puni"... Il y a de la compassion chez Ramuz... ou, comme chez Walser, plutôt une belle empathie ! Il y a l'écriture impressionniste de l'écrivain vaudois... qui "peint" comme il respire : avec ses "mots-matière" que lui seul sait assembler comme s'ils étaient surpris pour la première fois dans une phrase. Ce deuxième roman (après "Aline", publié en 1905) avait été sélectionné dans la liste des prix Goncourt : un certain Émile Moselly en fut le lauréat pour son roman "Terres lorraines"... Ramuz, lui, "marnait" seul dans ses meublés parisiens où il restera bravement jusqu'en 1914 où il reviendra -- cinq romans plus tard -- à son "pays vaudois" (Suisse romande francophone) natal, qu'il ne quittera plus ! Petit chef d'oeuvre dense à découvrir : un vrai régal de l'âme et de l'esprit. [1907]
6. Les enfants Tanner
Robert Walser
4.00★ (532)

[dourvac'h] "Les enfants Tanner" a été publié à Berlin pour la première fois en 1907. Le manuscrit est issu d'un "premier jet" réalisé en 3 à 4 semaines entre janvier et février 1906 dans l'appartement de son frère Karl, à Berlin... et n'ayant nécessité que de minimes corrections (syntaxe, ponctuation). La traduction de Jean Launay (1985) pour les éditions Gallimard est remarquable : elle représente 332 pages dans cette édition de poche "folio" qui suivra (seule édition actuellement disponible en France). La plasticité et l'imprévisibilité des psychologies et des actes des attachants personnages de Simon, Klara, Kaspar, Hedwig, tout comme le "chant" délié de la langue du jeune Walser (à l'âge de 27 ans...) nous fascinent immédiatement... " On est fait pour les choses dont on rêve. " (comme l'écrit dans le roman, le doux personnage de Klara...). Ses deux romans ultérieurs seront : "Der Gehülfe" ("Le Commis") publié en 1908, puis "Jakob Von Gunten. Ein Tagebuch" ("L'Institut Benjamenta") qui paraîtra en 1909. Pour l'avoir découverte intégralement depuis, il me semble qu'on puisse parler pour Robert WALSER de "Trilogie romanesque magique" [...]. Romans et personnages intemporels qui, aujourd'hui, nous font face : sur lesquels on croit voir s'animer -- sous nos yeux -- les beaux visages de la liberté. [1907]
7. Le commis
Robert Walser
4.14★ (83)

[dourvac'h] Autant "Les enfants Tanner" nous semblait un néo-manifeste romantique où fantasmagorie et réalisme se mêlaient indissociablement, autant "Le Commis" restera pour nous un extraordinaire roman "réaliste" - imprégné du plus pur réalisme poétique - où se mêle curieusement une ironie tendre (empathique et inconditionnellement bienveillante à l'égard de chaque protagoniste : l'impression que Walser ait inventé pour la Terre entière un mode d'acceptation de l'Autre qu'on nommerait : "ironie bienveillante"), une charge picturale que dégage chaque ligne descriptive (la promenade en barque, la nuit) et une description (fine et sans illusion) des rapports entre classes sociales... sans oublier d'évoquer ici le thème évidemment central de l'échec : à savoir la dégringolade programmée de "La Maison Tobler" sous l'oeil du témoin (impliqué) Joseph Marti, 6 mois durant... Deux saisons à peine, à vivre au jour le jour : le suc de chaque journée nous restant au fond de la gorge, la chaleur d'un rayon de soleil sur la peau. Car nous épousons immédiatement la psyché de Joseph Marti, "l'homme à tout faire" de la Maison Tobler, hébergé dans la plus belle chambre -- la chambre de la Tour -- avec vue imprenable sur le Lac... Monsieur l'Ingénieur Tobler et ses inventions sérieuses, pompeuses... qui ne trouveront (évidemment) jamais preneur ! Ah, ces formidables "horloges-réclames" et autres "distributeurs de muntions pour chasseurs"... à la recherche d'un "capitaliste bienveillant" (association d'idées totalement improbable...) d'où notre sentiment d'une naïveté sans fond et même de profonde compassion pour la figure PRESQUE attendrissante du "Patron" tyrannique de Joseph : ce "Herr Tobler" - bourgeois à son aise, toujours si sûr de lui -- condamné peu à peu, sous l'oeil infailliblement obéissant de son employé -- à l'échec et la ruine... Ce livre est un chef d'oeuvre par la finesse de l'analyse psychologique - et par sa langue, unique... Oeuvre dont la thématique se rapproche aussi du presque contemporain et "flaubertien" second roman de C.F. RAMUZ : "Les Circonstances de la vie" (1907) : l'étude du notaire Emile Magnenat -- pauvre hère bientôt entiché de sa jeune fille au pair -- n'ouvrait chaque matin pas si loin de la "Villa Tobler"... Et elle est un véritable régal pour l'âme, cette langue malicieuse de Robert Walser ! Quel "chef d'oeuvre inconnu" reste pour nous cet empathique "Der Gehülfe", magnifique gros roman de 1908, sommet de Littérature encore quasi-ignoré des lecteurs d'outre-Helvétie -- chez nous, par exemple, et cela plus de 100 ans après sa parution... [1908]
8. La métamorphose
Franz Kafka
3.82★ (33972)

[dourvac'h] "Die Verwandlung" est ce récit fantastique sidérant et inépuisable... Mésaventures tragi-comiques de Gregor Samsa, cet obscur employé qui un jour "se réveilla transformé en une misérable vermine"... A lire et relire sans fin. L'empathie de l'auteur, son sens du tragique, son incroyable humour ... et peut-être la poésie (celle qu'on retrouvera dans son premier roman inachevé, si "chaplinesque" : "Amerika"). La poésie : oui... [1915]
9. Vagabonds
Knut Hamsun
4.13★ (159)

[dourvac'h] "Landstrykere" (ou "Vagabonds", 1927) est le premier tome d'une trilogie romanesque pleine des mouvements et des musiques "de la vie" : témoin de la grande vitalité du romancier-conteur norvégien, celui qui "avait vécu mille vies" (et exercé mille métiers) avant que de "songer à écrire"... Affirmons d'ores et déjà qu'il vous faudra absolument lire par la suite les deux composantes suivantes : "Auguste le marin" ("August Weltumsegler",1930) puis "Mais la vie continue" ("Men Livet lever", 1933) : une trilogie facilement disponible dans la formidable collection "La Pochothèque". Un haut style, constamment lyrique et original, qui pour nous ne s'est jamais "démodé"... Certes, on devine ici -- entre les lignes chantantes des "aventures" d'August et son inséparable ami Edevart -- tout le tempérament fantasque de Knud Petersen (1859-1952) alias "Knut Hamsun" [son nom de plume] : mystère de cet homme insaisissable et romancier prolifique qu'incarna récemment au cinéma -- avec talent -- le célèbre acteur suédois Max Von Sydow (jusqu'à cette triste compromission du grand romancier avec le nazisme dans la pente déclinante de son existence... ). Roman magnifiquement traduit du norvégien en français par Jean Petithuguenin. [1927]
10. Derborence
Charles-Ferdinand Ramuz
3.91★ (534)

[dourvac'h] "Derborence", 1934... Récit bâti sur un "faits divers" valaisian du XVIIIème siècle. La lente montée aux pâturages. La pluie nocturne -- d'abord si musicale -- de ces petit cailloux sur le toit de tuiles d'une cabane de bergers. Puis un grondement inquiétant... Et nous y sommes. Antoine se retrouve brutalement plongé dans les Limbes. Enfermé. Longtemps. Les mois passent. Thérèse reverra un jour reparaître un mari fantômatique que la montagne a su garder en son sein... Magie étrange de la langue ramuzienne... On sait que Ramuz fut "contesté de son vivant en raison de ses audaces stylistiques" : et cela continue curieusement... Cet étrange Purgatoire dans lequel le tient le "grand public"... Quelque chose d'intemporel, d'archaïque dans sa langue, avec notamment sa belle "discordance des temps". Poésie. Sensorialité. Attention aux humbles. Attention à leurs plus humbles gestes. "Langue-geste"... Chant de la montagne. Grandiose. Une histoire immortelle. [1934]
11. Le Bourgmestre de Furnes
Georges Simenon
3.96★ (271)

[dourvac'h] Furnes, la Flandre, son froid hivernal, les bocks de bière qui vous attendent à la sortie de l'Hôtel de Ville, le carillon qui résonne un peu lugubrement au beffroi quand la nuit tombe dès cinq heures... Le bourgmestre Joris Terlinck, "Baas" ("Maître") qui nous fait penser à un connetable du Moyen âge... enguirlandant parternellement Monsieur Kempenaar, son secrétaire de mairie... soignant amoureusement sa maman acariâtre, femme de pêcheur claquemurée dans sa masure des dunes de la Mer du Nord... "protégeant" sa fille handicapée tout en l'enfermant et la dorlotant au grenier... Personnage fascinant, qu'on ne jugera pas... et qui - comme d'autres personnages du romancier -- sortira peu à peu de "sa" route : insidieusement et "presque" sans l'avoir voulu... Roman fascinant, bien sûr... Sous-texte poétique... Parmi tant d'autres romans tout aussi vertigineux, à la pureté et la durabilité de cristal, l'existentialisme simenonien dans toute sa beauté universaliste, sa thématique délicatement provinciale, la dorure finement "ouvragée"de sa langue semblant si simple, dépouillée et vivante. Roman écrit à Nieul-sur-Mer, manuscrit achevé le 29 décembre1938... Evidence d'un sommet -- "presque habituel" dans l'oeuvre vive du prolifique Simenon -- pour la Littérature, si ce mot-là a pour nous encore un sens.... [1938]
12. La Pitié dangereuse
Stefan Zweig
4.34★ (3016)

[dourvac'h] 1938-1939, déjà... et comme ce livre est toujours beau ! Anton Hofmiller et sa "banale" vie de garnison de province, Edith de Kekesfalva "l'infirme" au Château, son père anobli et désespéré, la soeur protectrice, le médecin Condor -- figure d'une merveilleuse et terrifiante empathie sans limites -- , sa femme aveugle... tant de figures qui se croisent, VIVENT devant nous, "comme de l'intérieur"... Dieu que ce livre est tout-puissant !!! Comme la Littérature était encore magique, en ces temps-là... Ces années du sidérant "Désert des Tartares" de Dino Buzzati ou du farouche et presque romantique "Pilote de guerre" de Saint-Ex. ... Vive l'art littéraire indétrônable de Stefan ZWEIG ! [1939]
13. Le Désert des Tartares
Dino Buzzati
4.08★ (7785)

[dourvac'h] Dire encore ici combien il est urgent de lire ou relire dans l'ordre chronologique l'inoubliable "Trilogie magique" de l'inventeur Dino Buzzati : pureté de la langue, réalisme poétique et animisme fantastique... [1°] -- "Barnabo des montagnes" ("Bàrnabo delle montagne", 1933) [trad. : Michel Breitman] / [2°] -- "Le secret du Bosco Vecchio" ("Il segreto del Bosco Vecchio", 1935) [trad. : Michel Breitman] / [3°] -- "Le Désert des Tartares" ("Il deserto dei Tartari", 1940) [trad. : Michel Arnaud]. Et redire aussi ici combien ces trois traductions françaises restent merveilleusement "justes" et poétiques... et rendent définitivement justice à l'Art du (fabuleux) Conteur milanais... Après 4.000 ans d'attente, Drogo le guetteur contemplatif en "sa" forteresse d'argile Bastiani... manquait encore à la Littérature, art de tous les émerveillements... [1940]
14. Un balcon en forêt
Julien Gracq
4.22★ (1127)

[dourvac'h] Jamais sans doute n'aura-t-on mieux approché l'essence-même du Romantisme que dans ces trois oeuvres bâties autour de l'attente que sont "Le Rivage des Syrtes", "Un balcon en forêt" et "'Le Roi Cophetua"... Amour incandescence, feux de cheminée éteints, murailles dérisoires de fortins oubliés sous la sylve émeraude et les caresses de brume... Mona & Grange : touchants "Tristan & Yseult" minéraux - gisants oubliés et immortels - un petit matin de l'hiver 1939-1940, dans la tiédeur d'un lit d'une chaumière d'Ardennes... Gracq -- ce "géographe sentimental" -- fut bien (hélàs) notre "Dernier romantique"... Il est par ailleurs fascinant de découvrir aujourd'hui ses "Manuscrits de guerre" (cahiers retrouvés après sa disparition -- édités par José Corti en 2011) : sorte de memorandum intime de la "drôle de guerre" vécue -- de très près -- par l'ironique lieutenant Louis Poirier... (et on sourit de rappeler que son "lieutenant Grange" portait un nom pareillement agreste !). Textes resurgissant des fonds sous-marins autour du continent Gracq - comme la ville d'Ys de la légende : ils forment un assez incroyable et passionnant prélude à la magie émeraude de "Un balcon en forêt" (adapté au cinéma par Michel Mitrani, comme on s'en souvient !)[1958]
15. Palais de glace
Tarjei Vesaas
3.87★ (637)

[dourvac'h] Le fermier-écrivain hantant sa ferme du Telemark (Norvège) a été le chantre secret de ces âmes repliées que recouvre le seul manteau de l'Elémentaire... Siss et Unn, deux amies de treize ans, se trouvent soudain séparées par cette énigme qu'est la mort. Siss explore à son tour les beaux mystères de "la cascade de glace", trouvée au fil du ruisseau. Celle-là qui forme "château", palais précaire... On se perd peu à peu dans ses couloirs jusqu'à ce qu'un Oeil unique apparaisse à la voûte... Peut-être est-il, alors, "déjà trop tard" ? Et puis ces belles interrogations, débutant à notre adolescence : "Est-ce que j'existe pour quelqu'un ?", comme le devine le préfacier Régis Boyer... Ouvrage si poétiquement traduit du dialecte nynorsk (ou "néo-norvégien" du Telemark, province natale de l'écrivain) au français par Elisabeth Eydoux... Un chef d'oeuvre et une étape (bien sûr) cachée dans l'histoire de la Littérature universelle. [1963]
16. La légende des mille taureaux
Yachar Kemal
4.38★ (55)

[dourvac'h] Merveille de récit épique contemporain... Maître Haydar, "le forgeron de l'épée des sultans", suit l'errance sans fin de tous ses frères -- les nomades yöruks déchus -- dans la plaine de la Tchoukourova : un des plus beaux et purs romans-poèmes tissés par l'aède kurde Yachar Kemal, donnant ici toute la mesure de sa verve lyrique de conteur-né. "Binbogalar Efsanesi" a été magistralement traduit du turc en français par Münevver Andaç. [1971]
17. En attendant les barbares
J. M. Coetzee
4.04★ (703)

[cjjouvet] Pour faire écho au "Désert des Tartares", j'ajouterais "En attendant les barbares" ("Waiting for the Barbarians") de J.M. Coetzee, prix Nobel en 2003, lecture suivie par d'autres livres de cet auteur pas assez lu en France. Extrait d'une critique de petch : " Un livre formidable, dont le message est universel, dénonçant la manière dont chaque société crée ses propres « barbares » pour aiguiser la crainte de ses citoyens et les maintenir ainsi dans un état de soumission envers le pouvoir en place. Résolument militant et salvateur ! " [1980]
18. Epouses et concubines
Su Tong
3.92★ (390)

[dourvac'h] Ce roman a été traduit en France en 1992 et l'adaptation qu'en fit le réalisateur Zhang Yimou contribua à faire connaître cet exceptionnel écrivain se distingant ici par son approche "néoréaliste" d'une société impériale aux moeurs évidemment machistes et absurdement tyranniques ; on admirera la subtilité jamais démentie dans la description des affres de cette demi-douzaine de personnages vivant tous ici "en vase clos", comme ce lyrisme paisible du ton, associé à une extrême sobriété de la langue employée par l'auteur, à la fois percutante et sans aucun effet... L'écriture de Su Tong est à la fois extrêmement picturale et hypersensible. On imagine bien que l'oeuvre de ce romancier, né en 1963 à Suzhou, ne demande qu'à être universellement et intégralement connue... [1992]
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