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EAN : 9782742777969
906 pages
Actes Sud (15/10/2009)
4.15/5   26 notes
Résumé :
La Désagrégation du papillon
Une parfaite chambre de malade
Un thé qui ne refroidit pas
La Piscine
Les Abeilles
La Grossesse
Le Réfectoire un soir
La Petite Pièce hexagonale
Amours en marge
L'Annulaire
Hôtel Iris
Tristes revanches
Parfum de glace
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un thé qui ne refroidit pas, est-ce possible ?
En avez-vous jamais connu un comme ça?
Sommes –nous dans un conte féérique ?
Serait-ce une histoire de magie que cette nouvelle de Yoko Ogawa ?
C'est en tout cas un thé que la narratrice retourne souvent boire avec délices chez K., son camarade de collège et son épouse, leur très belle ancienne bibliothécaire. Auprès de ce couple, elle se sent parfaitement bien et sa vie monotone avec Sato, son mari si terne, et si souvent absent, reprend de la couleur. La preuve qu'elle va enfin se décider à améliorer son quotidien, c'est qu'un jour elle va mettre de l'ordre dans sa maison, en jetant la majorité des choses un tant soit peu usées.
le ménage par le vie et la sérénité par le ménage!
Sagesse toute féminine ou particulièrement asiatique? Mais tout ça pourquoi? Qui est cette narratrice qui se contente de si peu?

Comme toujours l'auteur est peu loquace sur ses personnages et nous les laisse à deviner.
J'imagine quant à moi cette narratrice comme une femme dans la trentaine, une japonaise somme toute assez banale, qui passe facilement inaperçue, timide et effacée à l'école, discrète et nostalgique à l'âge adulte.
Est-elle dépressive ?

Avant sa rencontre avec K, au cimetière, sur la tombe d'un ancien ami mort brutalement noyé dans sa voiture avec sa jeune femme, elle nous a raconté toutes les morts qui l'ont marquée depuis sa naissance : les poissons tropicaux de son frère, régulièrement enterrés dans leur jardin, au pied d'un fusain - la découverte des horribles planches ana tomiques de la pharmacie où elle à dû aller chercher de l'alcool servant à laver le cadavre de son grand-père - celle de son condisciple enfin, la troisième de son existence.

Curieusement, cette descente dans le quartier du cimetière en bord de mer lui procure un sentiment mystique qui ne la quitte plus et qui adoucit l'impression d'isolement qu'elle ressent de plus en plus fortement en restant chez elle auprès d'un mari qui l'agace de plus en plus.
Le seul événement un peu pittoresque de ce récit tient à ce livre de la bibliothèque du lycée retrouvé oublié dans sa chambre dix ans après. Quand elle le rend à la nouvelle responsable, celle-ci lui apprend que tous les anciens livres ont brûlé dans un incendie. le sien est le seul rescapé du désastre.
Tout ce que j'aime chez Yoko Ogawa se tient là, dans ces riens qui en disent tant et qui obligent à rester infiniment attentif au moindre détail. On sait que la romancière n'insiste pas , ne revient pas sur ce qu'elle a déjà écrit précédemment. Ce n'est pas son genre, les répétitions. Elle fait confiance à son lecteur. A lui de comprendre, de tout saisir !
La fin est habituelle, encore plus neutre et mystérieuse que le reste! Après une soirée paisible chez K, en regardant un match à la télévision et dans l'attente du retour de sa femme qui n'arrive pas, elle s'apprête à rentrer chez elle :
(...)
Peu de choses en somme, une fois de plus, le minimum, un souffle , une respiration: juste un peu de la vie d'une femme étonnée de vivre
Lien : http://liratouva2.blogspot.c..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
J'ai ouvert mon sac avec mes doigts gourds, pour en sortir le papillon...Ah, c'était bien lui. Aucun doute, je l'avais pris dans la main de cette femme. Soyeux comme de la mousseline, les cils transparents, le pollen humide. ...Je l'ai approché de mon oreille... J'entends. J'entends le bruit. Le bruit discret de la respiration de mon bébé entre les replis. Ce bruit qui petit à petit, chaque jour, inexorablement, se précise. Jusqu'où la température de ton corps va-t-elle augmenter? Jusqu'où vas-tu ouvrir mon intérieur? Alors que ce n'est même pas mon véritable moi. ...La fille de la photographie se retourne. Ses cheveux ondulent. La colère monte comme des contractions. Je referme brusquement la main. En un instant le papillon se transforme en poussière. Il reste une douleur lancinante. Les fragments tombés de ma main s'éparpillent sur le calendrier.
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Accroupie au milieu du massif, j'ai approché mon visage du sol. Les deux parts de fraisier y étaient blotties, dans l'odeur de terre, d'herbe et de pollen. Je les ai observées, le regard acéré comme à travers un microscope. C'était un gâteau tout simple, dont la couche de crème était aussi épaisse que la génoise. Les rayons du soleil arrivaient derrière moi, presque chauds, éclairant uniformément la crème. Les décorations faites à la poche à douille commençaient à fondre. A coté, les pétales des pensées se pavanaient, ricanantes, leurs couleurs aussi fraîches qu'à la sortie d'un tube de peinture. L'odeur sucrée, déplacée en cet endroit, me donnait mal au cœur.

Ce que j'ai remarqué en premier, c'est la ligne noire qui s'étirait à la surface de la crème. Comme elle était très nette, j'ai d'abord cru qu'elle était immobile. Mais après deux ou trois battements de paupières j'ai distingué un nombre incalculable de pattes enchevêtrées, fines et fragiles. Les fourmis arrivaient en file indienne et butaient une première fois sur le rebord de l'assiette, avant de progresser en titubant sur la porcelaine lisse et brillante. Lorsqu'elles arrivaient à la chantilly, elles s'enfonçaient dans cette douceur fondante. Celles qui se perdaient dans ce gras opaque et blanc se débattaient pour essayer d'en sortir. Et il en arrivait tellement à la suite que c'était dégoûtant à donner la nausée.

Je n'ai pas pu m'empêcher de m'imaginer ce que cela donnerait d'avoir la bouche pleine de cette crème. En réalité, je n'avais pas très envie d'y goûter, mais c'est ma langue qui a pris l'initiative de se servir. Gorgée de soleil, la crème avait la tiédeur de ma langue. Elle s'est répandue dessus, presque liquide. Peu après, j'ai reconnu un goût sucré végétal. En même temps, les fourmis se sont mises à bouger sur ma langue et mes gencives. Leurs pattes chatouillaient mes muqueuses. Elles remuaient comme si leurs oeufs éclataient l'un après l'autre à l'intérieur de ma bouche.
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Sur la droite face à l'entrée s'étendait un petit potager au milieu duquel plusieurs vieillards étaient penchés. Ils portaient tous un survêtement de couleur sombre. A mes yeux, ils se ressemblaient alors qu'ils devraient être différents, d'apparence comme de sexe. La seule chose, c'est qu'ils étaient nettement séparés en deux groupes, l'un bavardant continuellement, l'autre demeurant silencieux. Leurs voix n'avaient ni inflexions, ni respiration, ni timbre, et je n'arrivais pas à discerner des mots. Mais en les voyant s'adresser des hochements de tête, j'avais le sentiment qu'ils communiquaient entre eux.
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J'avais les doigts tout collants à cause du jus. Les motifs de la pulpe se détachaient nettement à la lumière de la cuisine. La chair des pamplemousses s'est mise à briller encore plus quand le sucre dont je les avais saupoudrés a fondu. Les jolis quartiers de forme semi-circulaire s'entassaient les uns sur les autres dans le chaudron.
Les peaux épaisses, posées négligemment, avaient l'air bête. J'ai enlevé la partie blanche de la peau, avant de couper le reste en lanières que j'ai rajoutées dans le chaudron. Du jus de couleur jaune giclait soudain comme pour un être vivant, sur la lame du couteau, le dos de mes mains ou la planche à découper. La peau, elle aussi avait des motifs. Des dessins irréguliers, semblables à ceux d'une membrane humaine vue au microscope.
[...]
Elle a mangé plusieurs cuillerées de confiture à la suite. Son ventre proéminent lui donnait un air arrogant. Les fragiles blocs de pulpe glissaient vers sa gorge en menaçant de s'effondrer.
J'ai pensé, tout en regardant la confiture qui tremblait légèrement au fond du chaudron, comme effrayée :
"Est-ce que le P.H.W. détruit vraiment les chromosomes du fœtus ?"
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J’ai bu ma dernière gorgée de thé… Il était brûlant. La coulée de bronze a transpercé mon corps en vibrant.
- Ce thé n’a pas du tout refroidi, ai-je remarqué brusquement.
Je ne sais pas s’il a entendu mais il a gardé le silence, le regard perdu.
Je m’étonnais que ce thé n’ait pas du tout refroidi alors que cela faisait déjà un certain temps que K nous l’avait servi
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