Le cycle de Dune (1) : Dune - Le messie de Dune

Les deux premiers tomes du "Cycle de Dune", sont, bien différents, chacun l'un de l'autre, mais néanmoins, à leur manière, ils témoignent tous deux, du talent de Frank Herbert. Il y a plus de spiritualité dans le premier tome, et, dans le second tome, il y a plus d'aventures, notamment. Mais, malgré les différences entre les deux tomes, l'univers reste bien cohérent et solide. C'est d'ailleurs l'une de ses grandes forces.
Dans un monde parfaitement retranscrit, Frank Herbert démontre sa capacité à user génialement de sa plume-pour notre plus grand plaisir. le monde qu'il a créé est extrêmement riche, et Herbert a créé des personnages attachants et charismatiques, dans une histoire épique. Ses réflexions sont souvent d'une grande profondeur.
"Dune" me semble être un livre complètement, totalement, radicalement multiple, avec un univers si riche, des personnages si complexes, des réflexions si fouillées, que l'on peut qualifier ce livre de "roman-monde".
La science-fiction, d'ailleurs, est souvent extrêmement ambitieuse. "Dune", ou, du moins, ses premiers tomes, ne fait pas exception à la règle. C'est autant par ses réflexions sur la politique, que par l'humanité de ses personnages et par la puissance, liée au caractère tragique, du récit, qui émane du texte, que les deux premiers tomes, de "Dune", sont considérés comme des références.
Et cela est mérité. Vraiment. "Dune", est un chef-d'oeuvre de la science-fiction.

Combo des deux premiers volumes de la série qui se complètent parfaitement (et, à mon humble avis, il ne faut lire que ces deux là... plus, éventuellement, les Enfants de Dune mais si on le fait, il faudra aussi lire la suite, L'empereur-Dieu de Dune, on n'en finit plus !). Cette réédition de la collection Ailleurs et Demain à la couverture métallisée, sortie en 1975 ou 76, est le bouquin qui m'a convaincu qu'il ne fallait jamais prêter de livre à qui que ce soit. Dans mon enthousiasme pour le récit, j'ai voulu le faire lire par tous les copains de l'époque qui l'ont traité comme un vulgaire livre de poche. Il m'est revenu dans un état que je ne décrirai pas mais qui m'a brisé le coeur. Au moins ont-ils été assez généreux pour me le rendre, ce qui n'est pas le cas des livre prêtés, le plus souvent...

Me voilà bien idiot à critiquer la grande oeuvre de Mr Herbert. Que dire d'un livre déjà consacré comme un des piliers de la science fiction ? Eh bien que je suis bien d'accord ! Mais développons.
Tout d'abord, le style. Loin d'une narration alourdie de descriptions denses, Herbert adopte un style plutôt poétique, et déroule son grand récit sans écrire de la science-fiction qui hurle son nom. Ici, au lecteur de deviner le sens de certains mots, à lui de faire preuve d'imagination.
Ensuite, le monde. L'univers de Dune est colossal, tant géographiquement que temporellement, et culturellement.
Herbert a inventé une histoire sur plusieurs millénaires, qui se déroule sur plusieurs planètes, le tout porté par plusieurs religions et courants philosophiques qui ont tous une utilité scénaristique. Une masterclass de "world building".
Bref… un pilier de la science fiction, une leçon d'écriture et de construction de monde. Et tout ça en un seul tome !

Toujours un peu difficile de s'y plonger, mais la transe, une fois atteinte, est délicieuse.

L'intrigue n'a plus de combats violents ni de parcours initiatique de jeune héros. Tout est intrigue politique, responsabilité d'Etat, instrumentalisation et perte de contrôle de la religion. Les affrontements sont verbaux et les visions de l'avenir se superposent. Les intentions des personnages fluctuent et la narration brouille les points de vue dans les dialogues pleins de techniques de mentalisme et d'aphorismes.

C'est étrange, ça devient intense puis implacable. Top.