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2,72

sur 169 notes
Pourquoi donner cette appellation à ce qui semble être une histoire familiale?

J'avoue en avoir lu un certain nombre et avoir été marquée par la plupart d'entre elles?

Ce n'est pas le cas pour celle-ci. Certes j'ai été très sensible aux drames familiaux évoqués mais pour reprendre une formule de l'auteure "la forme nuit au fond".

J'ai ressenti une certaine urgence de la part de Félicité Herzog à se livrer d'où parfois une écriture précipitée. Mais ce qui m'a gênée c'est la construction brouillonne du récit sans respect de la chronologie ni de transition entre les différents épisodes.

Une déception certes mais je me dis que de meilleurs moments de lecture m'attendent.
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Je n'ai pas aimé ce livre, dont la construction pêche, dont le propos est confus, dont la cible est plus que mouvante.
La famille de Félicité Herzog, toutes branches confondues, est certes illustre. Cela ne suffit pas à rendre ses malheurs, ses compromissions, ses erreurs, intéressants.
Cela ne suffit pas à faire une oeuvre littéraire. Seul le style, peut-être…
Mais là encore, manque d'unité.
Finalement, à quoi sert ce livre?A déboulonner le père? A sauver la mère? L'inverse?A venger le frère? A se venger de lui? Les deux? Et pourquoi convoquer le lecteur à lire ces atermoiements?
La notion de livre-thérapie me déplaît car elle est péjorative littérairement parlant.
Je suis plutôt en empathie avec les gens qui cherchent à savoir et ne se contentent pas d'adhérer au mythe familial.
C'est ce qu'a réussi brillamment Alexandre Jardin, en s'impliquant totalement et impliquant le lecteur avec lui.
Par comparaison, les mémoires de cette femme dans la force de l'âge ont un caractère exogène. C'est à dire que l'émotion n'y est pas, ni lexpression écrite de la souffrance qu'on pressentirait face à de tels manques.La distanciation est ici dommageable au projet tout entier, et on manque l'essentiel .
Car si le père est une légende absente, incapable d'être un papa, la mère semble avoir engendré ses enfants par erreur, et en particulier, elle ne semble pas avoir transmis à sa fille quoi que ce soit de substantiel concernant ce qu'est être une fille, la fille de, une femme en devenir…Rien de cela n'est évoqué.
Si bien que le principal accusé sort quasiment indemne de ce réquisitoire, faute de griefs consistants, si on excepte, tout de même la scabreuse scène des photographies qu'il fait de sa fille. Car cet homme à femmes, est incapable finalement d'avoir une relation de père avec sa fille et de lui montrer le chemin de la vie.
Alors que dire?,
L'intention d'écrire est toujours louable. On peut avoir le désir d'écrire même maladroitement ce qui ne pouvait pas se dire.
Mais pour emporter l'adhésion du lecteur il faut peut-être chez l'écrivain moins d'ambition affichée, plus d'humilité, de don de soi.
Sous peine, comme le père, de frôler le sommet sans vraiment l'atteindre.
Félicité Herzog est comme tout le monde un individu produit de son milieu. Cette première tentative littéraire ne lui permet pas, à ce jour, de s'en extraire.
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« Un héros », roman de Félicité HERZOG, Grasset, 2012, 302 pages
Dans son premier roman, Félicité Herzog, 44 ans, nous raconte les grands épisodes de sa jeunesse. Félicité est la fille de Maurice Herzog, l'alpiniste dont le Général de Gaulle avait fait, en 1958, le premier ministre français de la Jeunesse et des Sports. Mais dans les veines de Félicité coule aussi du sang de Marie Stuart, comme celui de la veuve Clicquot, puisque elle est la petite fille du 13ème Duc de Brissac. Et enfin, Félicité est l'arrière-petite-fille d'Eugène Schneider, le fondateur des aciéries du Creusot.
Le lecteur de ce début du XXIème siècle a beau se déclarer affranchi du passé, de ses mythologies comme de ses idéologies, et évoluer dans le perpétuel présent d'une mondialisation magique, à défaut d'être heureuse, ce roman le plonge dans quelques pages de l'Histoire de France qui résonnent encore au coeur des générations contemporaines. En effet, quoique nous en dise le marketing techniciste et intemporel, ne sommes nous pas tous des héritiers de régimes anciens, de révolutions industrielles et de guerres nationalistes ?
L'alliance de la fortune des Schneider et du nom des ducs de Brissac évoquée ici rappelle ce que Proust a décrit dans « le Temps Retrouvé » : les aristocraties ruinées après la Première guerre mondiale ont fait des mariages d'argent avec la haute bourgeoisie de la banque et des affaires. Mais le prurit réactionnaire de ses aïeux, autrefois boulangistes et anti-dreyfusistes, se déclinera pendant la Seconde guerre mondiale par la collaboration sous le gouvernement de Vichy.
Heureusement, les options des Brissac ne résument pas toute l'éthique et l'action de leur caste. Une certaine noblesse française, par exemple la famille de Vogüé, la maison de Broglie ou les adeptes de la branche d'Orléans, ont su s'illustrer dans des voies humanistes, scientifiques et pacifiques. Elle tentait de pratiquer sur le terrain, et dans le monde entier, une hauteur de vue qui faisait fi de l'obsession de l'étiquette et du protocole dont Félicité Herzog nous fait souvenir.
Signalons par ailleurs une sorte de ratage des espérances idéalistes des parents. Côté Père, l'héroïsme légendaire se réduit à une imposture navrante et narcissique : cet alpiniste n'a pas réalisé l'exploit de l'ascension de l'Annapurna tel qu'il le clame. Par contre, en insatiable Don Juan, les dames étaient bien conquises. Quant à la mère, dont l'intelligence brillante est pétri des lumières de l'agrégation de philosophie, elle se transforme en Simone de Beauvoir qui aurait eu des enfants par erreur.
A une lointaine époque, on envoyait la jeunesse dorée faire ses preuves sur le champ de bataille. Félicité, elle, pour fuir le passé et l'avenir, prend la direction de Wall Street à New-York, elle endosse le rôle de jeune banquière avec diligence, rage et méticulosité (page 266) :
« Je m'étais prise au jeu de ces transactions financières qui ne laissent aucun temps de réflexion, aucune respiration pour penser à autre chose qu'au perpétuel mouvement des entreprises industrieuses d'Amérique du Nord et d'Europe qui s'emboîtent et se démontent à la manière de mécanismes d'horlogerie. Gagner beaucoup d'argent offrait pour quelques-uns dans notre génération un horizon indépassable et l'espoir pour moi, de faire revivre les demeures du passé. » page 253
« Mon attention était entièrement distraite par ce groupuscule composé de funambules de la transaction financière, de clowns de la représentation new-yorkaise, de personnages aussi vivants, naïfs que d'autres étaient douteux, navrants, inutiles. Nous étions tous soudés à ce centre nerveux d'informations et de transactions qui crachait son énergie par une foudre routinière. Il y avait là un afflux de nouveautés, y compris de comportements, une avidité de consommer de la vie, du temps, un mépris pour tout exercice de mémoire, une exigence de technicité tels que mon vieux passé était submergé, saturé, étouffé, enseveli : l'avenir seul comptait. Mort du passé par indifférence, refoulement des émotions, argent devenu jouissance, foi dans la mécanique des chiffres contre esprit de finesse.» (page 265- 266)
L'auteur semble écrire à la pointe de l'épée, comme si les ancêtres chevaliers avaient légué leur ADN à sa plume. Elle vous tire le portrait, toujours vif et précis, style au vitriol pour peindre les moeurs professionnelles et mondaines, notations gorgées d'émotion pour dévoiler la maladie mentale de son frère, révélateur de la crise de confiance et de cohérence vis-à-vis du clan familial, poésie dans le regard porté sur le parc du château et la forêt.
Ce roman qui est sans merci n'est pas sans grâce. On souhaite lire les suivants.
Patricia JARNIER 18 Octobre 2012 Tous droits réservés
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Laurent Herzog naît en 1965 et meurt en 1999. Entre temps, une vie chaotique à l'ombre d'un père héros à plus d'un titre : l'alpiniste Maurice Herzog qui partit à la conquête de l'Annapurna en 1950 et en redescendit héros de la nation française puis devint ministre des sports sous De Gaulle. Ce père si convainquant devant les lumières de la célébrité brille moins sous le regard implacable de sa fille Félicité qui dévide l'histoire familiale depuis la figure étonnante de Marie Adrienne Anne Victurnienne Clémentine de Rochechouart de Mortemart, l'ancêtre aristocratique et féministe : la Duchesse d'Uzes, jusqu'au fantôme de son frère qui hante encore le château de la Celle-les Bordes où il périt en avril 1999. C'est quelques années après la mort de son frère aîné que Félicité Herzog déclenche une avalanche de vérités cachées, mettant en lumière la vie intime de son père qui ne parvient jamais à se comporter comme tel et auquel elle reproche non seulement l'absence mais surtout le manque d'amour filial et d'intérêt pour ses enfants.
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Un roman qui, comme vous l'aurez compris en lisant mon résumé ci-dessous, n'en est pas un, ou alors comme je l'indique en libellé de cet article, c'est un roman "non fiction", une sorte d'essai que j'ai trouvé passionnant, non pas par son style qui est très inégal et tristement banal après quelques premières pages accrocheuses, mais par son contenu, et principalement par la "vie de château", cette vie balancée entre les séjours de l'auteur et de son frère chez les grands-parents (ceux de leur mère Marie-Pierre Cossé-Brissac) et surtout, je suis tombée folle d'intérêt pour cette impétueuse duchesse d'Uzes.
C'est sans surprise parce que nous sommes prévenus dès les premières pages que l'auteur prend le parti d'attaquer publiquement son père dans ce livre, mais ce que j'ai perçu également, c'est le procès de tout un système social dont il est question : malgré la notoriété, l'éducation, les relations, la maladie de Laurent reste invisible aux yeux des siens. Laurent, ce frère despotique tout de même, qui ne rate pas une occasion pour lui donner des coups, et bien personne ne s'interroge sur l'origine de sa violence ! L'auteur tient pour responsable son père Maurice Herzog, si brillant en public et si ténébreux dans sa vie privée, comme un ange déchu. Coupable de la séparation de ses parents puisqu'il est parti du foyer vers une nouvelle conquête, laissant son épouse démunie, et visiblement incompétente devant la schizophrénie de son fils, révélée tardivement par la médecine après un suicide manqué, mais qui aurait pu être décelée plus tôt si les premiers signes de violence et d'incohérence avaient été soignés dans l'enfance.
Si j'ai aimé l'aspect documentaire historique de l'enfance malmenée : une mère intellectuelle qui ne s'occupe pas vraiment des ses enfants livrés à eux-mêmes, j'ai moins été attirée par le récit de la vie politique de Maurice Herzog et je regrette également le manque de cohérence de ce livre qui traite de beaucoup de sujets périphériques sans les approfondir, ce qui laisse une impression d'achevé dans la précipitation, dommage.
Lien : http://lecturesencontrepoint..
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une fille de...dit sa souffrance et fait de son père un portrait au vitriol. Violent...Elle dézingue comme il grimpe, avec allégresse. Ni le style ni le contenu ne laissent un souvenir remarquable. A oublier, finalement!
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N°600– Novembre 2012.
Un hérosFélicité Herzog - Grasset.

Victor Hugo voyait son père comme un héros, mais je ne suis pas bien sûr que les Vendéens de 1791 dont il mata la révolte partageaient son admiration pour son « sourire si doux ».

Je ne sais pas pourquoi, mais j'aime assez qu'on fasse tomber les mythes qui, le plus souvent sont hypocrites. La famille, à laquelle on trouve par ailleurs beaucoup de qualités et qui est aussi un pilier de la société, est un des thèmes qui se prête à ces mises au point, surtout quand elles sont nourries par ceux qui ont été les victimes innocentes et surtout impuissantes des ces potentats familiaux qui trouvent ainsi le moyen d'y étendre leur autorité malsaine tout en tissant, à leur seul bénéfice, une image forcément favorable. C'est sa fille, Félicité, qui se charge de cette tâche d'autant plus ingrate qu'elle s'attaque à la statue du commandeur, son propre père, Maurice Herzog. Pour le commun des mortels, cet homme est un ancien résistant, un alpiniste accompli, vainqueur de l'Anapurna en 1950 et même si cet exploit a été enjolivé et contesté, il reste celui dont les doigts ont été amputés par le gel dans cette aventure, l'homme de lettres aussi qui en tira un best-seller. Secrétaire d'État à la jeunesse et aux sports du général De Gaulle, il garde l'aura de ce titre qui fait de lui un homme politique respecté, grand-Croix de la Légion d'Honneur. le père devenu fasciste avec le temps, fut un séducteur impénitent, un père absent et démissionnaire, indifférent et lointain, plus impliqué dans les fonctions officielles et ses succès féminins que dans sa propre famille. Il dit d'ailleurs à Félicité «Tu es ma fille mais tu es une étrangère », un père abrupt, inattendu parfois quand il s'adresse à sa fille en la photographiant et lui déclare sans équivoque, l'avant-bras dressé « Tu verras ma petite, comme toutes les femmes, c'est cela que tu aimeras, un sexe dur qui te fera bien jouir ». Il est vrai que ce n'est pas facile d'être la fille d'un héros à ce point reconnu, un personnage public couvert d'honneurs et qui entretient, de son vivant, sa propre légende.
Face à lui, une mère, malheureusement en charge de deux enfants qui lui échappent de plus en plus, peu regardante elle-même sur la fidélité conjugale, elle est davantage faite pour l'enseignement public que pour l'éducation de ses propres enfants.

L'auteure, née en 1968, tente de se libérer par l'écriture d'un contexte familial qu'elle présente comme délétère «  Je n'étais qu'un petit garçon manqué que la familiarité libidineuse de mon père confortait dans son choix de comportement ». Il reste une « énigme insupportable », son frère aîné Laurent, schizophrène, paranoïaque, mort à trente quatre ans d'un infarctus après avoir été « vagabond des étoiles », « promeneur du monde », enfermé petit à petit dans une maladie qui fera de lui un jeune homme déstructuré qui est persuadé d'être la victime d'un complot international. Dès sa disparition, on ne parle plus de lui et son père n'ira jamais sur sa tombe peut-être parce qu'il ne sera plus jamais « l'enfant sublimé qui devait répondre par miroir aux canons parentaux ». Pour Félicité, il avait été longtemps ce frère, adulé, jalousé et craint, nanti d'un avenir brillant et chargé par avance de perpétrer la lignée alors qu'elle n'était cantonnée que dans un rôle secondaire par ses parents. le frère et la soeur, que tout oppose sont deux-écorchés vifs mais Laurent, plus violent va finir par plonger dans la marginalité puis dans la folie que personne n'avait vue venir. Face à cette famille, Laurent et Félicité sont des « manants » dont l'adolescence a été rendue infernale par un duel fratricide. Ensemble ils sont les héritiers privilégiés mais abandonnés d'une famille d'aristocrates, les grands-parents, duc et duchesse de Brissac d'un côté et la dynastie industrielle Schneider de l'autre. Ses grands-parents maternels, Vieille France, antidreyfusards et arc-boutés sur leur arbre généalogique ont pactisé avec l'Allemagne nazie, mais sa mère, Marie-Pierre, agrégée de philosophie, choisit pour premier mari un jeune inspecteur des Finances, résistant et juif. Elle épousera ensuite Maurice Herzog dont elle divorcera également.

Il reste à Félicité à entrer véritablement dans la vie. Peut-être à cause du parcours raté de son frère qu'on destinait à la banque ou peut-être parce qu'elle est enfin libérée de l'emprise de cette famille, elle entre comme analyste chez Lazard à New York. Elle connaît cet univers impitoyable de la finance internationale où tout n'est que rentabilité et déshumanisation. Pourtant cette nouvelle vie l'aide à oublier son passé, à tourner la page et à s'installer dans un nouvel univers où elle trouve sa place « Je damais le pion à mes fantômes existants ou futurs, mes faux et mes vrais héros, en m'arrachant brusquement à mon amas de mémoire putride ...J'avais obtenu une place dans une autre fratrie».

Le véritable héros de ce roman, ce n'est pas le père dont elle livre une image différente de celle que l'histoire a retenu, mais le frère qui a pour elle marqué sa vie de son existence courte mais intense comme le font généralement ceux qui meurent jeunes. Dans ce livre, l'auteure règle ses comptes avec ce père qui ne correspond pas à l'image qu'il avait lui-même tissée autour de lui. Il n'y a rien d'étonnant à cela, d'autant qu'elle le fait avec talent. Ce que je retiens aussi, c'est l'image de ce frère, alternativement surexposée ou floue qui se transforme à la fin en fantôme perpétuellement présent.

L'éditeur range, par commodité sans doute, ce livre dans la catégorie « Roman ». Ce n'en est pourtant pas un. Non seulement l'auteure a le courage de ne pas avancer masquée en offrant à son lecteur une fiction, une autobiographie qui ne voudrait pas dire son nom, mais surtout elle affronte l'hypocrisie familiale et ses trahisons autant que le lourd passé qu'elle génère, rend hommage à ce frère à la fois redouté et regretté.

J'ai bien aimé ce livre, notamment parce qu'il est bien écrit. L'écriture, pour celui qui la pratique est une libération et, pour le modeste lecteur que je suis, elle est un plaisir et c'est important.

©Hervé GAUTIER – Novembre 2012.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Félicité Herzog nous parle des membres de sa famille : pas seulement de son père. Elle décrit celui-ci sans pitié, sans haine non plus car elle perce bien le personnage qui a très fort souffert physiquement après son expédition dans l'Himalaya. Elle met bien en opposition cette souffrance avec le désir absolu de briller et d'occuper la première place partout où il apparaît.
Par contre, je l'ai trouvée trop compréhensive avec son frère. A la limite, elle se culpabiliserait d'exister à sa place. Il avait une responsabilité aussi quand il faisait preuve de brutalité envers sa soeur. Il était à l'âge de la conscience de soi et même plus. C'est vrai qu'il est à plaindre car il n'a pas bénéficié de cette résilience dont Mr Cyrulnik bous parle tant.
Et comme elle traduit bien le malaise qu'il y avait entre ses parents: la maman, intellectuelle toujours en recherche et le papa avec son intelligence beaucoup plus concrète.
C'est avec surprise que j'apprends sa formation d'économiste car elle écrit avec tant de profondeur, de clarté et de sentiment...
Un langage loin de l'automatisme.
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C'est un "pauvre petite fille riche" qui s'exprime au travers de ce livre. Faisant tomber son père du piédestal sur lequel son 'exploit', bien arrangé, d'avoir été le premier vainqueur des 8000 m de l'Anapurna, l'avait érigé. C'est un homme odieux, qui ne se préoccupe pas des siens, c'est un fait.
Une mère hyper-mondaine, moderne et engagée avec des responsabilités puisque haut-fonctionnaire et cotoyant les plus grands de ce monde, les : De Gaulle, Mittérand....Anthonios etc... Grande famille de la noblesse possédant un chateau d'été et un chateau d'hiver, l'un à Apremont, l'autre à La Celle des Bordes
Pour le père, Maurice, c'est le Pen qui symbolise le Héros.
Un frère hyper violent et schizo dont elle sera la doublure "saine".
Au long de cet ouvrage Félicité Herzog déboulonne son père bien sûr, règle ses comptes avec sa mère et son milieu de noble aristocratie et riches industriels, avec son frère qu'elle comprendra trop tard de qui engendrera une culpabilité qu'elle traine depuis ce temps.
Mais c'est surtout d'elle et de son milieu qu'elle rejette tout en en profitant dont nous parle l'auteur.
C'est assez mal écrit et à part les premières pages qui nous content la destitution de Maurice Herzog par sa fille le reste présente peu d'intérêt.
Autant lire Gala, Point de vue ou Vues et Images du monde !
Lien : http://unheros.com/liens.html
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Si ce n'est la révélation sur les mensonges et le caractère détestable de son héros de père, le premier roman de Félicité Herzog n'offrirait pas un grand intérêt. Dans le genre 'Je balance mon père à la vindicte populaire', on a fait mieux et plus raffiné, par exemple chez Christine Angot ou Mazarine Pingeot. Si ce livre est fait pour dénoncer les tares d'une éducation bourgeoise assurée par nurses interposées, ou pour dire les difficultés pour un enfant des années 70 à vivre dans une famille de divorcés, ce roman enfonce des portes grande ouvertes. Il est, quoique assez bien écrit, de plus parsemé de longueurs ennuyeuses et de considérations que je nommerai 'Remplissage'. Il en reste la beauté de la description de la folie du frère, qui eut mérité un roman sur ce thème unique. Vous pouvez faire mieux, Mademoiselle Herzog!
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Félicité Herzog intitule ce récit « roman ». Est-ce un roman familial ? Peut-être. « Ce roman de notre fraternité blessée » dit-elle encore en évoquant le souvenir de son frère Laurent. C'est avant tout le moyen de se retourner sur les années d'enfance et d'adolescence de deux enfants meurtris. Étrangement, Félicité Herzog semble surtout en vouloir à son père, menteur suprême et manipulateur à ses yeux. Elle fait trembler la statue paternelle sur son piédestal, mais parvient surtout à donner une image assez pitoyable du héros d'Annapurna Premier 8000, presque ridicule. Coureur de jupons, détenteur d'une gloire peut-être usurpée, Narcisse amputé réduit à complaire à tante Yvonne, condamné à finir dans les dîners des le Pen, Félicité le contemple avec des yeux décillés depuis son plus jeune âge. Cependant, la personnalité de sa mère, Marie-Pierre, me paraît encore plus déstabilisante, car elle oscille sans cesse entre deux extrêmes irréductibles. Fille du duc et de la duchesse de Brissac, elle a été mise au ban de son milieu par son premier mariage avec Simon Nora, elle a construit son émancipation en rejetant les préjugés et les diktats de sa famille, tout en restant prisonnière des codes de la haute aristocratie. Tout dans son attitude semble contradictoire et paradoxal. Elle en appelle à la noblesse de ses origines, au respect qu'on leur doit, tout en poursuivant une vie libre marquée par le féminisme de l'époque. Nous ne la sentons pas plus présente auprès de ses enfants que leur père. La liberté dont jouit Félicité à treize ans semble bien dangereuse pour une adolescente. La violence de ses enfants - on envoie recoudre Félicité régulièrement à l'hôpital Necker, au service des Enfants Malades – est très rapidement mise sur le compte du père et de ses conduites à risque, voire de ses origines alémaniques. Cette femme éduquée, en pleine période Dolto, ne paraît pas mesurer la planche vacillante sur laquelle sont installés ses deux enfants. « J'admirais ma mère, si différente des autres, exemplaire dans ses choix de vie, refusant toute compromission de carrière ou de confort. En un mot, libre. J'adhérais donc à n'importe laquelle de ses idées, y compris les plus saugrenues, avec enthousiasme. » Et si Marie-Pierre n'avait en fait jamais choisi, jamais tranché entre deux vies, mêlées d'une manière inextricable, le mélange devenant hautement toxique pour les enfants ? Cossé-Brissac, Schneider, Herzog, cela fait beaucoup quand tout entre en dissonance. L'aristocratie ou les affaires ? la naissance ou l'argent ? la collaboration ou la Résistance ? la soumission ou la révolte ? l'orgueil ou l'humiliation ? l'héroïsme ou l'impuissance ? Chacun des enfants y répond à sa manière. Félicité, sans doute parce qu'elle est la cadette, choisit les affaires, l'argent, la réussite, l'orgueil, le pouvoir. Laurent parce qu'il est l'aîné, un garçon, ne résiste pas au poids mis sur ses épaules, à la contradiction insupportable : impuissant, apeuré, humilié, il succombe à la folie et se suicide.
Félicité Herzog est trop intelligente pour ne pas sentir les dangers que lui font courir ses choix, car ils restent encore ceux de son milieu, pas les siens.
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