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EAN : 9782756411125
370 pages
Pygmalion-Gérard Watelet (17/09/2014)
4.67/5   3 notes
Résumé :
Gengis Khan est mort ! Son ombre gigantesque plane encore sur les terres mongoles. Mais ses fils se révèlent si médiocres qu'ils laissent leurs épouses s'emparer du pouvoir. Brillantes, d'une envergure hors du commun, ces figures flamboyantes vont s'imposer sur l'immense empire, prenant en main la plupart des domaines de l'État. Ainsi, les véritables successeurs de Gengis Khan furent des femmes de fer.
C'est cette épopée méconnue que ressuscite Armand Herscov... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un sujet passionnant, de prime abord pas évident
1227. À la mort de Gengis Khan, ses fils puis ses petits-fils, censés prendre la relève, se révèlent incapables de gouverner le vaste Empire mongol. Heureusement, Toregene et Sorgaqtani, belles-filles de Gengis Khan, et Chabi, mariée à l'un de ses petits-fils, vont successivement relever le défi ! Intelligentes, fines politiques, d'une détermination sans faille, ces femmes vont réussir à maintenir l'unité de l'Empire, à le préserver de la guerre civile et du chaos. C'est cette histoire que nous raconte Armand Herscovici par la voix d'Alagh, ancienne esclave devenue à la fin de sa vie la cinquième épouse du Grand Khan Kubilaï, petit-fils de Gengis Khan.
Rares sont les romans historiques qui abordent l'histoire de l'Empire mongol. de manière générale, cette civilisation brillante est malheureusement méconnue. Ainsi, l'histoire de l'Empire mongol m'a toujours semblé inaccessible et compliquée, peu attirante. Grossière erreur que ce roman a très vite corrigée ! L'auteur, sans doute sensible à la question, a pris soin d'ajouter en début de roman une note au lecteur et, à la fin, un arbre généalogique, un glossaire et la liste des différents personnages, en distinguant ceux qui ont réellement existé de ceux qui sont imaginaires. L'un des atouts de ce roman réside dans le fait que pratiquement tous les personnages de ce roman ont véritablement existé. Ogodeï, Guyuk, Möngke, Hülegü, Batu, Kubilaï, Ariq Boka... Si ces noms vous sont inconnus, ce roman vous permettra de découvrir avec plaisir et sans aucune difficulté ces personnages emblématiques de l'histoire mongole.

Le témoignage d'un personnage imaginaire
Le roman débute en 1294 alors qu'Alagh est en train de mourir. Nous prenant comme témoin, elle nous confie le récit de sa vie depuis sa capture par les troupes mongoles à l'âge de 7 ans en 1237 jusqu'à la mort de son époux Kubilaï, Grand Khan. le récit à la première personne du singulier, sur le ton de la confidence, est idéal pour mettre le lecteur en confiance. Celui-ci a l'impression d'être en tête-à-tête avec Alagh, à ses côtés, et de recevoir le témoignage direct d'une femme qui a connu et côtoyé les grands personnages de l'Empire mongol, c'est-à-dire les différents souverains, mais aussi et surtout leurs femmes.

Un Empire mongol géré par les femmes
Qu'elles soient simplement épouses de souverains fantoches, plus attirés par l'airag – boisson à base de lait fermenté de jument – que par le bien-être de leur peuple, ou bien régentes, trois femmes ont marqué l'histoire de l'Empire mongol. Brillantes, stratèges et déterminées, Toregene, Sorgaqtani et Chabi ont réussi à maintenir l'unité et la paix au sein de l'Empire mongol malgré son extraordinaire étendue. Politique, économie, culture, religion, ces femmes sont intervenues dans tous les domaines de l'État. Ne croyez pas qu'elles étaient de douces colombes ! À la tête chacune d'un vaste territoire (ulus), ces femmes de caractère étaient ambitieuses et convoitaient les territoires des autres Khans, mais elles ont eu l'intelligence de ne pas mettre pour autant en péril l'Empire mongol. Il existe peu d'exemples dans L Histoire où des femmes ont été amenées à gouverner d'aussi grands territoires et autant de peuples.

La découverte d'une civilisation à travers l'histoire d'Alagh
Et c'est à travers le prisme du roman, la vie étonnante et tumultueuse d'Alagh, que nous découvrons la civilisation mongole : événements historiques, organisation de l'Empire, paysages époustouflants, traditions, moeurs…
Capturée par les troupes mongoles en 1237, Alagh est amenée à la cour de Karakorum, capitale de l'Empire, en plein coeur de l'actuelle Mongolie, et présentée à Toregene, l'épouse du Grand Khan Ogedeï, qui la prend à son service. Remarquant ses facultés, elle en fait très vite sa "sa femme à tout faire", oeuvrant notamment à des travaux d'écriture et de lecture. Mais, même si Karakorum fait office de capitale, le Grand Khan et son entourage continuent de vivre sous des yourtes, comme le faisaient leurs ancêtres, se déplaçant au fil des saisons. Et c'est l'occasion pour le lecteur de découvrir un territoire gigantesque, depuis la Chine aux confins de l'Europe en passant par le Tibet et la Sibérie, aux paysages, à la faune et à la flore si extraordinaires, si variés.
Considérant Ogedeï comme "un individu malfaisant, voire crapuleux, peut-être pas totalement dépourvu de valeurs, mais surtout capable de pulsions incontrôlées, et, plus que l'immense majorité des Mongols, ce qui n'est pas peu dire, un soiffard invétéré", Alagh ne ressent aucune tristesse lors de sa mort en 1241. Secondée par la jeune fille, la régente Toregene parvient à faire élire son fils Guyuk Grand Khan lors du quriltaï de 1246, n'hésitant pas pour cela à envoyer Alagh comme coursier (ulaci) aux confins de l'Empire ou à lui ordonner d'empoisonner des opposants trop virulents ! Quriltaï, ulaci… nous abordons ici l'une des caractéristiques de l'Empire mongol : son organisation parfaitement paramétrée, basée sur la yasa – loi édictée par Gengis Khan –, le quriltaï – grande assemblée réunissant tous les grands personnages de l'Empire et au cours de laquelle sont prises d'importantes décisions – et le yam, système de relais de poste couvrant tout le territoire mongol. Un exemple : lorsque l'ennemi était battu, les Mongols proposaient au vaincu la reddition sans condition. S'il l'acceptait, il rejoignait la communauté mongole, devenait vassal du Grand Khan, lui payait des impôts et pouvait conserver ses moeurs et sa religion sans qu'aucune destruction n'intervienne. C'est ainsi que christianisme, bouddhisme, islam, taoïsme ou bien encore chamanisme se sont côtoyés sereinement au sein de l'Empire mongol sans aucune tension ! Dans le cas contraire, la population était massacrée, les femmes violées, les villes détruites… Tout cela pour inspirer la crainte et convaincre les populations à se soumettre. Ce ne fut pas le cas de la plupart des villes européennes : les populations, quand elles ne furent pas massacrées, ont été réduites en esclavage, des villes ont été rayées de la carte, les campagnes ont été dévastées… D'ailleurs, il est très intéressant de voir la conquête de l'Europe par les Mongols non plus du point de vue occidental, comme nous en avons l'habitude, mais du point de vue mongol.
Au fil des années, Toregene se rapproche de Sorgaqtani, sa belle-soeur, et, ensemble, elles dictent à Alagh et à Quaraldaï, jeune esclave appartenant à Sorgaqtani, "L'Histoire secrète des Mongols", source littéraire de premier ordre permettant de connaître l'histoire de l'Empire mongol. C'est à travers ce récit qu'on apprend notamment dans ce roman comment s'est déroulé l'enterrement de Gengis Khan et comment on parvint à ce que nul ne connaisse l'endroit exact de sa sépulture… ce passage est très intrigant !
À la mort de Toregene, Alagh passe au service de Sorgaqtani, mère de Möngke, futur Grand Khan et dont Alagh est la maîtresse. Tandis que les guerres de conquêtes en Europe, au Moyen-Orient et en Chine ainsi que les complots pour accéder au pouvoir suprême se poursuivent, Alagh continue son petit bonhomme de chemin, devenant à la mort de Sorgaqtani la maîtresse de Hülegü, frère du Grand Khan Möngke, qui acquiert le contrôle des territoires de l'ouest et du sud-ouest. Sur ordre de Möngke, Hülegü est chargé d'éliminer une bonne fois pour toute la secte des Hashshashins. Au cours de l'opération, Alagh est capturée par les membres de cette secte et nous découvrons à ses côtés le fonctionnement de cette secte, ses préceptes et leur forteresse stratégique, Alamut... c'est impressionnant ! Délivrée par Hülegü, elle est aussitôt répudiée et renvoyée à Karakorum où Chabi, épouse de Kubilaï lui aussi futur Grand Khan, la prend à son service.
Après la mort de Möngke et l'élection de Kubilaï comme Grand Khan, nous pénétrons davantage dans l'histoire de la Chine mongole, avec la naissance de la dynastie Yuan, la conquête pacifique du royaume de Tali – aujourd'hui le Yunnan –, la construction de K'ai-p'ing, ville à la frontière de la Mongolie historique et de la Chine du nord, mais aussi l'invention de l'écriture carrée ! En effet, le mongol et le chinois ne parvenant pas à l'universalité, Kubilaï Khan demande à Drogön Chögyal Phagpa de créer une écriture universelle. Devenue la cinquième épouse de Kubilaï Khan, Alagh est chargée de la difficile diffusion de cette écriture en Chine et s'investit également dans la vie culturelle : ouverture de salles de théâtre dans l'ancien royaume des Songs, rédaction de pièces, exemption d'impôts pour les acteurs... Ce sera aussi pour elle l'occasion de rencontrer Marco Polo en 1266, futur homme de confiance du Grand Khan, dont elle deviendra l'amie avant qu'il n'obtienne enfin au bout de dix-sept ans de bons et loyaux services l'autorisation du Grand Khan de rentrer en Europe.
Mais toute histoire a une fin, et Kubilaï Khan et Alagh entrent progressivement dans la vieillesse après avoir oeuvré toute leur vie à la splendeur et à la gloire de l'Empire mongol.

Mêlant habilement L Histoire et la petite histoire à travers le destin d'Alagh, Armand Herscovici rend ici un bel hommage à cette civilisation injustement oubliée.

Je remercie les Éditions Pygmalion.
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« Les enfants du Khan » est un roman -fiction, extrêmement bien documenté, raconté par la seule personne imaginaire qui est la narratrice. L’auteur nous fait découvrir la vie de Gengis Khan et de ses descendants, l’influence de 3 femmes remarquables. Sur plusieurs générations l’Empire Mongol va couvrir une étendue jamais égalée de la Mer de Chine jusqu’aux confins de l’Europe. L’auteur y évoque, entre autres, la construction de Karakoroum, de la ville de K’ai-p’ing, la création de la dynastie chinoise YUAN par l’un des derniers Grand Khan Kubilaï et sa rencontre avec Marco Polo. A. Herscovici , l’auteur féru d’histoire sait la raconter avec beaucoup de simplicité pour la rendre accessible à tous. Cette lecture a été pour moi un moment passionnant et je la recommande à toutes les personnes intéréssées par l’Asie.
Je viens de faire la connaissance de cet écrivain de roman historique, je vais le suivre avec un grand plaisir
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Ce roman est un merveilleux récit historique sur les quelques décennies qui ont suivi la disparition du fondateur de l'Empire mongol : Gengis Khan.

Ses fils et petits-fils ont repris le flambeau et poursuivi l'oeuvre de leur illustre aïeul. Ils ont bataillé et imposé leur domination sur un territoire si vaste, allant des confins de l'Asie à plusieurs pays d'Europe, que cet Empire est considéré comme le plus important de l'histoire.

Avant d'entamer ma lecture, j'ai comme d'habitude jeté un coup d'oeil aux dernières pages du livre. Les annexes comportent un diagramme de la généalogie des enfants du Khan, ainsi qu'une liste des personnages que j'allais rencontrer dans le récit, sans oublier un glossaire des termes mongols… et j'avoue que j'en ai frémi ! Je me voyais engluée dans des termes barbares, perdue dans une filiation complexe et entrainée dans des conflits sanglants !

Mais non, pas du tout, rien de tout cela ne s'est abattu sur moi.

L'auteur a judicieusement choisi de s'exprimer à travers Alagh, un des rares personnages imaginaires de son roman (ils se comptent sur les doigts d'une main, tous les autres ont vraiment existé).

Alagh, donc, est une enfant de sept ans au début de l'aventure. Elle n'est pas mongole, mais issue d'une tribu d'Oyirats vivant sur les rives du lac Baïkal. Dans l'hiver de sa vie, elle se remémore son existence et l'extraordinaire destin qui a été le sien. Tout ce chemin parcouru depuis le terrible drame qui a mis fin à son enfance et sa situation finale.

Jolie, d'un caractère équilibré et joyeux, elle est intelligente, curieuse et dotée d'une grande capacité d'adaptation. A travers son regard, le lecteur fait connaissance avec le Khan et sa cour, ses intrigues, ses coutumes, ses lois…

Dans ce récit, l'accent est mis sur le rôle des femmes dans le pouvoir, de manière directe ou indirecte, selon la personnalité de l'époux en question.

Les descendants mâles de Gengis Khan n'étaient certes pas tous taillés pour être grands Khans. Certains n'étaient que des ivrognes invétérés, inconsistants et faibles, et dans ce cas la stabilité de l'Empire était assurée par l'épouse qui en avait le charisme.

C'est ainsi que l'Empire mongol a davantage étendu sa domination durant plusieurs décennies. L'armée faisait preuve à l'égard des peuples envahis soit d'une barbarie sans nom, massacrant, pillant et rasant tout sur son passage, soit d'une tolérance remarquable, respectant toujours les coutumes et la religion de chacun. Leur sort dépendait de leur soumission et allégeance immédiate ou au contraire de leur refus.

J'ai glissé dans ce roman avec une grande facilité, petit à petit, au fil des ans, aux côtés d'Alagh. Spontanée et quelques fois naïve, elle a donné de la fraicheur à cette belle histoire. J'ai particulièrement aimé la partie qui concerne le règne du Grand Khan Kubilaï, un des petits-fils de Gengis Khan, et sans doute le plus talentueux. C'était un amoureux de la Chine, et il a énormément oeuvré pour ce pays, dans beaucoup de domaines. Il a d'ailleurs réunifié la Chine du nord et fondé la dynastie Yuan.

Voici donc un roman riche, profond, historique et terriblement passionnant que je referme avec déjà beaucoup de nostalgie…

Lien : http://lebouddhadejade.blogs..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tous vivaient sous la yourte, ainsi que leurs ancêtres l'avaient fait depuis toujours, et les chevaux étaient à portée de main. Certes, les maisons de toile n'étaient plus montées en permanence sur des chariots tirés par des boeufs, comme du temps où l'on se déplaçait tous les jours. Mais elles constituaient encore l'abri principal. Exception notable, révélatrice de l'évolution des Mongols, quelques palais en dur perdus dans la nature, plus ou moins distants de la ville, où il arrivait à Ogodeï de résider.
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En son temps, Gengis Khan s'était montré lui-même farouchement hostile aux villes, où, selon lui, les hommes s'amollissaient. Il avait presque toujours refusé d'entrer dans celles, nombreuses, qu'il avait conquises, laissant à ses soldats le soin de piller, de détruire et de massacrer, ou d'obtenir la reddition et de lui ramener les plus belles femmes.
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En regardant mon passé, je me rends compte que je n'ai jamais pu me départir de l'attraction tendre que je ressens pour ceux que j'admire, et qui me traitent ou paraissent me traiter en égale.
Pourtant, l'expérience m'a enseigné que souvent, dans les situations difficiles, les hiérarchies se rétablissent. A mes dépens, bien sûr. Alors? Naïveté de ma part? Candeur excessive? Je ne le pense pas. Pourquoi faudrait-il se priver d'un sentiment affectueux qui vous rend heureux sous prétexte qu'il est temporaire? Certes, on peut en être peiné par la suite. Mais en attendant, on en a joui.
En vérité, je ne regrette rien.
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..j'avais mieux compris le statut des femmes qu'on échangeait contre des chevaux, des chameaux et des moutons pour leur mariage, mais qui, une fois épousées, avaient une mainmise absolue sur toute la maisonnée, tandis que l'homme bataillait au loin des semaines, des mois ou des années durant. A moins qu'elles ne participent aux combats, à l'égal des impétueux guerriers, chevauchant et maniant l'arc aussi bien qu'eux.
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Ainsi va la vie. A fréquenter les grands, à entrer dans leur jeu, on s'imagine compter. A les écouter, à dialoguer avec eux, on pense qu'une relation personnelle n'est nouée. Et un jour, sans que l'on ait rien fait de plus ou de moins que d'habitude, tout s'effondre, et on s'aperçoit qu'en réalité, les rapports privilégiés n'étaient qu'illusion.

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