IBUKA, souvient toi en Kinyarwanda.
Se rappelle à moi, chaque année, à cette période, le devoir de mémoire sur le dernier génocide du
XXe siècle.
Pour avoir déjà lu plusieurs ouvrages de
Jean Hatzfeld sur ces événements tragiques, atroces, difficilement compréhensibles, je ne m'explique toujours pas cet intérêt pour ces récits de l'horreur. Mais j'y retourne sur ces milles collines, tel un besoin d'expiation, une nécessité de faire vivre ces centaines de milliers d'innocents que mon pays a abandonné par faute d'arrogance et volonté de préserver une aura désuète d'une diplomatie hors d'âge.
Jean Hatzfeld met en avant les histoires des « justes », reconnus ou non par les institutions rwandaises depuis le début du travail de réconciliation opéré dans les années 2000.
Ils ne sont pas pléthore, ceux comme Eustache ou Silas, ces Hutues qui ont défié la mort, la peur, le risque immense de préserver l'humain. D'autant qu'il ne reste plus beaucoup d'avoisinants pour innocenter ou nuancer la culpabilité.
Encore aujourd'hui, la méfiance et la médisance restent tapies et on ne fait pas étalage de son bon comportement pendant le génocide.
Le pardon est impossible. Les doutes sur la vérité prédominent.
Il y a toujours la pudeur des mots, la simplicité à raconter le déferlement de violence, l'avant, les « événements » et l'après.
Depuis 2006, les tueurs sont revenus sur les collines, ont participer à la récupération des restes de leurs anciens voisins enterrés dans les fosses communes les jours d'Umuganda, dernier samedi du mois ou traditionnellement, on offre son service à la communauté.
Jean Hatzfeld est un exceptionnel passeur de mémoire. Il touche au coeur et fait en sorte que la vie jaillisse malgré l'effroi.
Merci à lui et à ces quelques Abarinzi w'igihango pour leurs mots.