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3,21

sur 231 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ouvrir « péchés capitaux » de Jim Harrison et c’est l’Amérique avec ses grands espaces qui s’engouffre dans votre imaginaire avec son héros, l’inspecteur Sunderson, 66 ans, flic à la retraite dans le Michigan...pas une Amérique idéale, conquérante, sûre de ses valeurs, mais une Amérique paradoxale, souffrante, violente....un monde loin des grandes villes, le fin fond de la campagne, des paysages sublimes, un paradis perdu proche de l’enfer sur terre .

Notre héros fait l’acquisition d’une cabane pour profiter de sa passion, la pêche à la truite, mais ne tarde pas à découvrir ses problématiques voisins, une famille tentaculaire qui sème partout le chaos. Ils commettent toute sortes de délits et de crimes, escroquent , volent et tuent. Les hommes boivent sec, battent les femmes et les enfants, violent les gamines, au moindre problème sortent les calibres et règlent tout par le vide. Ainsi, le clan voit ses effectifs diminuer de façon drastique au fil de règlements de compte internes qui en laissent pas mal sur le carreau.

Et Sunderson dans tout ça ? Il couche avec tout ce qui a un joli derrière dans son environnement, taquine la truite avec amour, échange avec son ami indien Marion, file au bout du monde dès que son ex-femme, qu'il aime toujours, l’appelle pour sauver Mona, sa fille adoptive, culpabilise à chaque gueule de bois, ou parce que sa maîtresse a 19 ans...un type plein de défauts, mais un type bien.

Comme tous les héros de Jim Harrison, il est son porte voix, il nous livre ses réflexions sur la vie, le vieillissement, l’impossibilité de résister aux belles femmes, la dépendance à l’alcool, la nature sauvage, l’Amérique, le monde, et le pouvoir de la littérature. Il est très humain, pétri de contradictions, attachant.

L’énigme posée par ses voisins l’intrigue comme un fait sociologique et percute ses souvenirs de flic. La violence, huitième pèché capital d’une Amérique, coupable du génocide des Amérindiens, un pays fondé dans le sang et la poudre, est le vrai sujet de ce « faux roman policier », qui pointe le paradoxe entre prescriptions religieuses culpabilisantes, et la réalité du monde.

Un grand roman, d’un grand monsieur de la littérature, une réflexion profonde, passionnée emportée par le style d’un géant ...Pour Jim Harrison, on manque toujours d’étoiles !

Pour Vanessa, Bookycooky et toutes les copines babeliotes avec lesquelles j’ai pu échanger sur ce livre, j’espère être assez convaincante.
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Quand Sunderson arrive à la retraite, il rêve de longues parties de pêche en solitaire dans le Nord Michigan, mais son passé d'inspecteur le rattrape par le voisinage de la famille Ames près de son chalet de pêche. Alcool, viols incestueux, violences en ville et entre eux, femmes maltraitées, manipulées, enfants laissés à l'abandon ou armés... personne n'ose s'en approcher. Sunderson se retrouve pourtant lié à eux jusqu'à ne plus pouvoir s'en sortir. Il vit, en parallèle, la souffrance de son divorce, l'âge qui prend le pas, l'alcool et ses pulsions sexuelles qui le dominent et le culpabilisent.
Jim Harrison parvient à nous entraîner dans les questionnements et réflexions de Sunderson qui tourbillonnent autour de lui, s'emmêlent jusqu'à nous perdre en une sorte de dialogue intérieur, au plus près de lui. Comment ne pas compatir, du coup, avec les épreuves que traverse cet homme vieillissant, faible et concupiscent, qui se révèle également sensible, concerné et généreux?
De la violence, il y en a, et une enquête aussi, ce qui pourrait en faire un roman noir, mais Harrison y met si peu de suspense que finalement, elle n'est qu'un moyen aux propos du roman.
Je n'étais pas enchantée par la lecture au début, mais maintenant que je l'ai fini et laissé reposer, je peux me rendre compte que ce roman m'a laissé de nombreuses réflexions en suspens et un sentiment général de douleur mélancolique, loin de l'image que Sunderson donne de prime abord.
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C'est une vraie découverte pour moi que ce récit, où l'auteur donne une vision très personnelle du monde et des États-Unis, bien loin des clichés véhiculés depuis des lustres. Un auteur majeur que l'on peut tout à fait recommander d'autant plus que la lecture est agréable et surprenante page après page.

J'aurais pu aussi bien le classer en roman moderne qu'en roman policier, avec une réflexion philosophique. Au final, je le rattache plus au roman policier par la forme du récit et par le style qui utilise pas mal d'argot (et il est indiqué en dessous du titre : « faux roman policier »). Tout classement est arbitraire et je suis persuadé que ce sont les livres les plus inclassables qui donnent le plus au lecteur et qui resteront le plus longtemps dans l'histoire des lettres.

Au départ il y a cette famille dégénérée et maudite, les Ames, et leur violence meurtrière, Sunderson, ancien inspecteur à la retraite dans le Michigan, se chargera de tenter de résoudre l'énigme. Sunderson, adepte de la pèche, des grands espaces et de la bonne bouffe, c'est bien sûr, Harrison lui-même...

Habituellement le récit policier se termine par la découverte du coupable et dans les moins réussi, la confession par le meurtrier lui-même… Là rien de tel, découvrir le coupable est plutôt secondaire.
Les Ames (nom de ce clan violent qui écume la région) sont peut-être aussi les « âmes » humaines imprégnées de leurs péchés révélés par la religion, les Sept Péchés Capitaux (orgueil, avarice, envie, luxure, gourmandise, colère et paresse) auquel l'auteur en ajoute un huitième, la violence. C'est là le vrai sujet car derrière le roman policier se cache une véritable réflexion sur cette violence :
« L'ajout de la violence à la liste des Sept Péchés Capitaux n'avait apparemment aucun fondement théologique solide. A certaines époques, toutes les religions semblaient se complaire dans la violence avec la bénédiction des plus hautes autorités spirituelles, et le Moyen-Orient paraissait ne s'être jamais remis des croisades. le pape Borgia, Alexandre VI, n'avait de toute évidence eu aucun scrupule à assassiner ses ennemis. Al-Qaida se servait de la foi pour pousser au meurtre. Un historien de talent pourrait comptabiliser les victimes assassinées par les musulmans et les chrétiens. On se demande ce que Mahomet et Jésus pensent de cette immense conflagration qu'on appelle l'Histoire. »

Le rappel du génocide indien sur lequel s'est construit son pays est judicieusement accolé à ce péché capital avec ses dix millions d'âmes exterminées (pour ne conserver que quelques centaines de milliers d'Indiens dans des réserves).

Les femmes sont systématiquement irrésistibles pour ce policier retraité qui ne pêche pas que les truites. C'est Mona, Sara, Monica, Laurel et bien d'autres qui sont l'objet de ses désirs et surtout Diane, dont il ne se remet pas suite à leur divorce et qu'il cherche à regagner. A noter que la violence, huitième péché capital et péché le plus condamnable pour Harrison, traîne systématiquement aux basques masculines alors que les femmes sont, soit victimes, soit manipulées.

La nature est omniprésente et toujours en toile de fond de l'action ainsi que la religion et son pouvoir néfaste.

Enfin au détour d'un voyage de Sunderson en Espagne puis à Paris c'est l'évocation du grand poète Federico Garcia Lorca assassiné par les milices franquistes en 1936.
J'ai considéré ce formidable dernier chapitre comme un hommage à l'Europe et à la poésie dont raffole Harrison (dommage que la poésie ne passe pas plus facilement la barrière des langues…).
Jim Harrison est au tout premier plan de la littérature américaine (on devrait dire Etats-unienne)... Découverte d'un auteur cultivé, intéressant qui a écrit des dizaines de romans, pas mal de recueil de poésie et plusieurs scénarios de films.

Retrouvez les critiques de mes livres "essentiels" sur le site "bibliofeel" ou "clesbibliofeel"
Lien : https://clesbibliofeel.blog/
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. L'ex-inspecteur Sunderson (celui de « Grand Maître ») ,divorcé malheureux, alcoolique et obsédé sexuel , est confronté à un double chaos : l'un externe ,généré par un clan de voisins psychopathes ,l'autre interne ,issu du conflit de ses pulsions et obsessions personnelles avec l'âge . Sous une apparence de faux polar suédois se révèle une interrogation profonde sur la violence et la destinée .
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Un inspecteur de police à la retraite, mélancolique, divorcé-toujours-amoureux-de-son-ex, alcoolique, intellectuel. Amour, vieux monde / nouveau monde, génocide indien, violence, difficulté d'écrire, luxure, beauté de la nature, pêche à la truite et bonne bouffe... plein de choses magnifiquement écrites dans ce livre génial.
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