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sur 169 notes
Ne pas se fier au titre ! D'après sa fille, Maurice Herzog n'est pas un héros, ni même le héros de ce livre. Il apparaît et disparaît au fil des chapitres, un peu comme il le faisait dans la vie de Félicité Herzog. le portrait brossé est terrible : on découvre un homme égoïste, à l'ambition démesurée, au besoin pathologique de séduire. Sa fille est parfois rattrapée par la compassion comme lors d'un dîner au restaurant où un petit garçon effrayé par les doigts amputés de l'aventurier refuse de l'approcher. le lecteur, lui, ne sera jamais touché par cet homme dont la personnalité décrite est malsaine, perverse, manipulatrice. Allant jusqu'à remettre en cause sa conquête de l'Annapurna, Félicité Herzog ne l'épargne pas, mais elle n'est pas non plus tendre avec le reste de sa famille. Entre amours déçues et combats idéologiques, sa mère ne semble pas à l'aise dans son rôle de parent. Fait révélateur : dans ce livre, le terme est presque exclusivement employé entre guillemets pour décrire les grands-parents maternels de Félicité Herzog. Antisémites jusqu'au bout des ongles, collaborateurs sans remords, Pierre et May de Cossé Brissac placent leur lignage aristocratique au-dessus de tout et ne s'intéressent jamais qu'à la forme. Ils accueillent Félicité et son frère régulièrement pendant les vacances, mais ils passeront, eux aussi, à côté de la maladie de Laurent. le frère aîné de l'auteur est l'une des figures centrales du livre. Très vite, on comprend que quelque chose ne tourne pas rond dans sa tête, mais ce que le lecteur devine, sa famille ne le voit pas. Son extrême violence, - il envoie plusieurs fois sa soeur aux urgences sans que cela ne suscite aucun émoi autour de lui, sa solitude, sa peur irrationnelle face aux examens, rien de cela n'étonne. Jusqu'à ce que les hôpitaux s'en mêlent… L'histoire de cette famille, somme toute extraordinaire, m'a intéressée, mais le récit s'essouffle dans son dernier tiers, pourtant le plus tragique. Quand j'ai tourné la dernière page, mon enthousiasme était retombé. Tout au long de ma lecture, je me suis interrogée sur la dédicace « A ma mère ». Les rapports de Félicité Herzog avec sa mère ne sont jamais clairement explicités… mais dans la famille Cossé Brissac, on a l'habitude de faire oeuvre littéraire. Marie-Pierre de Cossé Brissac ayant elle-même publié ses Mémoires d'automne, nul doute qu'elle se soit préparée à ce que sa fille marche dans ses pas.
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Il s'agit d'un premier « roman » qui n'en est pas un puisque Félicité Herzog raconte en détails sa vie de fille de Maurice Herzog et de l'héritière d'une grande famille aristocratique et industrielle. Elle évoque tout d'abord son père, notamment son « ascension » de l'Annapurna en 1950 et la légende qui s'est construite autour de lui après cette épopée. S'ensuit une longue partie dédiée à la famille de sa mère où l'auteur décrit soigneusement le quotidien doré de cette dynastie : vie de château, repas interminables autour d'une table luxueuse, insouciance... le style du roman, très intéressant au début, devient plus fade. le lecteur n'apprend plus rien de captivant, et il n'y est plus du tout question de Maurice Herzog, comme promis par le titre. La dernière partie du roman est consacrée à Laurent Herzog, frère de l'auteur. Ils ont passé leur jeunesse à se confronter, en se lançant de multiples défis. Puis, elle prend conscience de sa folie, mais n'est pas soutenue par sa famille pour l'aider à se faire soigner. le lecteur peut sentir le désarroi de Félicité à la perte de son frère.
Au final, ce roman s'avère plutôt bien écrit et assez intéressant, mais quelque peu trompeur car il est beaucoup moins question de Maurice Herzog que ce que l'on peut s'y attendre.
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Voici un livre surprenant, qui aurait tout aussi bien pu s'appeler « L'héroïsme », ou « Les héros », car il s'interroge, au travers d'histoires vécues, sur les splendeurs et misères de ces figures éternelles.

Félicité Herzog naît en 1968. Elle est la fille de Maurice Herzog, le vainqueur de l'Annapurna, et de Marie-Pierre de Cossé-Brissac, héritière des aciéries du Creusot et de la duchesse d'Uzès.

Celle à qui toute sa vie durant on a répété la « chance » qu'elle avait d'avoir un père tellement admirable (il sera ministre sous De Gaulle – et son récit de l'ascension de l' Annapurna se vendra à des millions d'exemplaires) et une vie si confortable, met à mal ces figures bien fragiles de l'héroïsme à la française.

Son récit se décompose en trois parties, et aborde trois visages de cet héroïsme familial.

Il ne faut pas s'attendre à trouver dans ce livre la narration fidèle et détaillée de scènes de famille entre Maurice Herzog et sa fille. Il aurait pour cela fallu, en premier lieu, qu'il y eut une vie de famille. le héros avait de nombreuses conquêtes, et avait déjà presque quitté le foyer conjugal quand Félicité est venue au monde – celle qu'il nommera lui-même une « étrangère ». Peu de descriptions du quotidien donc, hormis peut être deux scènes frappantes.

La première : alors que Félicité n'avait que quatorze ans et prend le soleil déshabillée sur un rocher, son père est frappé par la vision de son corps qui est presque celui d'une femme, et tiens alors à la photographier. Maurice Herzog, déjà décrit comme un « ogre » à femmes, ne s'intéressait alors guère à une fillette. Il lui prête alors ici un rare moment d'attention, et pourtant complètement inapproprié.

Une autre scène. Maurice Herzog invite sa fille quelques temps plus tard au restaurant, avec deux intentions assumées : qu'elle convainque sa mère de réduire la pension alimentaire (il avait alors deux autres enfants d'une nouvelle épouse) et qu'elle accompagne sa toute jeune maîtresse japonaise dans le beau monde parisien. Plus incroyable encore, le repas s'achève sur une troisième requête, qu'elle l'accompagne à un diner chez Jean-Marie LePen, contre lequel elle tenait des propos virulents.

Félicité parle de son père en ces termes : « pour sauver les apparences d'une ascension de légende, il a réécrit l'histoire, trahi et négligé son entourage sans jamais avoir le sentiment d'avoir fait mal puisque la société le jugeait si bien. Tout était bon pour parfaire la statue de héros qu'on lui avait demandé d'ériger autour de sa personne. La vérité, pour lui, est une éclipse ».

Comme d'autres avant ce livre, elle remet en question la célèbre victoire contre l'Annapurna en 1950, auquel le héros avait pourtant sacrifié ses doigts et ses orteils. Au conditionnel, elle imagine le pacte qui aurait pu lier Maurice Herzog à son compagnon de cordée, afin qu'il renonce à un projet qui allait coûter la vie de l'équipée. Déjà évoquée, cette théorie n'a jamais désacralisé ce héros « gaullien », qui avait su rallumer les étoiles françaises après la débâcle de la guerre.

Débâcle de la guerre et de la collaboration. Sans fard ni détours, Félicité Herzog retrace le parcours trouble de ses grands-parents maternels sous l'occupation, leurs positions antisémites et pro-Pétain. Prenant à revers la tradition familiale de la rédaction de Mémoires, elle expose simplement cette France archaïque et pourtant si fière d'elle et de ses origines.

Elevés dans cette famille scindée, entre un père adulé par le pays entier et étranger à son foyer, et une mère rebelle mais rentrée dans le rang (elle épouse en première noce un réalisateur juif, Simon Nora, ce qui lui vaudra d'être mise au ban de la famille durant plusieurs années), Félicité et son grand-frère Laurent grandissent comme les deux enfants terribles de Cocteau, entre château d'hiver et résidence parisienne d'été. Issus d'une éducation libertaire, inspirée de Dolto, le frère et la soeur son livrés à eux-mêmes. Et lorsque la violence de Laurent s'abat sur sa soeur, personne n'ose trop s'en mêler.

Avec émotion, Félicité raconte ce frère avec qui elle a grandit, trop rivaux pour s'aimer, et trop unis pour se séparer. Ce frère écrasé par la dynastie parentale, et qui répondait « ministre » lorsque sa maîtresse d'école lui demandait ce qu'il souhaitait faire à l'âge adulte. Ce frère torturé par la peur de l'échec ou de la faille, la peur de tomber là où son père a tant gravit : « la mégalomanie du fils renvoyait à la mégalomanie du père, qui n'hésitait pas à rapporter dans un de ses livres : d'égal à égal, je dialoguais avec les 8000, les géants qui m'entouraient. Il y avait entre mon père et mon frère, dans cette inconscience, un écho : l'ignorance des réalités, d'eux-mêmes et des autres ».

Et surtout, la difficulté pour ce frère, à la sortie de ses crises maniaques, d'accepter sa vie telle qu'elle était, loin des délires et des bouffées paranoïaques.

Ce frère enfin, que l'on retrouvera mort, tombé du haut des escaliers du château familial, à 34 ans.

Félicité Herzog lui adresse ce livre, comme leur mémoire commune. Elle lui doit, car elle estime avoir vécu en quelque sorte la vie qu'il aurait dû avoir, en choisissant de faire de la finance aux USA, comme il s'y était destiné avant que ne se déclare sa schizophrénie. Comme si dans leurs rapports gémellaires, il n'y avait pas eu assez de place pour deux. N'ont-ils pas eu assez de place ? Ou peut-être justement trop. Félicité s'étonne que dans un milieu où l'on s'attache tant aux apparences, la maladie de Laurent soit autant passée au travers des mailles.

Récit sur l'héroïsme et ses ravages, Félicité propose un document intéressant. Son écriture est simple, sans prétention. Il s'agit de son premier texte, et il est assez difficile de lui prédire un avenir littéraire. Ce texte est néanmoins poignant, et nous évoque tous les récits des survivants.


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Il a été beaucoup écrit sur les relations de Félicité Herzog et son règlement de compte avec son père (attitude douteuse pendant la montée de l'Anapurna, coureur de jupons, dérive lepéniste)... mais elle règle aussi ses comptes avec sa mère, qui ne réagit pas quand son frère l'envoie à plusieurs reprises à l'hôpital... sans s'inquiéter de la naissance de la maladie mentale de celui-ci... Elle tape aussi sur le reste de la famille de sa mère, Marie-Pierre de Cossé-Brissac, les Schneider, collabos et profiteurs de guerre. L'Anapurna, c'était déjà une vieille histoire quand elle est née, Louis Lachenal, son compagnon de cordée finale, était déjà mort depuis longtemps entombant dans une crevasse au cours d'une descente à ski de la vallée Blanche, sans doute non loin de là où, des années plus tard, Félicit se met en danger pour suivre son frère Laurent dans un défi stupide de dépassement de soi... Au-delà de l'histoire, pourquoi dire qu'il s'agit d'un roman alors que c'est un récit autobiographique? J'ai eu du mal à suivre par moment, d'ailleurs, car ce récit n'est pas ni linéaire ni chronologique et parfois confus.


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sous couvert de parler de son frère "un héros", Félicité Herzog parle d'elle, et règle ses comptes avec son père. on attend l'histoire de Laurent. elle y consacre qq pages. pas de fil conducteur. pas d'histoire véritable. franchement, je n'ai pas aimé l'écriture. je n'ai pas aimé non plus que l'interview vue de l'auteur dans "thé ou café" me fasse imaginer que j'allais lire l'histoire et la maladie de Laurent Herzog - alors que le livre parle de sa soeur et de son père quasi exclusivement. voilà. un livre de règlement de comptes avec son père. note : zéro. livre : déconseillé. berk.
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Si vous avez aimé "Bienvenue chez les ch'tis", vous aimerez "Bienvenue chez les bourges". Car ce livre n'est pas un roman, c'est l'autobiographie complaisante d'une grande bourgeoise qui crache dans la soupe, tout en sachant qu'elle aura toujours de la soupe, donc qu'elle ne risque pas grand-chose. En ne lisant pas cet ouvrage, vous ne risquez pas grand-chose non plus.
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Assez deçue ... Je crois n'avoir même pas compris l'objet du livre...
Fini mais sans envie.
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En mémoire de son frère schizophrène, Félicité Herzog retrace un portrait acide de sa famille. «Les grandes mythologies familiales mêlées à des mythologies nationales finissent par détruire les êtres les plus vulnérables»,

Le père, Maurice Herzog, vainqueur de l'Annapurna en 1950, ministre de De Gaulle, grand séducteur, collectionneur de femmes.

La mère, Marie-Pierre, intellectuelle, s'enfuit avec (et épousera) Simon Nora, juif, énarque et résistant avant de retrouver son « rang » et d'épouser Herzog. Dont elle finira aussi par divorcer.

Les grands-parents maternels, May et Pierre, emprisonnés à la Libération pour avoir pactisé avec l'Occupant, dignes représentants de leur lignée. « Nous sommes une des seules familles de la noblesse française à n'être pas enjuivée ».

Enfin, Félicité et son frère Laurent, leur rivalité, la maladie du frère, sa violence, sa déchéance.

Ce n'est pas franchement un livre que je recommanderais. Entre la biographie et le règlement de comptes.

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La fille du célèbre alpiniste règle ses comptes avec son père et au-delà avec toute sa famille.
Livre indécent, il manque la distance qui aurait permis au lecteur d'établir un lien avec la narratrice.
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Un effort pour sortir l'insortable, dire l'indicible, déterrer les secrets, descendre l'idole de son piédestal. Quand on connait la difficulté de l'exercice, je trouve que c'est déjà louable en soi. Il faut lui reconnaître ce courage-là.
Après, ça se répète beaucoup, surtout dans les deux premiers tiers, et tout ça ne devient réellement intéressant que dans le dernier tiers.
J'espère pour elle que la thérapie par l'écriture aura été efficace, au moins...
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