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30 ans après le génocide , une lecture fondamentale.
Hatzfeld qui a écrit plusieurs livres sur le sujet, recueille ici plusieurs témoignages de "justes" (hutus qui ont sauvé des tutsis) ou de rescapés tutsis sauvés par ces mêmes justes.
Des témoignages bouleversants qui rendent hommage le plus souvent à ces justes souvent de simples agriculteurs, commerçants ou fonctionnaires qui pour la plupart d'entre eux n'ont eu aucune reconnaissance de la part des autorités.
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IBUKA, souvient toi en Kinyarwanda.
Se rappelle à moi, chaque année, à cette période, le devoir de mémoire sur le dernier génocide du
XXe siècle.
Pour avoir déjà lu plusieurs ouvrages de Jean Hatzfeld sur ces événements tragiques, atroces, difficilement compréhensibles, je ne m'explique toujours pas cet intérêt pour ces récits de l'horreur. Mais j'y retourne sur ces milles collines, tel un besoin d'expiation, une nécessité de faire vivre ces centaines de milliers d'innocents que mon pays a abandonné par faute d'arrogance et volonté de préserver une aura désuète d'une diplomatie hors d'âge.
Jean Hatzfeld met en avant les histoires des « justes », reconnus ou non par les institutions rwandaises depuis le début du travail de réconciliation opéré dans les années 2000.
Ils ne sont pas pléthore, ceux comme Eustache ou Silas, ces Hutues qui ont défié la mort, la peur, le risque immense de préserver l'humain. D'autant qu'il ne reste plus beaucoup d'avoisinants pour innocenter ou nuancer la culpabilité.
Encore aujourd'hui, la méfiance et la médisance restent tapies et on ne fait pas étalage de son bon comportement pendant le génocide.
Le pardon est impossible. Les doutes sur la vérité prédominent.
Il y a toujours la pudeur des mots, la simplicité à raconter le déferlement de violence, l'avant, les « événements » et l'après.
Depuis 2006, les tueurs sont revenus sur les collines, ont participer à la récupération des restes de leurs anciens voisins enterrés dans les fosses communes les jours d'Umuganda, dernier samedi du mois ou traditionnellement, on offre son service à la communauté.
Jean Hatzfeld est un exceptionnel passeur de mémoire. Il touche au coeur et fait en sorte que la vie jaillisse malgré l'effroi.
Merci à lui et à ces quelques Abarinzi w'igihango pour leurs mots.
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Il est des livres que l'on se doit de lire, il est des massacres et des génocides dont on se doit de perpétuer le souvenir. Avec un seul objectif : plus jamais ça, même si…. Là où tout se tait fait partie de ces livres.

Le génocide des Tutsis au Rwanda s'est déroulé du 7 avril 1994 au 17 juillet 1994 et a fait 800 000 victimes en seulement 3 mois. L'ampleur du massacre (nombre de morts par jour) est sans précédent.

Jean Hatzfeld rend parfaitement compte de cet effroyable service public opéré par les Hutus : se lever le matin, partir dans les marais, tuer les Tutsis, tous les Tutsis, peu importe qui ils sont, même des voisins, même des amis, et rentrer chez soi en fin d'après-midi, satisfait de sa journée.

L'auteur n'a pu faire l'économie de scènes d'une violence extrême (pas besoin que l'auteur s'appesantisse, la réalité est terrifiante).

Il est parti à la recherche des Justes, les Hutus qui ont eu le courage de s'opposer au massacre des Tutsis, souvent au prix de leur vie. La sentence était sans appel : les Hutus qui soutenaient les Tutsis devaient mourir.

Ibuka, l'association pour la mémoire du génocide tutsi s'est inspirée de Yad Vashem, l'institut international pour la mémoire de la Shoah, pour honorer les Hutus qui ont défendu des Tutsis. Elle les appelle parfois des Justes. Les critères d'Ibuka sont néanmoins différents de ceux de Yad Vashem.

Jean Hatzfeld a écrit plusieurs livres sur le génocide tutsi. Ce ne sont évidemment pas des livres-plaisir, plutôt des livres qu'on lit pour se prémunir du Mal qui pourrait arriver.

Lien : https://dequoilire.com/la-ou..
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Indispensable, comme tous les livres de Jean Hatzfeld qui traitent du génocide du Rwanda, tout autant indispensable que ceux de Scholastique Mukasonga.
Indispensables ces livres, mais O combien douloureux à lire !
Tellement difficile de dire l'horreur de ces vivants encore, jetés dans des puits, parceque, 'Les vrais mots échappent aux lèvres.'
Et puis, il faut pardonner mais à des gens 'qui ne savent même pas ce que signifie le pardon.'
Mais à quoi bon ? 'Puisque aucun pardon n'est possible'

Aussi des exemples de courage, de personnes de l'autre bord (des hutus) qui ont tendu la main et sauvé et alors, comme le dit une femme tutsie, sauvée par l'un d'eux: 'Pas assez de superlatifs n'ont survécu au génocide pour qualifier sa gentillesse.'

Ce qui s'est passé au Rwanda nous a laissé de marbre pendant les événements
alors lisons ce qu'a été le résultat des médiocres lâchetés des pusillanimes dirigeants
que nous nous sommes donnés.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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On ne peut pas commenter ce livre sans rendre hommage à Jean Hatzfeld qui à travers l'ensemble de son oeuvre à couvert le génocide des Tutsis . Tout comme Claude Lanzmann avec Shoah, Jean Hatzfeld a trouvé les bons angles d'attaque pour nous permettre de mesurer l'ampleur de cette sauvagerie génocidaire et les drames impensables vécus par ces familles. En un seul instant une femme pouvait voir son mari et ses enfants y compris les plus jeunes être exécutés d'une manière barbare et inhumaine et devoir fuir sans se retourner pour pouvoir essayer de survivre. Au delà du drame humain l'auteur a su préserver la langue si particulière des témoignages. Une richesse de la langue française qui nous laisse sidéré . Quand on entend parler « d'avoisinants» nous sommes tout de suite projetés au côté de ces hommes et de ces femmes. Jean Hatzfeld a dit lors d'une interview « La guerre, c'est toujours terrible, d'une grande tristesse, mais c'est néanmoins encore la vie. le génocide ce n'est pas une forme exacerbée de la guerre, ce n'est pas la guerre et ça n'a plus rien à voir avec la vie ». le livre se termine sur une phrase bien sombre « De toute façon, aucun pardon n'est possible ».
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« Petit pays » a écrit Gaël Faye. Nyamata dans ce petit pays est un village, perché au milieu d'un paysage de collines où les champs ocres, les eucalyptus verts, les bananeraies font de belles couleurs. Nous sommes en 2018, Jean Hatzfeld revient dans ce coin du Rwanda qu'il a sillonné pendant plus de vingt ans, après que, 34 jours durant, entre le 11 avril et le 14 mai 1994, 51000 Tutsis y ont été massacrés, sur une population qui en comptait 59 000.
Enfants, hommes, femmes, vieux et vieilles, « coupés » comme on coupe les bananiers, taillés comme on taille le Sorgho, plus rarement abattus par armes à feu, entassés dans des trous, morts ou à demi-morts, un chaos de corps et de cris.
Aujourd'hui, le temps fait sa place au silence. Pour l'auteur il s'agit d'en faire émerger les mots, avec ceux qui n'ont pas péri sous la machette et qui disent ce qui reste gravé dans les mémoires et dans les corps. Il ne s'agit pas seulement d'entendre les victimes, le récit s'applique à tenter de comprendre ce qui a placé certains Hutus hors de la folie meurtrière collective, les amenant dans l'instant de la meute assassine, à cacher, guider, sauver des Tutsis condamnés à une mort immédiate. le livre est structuré autour des témoignages, ceux qui ont sauvé, ceux qui ont été sauvés, ceux qui ont été témoins. Face à ces résistants au crime, Hatzfeld utilise le nom de Justes, en posant la question de la pertinence du terme. Avec ce récit, le lecteur est placé devant une réflexion philosophique sur les mécanismes de la haine communautaire, leur aspect instinctif et bestial. Il est placé de la même manière devant les réflexes instinctifs eux aussi de la résistance à la haine. Pourquoi la balance penche-t-elle de l'un ou de l'autre côté ? Comment aujourd'hui est -il possible de vivre ensemble, tueurs et victimes, sans se parler, dans le silence, sans se poser les questions qui se rapportent au sens de ce qui fut ?
J'avoue n'avoir jamais pu ouvrir les livres de Jean Hatzfeld, notamment son texte fondateur « Une saison de machettes » après la lecture de ce livre je vais corriger ce manque et tenter de comprendre mieux les mécanismes de ce génocide.
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Sur les collines de Nyamata, Jean Hatzfeld part cette fois à la recherche des très rares Hutus qui ont résisté à la folie génocidaire au péril de leur vie. Au Rwanda, on les appelle abarinzi w'igihango, les gardiens du pacte de sang, ou parfois les Justes. Mais vingt-cinq ans après, ils restent des personnages silencieux, entourés de méfiance ; parce que aux yeux des Hutus ils incarnent la trahison, ou leur renvoient l'image de ce qu'ils auraient pu être, tandis que les Tutsis portent sur eux d'irréductibles soupçons et le plus souvent refusent d'admettre qu'il y ait eu des Hutus méritants.
Beaucoup de sauveteurs ont été abattus par les tueurs, sans laisser de trace. Certains de ceux qui ont survécu racontent ici leurs histoires extraordinaires. Chacun trouve les mots pour relater ce chaos dans une langue étrange, familière et nourrie de métaphores, reconnaissable entre toutes pour ceux qui ont lu les précédents livres de l'auteur.
Je n'en ai jamais lu. Téléchargé extrait K sur chaude reco de Nat B qui adore cet auteur. Bien apprécie de découvrir mais n'irai pas plus loin. Trop de livres sur ma PAL et pas assez mon monde.
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Le journaliste Jean Hatzfeld poursuit son approfondissement de la connaissance du génocide rwandais. Avec « Là où tout se tait », il signe ainsi le sixième livre consacré à la tuerie des Tutsis perpétrée par les Hutus au printemps 1994.
Il s'intéresse ici aux « abarinzi w'igihango » appelés aussi les « gardiens du pacte de sang » ou encore les « Justes », mot plus explicite pour nos oreilles occidentales.
De retour à Nyamata, il part à la rencontre de ceux qui se sont opposés à la barbarie. Certains sont des fantômes parce qu'ils ont payé de leur vie leur courage. Les Tutsis rescapés vont témoigner à leur place. D'autres, toujours vivants, attestent avec humilité de leurs actes charitables. L'ensemble mêle humanité et atrocités.
Pourtant, cette poignée d'hommes et de femmes n'a pas eu la reconnaissance que Israël a accordée à ceux qui, en résistant à la folie antisémite, sont devenus des « Justes parmi les Nations ». Pour les Hutus ils symbolisent la trahison. Quant à la majorité des Tutsis, elle est soupçonneuse à l'encontre de ces sauveurs. Même les cérémonies officielles semblent les avoir oubliés.
En donnant la parole aux protagonistes d'un moment tragique de l'histoire du pays aux mille collines qui a vu la mort de plus de 800 000 Tutsis en moins de cent jours et qui pèse toujours sur les relations entre les deux ethnies, l'auteur à rendu un hommage à ces héros ordinaires qui éclaire d'une manière plus altruiste le récit national du Rwanda marqué par l'horreur.

EXTRAITS
- Les Hutus ont tué à s'en casser les bras sans penser le jour d'après.
- Il faut du courage pour risquer la mort, autant pour défier le déshonneur aux yeux de ses collègues.
- Si on s'attarde trop sur la peur du génocide, on perd l'espoir. On perd ce qu'on a réussi à sauver de la vie...
- Si le bien peut paraître simple, il n'est jamais banal.
- Ils sont repartis en sautillant en tueries.
- de toute façon, aucun pardon n'est possible.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Exceptionnel....
Pour celles ou ceux qui ne connaissent pas l'auteur, Jean Hatzfeld a écrit plusieurs livres sur le Rwanda. Sur les rescapés, les tueurs, la politique de réconciliation (les assassins vivant désormais à proximité de leurs victimes). 20 ans après il va rencontrer les enfants des rescapés et des assassins.
.
Dans ce livre "Là où tout se tait" l'auteur va s'intéresser aux "Justes", ces Hutus qui ont sauvé des Tutsis. Pour certains ils en auront payé le prix ultime et ont été massacrés. Certains ont survécu.
Ma surprise c'est que ces "Justes" sont mal vus.
Mal vus des Hutus : ils sont la preuve qu'on pouvait s'opposer aux ordres, ils deviennent une accusation muette, voire ils sont vus comme des traîtres.
Mais mal vus aussi des Tutsis : il est plus facile d'englober la haine contre une ethnie complète sans nuance.
Oubliés. Pour celles et ceux qui en sont morts, ils ne sont pas inscrits sur les monuments des victimes du génocide (ils n'ont pas été tués à cause de leur ethnie, mais du fait de leur humanité).
.
Un livre utile, nécessaire.... Avec toujours cette merveille de français qui n'est pas le nôtre. Un français savoureux. J'adore les mots utilisés, les expressions, les tournures différentes, un français qui a évolué différemment d'ici.
C'est difficile de savourer autant le style alors que ce qui est raconté est si horrible ! Et pourtant....

J'ai envie de remercier l'auteur pour ces récits si difficiles qui m'ont fait découvrir le "dernier génocide du 20e siècle". Ces témoignages uniques, difficiles, nécessaires pour ne pas oublier. Ne pas oublier non plus ces hommes et ces femmes qui ont refusé et sauvé des Tutsis au nom de l'humanité, de l'évidence, de la gentillesse (comme ils disent là-bas).
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Dans ce 6ème opus sur le Rwanda, après s'être intéressé aux survivants, aux bourreaux et aux enfants des victimes, Jean Hatzfeld donne la parole aux quelques Justes Hutus qui ont risqué leur vie pour sauver, soit une épouse, soit un proche ou même des inconnus. Ils sont peu nombreux et leur silence pendant toutes ces années traduit leur malaise et leur défiance. Défiance vis-à-vis des Hutus qui les considèrent comme des traîtres, défiance vis-à-vis des Tutsis qui ont longtemps regardé chaque Hutu comme un meurtrier en puissance. Face au journaliste, sa discrétion et sa fidélité, la parole se libère et le courage de ces hommes et de ces femmes menacés par leur propre communauté se dévoile, mot à mot, avec pudeur. Ces témoignages, parfois insoutenables, nous rappellent qu'au milieu du déchaînement de la violence et de la cruauté la plus indicible, des gestes d'humanité persistent.

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