Chronique vidéo
Prises de notes, vidéo plus longue mais un peu fouillis : https://www.youtube.com/watch?v=AF_0JPXoRik
Une littérature conservatrice, qu'on peut facilement classer dans la même veine qu'un
Nathan Devers, c'est les deux faces de la mêmes pièces d'une bourgeoisie qui a peur, même s'il faut admettre que lui se situe sur un créneau plus réac, mais enfin,
Lilia Hassaine ne va pas beaucoup plus loin, dans son roman que l'antienne inquiète du « On va quand même pas mettre de caméra dans les chambres », où nous mèneront les « populismes », etc, etc. (Je serais presque curieuse d'écouter une critique de Bégaudeau, je pense que ce roman est symptomatique de ce qu'il décrit quand il parle de la bourgeoisie cool.) Dans le préambule de son roman, est mise en place une sorte de démocratie directe, et forcément, parce que c'est son point de vue qu'elle donne sur le sujet, ça va passer par des excès, une purge. On sent que c'est ça, dans le fond, qui leur fait peur, à nos
Marie-Antoinette, c'est le débordement, le refus d'obtempérer, que la plèbe transforme le régime politique dans lequel elle vit une tyrannie.
Au niveau du style, ça s'est un peu amélioré depuis
Soleil amer, toutefois, c'est pas encore ça, on est encore dans le constat froid, anémique, ça manque de texture, de mise en perspective, on a même, et c'est ce qui me fait rire avec elle, des tics journalistiques jamais traités comme tel. Au début du roman, on a par exemple, un « elle a refusé d'obtempérer ». Personne ne parle comme ça dans la vraie vie, faudrait lui dire que l'efficacité journalistique, c'est le contraire de la littérature. Ici, elle veut aller droit au but, mais elle perd la sensorialité, la texture, ce qui fait le sel du roman, en même temps je suis les conseils d'un de vous de lire
Marelle de
Cortazar, ben bon sang, qu'est-ce qu'on en est loin, qu'est ce qu'elle se fourvoie, Lilia. (et pas qu'elle, je tiens à le dire, la majorité des textes qui sortent se fourvoient). Que ce soit dans la structure de la phrase, ou les réflexions qu'elle propose, elle dépasse jamais le lieu-commun, et en ça, elle n'a pas changé d'un iota de son précédent roman.
La scène où sa fille fait du sport et que les pompiers la regardent et qu'elle dit « ils n'ont qu'à pas regarder ». ça s'inscrit parfaitement dans la culture du viol. Et on pourrait croire qu'elle est neutre, quand elle écrit ça, que c'est juste pour camper son personnage, mais suit un laïus sur Instagram et comment on met en scène son corps. Je dirais qu'il y a quelque chose de classiste là-dedans, à la fois contre l'horizontalité qu'offre les réseaux sociaux en termes de temps de parole, de mise en lumière, mais aussi contre les instagrammeuses, ces filles qui arrivent grâce à leur corps dans un premier temps à quitter leur classe sociale.
Lilia Hassaine était prédestinée à être qui elle est, elle a suivi les bonnes études (hypokhâgne), a pu faire le bon stage au Monde, elle a sûrement l'illusion que certains méritent plus leur place près du soleil que d'autres, en tout cas, c'est ce qui transparait dans son texte. En fait, elle voit pas que son personnage, à ce moment là, n'a pas choisi que les murs soient transparents et que n'importe qui peut voir son intimité, de la même manière qu'elle est totalement aveugle au fait que ces nanas sur instagrams sont conditionnées à partager la leur — à cause de ce miroir aux alouettes que des émissions auxquelles elle participent leur tendent — tout le monde veut son quart d'heure de gloire parce que c'est ce qu'on leur dit depuis leur enfance, que c'est comme ça « qu'on s'en sort ». En fait, dans sa critique, elle s'inscrit parfaitement dans la lignée de
De Vigan, on voit qu'elles décrivent jamais la violence qui mènent certaines jeunes femmes à faire partager, à vivre pour le regard extérieur — si tant est, en plus, que ce soit mal.
Lien :
https://www.youtube.com/watc..