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EAN : 9782234025912
250 pages
Stock (01/09/1993)
3.98/5   88 notes
Résumé :
Un conducteur coincé dans un embouteillage, un jour de tempête à Bruxelles, est arrêté devant une maison de style éclectique. Fasciné par les habitants de cette demeure, il raconte leur histoire à la personne qui l'accompagne. Cette curieuse maison abrite en réalité une étrange famille, les Dutilleul. Il y a Emma, la grand-mère qui aime choquer ; Simone et Philippe, les parents professeurs, aspirés par la tornade qu'est leur vie familiale ; Emma, Clément, Delphine e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Jacqueline Harpman nous a quitté voilà déjà 10 ans. A la fois romancière et psychanalyste cette auteure propose à son lecteur une plongée en apnée dans la psyché de ses personnages devisant sur l'amour, le désamour, la vieillesse, le mariage, la fidélité, la sexualité, le flou des identités, les codes de la société , les tabous, la religion , l'athéisme ...
Attirée par ce titre ambigu, le bonheur dans le crime , j'ai pénétré "par effraction" dans la maison des Dutilleul avenue Franklin Roosevelt à Bruxelles. Un narrateur, un embouteillage monstre, un arrêt forcé devant cette maison, un passager à qui narrer l'extraordinaire histoire de cette famille, une histoire où le bonheur, ou la quête insatisfaite du bonheur a conduit au drame , où le crime est resté impuni.
Ce roman à nul autre pareil m'a fascinée, je me suis laissée portée par les mots, j'ai lu et relu certains passages émerveillée par la profondeur des propos tenus .
Je ne résiste pas à partager une phrase de son roman Orlanda dont elle avait fait sa devise:
"Je n'ai jamais eu la prétention d'écrire des histoires moralement correctes."
Une devise parfaitement illustrée par ce roman le bonheur est dans le crime.


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J'ai sorti de ma PAL le Bonheur dans le crime. Cela faisait longtemps que j'avais envie de relire ce roman qui, il y a longtemps (il a paru pour la première fois en 1993), m'avait éblouie et je me demandais avec un peu d'appréhension si le même bonheur de lecture serait au rendez-vous.

Eh bien j'ai eu la même impression de brillance, d'élégance, d'intelligence. Jacqueline Harpman crée avec brio et pourtant elle s'inspire de la nouvelle éponyme de Barbey d'Aurevilly (que je n'ai pas lue), qui raconte elle aussi une relation amoureuse hors-normes dans une maison de maître. La romancière maîtrise la mise en abyme avec le récit dans le récit (un homme profite d'un arrêt forcé pour évoquer l'histoire d'une maison de l'avenue Franklin-Roosevelt à Bruxelles) et la maison dans la maison (des passages secrets mènent à des chambres cachées à l'intérieur de la maison). Ces mises en abyme sont enrichies par de multiples jeux de doubles et de miroirs dans lesquels évoluent les personnages, ceux des générations précédentes et ceux de la famille actuelle : des prénoms semblables, des couples, des rôles identiques, ceux qui regardent et comprennent, médusés, ceux qui voient sans voir, ceux qui se regardent et ignorent tout superbement autour d'eux. Simone et Philippe, Clément et Emma, Emma et Emma, Delphine et Hippolyte, Dutilleul et Gaveau : jeux de miroirs aussi entre intime et image de soi, dedans et dehors, le tout brillamment orchestré par une grande dame de la littérature belge qui était aussi psychanalyste, rien d'étonnant à cela quand on observe la complexité de ces personnages et les racines profondes qui gouvernent leurs actes, leur être tout entier. Cela concerne aussi le narrateur, à la fois prêtre et médecin. Malgré les nombreux effets d'annonce, le lecteur qui découvre ce texte ne manquera pas d'être surpris en découvrant l'identité de la personne qui accompagne ce narrateur : la finesse de Jacqueline Harpman va jusque là. le tout servi par une écriture élégante (avec des imparfaits du subjonctif jouissifs), dont les périodes n'ont jamais ôté chez moi le sentiment de vivacité, de pétillement, un vrai bonheur de lecture, je e répète.

Ce fut une relecture passionnante !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Jacqueline Harpman est une auteure belge que j'apprécie vraiment beaucoup. Je l'ai découverte en 1995 avec "La plage d'Ostende", qui est, avec "L'insoutenable légèreté de l'être " de Milan Kundera, l'un des romans que je trouve les plus fascinants. Elle a l'art de subjuguer et de manipuler ses lecteurs. Elle est psychanalyste, et cela se devine, en particulier grâce à ses analyses psychologiques très fines des personnages. 

Dès la lecture de la quatrième de couverture, j'ai senti que "Le bonheur est dans le crime" allait me  bouleverser. C'est d'ailleurs la deuxième fois que je le lis:
"Un conducteur coincé dans un embouteillage, un jour de tempête à Bruxelles, est arrêté devant une maison de style éclectique... Étrange maison pour une étrange famille, les Dutilleul. Il y a Emma, la grand-mère qui aime choquer ; Simone et Philippe, les parents professeurs aspirés par la tornade qu'est leur vie familiale ; ainsi que les quatre enfants autour desquels se noue l'intrigue... À mesure que le récit progresse, des relations défendues se tissent entre les protagonistes et s'installe une atmosphère pesante où folie, suicide et « bonheur dans le crime » se côtoient."

Il est difficile de le résumer sans risquer de gâcher ce qui fait l'essence même de ce roman.

Jacqueline Harpman nous mène littéralement par le bout du nez tout au long de ce livre dont le titre semble tout dire et dont l'astuce n'est révélée qu'à la fin.
La dissimulation y joue un rôle essentiel : le mystère rôde autour de cette famille, ainsi que la folie. 
L'écrivaine y évoque en effet notamment les secrets de famille, et la quête de l'amour parfait, inaccessible.

Elle utilise un procédé de narration assez singulier : un premier narrateur omniscient introduit le récit du narrateur principal - que ce dernier conte au passager de son véhicule suite aux souvenirs induits par la vue de LA maison.
Ce qui rend ce roman d'autant plus original est que le narrateur raconte les personnages de l'intérieur, puisqu'il est lui-même un des personnages de ce récit. 

L'écriture de Jacqueline Harpman, ses descriptions, ses monologues ou dialogues, ses expressions,... sont magnifiques, et la psychologie des personnages complexe et subtile.

J'ai trouvé ce livre intéressant à plusieurs points de vue : l'histoire palpitante, les personnages profonds, la "maison-mystère" qui joue un rôle important, et surtout la capacité de la romancière à nous faire ressentir un certain malaise, évoluant chez moi en répulsion au fur et à mesure de la lecture. Et le fait que cette histoire s'ancre tant dans le réel la rend plus dérangeante encore.
Même si je l'ai trouvé assez glauque et sordide, je suis d'avis que ce roman vaut la peine d'être lu pour apprécier le style de l'auteure, la musique de ses mots, et pour se laisser guider par cette narration énigmatique...
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L'auteure emprunte son titre à une nouvelles des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly, de même que les prénoms de personnages de ce même recueil. D'autres liens existent certainement entre les deux textes tant ce court roman jour sur la dissimulation, les apparences et les sens cachés. Dans un embouteillage, le conducteur d'une voiture arrêtée devant une grande et belle maison ne peut s'empêcher de raconter à la personne à côté de lui ce qu'il sait des habitants de cette maison, trahissant ainsi le secret auquel il était pourtant soumis. Sous ce toit vivent l'arrière-grand-mère, le couple des parents et leurs quatre enfants. Mais cette maison abrite aussi des passages et des pièces secrètes et si les apparences brillent de mille feux pour le monde extérieur, l'intérieur cache un décor obscur où se tissent les noeuds d'une autre histoire. Une lecture qui donne envie de relire la nouvelle éponyme du XIXe siècle pour reprendre la partie de cache-cache et aussi de poursuivre la découverte d'autres titres de Jacqueline Harpman.
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Voici une auteure belge que je n'avais jamais lue. Et challenge 'variétés' oblige, il m'a fallu trouver un livre où la trame se déroulait dans ma ville.

Quelle bonne surprise ! J'ai découvert une écriture bien rôdée, hormis quelques coquilles dans l'édition. Une lecture bien plaisante où la narration tient en haleine jusqu'au bout, même si on a pu pressentir comment cela allait se terminer.

Je conseille en tout cas car cela vaut le détour.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Avez-vous déjà observé une chatte qui vient d'avoir des petits ? Pendant quelques semaines, elle se livre voracement à la maternité, rien d'autre ne lui plaît, elle ne consent que par politesse aux caresses du maître jadis bien-aimé et s'éloigne vite, d'un air agacé qui dit qu'elle a mieux à faire. Elle ne vit que pour les chatons, elle est ivre d'amour. Puis elle change. On prétend que son lait se tarit, c'est une sottise de gens sans imagination : en vérité, la passion s'éteint. Les petits qui l'aiment toujours, l'importunent, elle veut retourner à sa vie personnelle, qui est de se promener dans le jardin, d'y chasser et de rentrer quand elle le veut. Les mères humaines ne se conduisent pas ainsi, mais peut-être quelque chose en elles regrette cette liberté qu'elles ne peuvent pas reprendre et les attache d'autant plus férocement à la progéniture qu'il faut étouffer le désir de l'écarter d'un coup de patte ?
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Je crois que c’est là que je perçus la qualité particulière de ce qui se passait entre Clément et Emma. Vous comprenez bien que je les avais vus cent fois côte à côte, écoutant un cours, travaillant en salle, courant vers leur tram, mais je n’avais jamais senti ce qui se glissait entre les mots, sous les gestes, ce perpétuel émerveillement qui vibrait entre eux, car chaque parole faisait redécouvrir que l'autre existait, que ce miracle incroyable, ma sœur, mon frère, mon semblable était là, au bout des mots, prêt à recevoir ce qu'on lui proposait, plus que prêt [...]
Pendant longtemps, ils ne s’étaient pas rendu compte de ce qui leur arrivait. Chacun était l’interlocuteur favori de l’autre ; s'ils y avaient pensé, mais cela ne leur était pas venu à l’esprit, ils auraient supposé que cela tenait au fait d'être frère et sœur, d’être nés à quelques mois de distance, d’avoir partagé le même lit pendant toute l’enfance, où dormir emmêlés, que les âmes s'y modèlent naturellement enlacées. À deux, ils formaient une figure complète, mais ils pouvaient être à distance, la figure ne s’altérait pas car chacun la portait en soi, elle était leur respiration [...]
Mais comme je levais la tête pour décider où me transporter, je vis Delphine regarder Clément et Emma et je reconnus sur son visage la stupeur et l’effroi qui venaient de me traverser.
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Il est certain, quand un homme s'est tué par amour, qu'il avait des recoins obscurs dans l'âme. Peut-être fit-il construire la maison à son image ? Ou bien, s'apprêtant à vivre dans cette maison double, ouvrît-il des abîmes en lui ? Il y en avait en moi, que je ne connaissais pas, et j'étais passé cent fois devant les portes dérobées de mes profondeurs avant de les ouvrir. Parfois, je cherche à savoir si je serais capable de recommencer à vivre en n'habitant qu'une partie de moi-même. Je suppose que non.
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Il se vit,éveillé,jouissant dans sa soeur et poussa un cri d'horreur qui fut doublé par le feulement triomphant de la fille victorieuse. Alors, elle le laissat se libérer, il put enfin bondir, et elle s'abattit pieds nus sur le lit en désordre. Il se réfugia aussi loin qu'il put, dans l'embrasure de la fenêtre,tremblant, muet. Delphine reprit son souffle.
Tu vois bien que ça te plaît, dit-elle.
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Ce garçon était ce que j'aurais dû être et dont je ne m'étais pas approché un instant. Il avait une détermination sans emphase. Il reconnaissait sa routeà mesure qu'il avançait, il n'était pas perdu, il ne cherchait pas sa voie, il ne se torturait pas, il disait: - Tiens ! c'était donc par là ?
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Videos de Jacqueline Harpman (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline Harpman
Lectomaton, extrait de "La plage d'Ostende", de Jacqueline Harpman, lecture par une étudiante IESSID, bibliothécaire documentaliste.
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