Au milieu du siècle dernier, "le merveilleux" était encore géographique.
On imaginait le cœur de l'Afrique comme un royaume inaccessible, un lieu de prodiges et de légendes.
Le mystère des sources du Nil enflammait les esprits. Il fallait de la déraison ou le génie de l'excentricité pour quitter Zanzibar et conduire des caravanes à la conquête du grand fleuve.
Il fallait être anglais.
John Speke et Richard Burton étaient de ces fous inspirés.
Burton, un érudit alcoolique et dépravé. Le charme et la truculence mêmes. Le lieutenant Speke, mélancolique et sournois, très ambigu, fonçait droit devant lui, avalant savanes et forêts tropicales, increvable. Il n'avait aucun sens de l'humour.
Compagnons de route mais ennemis jurés jusqu'à la défaite tragique de l'un d'eux, ces explorateurs du rêve nous entraînent dans de périlleuses et authentiques extravagances que nous suivons, ivres de découvertes et de couleurs africaines, comme si l'énigme des Grands Lacs restait entière.
(quatrième de couverture de l'édition parue chez "Presses Pocket" en 1990)