La Guerre des Lulus 1916 : La Perspective Luigi (2/2)

Je me sens un peu à mon tour orpheline puisque je n'ai plus d'album des lulus qui m'attendent. Cela ne va pas durer, car l'album 7 sera bientôt, je l'espère, disponible à ma médiathèque. La perspective luigi 2est tout aussi intéressant que le premier. Cette fois, Luigi nous raconte leur épopée lorsqu'ils se sont tous retrouvés emprisonnés dans un camp en Allemagne. En bons Lulus qu'ils sont, on se doutait bien qu'ils n' allaient pas attendre la fin de la guerre en tant que prisonniers !!! On suit donc avec plaisir leur ingéniosité pour s'évader.
Le duo Régis Hautière, Damien Cuvillier fonctionne toujours aussi bien. C'est encore une fois un régal.

Amiens. Juin 1937. Hortillonnages.

Luigi oeuvre avec amour à la culture, notamment, des fraises qui lui serviront pour confectionner ses confitures. le journaliste qui s'intéresse à la vie en Allemagne durant la guerre débarque pour poursuivre son enquête. L'histoire reprend au moment où ils arrivent dans le camp de prisonniers. Surprise : l'homme qui les attend à l'entrée est un Français, un chef de zone du camp, Onésime Decombray. Il les conduit dans un baraquement occupé par des « droit commun ». Pour Onésime, ces jeunes gens ne sont ni plus ni moins que des criminels. Nos Lulus n'en reviennent pas. Très vite, ils deviennent copains avec deux petits voyous, peut-être pas si mauvais que ça…

Critique :

On retrouve la même équipe que pour le premier album de « La Perspective Luigi ». J'avoue avoir moins apprécié les dessins et la mise en couleur, quant au scénario de Régis Hautière, il s'intègre parfaitement dans ce que nous savons déjà des Lulus.

Camps de prisonniers civils : un pour les hommes, un pour les femmes. Les quatre garçons ne voient leur copine Luce que trois heures par jour. le restant du temps, hommes et femmes restent enfermés dans leurs camps respectifs. En cette année 1916, les conditions ne sont pas roses pour les prisonniers, surtout en hiver, mais des colis leur parviennent. Pour nos Lulus, habitués depuis le début de la guerre aux conditions de vie très difficiles, ce n'est pas plus terrible que ce qu'ils ont déjà connu. Mais rester là à attendre la fin de la guerre, ce n'est pas dans l'esprit des Lulus. Ils vont tout faire, malgré les risques, pour s'évader… Comment faire pour emmener Luce qui est dans l'autre camp ?

Juin 1937, l'historien rencontré précédemment , a rendez-vous avec Luigi afin qu'il lui raconte la période où les Lulus ont été internés dans un camp allemand, à Holzminden.
Cette fois, la rencontre a lieu dans un autre lieu emblématique de Picardie (confère le familistère de Guise) : les hortillonnages d'Amiens. C'était une zone de maraîchage, située quasiment en pleine ville, qui est devenue aujourd'hui un lieu de repos, de loisirs pour les amiénois. Ainsi, Luigi, va raconter leur internement tout en navigant, debout sur la barque, dans le dédale des canaux. La quiétude du lieu est parfaitement restituée, illustrée par Damien Cuvillier. Les scènes des hortillons me font penser au film "Les enfants du marais", dégageant une certaine poésie, le bien-être.
A l'inverse, ce que raconte Luigi sur Holzminden, fait froid dans le dos. Des orphelins au milieu des personnages peu fréquentables, "les droits communs", le froid, les privations. L'illustrateur, encore une fois, trouve les bonnes couleurs pour qu'au sein des baraquements peu éclairés, les faciès des personnages paraissent terrifiants.
Les auteurs, comme dans les autres épisodes, alternent humour, émotion et informations historiques. Personnellement, je ne savais pas qu'il y avait eu des camps d'internement en Allemagne pendant la Première Guerre Mondiale.
Evidemment, les Lulus ne pouvaient pas rester dans ce camp sans tenter de s'évader. Pour savoir s'ils réussissent, lisez cet épisode.

Après s'être fait prendre par la police allemande nos lulus se retrouvent dans un camp de prisonniers français. Et ils vont tout faire pour en sortir!

Cette étape hivernale en Allemagne nous permet de voir comment fonctionnait un camp de prisonniers civils. Ici des repris de justice, des otages et des étrangers ayant eu la mauvaise idée d'être en Allemagne au moment de la déclaration de guerre.
Les péripéties de nos lulus pour s'évader sont vraiment rocambolesques mais je ne pense pas que ça doit fait pour être crédible!! On passe un bon moment en leur compagnie, et malgré un arrière propos plutôt grave, nous avons une histoire divertissante, souvent drôle et touchante.

Dans ce diptyque, on retrouve Luigi, en 1937. Interrogé par un journaliste qui s'intéresse à l'Allemagne pendant la guerre, Luigi lui raconte un épisode de leur périple : leur passage à Berlin puis au camp de Holzminden en 1916. Cet événement, éludé volontairement dans la série, est ici raconté en détails et ne manque pas non plus de péripéties rocambolesques.

Les personnages sont toujours aussi attachants, soudés dans l'adversité, prenant soin les uns des autres. Leur vie n'est pourtant pas simple mais ils ne perdent pas espoir.

J'ai été un peu moins convaincue par les dessins, c'est toujours quitte ou double quand on change de dessinateur en cours de série. J'ai trouvé les personnages parfois un peu trop caricaturés, les émotions et expressions transparaissent moins bien sur leurs visages. le trait semble moins fini, plus esquissé alors que les décors sont pourtant très réalistes.

Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié cette lecture qui brise l'ordre chronologique de l'intrigue et qui mime la trame des souvenirs : celle-ci n'est pas toujours linéaire, quand nous évoquons le passé, il n'est pas rare que nous sautions des événements pour ensuite y revenir quelques temps plus tard. C'est une manière originale de maintenir le suspense en reconstruisant le puzzle d'événements racontés « dans le désordre ».