Les lumières des maisons, les reverbères, les enseignes lumineuses, toutes les lumières humaines sont éteintes, rien ne brille à part les phares des voitures. Ce lieu est différent de tous les endroits que nous venons de traverser. Oui, notre véhicule vient enfin d'arriver à Rikuzentakata. En traversant le pont Mattade, dans l'obscurité, on distingue des voitures défoncées accumulées sur le bord du chemin, et à la balustrade du pont, on devine que sont accrochées toutes sortes de choses, des plantes recouvertes de boue, des sacs en plastique. Ce pont est assez haut au-dessus du niveau de l'eau et à l'intérieur des terres, à bien cinq kilomètres de la mer, pourtant le tsunami avait une telle hauteur qu'il a atteint la balustrade et a continué son avancée le long du lit de la rivière, renversant tout ce qui se trouvait sur les rives. De l'autre côté du pont, se trouvait Shimo-Yahagi. C'est un village montagnard : qui aurait pu imaginer que la mer serait venue envahir les terres jusqu'ici ?
Nagoya Hatakeyama .Conférence de Naoya Hatakeyama au BAL - 9 novembre 2013 - images et montage, Dominique Bry, Mediapart