AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782322257911
226 pages
BoD books on demand (06/07/2021)
4.69/5   8 notes
Résumé :
D’un père français et d’une mère algérienne, Malika-Anne est une jeune femme de 21ans, née à Marseille, qui a grandi en France et s’affirme comme un trait d’union entre deux cultures, à l’exacte mesure de son prénom, mais aussi entre deux cœurs, entre deux hommes, Quentin son mari et son frère Pierre avec lequel elle vit depuis leur enfance une relation fusionnelle. Jusqu’à ce jour du 17 octobre 1961 où la politique et l’histoire entrent brutalement dans sa vie, ren... >Voir plus
Que lire après Pierre avait deux rêvesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Roman introspectif, présenté sous la forme d'un journal intime, proposé par l'auteure via Simplement pro et les éditions BoD (@bodfrance). Entre la plume de l'auteure, riche, aux tournures très travaillées, et la manière dont l'héroïne se raconte : simple énonciation de faits quasiment dénués d'affect, le contraste est saisissant, l'exercice réussi. Singulier personnage que cette Malika-Anne, née d'un père français et d'une mère algérienne, qui traverse l'existence comme on voyage en train, assise, immobile, observant par la fenêtre sa vie se dérouler sans exprimer ni désir ni rébellion. Absence de volonté, résignation jusqu'au malaise. Dans cette vacuité, sa seule véritable ancre, son âme soeur, c'est Pierre. Exclusif, intrusif, en partance perpétuelle, rêvant de mer et de voyage, il voudrait la sauver, reprendre le voyage raté qui a conduit la famille d'Alger à Paris dans un exil doré où le soleil s'est éteint. Malika-Anne semble s'être oubliée, ne s'être jamais trouvée, subsistant par procuration dans les liens qui l'unissent aux membres de sa famille, existant sans s'impliquer dans une réalité plus rêvée que vécue. Débordée par les intentions de ses proches, Malika épouse, c'est dans l'ordre des choses : « il avait traversé ses habitudes sans trop les inquiéter ». Ses habitudes : son goût pour les études, sa passion pour la lecture, activités intellectuelles qui lui permettent de supporter le reste, en se coulant autant que faire se peut dans un moule inconfortable, se contentant d'être, faute de mieux. Son monde « derniers soubresauts d'une existence factice » bascule lors de l'exécrable nuit de massacre perpétrée par la police en octobre 61. Violence inouïe, qui la frappe d'autant plus qu'elle ne suscite ni la révolte, ni l'indignation attendues de ses parents et de la presse. Après ces événements dramatiques, une scission s'opère, radicale, entre Malika et Anne. Cette dualité de plus en plus difficile à faire coexister la projette au-delà des choses, suspendue sur un fil dans un équilibre aléatoire. de ce chaos nait une petite fille, dans laquelle le lecteur pourra percevoir un espoir, une rémission, une réconciliation entre Anne et Malika. Dotée elle aussi d'un prénom composé comprenant celui de sa grand-mère, l'enfant semble lestée de chaines invisibles. Pourra-t-elle néanmoins hisser sa mère vers le haut ou la rapprocher davantage de l'abime ? le voyage salvateur aura-t-il lieu ? le rêve de Pierre sera-t-il exaucé ? Mais ce rêve est-il seulement partagé ? Selon ses failles, ses fêlures, son empathie, le lecteur pourra combler les manques, s'indigner, se révolter, décider s'« il faut réhabiliter Anne, sans elle, rien ne sera possible » en espérant qu'elle émerge de ses tristes rêves éveillés, ou abandonner Malika à son mal être. Susciter de telles questions après lecture est assurément la marque d'un roman psychologique réussi.
Autre roman de l'auteure : « Symphonie concertante » @Monique Hervieu

Lien : https://www.bod.fr
Commenter  J’apprécie          212
J'ai lu récemment le second roman de Monique Hervieu, Symphonie Concertante, où je découvrais l'autrice, j'ai bien aimé cette histoire, j'avais donc envie de découvrir l'autre roman de cette autrice et c'est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers ce livre. le résumé m'intriguait et j'avais très envie de savoir quels sont les deux rêves de Pierre.

 

Je ne vais pas trop revenir sur l'histoire, c'est toujours mieux de la découvrir sans trop en savoir. Il faut juste retenir que nous sommes dans les années après la seconde guerre mondiale. Jean et Nora vivent à Alger, et se marient. Pour son travail, Jean est muté à Marseille. Nora est alors enceinte de son premier enfant qui naitra a Marseille, Pierre. Trois ans plus tard, elle donnera naissance à une petite fille, Malika-Anne. Cette petite fille porte avec son prénom les deux cultures de ses parents. C'est elle que l'on va suivre tout le long du récit, elle va raconter son enfance, son déménagement avec ses parents et son frère à Paris, ses années à l'école, comment elle vit tout cela. Et surtout elle va nous raconter son attachement à son grand frère, qui ne faiblira jamais même s'ils sont séparés. Elle nous racontera aussi sa rencontre avec son futur mari, Quentin, une union tumultueuse, qui n'apportera pas beaucoup de répit à sa vie. Jusqu'à un certain jour où elle verra sa vie bouleversée.

 

Je ne peux vraiment pas en dire plus, ce serait vraiment dommage. Je vous ai parlé des différents protagonistes, on va surtout suivre de près Malika-Anne. C'est elle qui rythme le récit. Je me suis très vite attachée à elle et j'ai suivi avec intérêt son enfance, sa vie d'adulte avec ses questionnements, ses doutes, ses joies, ses peines. Elle doit porter en plus le poids d'une double culture, et en remettant dans le contexte de ces années là, c'est plutôt difficile à vivre. L'attachement pour son frère est sans limite, et lui aussi aura ce même sentiment, il défendra sa soeur, prendra soin d'elle quand elle ne va pas. C'est une très belle relation que beaucoup de parents aimeraient que leurs enfants aient. Pierre va suivre le chemin qu'il s'est tracé, il a deux rêves, comme le titre l'indique, il en concrétise un et le second quelques années plus tard. Je ne vois les révélerais pas, à vous de les découvrir en lisant ce livre.

 

J'ai été surprise en lisant le livre que l'histoire soit racontée par Malika. En lisant le titre, je m'étais imaginé que l'on allait suivre Pierre et que ce serait lui le narrateur. Mais non, pas du tout. C'est en fait raconté par la soeur, et j'ai trouvé cela plutôt bien vu, même si j'aurais aimé de temps en temps avoir l'avis de Pierre sur certains faits. On rencontre Pierre et on le connait à travers les yeux de sa soeur, avec tout l'amour qu'elle lui porte, avec tout ce qu'elle idéalise sur lui. J'ai trouvé cela original et plutôt bien fait de la part de l'autrice.

 

Monique Hervieu traite au travers de ses personnages de faits historiques, la vie de ces Français d'Algérie qui quittent leurs racines et viennent vivre en France, avec tous les soucis que cela peut comporter pour l'intégration. Elle en parle avec beaucoup de sensibilité. Elle fait aussi passer de beaux messages sur la vie, l'amour de sa famille, les liens entre frères et soeurs, indéfectibles et ce malgré les aléas de la vie, la loyauté envers eux, l'amour entre deux êtres, la confiance dans une relation… Monique Hervieu parle de beaucoup de sujets plus ou moins personnels que nous pouvons tous connaître et elle le fait avec beaucoup de pudeur et de sensibilité. J'ai été profondément touchée et émue par certains faits, je me suis très vite attachée à Malika-Anne et l'aie suivie avec beaucoup d'intérêt.

 

Cet attachement est renforcé par le choix narratif de l'autrice qui est à la première personne du singulier. Je suis toujours très sensible à une narration avec un « je » car elle me permet de rentrer dans la tête du personnage, de ressentir la moindre de ses émotions et d'endosser un rôle le temps d'une lecture. Être dans la peau de Malika n'a pas toujours été de tout repos, j'ai ressenti ses doutes, ses joies et ses peines, ses questionnements, son envie de liberté, tout ce qui fait d'elle une belle personne. Je l'ai quitter à regret, comme on quitte une amie qu'on sait ne plus revoir. Ce qui est sur, c'est que j'ai passé un bon moment en sa compagnie.

 

J'ai lu ce livre assez rapidement, les chapitres sont courts, cela apporte beaucoup de rythme à la lecture. Ils relatent tous une année, de 1950 à 1976 puis jusqu'à aujourd'hui. le style est très fluide, une fois rentrée dans l'histoire, je n'arrivais pas à décrocher, les pages se tournaient sans difficulté. L'histoire est attrayante et intéressante, et de suivre le personnages d'année en année donnent une dose supplémentaire d'addiction. Il règne tout de même un certain suspense, bien sûr pas celui d'un roman policier, mais tout de même, on se demande ce qu'il va pouvoir arriver à cette famille et cela m'a tenue en haleine.

 

J'ai donc passé un bon moment avec Malika-Anne, Pierre, Nora, Jean et Quentin. Je ne pourrais pas vous dire si je préfère ce roman ci à l'autre de cette autrice. Ils sont tous deux différents, mais je pense avoir une petite préférence pour celui-ci, par contre, je ne sais pas du tout pourquoi. C'est un ressenti personnel qui ne s'explique pas vraiment avec des mots. J'ai tout de suite été attachée à Malika, et j'ai aimé la suivre de son enfance à son âge adulte.

 

Si vous ne connaissez pas Monique Hervieu, je ne peux que vous la conseiller et vous la recommander. Je vous conseille vivement de partir à la rencontre de l'histoire de cette famille, très riche, et de découvrir ce que sont les deux rêves de Pierre.

Commenter  J’apprécie          10
La vie de Malika-Anne s'égrène comme un chapelet de souvenirs intenses et superbement restitués.

Sa jeunesse sera marquée par une lutte incessante pour être au niveau scolaire d'un frère protecteur et adoré, pour lequel elle voue une véritable vénération. Ce sera le premier homme de sa vie.

Au sein d'une famille représentative de sa double identité culturelle, même si elle n'a vécu qu'en France, elle va mener un autre combat pour ne pas être victime des hommes, « une de plus » à leur triste tableau de chasse, soulignant une intelligence (et une éducation) peu portée sur la bagatelle au sens large du terme, façonnant une personnalité à la limite du cynisme, distante et peu chaleureuse.

Jusqu'à un mariage qui n'aurait pas dû se faire, vécu comme une étrangère, indécise dans son amour comme dans ses objectifs, une femme moderne avant l'heure (nous sommes en 1961…), tristement détachée des évènements de sa vie, à l'exception de son amour pour la littérature et de sa rigueur dans les études.
Cette indécision « d'esprit » lui fera accepter cette union qui n'en sera jamais une avec le deuxième homme de sa vie, qui s'écoulera au fil du temps au rythme d'un lent et inexorable sablier de paillettes multicolores qui fera briller des pensées féminines et humaines affirmées, étincelantes au gré des tragédies d'une vie, à l'image du terrible massacre des algériens à la manifestation de 1961 ordonné par le tristement célèbre Maurice Papon, qui fut un choc révélateur de son existence.

Terriblement féminine et d'une sensibilité hors normes, la plume de Monique Hervieu résonne dans nos mémoires comme dans notre âme, projetant la cruelle banalité d'une vie à des sommets de félicité et de secrètes émotions, comme l'ont fait Yourcenar auparavant dans son humanisme, ou Sand dans son romantisme déstructuré.
Tellement vivifiant dans sa profondeur, démontrant avec simplicité que les aléas de la vie sont malgré tous des perles uniques dans l'océan d'espérance de nos exigences, ce magnifique roman nous indique que chaque existence est unique, et que nos choix n'appartiennent qu'à nous.
Commenter  J’apprécie          90
Bonjour à toutes et tous.
SUBLIME ! Voilà un roman qui se lit d'une traite (3H pour moi), car impossible de le quitter.L'auteure Monique Hervieu a ce talent unique de nous tenir la main et de nous guider tout le long de ses pages.Le style littéraire est magnifique, les mots sont extrêmement bien choisis, les personnages, décortiqués. Pour moi c'est l'histoire d'une vie (Maupassant si tu écoutes...)celle d'une femme forte et si fragile, de ses amours, de ses blessures. Rien ne lui est épargné, ni la cruauté des hommes, ni celle de ses rencontres. On ne peut que souffrir avec elle, se réjouir de ses bonheurs, en emboitant son pas.
#moniquehervieu, comment as tu pu laisser aussi longtemps ce roman dans un placard ? Amateurs de belle écriture, de roman-type-journal-de-bord, de voyages, le charme de ce roman vous envoutera! A lire absolument.https://livre.fnac.com/.../Monique-Hervieu-Pierre-avait....
https://www.amazon.fr/Pierre-avait-rêves-Monique-Hervieu/dp/2322257915/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=ÅMÅŽÕÑ&crid=31RU3C9VYNCDK&dchild=1&keywords=pierre+avait+deux+rêves&qid=1628149282&sprefix=pierre+avait+%2Caps%2C188&sr=8-1.
Commenter  J’apprécie          10
Une très belle découverte : ce livre de Monique Hervieu avait attisé ma curiosité grâce à son résumé et sa lecture a rempli ses promesses. Je l'ai lu d'une traite car je souhaitais connaître le cheminement de vie de Malika-Anne.
Le livre se présente comme des mémoires de vie racontés par Malika. Elle nous livre son passé avec un brin de nostalgie et de cynisme, peut être un peu d'amertume et beaucoup de distance. La restitution de ces souvenirs est intense sublimée par l'écriture de Monique Hervieu qui réussit à donner à son personnage somme toute banal, une dimension immense. J'ai beaucoup apprécié sa plume sensible et délicate et son style, que je choisis de qualifier de magnifique.
Les thèmes abordés dans ce livre tournent autour de la famille, de la relation entre un frère et une soeur, de la double culture, des choix et des non dits…
Une lecture très addictive que je recommande tant j'ai été sous le charme.
Commenter  J’apprécie          21

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nous étions une famille unie même si entre Pierre et moi éclataient de fréquentes querelles, elles ne prenaient jamais le goût amer de la rancune. Mon frère venait me déloger de la chambre, refuge où je fomentais une vengeance, sans me laisser le temps de la mûrir. Il séchait mes larmes d’un baiser, de promesses qu’il ne tenait pas et j’oubliais jusqu’à la prochaine dispute.
Commenter  J’apprécie          50
J’évoluais en un décalage permanent entre ce que j’étais et ce que j’aurais voulu être. Mon existence se profilait en une succession d’espoirs, d’étapes, vers un inaccessible but. J’étais une perpétuelle insatisfaite.
Commenter  J’apprécie          20
Ma mère défendait si âprement son droit à la souffrance qu’aucun de nous n’aurait osé le contester.
Commenter  J’apprécie          20
En Occident, la mariée se voile pour ses noces ; Nora, elle, retirait le sien.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : 17 octobre 1961Voir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus

Autres livres de Monique Hervieu (1) Voir plus

Lecteurs (11) Voir plus




{* *}