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Citations sur Tokyo (110)

C’est drôle de voir à quel point la réalité peut s’avérer différente de la représentation qu’on en a.
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Certaines choses sont plus terribles, plus atroces qu’on ne l’imagine. (p. 280)
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On avait parlé « d’existence pousse de bambou » ou de « vie oignon » : chaque couche épluchée faisait pleurer encore un peu plus ; et même quand on réussissait à trouver à manger, on ne pouvait rien rapporter chez soi parce que la dysenterie avait envahie la boue des rues et qu’on risquait de la ramener du même coup. On voyait des enfants sur les quais, tout juste débarqués de la Mandchourie indépendante, qui transportaient les cendres de leurs parents dans des boîtes en glycine blanches suspendues à leur cou.
Peut-être était-ce le prix de l’ignorance, pensai-je en regardant le vagabond nu. Peut-être fallait-il que le Japon paie le prix d’actes perpétrés à Nankin. Vu que l’ignorance, comme j’étais fatiguée de l’entendre, n’excusait pas le mal.
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Ô vieux Père du ciel, pardonne-moi. Pardonne-moi de n’avoir pas eu l’énergie de l’enterrer. Elle repose toujours dans la neige, et le reflet des nuages, des branches et du ciel glisse dans ses yeux morts. Il me reste des traces d’elle sur le devant de mon manteau et sous les ongles. Je suis certain que ses traces me collent aussi au cœur, mais je ne le sens pas. Je ne sens rien. Parce que c’est Nankin et que cette mort n’a rien d’une nouveauté. La mort d’une personne mérite à peine d’être mentionnée dans cette ville où le diable est à l’affût dans la rue.


[Nankin, 20 décembre 1937]
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Mon moi onirique crut d'abord qu'il s'agissait d'un chat, jusqu'au moment où l'écran fut arraché avec un grincement de métal par une masse lourde comme une boule de bowling qui roula dans ma chambre. Je plissai les yeux et vis que c'était un bébé. Il gisait au sol, sur le dos, et pleurait en agitant les bras et les jambes. Je crus, l'espace d'un merveilleux instant, que c'était ma petite fille, qu'elle avait enfin réussi à traverser les continents pour me retrouver, mais à la seconde où j'allais lui ouvrir mes bras, le bébé bascula sur le côté et se jeta aveuglément sur moi. Je sentis un souffle chaud, une langue minuscule me lécher la plante du pied. Puis, à une vitesse atroce, ses mâchoires gluantes se refermèrent sur mes orteils.
Je quittai le lit d'un bond, secouai, frappai, lui empoignai la tête et tentai de lui desserrer les mâchoires, mais le bébé s'accrochait, grondant, mordant, secoué de soubresauts rageurs, la bave aux lèvres. Je réussis enfin à lui décocher un coup de pied qui le catapulta contre le mur ; avec un cri rauque, il se perdit dans une ombre qui descendit jusqu'au sol et s'échappa par la fenêtre. Au moment de disparaître, le bébé lança, d'une voix qui semblait être celle de Shi Chongming : « Que ne ferait pas un homme pour vivre éternellement ? Que ne mangerait-il pas ? »
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- Grey-san, souffla-t-elle en se penchant sur moi. Avec M. Fuyuki. Tout de suite, et mettez-vous à côté de lui.
Je tendis la main vers mon sac, mais elle interrompit mon geste en se mettant un doigt en travers des lèvres.
- Attention, murmura-t-elle. Faites très attention. Ne dites rien sur rien. Les gens ont peur de lui, il y a de bonnes raison. Et…
Elle hésita, me fixa intensément. A l’orée de ses yeux plissés, j’aperçus une minuscule bordure d’iris marron derrière la lentille bleue.
- Le plus important, c’est elle, précisa-t-elle en m’indiquant l’alcôve d’un mouvement de tête. Ogawa. Sa Nurse. Ne lui parlez pas, jamais, ne la regardez pas dans les yeux. Compris ?
- Oui, répondis-je à mi-voix, sentant mon regard dériver vers l’ombre immense. Oui, je crois.

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Tout ce à quoi je pensais croire s'est dérobé. Il y a dans mon coeur un vide aussi béant que celui du ventre de la petite fille et je ne puis penser à rien d'autres qu'à ce que cette occupation nous a réellement coûté. Elle signe la fin d'une Chine dont je n'ai pas assez fait de cas pendant des années. La mort de toute croyance-la fin des dialectes, des temples, des gâteaux de lune à l'automne et de la pêche au cormoran au pied des montagnes. La mort des jolis pont enjambant les mares à lotus, des galets jaunes qui se reflètent le soir dans le silence de l'onde...
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Il plane là-bas, en ce moment même, tel un géant lorgnant la ville, effroyablement rouge. Shujin parlerait de présage. Elle aurait une réaction grotesque si elle le voyait, peut-être se mettrait-elle à courir à travers la maison. Je vais donc garder cela pour moi. Je ne dirai à personne que j'ai vu ce matin le soleil chinois se lever avec la forme et la couleur du Hi no maru, le disque rouge du drapeau de l'armée impériale japonaise.
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Tu as presque oublié que je n'ai qu'à te regarder pour tout savoir, tout ce qui se passe dans ta tête;
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Elle coinça le bout d'une bande de chatterton entre ses lèvres, resserra au maximum ses seins l'un contre l'autre et colla l'adhésif en dessous, de l'aisselle gauche à l'aisselle droite, puis répéta l'opération en sens inverse. Quand elle lâcha ses seins, ils restèrent dans leur position surélevée, en équilibre précaire sur un balcon de chatterton. Elle enfila un fin bustier et, plantée devant le miroir, lissa l'étoffe et inspecta sa silhouette. Je me mordis les doigts, regrettant de pas avoir le courage de demander une autre cigarette.
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