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Jean Petithuguenin (Traducteur)
EAN : 9782253933120
315 pages
Le Livre de Poche (01/05/1999)
3.84/5   35 notes
Résumé :
"L'Eveil de la glèbe" est paru en Norvège en 1917. Isak et Inger, prototypes de l'humanité, se rencontrent sur une lande désertée. Le domaine de Sellanraa, c'est le jardin d'Eden après la Chute. L'homme, Isak, y travaille inlassablement. Autour de lui, l'infanticide, le mensonge, la jalousie, la concupiscence, la cupidité, le progrès sont autant de tentations auxquelles succombent tour à tour sa femme, ses enfants, ses proches et ses ennemis. Isak, rivé à sa terre, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
‘Poussière tu es, à la poussière tu retourneras'. Façonné entre les mains divines, le dérisoire morceau d'argile ouvre soudain les yeux. Un geste, un seul, par lui-même. le pantin a acquis sa volonté propre, sa conscience, sa mémoire. Il est devenu un individu à part entière. Que va-t-il faire ?

Fouiller la glèbe.

Quelque part dans la grande forêt de Norvège surgit un homme, un colosse. Il s'appelle Isak. On ne sait pas qui il est. On ne sait pas d'où il vient. Mais il a choisi cette terre pour y enraciner sa vie. Il laboure, sème, dort à la belle étoile puis dans une hutte de terre. Il abat des arbres, transporte les troncs à la ville, les vends. Un jour une femme robuste mais défigurée par un bec de lièvre le rejoint. Ils auront un fils. Puis deux. La Genèse dans les montagnes de Norvège….

Sur ce, le texte n'est pas précisément ce qu'on peut appeler moderniste. le racisme envers les Lapons, décrits littéralement comme de la vermine, est édifiant. le rôle de la femme vu par Hamsun n'est pas non plus des plus attrayant : quand les lumières de la ville les détournent de leur rôle de bonnes ménagères et du goût du dur travail des champs, rien de telle qu'une bonne raclée pour les remettre dans le droit chemin ! Cela dit, toujours selon Hamsun, quand la même chose arrive à un garçon il est fichu et n'est plus bon à rien. La seule route qui lui reste pour devenir un homme, c'est le chemin de l'exil. Sinon il est condamné à devenir une caricature endimanchée dépensant l'argent mais incapable de le gagner faute d'être capable de travailler dur – un homme de la ville, quoi…

Mais ce qui se dessine aussi dans ce texte, c'est un rejet total de l'existentialisme et du consumérisme. Si vous voulez sortir du nombrilisme et arrêter de n'exister qu'à travers les gadgets que vous collectionnez, abandonnez la ville et prenez une fourche ou une cognée. L'accomplissement d'un individu se fait dans la dureté de ses tâches, dans sa proximité avec la terre et sa capacité à produire directement ce qu'il consomme ; pas dans les livres ou dans une quête du soi ne pouvant déboucher que sur le nihilisme, proclame Hamsun

Aujourd'hui, ses thèses et sa vision du monde se retrouvent quasiment à l'identique dans un nombre considérable de mouvements écologistes. Si Hamsun avait compris que la négation de l'individu était exactement la même dans le fascisme que dans le communisme, il n'aurait sans doute pas vu l'accomplissement de son idéal nietzschéen dans un petit homme avec une moustache en brosse à dent. Il n'aurait pas été bouté dans l'oubli. Et il aurait, je le pense vraiment, tenu dans le monde des idées une place bien plus importante. Une place que Sartre occupa sans complexe.
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Knut Hamsun est un auteur norvégien du tournant du dernier siècle, reconnu (il s'est fait attribuer le prix Nobel de littérature en 1920) mais également controversé vers la fin de sa vie. Depuis un moment déjà je voulais m'attaquer à ce pilier. À la bibliothèque, le premier de ses bouquins sur lequel je suis tombé est L'éveil de la glèbe. Malheureusement, ce ne fut pas un choix qui me satisfit. Essentiellement, il s'agit d'un roman du terroir. Un type solitaire mais travailleur se retire dans une région excentrée de la Norvège, défriche un bout de terre puis se trouve une femme. Celle-là, Inger, est un personnage féminin fort et intéressant. Avec les années, leur famille s'agrandit (et se réduit), des voisins s'amènent, etc. Bref, une histoire plusieurs fois racontée déjà. Tous ces romans qui font l'apologie de la vie d'agriculteurs, plus capable ! En plus, il s'agit d'austères protestants, on est loin des scènes bucoliques et festives de la campagne française… Ça n'a rien à voir avec le talent de l'auteur (quoique son style ne m'ait pas particulièrement interpelé), je le sais, mais ça teinte ma perception de l'oeuvre. Au moins, j'ai trouvé original comment il a intégré des éléments spécifiques à son pays, comme la présence de Lapons et des supersitions locales, ou bien la fracture entre les générations, celles d'Isak et de ses fils Sivert et Eleusis, davantage tourné vers l'avenir… ou l'Amérique.
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Il fut un temps où l'académie du Nobel récompensait souvent en littérature ceux de ces auteurs qui savaient par la fiction traduire en visionnaires l'évolution d'un monde en devenir: Reymont, Galsworthy, Martin du Gard... Ce roman méconnu de Knut Hamsun s'inscrit à mon sens dans cette veine, loin du célèbre "La faim" et plus loin encore des égarements politiques ultérieurs de l'auteur du côté de l'idéologie nazie.
Ravie d'avoir découvert cette superbe saga paysanne qui à travers l'histoire d'une famille et de son patriarche, inamovible et tellurique pionner rétif aux bruits du monde, raconte l'inexorable chemin vers la modernité d'une petite société rurale d'abord quasi féodale puis entrainée peu à peu vers l'appât du gain et du confort.
On vibre au rythme enlevé de cette histoire racontée à hauteur d'hommes et femmes à la volonté forcenée, taiseux mais bouillonnant de l'intérieur, à la fois acteurs et victimes de leur environnement. Et l'on se repose, encore une fois, la question de la différence à faire ou pas entre l'auteur et son oeuvre...
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Ce livre ne se démarque pas de mes précédentes lectures au niveau du thème global: il s'agit toujours de l'histoire du destin d'un homme. Après Okwonko et Robert Neville, nous suivons Isak...Mais où sont donc partis les bouquins avec mes héroïnes préférées ? Ce type de lecture ne me ressemble pas trop, ce qui explique la note passable.
L'histoire est divisée en deux grandes parties, centrées essentiellement sur la vie d'Isak. On découvre les conditions de vie des fermiers de cette région, où ils sont soumis au dur travail quotidien de la terre, rythmé par les saisons. A travers le couple Isak/Inger, nous suivons leurs lots de tragédies, de peines et d'erreurs ainsi que ceux de leurs proches voisins. Il y a quelques moments angoissants, lorsque l'auteur aborde le sujet de l'infanticide mais finalement, ce sujet ne prend pas une grande place.
L'objet principal du livre est la description de la vie routinière et laborieuse des colons. L'auteur oppose leur mode de vie à ceux des citadins, des commerçants et des exploitants de la mine de cuivre. Isak est le modèle : un homme travailleur qui ne ménage pas ces forces pour cultiver et agrandir son domaine ; un homme simple et serein qui vit au contact de la nature. Les personnes qui lui sont opposés seraient Brede, son voisin, qui au lieu d'exploiter sa propriété court après des mirages censés lui apporter une fortune immédiate ; ou même son propre fils Eleseus qui le décevra beaucoup. Tout le long du livre, on sent cette opposition, cette comparaison et cette apologie de la nature.
La place réservée aux femmes m'a gênée dans cette histoire : Isak accepte Inger car elle est une aide précieuse pour la ferme, et ce malgré son bec-de-lièvre. Barbro est aussi presque dans le même schéma. Elles sont traitées comme de la main-d'oeuvre "gratuite" et "disponible" (dans tous les sens du terme). Même lorsqu'elles commettent l'irréparable, les hommes préfèrent fermer les yeux par peur de perdre une force de travail nécessaire pour le fonctionnement de la ferme.
Son style d'écriture est simple, avec des phrases courtes. Ce n'est pas une lecture qui m'a envoûté : je n'ai pas eu envie d'aller en Norvège et bien souvent, je trouvais ce rythme et la trame du récit long et ennuyeux. J'en garde un souvenir mitigé, et même si parfois j'étais tenté d'arrêter la lecture, quelque chose m'a retenu jusqu'au bout. Peut-être suis-je passée à côté d'un chef-d'oeuvre ?
En tout cas, je ne vous recommande pas cette lecture.
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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La substantifique moelle de la vie: oui, cela peut paraitre simplissime mais s'installer sur une terre, la cultiver, prendre une femme, créer sa famille et son foyer, les relations sociales qui se font et se défont,...c'est la vie et sacrément bien écrite. J'ai lu beaucoup de livres de K. Hamsun et celui-ci fait partie de mes préférés. Pas de style ampoulé, juste la vie, la vraie, celle des gens du terroir certes mais des humains avec des peines, des joies, des choix difficiles, ..bref, je le recommande sans aucune hésitation!
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le long, long sentier par les marécages et les forêts, qui l'a frayé ? L'homme, l'être humain. Avant lui, pas de sentier. Après lui, de temps à autre, sur la lande et par les marais, un animal suivit la faible trace et la marqua d'une empreinte plus nette. Des Lapons, flairant la piste du renne, commencèrent ensuite à emprunter le sentier dans leurs courses de fjeld en fjeld. Ainsi naquit le sentier dans l'Almenning, le vaste territoire qui n'appartenait à personne, le pays sans maître.
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– Nous, femmes, disait Mme Heyerdahl, nous sommes une moitié malheureuse et opprimée de l’humanité. Ce sont les hommes qui font les lois ; les femmes n’ont pas à donner leur avis. Mais un homme peut-il se représenter ce que c’est pour une femme que d’enfanter ? Il n’en a jamais ressenti les angoisses, les douleurs atroces. L’accusée est une fille de ferme, qui, n’étant pas mariée, a essayé de cacher son état. Pourquoi l’a-t-elle fait ? Par la faute de la Société, qui méprise la fille mère ! Non seulement la Société lui refuse sa protection, mais elle la persécute, lui inflige une honte imméritée. N’est-ce pas horrible ? Il n’y a pas un homme ou une femme de cœur qui puisse y penser sans en être indigné. Non seulement la fille doit mettre son enfant au monde, ce qui est en soi-même assez cruel, mais elle est de ce fait traitée comme une criminelle. J’ose le dire, ce fut un bien pour cette malheureuse que cet accident qui la fit accoucher dans l’eau et eut pour conséquence de noyer son enfant, un bonheur pour elle et pour l’enfant. Aussi longtemps que la Société continuera à accabler la fille mère de son mépris, il ne sera que juste d’absoudre cette dernière si elle tue son enfant.
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En prenant de l’âge, le toit de la maison verdissait. Celui de la grange, qui était moins ancien, commençait, lui aussi, à se couvrir de mousse. Les campagnols avaient trouvé le chemin du cellier. Des mésanges et toute sorte de petits oiseaux peuplaient les champs et les prés ; il venait même des corbeaux. Mais le plus remarquable, cet été, fut l’apparition d’un vol de mouettes qui avaient parcouru des milles et des milles depuis la côte pour venir se poser sur cette terre cultivée, oasis au milieu du désert. La ferme devenait le rendez-vous des bêtes sauvages.
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La nuit de printemps est magnifique. Les coqs de bruyère chantent sur les collines. En les écoutant, l’émigrant sent son courage l’abandonner. Comme il fait beau ! [...] et le chant continue à résonner çà et là, sur les collines. Ce n’est pas une fanfare militaire, comme dans les villes, non ; mais ce sont les voix de la nature qui proclament le retour du printemps. Soudain, voici qu’un gazouillement se fait entendre au faîte d’un arbre : un petit oiseau se réveille. D’autres s’éveillent à leur tour et se mettent aussi à gazouiller ; ils se répondent. Le chant des oiseaux ! Un chant ? Non : un hymne ! L’émigrant ressent déjà un peu de nostalgie ; il y a en lui quelque chose de désespéré.
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Est-elle sans joie, la vie du paysan? Pas du tout ! Il a la compagnie des puissances supérieures, de ses rêves, de ses amours, de ses superstitions.
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Videos de Knut Hamsun (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Knut Hamsun
En librairie le 18 août 2023 et sur https://www.lesbelleslettres.com/livre/9782251454474/mysteres
Dernier tiers du 19e siècle : une paisible ville de la côte norvégienne est le théâtre d'événements mystérieux. Un jeune homme est retrouvé mort dans la forêt, les poignets tranchés par le couteau de la fille du pasteur, en même temps que débarque un étranger, Nagel, « charlatan étrange et singulier ». Crime ou suicide ? La question est sur toutes les lèvres, y compris celle du lecteur. En reconstituant les extravagantes apparitions de Nagel et en relatant ses interactions avec les villageois, le Prix Nobel de littérature Knut Hamsun explore la personnalité d'un héros insolite et insolent.
+ Lire la suite
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