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Citations sur Tokyo (110)

(...) Il y avait là une centaine, non, un millier de cadavres. Empilés à la va-vite, les uns sur les autres, en couches innombrables de corps contorsionnés, de têtes tournées selon des angles irréels, de pieds flasques plus ou moins chaussés. Liu et moi nous étions endormis au clair de lune face à une montagne de cadavres. Il m’est impossible de retranscrire ici tout ce que j’ai vu ce matin — la vérité risquerait de crever le papier —, les pères, les fils, les frères, les infimes variations du deuil. Il y avait aussi un bruit, une rumeur sourde qui semblait provenir de la même direction. Quand je l’ai repérée, j’ai compris qu’elle était là depuis longtemps, avant mon réveil. Elle était déjà là dans mes rêves.

[Nankin, 19 décembre 1937 (dix-septième jour du onzième mois)]
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La paysanne en elle était en train de s'en aller. Après son arrivée à Nankin, cette fille des campagnes resta visible quelques temps à certains signes- les tendres plis de ses jarrets, les taches de rousseur de ses bras, et son dialecte du Jiangxi, si amusant pour les gens de Nankin-, mais pour le reste, la femme prenait peu à peu sa place, sans le vouloir, s'éveillant avec une sorte de stupeur au spectacle de la grande ville.
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Un énorme insecte ailé jaillit sous mes pieds, pivota sur lui-même comme un oiseau mécanique, s'arracha en ronronnant de la touffeur et monta vers mon visage. Je reculai d'un pas pour l'esquiver, renversant un peu de thé sur le plateau laqué, et le suivis des yeux tandis qu'il montait en spirale au ras de mon visage et encore plus haut, cristallin et mécanique, clac-clac-clac, jusqu'aux branches. Il se posa au-dessus de moi, gros comme un roitelet, déploya ses ailes châtaigne et fit entendre le petit bourdonnement électrique que j'avais pris pour un climatiseur. Je le contemplai avec émotion. Le semi-no-koe du poète Basho, pensai-je. Le chant des cigales. Le premier son du Japon.
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Ils ont emmené les réfugiés. Je les ai vus. Ils les ont enfilés tous ensemble. Ils ont fait passer un fil de fer par là, a t-il expliqué en enfonçant son index dans la chair tendre du creux de sa clavicule, et ils les ont enfilés les uns derrière les autres, comme...comme un collier. Un collier humain.
Page 289
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Si Noël était proche, cela ferait bientôt dix ans que ma petite fille était morte. Dix ans. C'est incroyable, la capacité qu'a le temps de se réduire à rien, comme un accordéon. (page 374)
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La brutalité des Japonais a dépassé l'imagination. Ils ont élevé la cruauté au rang d'un art.
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Le passé est une bombe et, a partir du moment où ses éclats sont en nous, ils parviendront toujours, toujours à remonter à la surface.
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C'est une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais montré ce film à personne. Parce-qu'un vieil homme qui a proféré des milliers de phrases pleines de sagesse sur la nécessité d'affronter le passé ne peut pas - ne peut pas - accepter le sien.
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On a beau être aussi brave, aussi vaillant qu'on puisse l'être, on a beau se dire qu'on est invulnérable, qu'on sait ce qui nous attend, on s'imagine que ça ne sera jamais trop grave, qu'il y aura un avertissement avant que les choses aillent trop loin, une musique off, peut-être, comme dans les films. Mais il semble que ce n'est pas comme ça qu'arrivent les désastres. Les désastres sont les grands maîtres de l'embuscade : ils savent nous tomber sur le dos quand on regarde ailleurs.
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A cet instant, immobile dans la pénombre, certaine que Shi Chongming avait
le film qui donnerait sens à tout ce qui m'était arrivé, je sentis que la réponse
que je cherchais depuis tant d'années était tout près, qu'il ne se passerait pas longtemps avant que je puisse tendre le bras en l'air et découvrir; en ramenant mon poing fermé, qu'elle avait fini par se frayer un chemin jusqu 'à moi et que je la tenais fermement au creux de ma paume.
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