La dernière fois, l'autrice m'avait laissée avec un tome beaucoup trop caricatural qui m'avait crispée notamment à cause des prétendants des héroïnes... Tout en jouant sur les mêmes ressorts scénaristiques étrangement je ressors de ce tome avec le sentiment inverse, comme quoi
Akiko Higashimura est hyper douée pour raconter le quotidien de ses charmantes trentenaires.
Les galères n'en finissent plus pour nos trois amies qui continuent à se retrouver dans leur bar fétiche. Pour le lecteur, une certaine routine s'est même installée et on devine même les "alertes" qu'elles vont lancer, les interventions de leur star préférée ou l'apparition plus si inopinée de Yaka et Focon. Mais tout cela a vraiment une saveur réconfortante.
J'ai vraiment pris plaisir au focus sur la première des trois héroïnes, la seule à avoir potentiellement une relation "acceptable" si je puis dire puisqu'elle n'est pas dans l'adultère, elle. Ce n'est pas pour autant que tout est simple. Sur fond de questionnement de ce qu'on attend d'une relation de couple et de ce qu'on est prêt à accepter de l'autre, l'autrice nous embarque dans les méandres de sa vie sentimentale. J'ai beaucoup aimé les réflexions que son couple avec le fan de cinéma nous pousse à avoir. Est-ce que sous prétexte que c'est le seul homme qui s'intéresse à nous on doit tout accepter ? Est-ce qu'il faut forcément faire des concessions et jusqu'où on peut aller ? Je trouve le discours de la mangaka assez honnête et plein de nuances. Elle n'accable pas l'homme avec qui s'est mis Rinko et avec qui ça ne fonctionne pas.
En revanche, je commence à en avoir marre du quasi running gag avec la jeune star qui lui tourne autour. Je comprends parfaitement l'interrogation des filles et leur interprétation de ses actes. Celui-ci est quand même particulièrement ambigu. Mais la façon dont il se comporte envers Rinko est vraiment moche, de même que ses discours sur les femmes. Et là, j'ai vraiment du mal avec l'autrice. J'ai l'impression, et j'espère me tromper, qu'elle veut se servir de ce personnage comme d'électrochoc pour nos trentenaires, comme s'il leur disait une vérité qui dérange. Sauf que non, je ne suis pas d'accord, il tient parfois des propos en totale contradiction avec mes convictions. J'ai donc du mal avec lui même si
Akiko Higashimura commence à le creuser un peu...
En revanche, ça fait plaisir de voir Rinko se bouger un peu, notamment du côté de son travail. Elle l'a pendant tellement longtemps fait en dilettante qu'on pouvait avoir le sentiment que la passion l'avait quittée. Or, là elle semble reprendre du poil de la bête et c'est beau à voir. En plus, il y a vraiment de chouettes questions qui sont posées sur la réalité du boulot de scénariste qui n'est pas que gloire et beauté, sur la peur de la jeunesse dans le cadre du travail, sur la précarité économique, etc. J'aime vraiment cet aspect du titre.
En laissant les autres de côté pour se concentrer sur une seule de nos hurluberlus, ce que je lui reprochais au début, l'autrice a su me séduire ici. Elle montre bien que ce n'est pas facile de trouver l'amour de nos jours, que la société met plein d'a priori et de barrières aux femmes (comme aux hommes mais on ne voit moins ici) et la vie professionnelle a aussi une grande importance et apporte son lot de joie et de galère. Un beau titre de son temps !
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