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EAN : 9782221271742
368 pages
Robert Laffont (21/09/2023)
4.05/5   61 notes
Résumé :
Colorado, janvier 1977. À l’hôpital où elle est alitée, Edith Goodnough, quatre-vingt-huit ans, reçoit la visite d’un officier de police. Elle est accusée de meurtre. Un sac d’aliments pour volaille éventré et un vieux chien attaché dehors un froid après-midi de décembre constituent les indices qui l’accablent. Ses mobiles ? La dureté du milieu agricole et une famille aussi impitoyable que la prairie en hiver.

Kent Haruf nous livre dans son premier r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Kent Haruf (1943 – 2014) est un écrivain américain. Fils d'un pasteur méthodiste et d'une enseignante, il étudie à la Nebraska Weslayan University où il obtient son diplôme. Avant de commencer à publier ses oeuvres, il exerce différents métiers : agriculteur dans un élevage de poulets, ouvrier, bibliothécaire, enseignant dans un corps de paix en Turquie, puis enseignant à l'université. Son oeuvre est très mince, cinq romans traduits, Ces liens qui nous enchaînent, le dernier paru l'an dernier est en réalité le premier de sa bibliographie (1984).
Colorado, non loin de Holt, en 1977. Edith Goodnough, une vieille femme de plus de quatre-vingt ans, est alitée à l'hôpital sous la surveillance de la police qui la soupçonne d'un meurtre. Sanders Roscoe, son seul ami et voisin, enrage et décide de nous raconter toute cette longue et dramatique histoire qui explique la situation actuelle…
J'irai directement au but : la trame narrative squelettique du roman ou son fil conducteur, est époustouflant mais l'ensemble global ne m'a pas complètement satisfait car trop éclaté, trop éparpillé. Je pardonne et comprends puisque c'était son premier roman et aussi parce qu'on y voit déjà que c'est un grand écrivain ce que m'avaient confirmé précédemment ses autres romans que j'avais beaucoup aimés.
Ce roman est une très longue histoire puisque qu'il débute avec l'exode vers l'Ouest et les Hautes Plaines des parents d'Edith profitant de l'attribution par le gouvernement de terres vierges aux colons. Pour Edith, la vie ne sera jamais un long fleuve tranquille, avec son frère Lyman, elle endurera la rudesse d'un père autoritaire et violent (« Un homme renfermé au naturel méchant ») mais jamais elle ne se rebellera, elle acceptera/subira tout, les travaux épuisants de la ferme, et bien plus tard, elle renoncera même à épouser son voisin qui l'aurait sortie de sa vie n'ayant aucun sens, pour ne pas contrarier son père. Un père de plus en plus contraignant, devenu invalide mais toujours acrimonieux, qu'elle accompagnera jusqu'à la fin, stoïque dans son sacrifice. Et après le père, ce sera au frère ayant perdu l'esprit qu'il lui faudra donner ce qui lui reste de forces et l'issue finale aboutissant à l'hôpital et la police… pour cette femme ayant sacrifiée sa vie et son bonheur à sa famille avant de prendre enfin sa liberté dans un ultime et désespéré sursaut.
Les scènes d'émotions sont multiples, certaines touchent au sublime et à ce petit jeu Kent Haruf est un maître. Techniquement l'écriture ne souffre d'aucun défaut, le texte est très précis, très détaillé, les descriptions très visuelles (travaux de la ferme, des champs…) le lecteur ressent dans son corps la dureté du travail de ces fermiers qui vouent leur vie à ces terres, un combat de tous les jours et de toute heure.
Il y a donc énormément de choses magnifiques dans ce bouquin mais il y a aussi tant de digressions trop détaillées qui sans sortir du sujet nous en écartent quand même ; de liaisons, de mariages, d'enfants qui naissent, de ces fameux liens qui enchaînent les uns aux autres, les Goodnough et les Roscoe tout au long de ce quasi siècle, que la lecture du roman en devient un peu chaotique, parfois j'avais envie de sauter une page ou deux pour en revenir au fil directeur.
Conclusion, un roman avec des défauts mais ils sont néanmoins pardonnés car sur le fond, le récit est puissant et annonce déjà l'écrivain de talent à venir.
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C'est étonnant à quel point ce roman peut prêter à des interprétations différentes selon que l'on en fait une lecture féministe ou plus classique.
Dans la catégorie "portrait de femme forte", on évoquera sans doute le portrait d'Edith Goodnough, l'héroïne du roman de Kent Aruff.
Au début du XXe S, sur les terres arides du Colorado, un fermier tyrannique élève ses deux enfants, après la mort de son épouse. L'homme est violent, dur à la tâche et ne laisse aucun répit à sa fille Edith et à son fils Lyman.

L'auteur donne une vision sans concession du travail à la ferme, bien loin de l'idéalisme de certains romans américains qui prônent le retour du travail de la terre. de la même manière, les conditions de vie, la solitude, l'isolement, l'épuisement font l'objet de descriptions parfaitement réalistes.
Le courage dont Edith fait preuve dans l'accomplissement des tâches quotidiennes et dans le soutien qu'elle apporte à son frère n'est pas remis en cause. Ce qui questionne, c'est le sacrifice de sa vie sentimentale au nom du devoir.
Malgré ses sentiments, elle refuse le mariage proposé par son voisin John Roscoe pour ne pas contrarier son père qui ne peut accepter qu'elle épouse un gitan.
Le reste de sa vie consistera en une succession de sacrifices pour prendre en charge son père devenu handicapé, puis son frère atteint de sénilité.

Il est alors temps de s'interroger : pourquoi la société assimile-t-elle toujours le courage d'une femme à la quantité de sacrifices auxquels elle consent?
Pourquoi " ces liens qui nous enchaînent" sont-ils généralement portés par des femmes que l'on qualifiera d'héroïques ?
Pour préserver la structure familiale, Édith n'a connu que souffrances et renoncements et si on peut reconnaître la supériorité de sa force de caractère par rapport aux hommes de la famille, j'aurais préféré qu'elle mette son énergie dans le choix d'une vie plus enrichissante et son courage dans la révolte contre la tyrannie patriarcale.
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Années 1900-1980. Nous sommes dans le monde rural du Colorado où l'âpreté et la dureté d'une vie de paysans sont parfaitement rendues. Edith Goodnough et son frère Lyman sont enchainés sur cette terre par leur père tyrannique et violent et je souffre avec eux dans cette ferme où ils travaillent comme des forçats pour survivre.
Leur voisin, la famille Roscoe, est la seule fenêtre ouverte sur le monde extérieur. Lyman, le frère, va réussir à s'extirper de cet enfer alors qu'Edith se sacrifiera pour sa famille. C'est une magnifique histoire et une belle peinture de ce que peut endurer un être humain dans le total sacrifice de soi. Une très belle lecture et des personnages d'une grande humanité.
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Ce roman est d'abord l'histoire d'une vie de renoncements. Née dans une ferme isolée du Colorado, d'un père tyran et d'une mère effacée, Edith Goodnough se retrouve vite en charge du foyer. Travail de la ferme, et prise en charge d'un petit frère à faible caractère face à un père qui en demande toujours plus, prenant ses enfants pour une main-d'oeuvre malléable à merci. Edith ne pourra même pas aller à l'école et aura une enfance martyre.
Une fois adulte, elle connaîtra un court répit, le temps d'un été, où son voisin lui fera la cour. Mais celui-ci, métis, sera rejeté par le père. Puis la Seconde guerre mondiale arrivant, son jeune frère disparait pour s'engager. Refusé par l'armée, il voyagera dans tous les États-Unis plus de 20 ans durant. Edith est alors isolée face un père vieillissant mais de plus en plus agressif et excessif. Seul son voisin, et son fils, l'aideront avec leurs moyens.

La publication du premier roman de Kent Haruf (Le chant des plaines, Nos âmes, la nuit pour ne citer qu'eux) longtemps après la sortie des autres livres de l'auteur et des années après sa mort, pouvait faire craindre un fond de tiroir bien décevant. Il n'en est rien. Tout l'univers de Kent Haruf est déjà là : outre la ville de Holt County, l'auteur décrit avec empathie la vie de gens simples, vivant chichement et durement dans un univers hostile. Un microcosme où chacun se connait et observe le voisin sans pour autant forcément s'ingérer. Une vie paysanne réglée par les saisons et la météorologie.
Et surtout le portrait d'une femme courageuse, cette Edith qui par amour pour son frère saura sacrifier son bonheur. Émouvant de la première à la dernière page.
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Il s'agit du premier roman qu'a écrit Kent Haruf et le dernier traduit en français. Et c'est avec une petite pointe de tristesse que j'ai refermé ses pages car je sais que je ne lirai plus d'autres livres de cet auteur excellent. J'ai déjà lu tout les autres et l'auteur n'est aujourd'hui plus de ce monde.
C'était son premier roman et certains y ont vu quelques imperfections de débutant, lui ont trouvé quelques longueurs, mais pour moi il est parfait. Il est tout ce que j'aime. Détaillé, et magnifique dans ses explications d'une vie dure au Colorado dans le début des années 1900 et jusque dans les années 70.
Sanders Roscoe raconte l'histoire de la famille Goognough, leurs voisins les plus proches. Et par là même celle de sa famille à lui. Il raconte la force de caractère d'une femme, Edith, face à un père violent, ingrat, ignoble en fait, et un frère effacé, soumis qui prendra un jour la fuite en l'abandonnant à cet individu malfaisant.
Ça a l'air terrible dit comme ça, et sûrement que ça l'est. Pourtant on ne peut qu'admirer la façon dont Edith a surmonté la dureté de son existence en se contentant de petits bonheurs minuscules. La proximité de ses voisins, les Roscoe, avec d'abord John puis son fils Sanders lui offrait un échappatoire face à ce père à la méchanceté gratuite.
Le narrateur parlera aussi de ces quelques années de bonheur tranquille lorsque Lyman, le frère disparu reviendra au bercail plusieurs années après la mort du vieux monstre. Toute une vie de labeur déroulée sous nos yeux de lecteurs touchés par ce récit difficile et pourtant beau .
Une lecture émouvante et belle. Kent Haruf et ses mots si justes vont me manquer.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les types comme lui se figurent qu'en partant de Denver et en faisant vers l'Est les deux cent cinquante kilomètres jusqu'ici, ils vont tomber sur des gens qui connaissent rien à rien. Ils se figurent qu'ils doivent tout nous apprendre, à nous autres pauvres péquenauds de la campagne.
(p. 16)
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Parfois, d’ailleurs, en pensant à cette histoire, j’ai l’impression qu’elle se réduit à ça : une série de routines singulières. Certaines durèrent quatre ou cinq ans et d’autres vingt ans, mais c’étaient quand même des routines, équivalentes à ces chemins sinueux que creusent les vaches pour aller boire, chercher un peu de repos et lécher un bloc de sel, puis qui repartent se perdre dans les étendues sableuses du comté de Holt. Bon sang, vous verrez ce genre d’ornières dans tous les pâturages.
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Roy perdait un peu la boule avec la chaleur et la sueur salée qui lui coulait dans les yeux, or le fil tenait bon. Il tirait dessus, le tordait, or le fil ne voulait pas venir, et il continuait à le ployer, à le faire aller et venir brutalement… tout à coup il céda si brusquement, il se cassa si subitement que Roy se releva trop vite et se cogna très fort la tête contre une pale du tambour.
« Bordel à cul, hurla-t-il, bouillant de fureur. Bordel à cul de bordel à cul. »
C’est à cause de ça. À cause de ça, de ses hurlements de colère effrénée que c’est arrivé. Rien de surprenant, d’ailleurs : cette voix dont il ne se servait que pour donner des ordres aux gens ou pour vous insulter, vous dénigrer, cette voix qu’il semblait ne pas savoir utiliser d’une manière un tant soit peu gentille… c’est sa propre voix, vibrante d’une colère effrénée, qui eut raison de lui. Parce que, vous comprenez, les chevaux avaient chaud. Les chevaux étaient tendus, nerveux, agités, fatigués par ses hurlements et sa manière féroce de tirer sur les rênes. Et puis ils étaient habitués à être mis en branle par ses cris, et de toute façon ils ne savaient pas distinguer ses « Allez, hue ! » de ses « Bordel à cul ».
Or il avait hurlé « Bordel à cul ». Deux fois.
Alors les chevaux s’élancèrent. Les six chevaux de labour poussèrent de toutes leurs forces sur leur harnais, et la faucheuse bougea, elle fit un bond en avant. Elle n’était plus stoppée par le fil de fer. La longue pale du tambour tourna, le frappa violemment, un coup contre la nuque. Il tomba à quatre pattes. Il voulut amortir sa chute, mais ses doigts se prirent dans les lames acérées des sections. Il les avait affûtées lui-même ce matin-là sur la meule ; elles étaient tranchantes comme des rasoirs. Maintenant ses doigts étaient au milieu, entre les lames étincelantes, et ses doigts se faisaient déchiqueter, réduire en une bouillie d’os et de chair, cassés, découpés, broyés.
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Alors Edith continua, bien sûr, à faire la cuisine et le ménage, à raccommoder les vêtements, à faire la lessive et à repasser le linge. Il fallait aussi qu'elle s'occupe du potager : planter, biner, arroser, mettre les légumes en conserve ou les faire macérer dans le vinaigre. Elle avait aussi le bois à couper et à rentrer, les poules à nourrir, les œufs à ramasser et à nettoyer. Et puis aussi, maintenant, chaque matin et chaque soir, en plus de toutes les autres besognes, elle devait se charger de la traite. ( p 77 )
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Ma mère avait ses activités paroissiales, son cercle de femmes, et elle fut membre de la commission scolaire pendant un trimestre ou deux. Mais les années de guerre furent pénibles pour elle : elle ne pouvait pas rester à la pointe de la mode. Les étagères et les portants du magasin de confection de Holt étaient presque tout le temps vides, et on ne pouvait pas acheter de tissu pour se faire quelque chose soi-même. L’armée accaparait tout le coton et toute la laine de qualité pour les uniformes.
« Ils prennent tout, disait ma mère. Tout ça pour que ce tissu finisse sali. Ou perforé. »
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Vidéo de Kent Haruf
Kent Haruf speaks about his novel "Plainsong".
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