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Cécile Arnaud (Traducteur)
EAN : 9782221267684
368 pages
Robert Laffont (14/03/2024)
4.26/5   46 notes
Résumé :
Le destin d`une jeune femme au cœur des étendues sauvages du Colorado à la fin des années 1940 : un premier roman puissant.

Victoria Nash a dix-sept ans à la fin des années 1940, et elle gère d`une main de maître le verger de pêches de son père, à Iola, petite ville du Colorado entre montagnes et rivières. C`est la seule femme survivante de sa famille, et elle doit cohabiter avec un père colérique, un oncle acariâtre, et un frère violent. Lorsqu`elle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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« J'avais été une enfant sage. Obéissante, serviable, respectueuse de mes aînés. J'avais lu la Bible. J'avais déposé des pêches dans les paniers comme si chaque fruit était fait du verre le plus fin. Grâce à moi, la maison était toujours propre, les ventres pleins, le linge plié, la ferme tenue. Je ne posais pas trop de questions, ne laissait personne m'entendre pleurer. J'avais appris à grandir sans mère. Puis j'avais croisé par hasard un inconnu crasseux au carrefour de la Grand-Rue et de la North Laura et j'étais tombée amoureuse. Tout comme une seule averse suffit à éroder les berges d'une rivière et à en changer le cours, un événement unique dans la vie d'une jeune fille peut effacer ce qu'elle était auparavant. »

Lorsqu'on fait connaissance de Victoria, nous sommes en 1948. C'est une jeune femme de 17 ans qui n'est jamais sortie d'Iola, petite ville rurale du Colorado nichée entre montagnes, forêts et rivière Gunnison. Avec simplicité et évidence, elle se dévoue pour sa famille ( son père, son oncle, son frère ) et le travail dans les vergers pêchers. Elle a tout à découvrir de la vie. Et c'est son coup de foudre pour Will, un Amérindien vagabond qui va en bouleverser le cours.

Dans ce roman initiatique extrêmement touchant, impossible de ne immédiatement s'attacher à Victoria.  Shelley Read compose un de ces magnifiques personnages féminins qu'on peine à quitter une fois la dernière page lue ( j'ai pensé à Kya dans Là où chantent les écrevisses ). Son passage à l'âge adulte se fait dans la tragédie : tragédie du passé ( la mort d'une partie de sa famille lorsqu'elle était enfant ), tragédie du présent ( chut ) qui la poussera à prendre une décision de femme, tragédie du futur ( annoncée dans le prologue avec la disparition de la ville d'Iola, submergée par la construction d'un réservoir d'eau ). On la voit grandir de 1948 aux années 1970, se construire, seule, dans un monde d'hommes.

« Les paysages de notre jeunesse nous façonnent, et nous les portons en nous, riches de ce qu'ils nous ont donné, nous ont volé et de ce que nous sommes devenus. »

Le roman a des accents très « romance » avec un amoureux un peu trop parfait. Des accents très mélodramatique aussi, parfois trop outrés avec un frère un peu trop ignoble ; et un hasard qui fait un peu trop bien les choses dans le dernier quart pour qu'on y croit totalement. Mais ces facilités scénaristiques passent parce que c'est Victoria qui raconte depuis son point de vue, avec ses souvenirs forcément idéalisés ou dégradés par la patine du temps qui fait sa sélection. Oui, c'est chargé, avec des thématiques lourdes ( notamment le racisme à l'égard des Amérindiens ), mais oui tout passe.

Et puis, il y a ces passages très nature writing que j'ai vraiment adorés. La nature, celle de la forêt, de la rivière, du verger, est décrite de façon vivante, lyrique en faisant un personnage à part entière. C'est elle qui, enveloppe Victoria jusqu'à la symbiose, jusqu'à la sauver en l'accompagnant dans son devenir de femme fière de ce qu'elle est et assurée dans ses décisions, en paix.

« Go as a river » nous dit le très beau titre, incantatoire, mantra de Victoria qui incarne magnifiquement son chemin de résilience.
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Je remercie Babelio de m'avoir proposé ce livre dans le cadre de la masse critique ainsi que les éditions Robert Laffont qui me l'ont envoyé.

C'est un roman noir développant une histoire simple, emplie d'émotions certes déjà vues ou lues, mais qui prennent un résonance très forte dans le cadre de la nature du Colorado.

C'est un roman à la fois tendre et violent où la mort, accidentelle ou meurtrière, voire naturelle pour le grand âge, frappe à plusieurs reprises et l'héroïne, Victoria, jeune fille et très vite femme superbe accomplie garde un courage magnifique devant toutes les épreuves. Elle aime, Victoria, toute jeune, elle survit, vit, réalise des choix, dont le plus douloureux la laisse à la fois dans les regrets et dans l'espérance. Elle a choisi d'espérer pour son enfant une vie qu'elle ne pouvait lui donner, du moins le croyait-elle, mais comment à savoir à son jeune âge quels pourraient être les aléas du destin.

Victoria, c'est une belle héroïne que l'on retrouve sous d'autres noms dans les meilleurs romans de nature writing, elle n'est guère différente de ses consoeurs, elle lutte, se bat, espère, diffuse du bien autour d'elle.

Alors, il est vrai que l'histoire peut tourner un peu à la romance doucereuse, sans toutefois sombrer jamais dans la mièvrerie. Victoria porte de vrais sentiments, elle est forte et fragile à la fois, elle assume tous ses actes, elle aime, elle va au bout de ses objectifs.

L'un des atouts du roman est naturellement son cadre, l'ouest américain, une belle vallée qui doit être noyée à terme pour la construction d'un barrage et toutes les images de la nature portées par ce roman s'inscrivent admirablement dans les paysages de montagnes, de vallées, de prairies, de forêts qui sont la richesse des oeuvres du genre.

Alors Shelley Read ne peut bien sûr être comparée aux grands du nature writing, mais elle livre un premier roman prometteur avec un réel talent ne demandant certainement qu'à s'exprimer dans de futures oeuvres.
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Dans ce roman coule une rivière, des larmes, la perte, l'absence d'êtres aimés, le jus des pêches mûres à point et sucrées...

On est en 1949 dans le Colorado et la famille Nash posséde un verger exceptionnel, toute leur vie est tournée vers le ciel, la pluie, et ce qui fait leur réputation, ce fruit gorgé de soleil qu'il faut savoir cultiver et cueillir à point, ni trop tôt, ni trop tard dans l'été. On est aux USA et bientôt les hommes en âge de se battre seront envoyé au front. Certains ne reviendront pas, d'autres seront abimés, cassés. On est dans la grande histoire et dans la petite, celle d'une famille qui ne sera plus jamais la même
Quand on fait sa connaissance, Victoria a dix-sept ans, et c'est elle qui s'occupe de la maisonnée, de "ses" hommes, qui fait les repas, nourrit les animaux.
On est loin de la ville et les préjugés sont solidement ancré, et un "basané" n'est pas le bienvenu. La guerre, les morts : ces hommes n'ont rien retenu, et Victoria affrontera ses tragédies avec une maturité, un courage et une débrouillardise étonnante : que vouliez -vous qu'elle fasse ?
De 1949 à 1971, on suivra Victoria, c'est long une vie, c'est lourd aussi, parfois...

C'est un roman magnifique , proche du style Nature Writing , lyrique par instants, fort émouvant parfois. Un portrait de femme si jeune, mais si forte, des hommes qui souvent sont capables d'un beau gachis et même du pire.
Je retiendrais, l'eau, les pierres si rondes qu'elles ressemblent à des pêches, dont l'odeur envahit votre imaginaire... je retiendrais l'amitié, la maternité sous toutes ses formes, si belles, si pures , si généreuses, et si terribles parfois. Tous ces bébés. Tous ces jeunes hommes dont on tirait la date de naissance pour la guerre du Vietnam.
Je retiendrais la nature comme ressourçante et guérisseuse , et ce jus de pêche sucrée qui coule au milieu de ces pages, là où la rivière te porte...

Merci aux éditions Robert Laffont et à Babelio pour cette Masse critique privilégiée et ce beau voyage...
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Premier roman de Shelley Read... Et c'est une perle !
En 1948, Victoria a dix-sept ans. Elle vit dans la ferme familiale dirigée par son père, avec son frère Seth de deux ans son cadet et de l'oncle Org handicapé. Ils sont réputés pour leur production de pêches. Sa mère est décédée dans un accident quelques années auparavant. C'est en allant dans la petite ville d'Iola qu'elle y croise Wilson Moon, un vagabond qui lui demande son chemin. le déclic se fait immédiatement entre eux. Mais elle va découvrir qu'il est indien et que dans cette contrée du Colorado ce n'est pas une qualité...
Shelley Read nous emporte dans l'histoire de cette jeune fille puis de cette femme jusque dans les années 70. Elle nous épargne les mièvreries idiotes que l'on trouve souvent dans les premiers romans. le récit est bien construit et même si l'auteur s'égare parfois dans des descriptions oniriques ou des états d'âme au détriment de l'action, elle nous rattrape vite par la dureté de certaines situations ou la beauté de cette région du Colorado qu'elle connait si bien. Elle colle parfaitement à son titre, nous emportant dans le courant de sa rivière imaginaire, nous ballotant tantôt dans des eaux agitées parfois mortelles, tantôt dans des eaux au calme reposant. Car ainsi va la vie !
La nature y tient une place de choix, faune et flore y sont largement décrites, l'esprit de Henry David Thoreau plane parfois au-dessus de ces pages pour notre plus grand bonheur.
Même si ce ne sont pas du tout les mêmes histoires, on retrouve les sensations envoutantes de « Betty » de Tiffany McDaniel ou de « là où chantent les écrevisses » de Delia Owens. Shelley Read sait nous atteindre de la même façon. Elle joue merveilleusement bien avec notre corde sensible et la mélodie qui s'en élève nous enchante.
On ne peut qu'espérer que l'oeuvre de Shelley Read s'étoffe rapidement de nouvelles histoires.
Merci à babelio masse critique et aux éditions Robert Laffont pour la découverte en avant-première de cette auteure et de son magnifique premier roman. Pour une première c'est un coup de maitre.
Traduction de Cécile Arnaud.
Editions Robert Laffont, 361 pages.
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Une belle épopée, comme savent si bien les écrire la génération actuelle des écrivains américains !

L'héroïne est une toute jeune fille, orpheline de mère, dans une ferme du Colorado qui tire ses revenus de la culture de pêches, les si réputées pêches Nash, que l'on rêve de savourer à chaque fois qu'elles sont évoquées dans le roman. Mais la vie quotidienne n'a pas la douceur de la peau de ces fruits juteux. Un père taiseux, un frère violent et un oncle ravagé par la guerre, avares de compliments, peu prompts à reconnaître le travail qu'elle assume depuis la disparition de sa mère, entretenir la maison et préparer les repas.

Il suffira de quelques pages pour que l'inattendu survienne et que soit bouleversé à jamais le destin de Victoria.

Dans la tradition du nature-writing, de superbes descriptions des paysages agrémentent le récit. On y retrouve, sans la violence, l'ambiance de Betty de Tiffany McDaniel. On dévore avec autant d'appétit qu'une pêche juteuse les pages de ce roman qui semblent tourner toute seules.

Cela n'empêche pas l'autrice d'aborder des sujets graves, le racisme, l'oubli des drames qui ont fondé les Etats-unis, et le mépris des femmes.

Premier roman qui sera, il faut l'espérer suivi d'autres productions aussi réjouissantes.

Merci à Babelio et aux éditions Laffont

368 pages Laffont 14 mars 2024
Masse critique Babelio

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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critiques presse (1)
Actualitte
07 mars 2024
Engloutie sous les eaux d’un lac, la vie s’est figée : seuls demeurent les vestiges humains, les murs, les maisons. Plus rien ne subsiste : des ruines, inaccessibles, mais présentes dans les profondeurs. Pertes et mutations des paysages où l’humain avait déployé son existence… Va où la rivière te porte de Shelley Read (traduction : Cécile Arnaud) est un voyage dans le temps : les strates d’une Amérique à exhumer.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (67) Voir plus Ajouter une citation
«  II parait que les habitants sont expulsés, dis-je,
uniquement pour entendre sa réponse.
- Déplacés, corrigea-t-il d'un ton monocorde. Pour laisser place au progrès, madame. »
Alors que l'adjoint reculait et me faisait signe de franchir le pont, je m’interrogeai sur les limites du progrès et me demandai si nous saurions nous arrêter avant de les franchir.
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Parfois, une femme se divise en deux. Parfois, au moment où quelqu'un qu'elle aime profondément s'éloigne, elle offre au monde une image stoïque, pleine de dignité et d'abnégation, pendant que son moi intime hurle et court après cet être aimé et l'attrape et le plaque au sol en le suppliant de rester.
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Imaginez ce qui hante le fond obscur d'un lac. Des débris, charriés par des cours d'eau ou jetés des bateaux, ramollissent et se désagrègent. D'étranges poissons lippus nagent comme ils respirent, loin des hameçons. Imaginez des parterres d'algues, semblables à des femmes aux corps déliés dansant à l'abri des regards. Approchez-vous du bord, laissez les vaguelettes laper vos chaussures, et imaginez, tout près, un monde à part, aussi silencieux que la lune, hors de portée de la lumière, de la chaleur et du son.
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Quand les coups frappés à la porte vous réveillent en sursaut ; quand vous distinguez les silhouettes raides de deux hommes en uniforme attendant derrière la vitre; quand votre coeur pèse déjà plus lourd qu'un boulet de canon mais qu'il vous faut tout de même aller ouvrir et recevoir la nouvelle - il n'y a pas de mots.
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Les orteils agrippés aux cailloux glissants pour garder l'équilibre contre le courant, je fermais les yeux et j'écoutais. Je ne saurais dire exactement ce que me racontaient ces eaux transparentes. Je sais seulement que tout était vrai.
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