La plage d'Ostende

Voici le troisième livre que je lis de Jacqueline Harpman et j'ai mis un mois et demi à le lire. Pourtant, il ne compte que 300 pages. Pour un lecteur ou une lectrice averti/e, ça ne représente pas grand-chose. Si vous saviez...

Il est vrai que je ne suis pas spécialement fan des histoires d'amour. Mais de temps en temps, pourquoi pas.

Et puis, si j'avais pas du tout accroché à "En toute impunité", j'avais été vraiment passionnée par "Moi qui n'ai pas connu les hommes" que je venais de terminer. L'incipit de "La plage d'Ostende" m'avait tout aussi accrochée, même s'il présumait d'étranges événements puisqu'il annonçait clairement que la narratrice tombait amoureuse d'un homme de 25 ans alors qu'elle-même n'en avait que 11... mais cette petite fille, Émilienne, ne pouvait lutter contre la passion qui la prenait et c'était cela qui nous était promis.

Eh bien, en guise de passion, je n'ai personnellement éprouvé qu'un ennui mortel...

Le style de Jacqueline Harpman, extrêmement travaillé, donnait un décalage absolu à "Moi qui n'ai pas connu les hommes". La vie absurde des personnages, l'absence d'explication à ce qui leur arrivait, ce monde incompréhensible qui les entourait... tout cela était structuré par l'écriture ciselée.

Dans "La plage d'Ostende", cela tourne à un style très "vieille France" (un comble pour une belge !), ce qui ne fait qu'ajouter à l'ennui déjà terrible que l'on éprouve à lire la vie bourgeoise décrite par la narratrice. C'est lourd, si lourd que toutes les quelques pages je lâchais ce roman. J'avais la sensation de traîner un énorme sac de gravats à chaque page, c'était vraiment fatigant à lire.

Une autre chose m'a dérangée : le côté extrêmement froid d'Émilienne. Pour quelqu'un qui aime passionnément, elle est vraiment glaciale et calculatrice, c'est impossible d'éprouver de l'empathie envers elle ou de s'intéresser à ce qu'elle prétend éprouver. C'est assez incroyable car elle évoque tout de même des choses terribles : ladite passion envers le beau Léopold, le désespoir de voir son promis se marier, deux viols (dont un conjugal), la perte de proches, le mépris de ses ennemies, la naissance d'une fille non-désirée, et j'en passe.
Mais le fait est que l'on s'en fout complètement tellement le tout est vidé de toute émotion.

Dernier problème très personnel : la vie d'Émilienne se déroule dans un univers aux convenances hypocrites, où l'on passe son temps à piapiater avec condescendance sur les autres et ce qu'ils font ou ce qu'ils ne font pas. Exactement le genre de monde que je déteste. Cela m'a hérissée tout du long.

Pour finir, avec ce volume je pense avoir terminé mon incursion dans le monde de Jacqueline Harpman. Je vais garder "Moi qui n'ai pas connu les hommes" dans ma bibliothèque consacrée à la SF/Fantastique car vraiment il vaut le détour, mais en ce qui concerne les deux autres romans je vais m'empresser de les laisser derrière moi afin de me consacrer à d'autres lectures.

Une amie me l a prêté en disant "c est une superbe histoire d amour". Mouais , pas convaincue .

A 11 ans elle tombe amoureuse de Leopold, ok possible.
Pendant 4 ans il ne la calcule pas, forcément, vu qu il a 14 ans de plus. Elle reste son aide peinture, si on peut dire mais sans plus. Elle l étudie pour savoir comment être, comment s habiller etc...en gros elle devient une autre on est d accord ? Tu parles d un amour si tu dois te changer pour quelqu un .

Ensuite un beau jour quand ELLE le décide, bim il tombe sous le charme. Pas avant, ni après, non au moment qu elle a choisit.
Elle s en fiche qu il est marié (même si mariage arrangé), elle le veut elle l aura. Et toute sa vie se passe sur cet amour.
En plus je le trouvais long, mais long...

Perso, je ne trouve pas ça une belle histoire non.

Je ne la relirai pas, c est certain, mais contente d avoir lu une auteur belge :)

Une petite balade dans une sorte de tableau impressionniste que je pensais pouvoir apprécier, mais malheureusement j'ai peu à peu été envahi par une forme d'ennui et j'ai lâché prise au moment d'entamer le chapitre « Mariage ».
Je resterai donc célibataire, et continuerai ma promenade vers d'autres lectures un peu moins « poussiéreuses » ou étouffantes comme cette bourgeoisie décrite par certains aspects avec force minutie, mais montrant aussi leur absence d'affects et un côté trop lisse à mon gôut.
Dommage…

L'écriture de Jacqueline Harpman est prodigieuse. Elle nous tiendrait en haleine avec n'importe quelle histoire et Oui-Oui passerait pour un chez d'oeuvre
La plage d'Ostende ne déroge pas à cette belle écriture. On tourne les pages sans pouvoir s'arrêter. Et pourtant...
L'histoire d'Emilienne n'est pas crédible. Cette gamine de 11 ans qui se forge un corps pour l'homme aime et qui y parvient a force de caractère est tout bonnement incroyable. C'est à dire qu'on n'y croit pas une seule seconde. Bien sûr une fois que l'histoire d'amour entre eux a commencé on peu y croire et de laisser emporter mais il reste jusqu'à la fin un sentiment d'incrédulité par rapport à ce tour de force. Et la dernière partie avec l'histoire de sa fille est encore plus risible.
Le roman dresse néanmoins un superbe portrait de cette bourgeoisie intellectuelle de l'après-guerre et des belles années de Bruxelles.