Merci aux éditions 180° pour l'envoi de ce livre, c'est toujours agréable de recevoir un livre avec un petit mot sympathique. Merci à Babelio pour les masses critiques qui sont à chaque fois un véritable plaisir.
J'ai découvert ce roman sans aucune arrière pensée et aucun à priori puisque je sélectionne très souvent les livres à partir de leur couverture, ne voulant pas être spoiler par les résumés des quatrièmes de couverture qui en disent parfois beaucoup trop sur l'histoire du livre. Je me lançai donc dans cette lecture avec beaucoup de mystère, comme d'habitude.
L'histoire évoque des meurtres autour du thème de la pédophilie. L'ensemble est assez glauque, comme souvent dans les romans policiers. L'action en elle-même est plutôt bien menée et la découverte du coupable intervient vraiment en toute fin du roman et je dois dire que je ne m'y attendais pas du tout. En cela, ce roman policier est plutôt réussi.
Malheureusement j'ai été déçu par de nombreuses choses. Tout d'abord, c'est bien le style d'écriture qui m'a vraiment dérangé très rapidement, dès les premières pages. J'ai trouvé le style très plat, comme s'il s'agissait d'un compte rendu des dernières variations de la bourse. Ce style ne m'a absolument pas permis de m'immerger dans l'histoire. L'auteur nous raconte l'histoire d'un point de vue extérieur, avec beaucoup de détachement ce qui empêche toute empathie. Pour ma part en tout cas. le pire étant, dès le début, la présentation du personnage principal Gerd. On croirait entendre une biographie sur
France Info. C'est plat et vraiment creux. On aurait aimé suivre Gerd dans ses virées punitives, prendre le temps de l'accompagner, peut-être sous forme de récit personnel. Ici au contraire, on nous distribue les informations au bazooka. La vie de Gerd est résumée en 2 pages. J'ai trouvé ça vraiment dommage. le roman va trop vite et pâtit à mon avis de sa brièveté. J'aurais apprécié plus de longueurs, plus d'attention sur les personnages. La dimension psychologique des personnages est un peu bâclée à mon avis.
L'autre chose qui m'a déplu, dans le style, c'est la vulgarité parfois gratuite des expressions, lorsque le sexe est abordé, ou dans la vision de la femme par les hommes. On est dans le cliché lorsque les policiers attablés au bar évoquent les femmes. Certains passages sont ridicules et inutiles, lorsqu'on évoque les masturbations du personnage principal par exemple. Honnêtement, je ne vois pas trop l'intérêt par rapport à l'histoire, à part rajouter un peu de vulgarité non utile à mon avis. Certaines expressions sont d'une grande lourdeur de style voire parfois même incohérentes comme "il s'engouffra en elle comme un nageur qui n'avait pas vu la terre depuis des lustres"... Je vous laisse juger de cette expression par vous même mais non seulement la comparaison est vraiment pas très poétique mais en plus ça ne veut rien dire (c'est vrai qu'on voit souvent des nageurs errer dans l'océan à la recherche d'une terre...). Bref, le style m'a vraiment gêné parfois et m'a empêché d'adhérer à l'histoire qui n'est pas si mauvaise en soi, même si, là aussi, le côté pédophilie se voit à des kilomètres à la ronde. On sait que ça va arriver avec tous ces juges et bourgeois tués. C'est un peu trop évident à mon avis.
La révélation finale arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, on ne la voit pas trop arriver (ce qui est positif, certes) mais surtout on ne comprend pas trop comment elle arrive dans la tête du policier. L'action est verrouillée depuis longtemps, on est dans une impasse et d'un coup tout se débloque avec une révélation du personnage principal qui m'a un peu échappée.
La fin est intéressante puisqu'on sort un peu du schéma manichéen. Bien sûr c'est du déjà vu sur ce sujet de la pédophilie où on pardonne plus facilement les vengeances personnelles mais il faut reconnaître que ça crée enfin un peu d'incertitude bienvenue à la fin du roman.
En résumé ce roman ne restera pas gravé dans ma mémoire. Même si l'action en elle même pourra intéresser ceux qui aiment bien les polars juste pour le côté "résolution d'énigmes", pour ma part j'ai été trop gêné par le style et par le manque d'épaisseur des personnages. J'ai été gêné par un récit trop rapide et trop distant. Etant donné qu'il s'agit je crois d'un premier roman, l'auteur ne pourra que faire mieux par la suite à mon avis.