Un plaisir... une biographie qui se dévore comme un roman... pas de chronologie, ça part dans toutes les directions en fonction de l'inspiration et des souvenirs...du bonheur...
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Élevés dans une pareille atmosphère, Tom et moi étions habitués à être utilisés dans les manifestations et habitué aussi a essyer de fort subtiles rebuffades. Et puis les rebuffades finirent bien entendu par cesser, et l'on se mit à nous aimer beaucoup parce que nous étions les enfants de gens très tournés vers l'avenir.
Dans sa main le bidon d'essence flambait sans qu'il parvienne à le lâcher. J'étais complètement nue. J'ai flanqué à Luddy un grand coup dans l'estomac, il est tombé par terre, j'ai attrapé une carpette, et je m'en suis servie pour éteindre le feu sur Luddy et arracher le bidon de sa pauvre main, en hurlant "Au feu !".
Jamais d'effraction, mais nous trouvions toujours le moyen de pénétrer dans toutes les maisons. Un jour, nous sommes entrées par la bouche d'aération d'une chambre froide. C'est là que j'ai volé un casse-noix en forme de crocodile.
Peut-être que je ne savais pas garder un rôle. Mais j'étais capable de décrocher n'importe quoi. J'avais le chic, quoi. Je surgissais du néant au moment opportun... peu importait que j'ai lu ou non le texte.
À l'époque, on pouvait se garer pratiquement partout. Vraiment rien à voir avec New York d'aujourd'hui.
Joan Mitchell, La fureur de peindre
On dit de la peintre Joan Mitchell qu'elle entrait dans une pièce comme Katharine Hepburn franchissait la porte d'un saloon ! Une allure, une présence et du bruit. Et c'est de façon tonitruante que « Big Joan », comme elle se surnommait elle-même, est entrée dans ma vie, par le biais d'un tableau. Cette impression d'être immergée sans oxygène devant la profondeur d'un diptyque de Joan Mitchell, je l'ai vécue pour la première fois au MoMA de New York il y a une dizaine d'années. J'ai été foudroyée par l'énergie du coup de pinceau, éblouie par la puissance des couleurs, sans comprendre ce qui m'arrivait. Et depuis la violence de ce choc sensoriel, je n'ai plus quitté ni la peintre, ni la femme. Quelle a été la vie de cette Américaine au caractère imprévisible, de cette héroïne, alcoolique et colérique, fascinante et effrayante, puissante et si fragile qui a choisi de vivre en France ? Née en 1925 à Chicago dans une famille de la haute société, morte à Paris en 1992, Mitchell a su s'imposer comme figure majeure de l'abstraction dans un monde alors presque exclusivement masculin. Ce récit est une enquête sur une femme libre, libre d'aimer comme un homme, de boire autant qu'un homme et de peindre aussi bien qu'un homme.
En librairie https://bit.ly/3xBojep
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