''Et voilà, que, dans la même minute, je distinguai le long du bastingage, près de l'appareil du Loch, quelque chose qui ressemblait à un homme, mais irréel et vaporeux. Je me crus la proie d'une illusion.''
C'est une très belle découverte, je découvre un nouvel auteur, qui possède une plume douée et remarquable. Ce récit est écrit en 1905 et il est publié en 1909. C'est un écrivain anglais, il se spécialise dans les nouvelles et les livres fantastiques. Il est peu connu de son époque, il se réfère beaucoup à son vécu marin. Je me laisse donc naviguer, en compagnie de Walktapus, dans le fantôme du bord...
Passionnant, Captivant, Déstabilisant
Quand j'ai ouvert mon roman, je ne savais pas à quoi m'attendre. Je me retrouve dans un univers en compagnie de Jessop et l'équipage. Il m'amène dans un cadre marin, sur un navire, au coeur de l'océan. Il se passe des événements mystérieux sur ce bateau. Personne ne peut expliquer ce qui arrive, ce qui augmente la tension à bord.
Je suis très conquise autant par l'histoire qu'au niveau de l'écriture. C'est raconté à la première personne et son écriture est fluide, puissante et intense. Je dévore ma lecture page par page, et tu te laisses envoûter par cet atmosphère étrange, les lieux du navire sont bien décrits.
Il emploie un vocabulaire marin, c'est complexe, c'est ce qui donne un charme au roman. À cause de ses mots riches et variés, on se croit parmi eux et on se questionne sans cesse ce qui va arriver. C'est un petit livre dont la lecture se fait vraiment bien, les chapitres sont bien faits, les paragraphes ne sont pas longs dont on rentre facilement dans cet univers mouvementé.
''Puis je voulus examiner encore le navire mystérieux, mais à mon total ahurissement il s'était complètement évanoui, et je n'avais plus sous les yeux, que l'immense océan calme.''
Au cours de ma lecture, j'apprécie suivre Jessop à bord. Dès les premières pages, des ombres envahissent le navire, on hume parfaitement leurs odeurs subtiles. Jessop ressent intuitivement qui se passe quelque chose. Il ose en parler mais les autres n'y croient pas jusqu'à ce que les membres de l'équipage le vivent à leurs tours. On constate donc que la peur et l'incompréhension s'installent et qu'on nage en plein mystère.
C'est un roman qui fait rêver, on se retrouve sur l'océan à bord et les événements arrivent l'un après l'autre. On remarque que les personnages sont bien construits, je fais un clin d'oeil spécialement pour Tammy, qui est un personnage important. Je trouve que l'énigme est bien ficelée et l'auteur nous tient en haleine. Je n'ai pas pu lâcher mon livre, il se dégage toutes sortes d'émotions qui relient les personnages ainsi à leur environne-ment.
Quand à la finale, je crois que ça conclut bien l'histoire. Lorsque j'ai refermé le livre, j'ai eu eu de la peine à quitter cet équipage, ce navire majestueux et cet océan qui transporte en secret deux mondes. C'est un auteur à découvrir car il détient vraiment un talent de conteur. À mes yeux, c'est une lecture que je recommande, on peut aussi le lire entre deux pavés.
Je demande alors à mon coéquipier Walktapus, est-ce qu'il y a des rats dans le navire ?
Il me répond :
- Non, je vois autre chose mais quoi...
- Est-ce que tu peux m'expliquer ?
- C'est impossible à définir, je crois mais je vais essayer...
Alors allez aussi sur sa critique, pour avoir son ressenti... et connaître le mot de la fin avec l'agent W.
Siabelle
'' le grand public, n'est-il pas vrai, les tient pour des ivrognes et des rustres; leurs récits sont des contes à dormir debout ! D'ailleurs, eux-mêmes le savent si bien qu'ils ne parlent que sous l'influence de la boisson... le capitaine et les deux officiers firent, de la tête, un signe de tacite assentiment.''
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C'est écrit en 1909, et je l'ai lu sous la forme numérique sous le titre Les Spectres Pirates. C'est le récit d'un voyage sur une grand voilier de commerce, un voyage sur un bateau, hanté ou maudit, on ne sait pas trop.
J'ai adoré cette lecture, William Hope Hogdson est dans ce qu'il semble affectionner le plus, c'est à dire la marine à voile et les histoires de fantômes, et il maîtrise parfaitement, le vocabulaire, l'univers de l'un, associé à l'angoisse, le mystère et l'irréalité de l'autre. Attention tout de même, concernant le vocabulaire, il vaut mieux avoir quelques bases en termes de marine à voile. Les personnages sont bien campés, l'atmosphère crée superbement décrite, avec justesse, sans emphase. le réalisme de l'écriture, des comportements humains rendent le fantastique plus vrai, plus naturel, l'immersion est totale, on sent la brume, le vaisseau timidement éclairé dans la nuit, le silence inquiétant de la mer. L'intrigue se développe et nous embarque littéralement dans l'angoisse. Je l'ai lu d'une traite, impossible de lever les yeux du livre.
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Ce livre est le récit de Jessop, marin rescapé du naufrage du Mortzestus, fait aux officiers du Sangier, qui l'a recueilli alors qu'il nageait en pleine mer.
Le texte court, rythmé et assez étrange, qui précède le roman, est une chanson de manoeuvre. Ce serait celle qu'auraient chanté les matelots du "Sangier" en halant vers eux le canot du naufragé et de ses sauveteurs.
Hogson a mis dans son oeuvre toute son expérience de capitaine au long cours, des derniers temps de "la marine en bois".
Le présent récit est reconnu comme un des plus beaux textes fantastiques sur le thème des vaisseaux fantômes. Publié en 1946, il a fait l'objet de multiples rééditions et malgré les années reste, grâce au talent d'écriture et à l'imagination de son auteur, un des ouvrages les plus passionnants du genre.
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Si, comme moi, vous avez un faible pour les récits maritimes baignant dans le fantastique et l'horreur, "Les pirates fantômes" de 1909 est un classique incontournable. Hodgson a en effet navigué de nombreuses années, dès son plus jeune âge, et peut rejoindre le club des grands "écrivains de la mer", auprès de Conrad et Melville, malgré sa mort prématurée. le dispositif est simple : une traversée à bord d'un grand voilier et les événements de plus en plus étranges auxquels assistent son équipage impuissant. Hodgson ne vire jamais de cap, il dépeint à merveille la vie à bord, avec toute la technicité requise, et fait preuve d'une grande maîtrise dans la montée en puissance de son récit d'épouvante. Jessop, le narrateur principal, livre un témoignage factuel, décrit ses relations avec une hiérarchie embarrassée, mais, peu à peu, il se met à réfléchir et à élaborer des théories au sujet des apparitions toujours plus menaçantes. Ses suggestions permettent à cette histoire de fantômes de prendre une ampleur inattendue, cosmique.
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Il y a de quoi louer l'imagination de l'auteur, et cet art de nous conter les choses les plus terribles tout en privilégiant les sentiments humains...
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Il m'avait dit, alors que les voiles s'éployaient toujours de nuit. Je me rappelai l'emphase avec laquelle il avait prononcé ces deux mots. Et, me la rappelant, j'eus peur. Car, tout à coup, je compris à quel point il était absurde qu'une voile, même mal attachée, déferlât par un temps aussi calme. Je m'étonnai de n'avoir pas deviné plus tôt, sous le phénomène, quelque chose de singulier. Des voiles ne s'éploient pas par un beau temps, avec une mer d'huile, et le bateau stable comme un roc. Il savait, ou, tout au moins, pressentait quelque chose qui à ce moment-là, m'échappait encore.
Je me retournai brusquement et j'ai vu quelque chose qui regardait par-dessus la lisse de couronnement de la poupe. Cela avait des yeux auxquels la lumière de l'habitacle donnait un reflet étrange, félin, terrifiant; en dehors de ces yeux, je ne distinguais rien nettement. Pour le moment, je restais à regarder. J'étais figé sur place. Cela était si près. La faculté de me déplacer me revint, je bondis jusqu'à l'habitacle et pris la lampe. Je pivotai sur moi-même et braquai le faisceau dans la direction de la chose qui, quelle qu'elle fût, avait franchi la lisse; mais à présent, en face de la lumière, elle recula avec une souplesse à la fois curieuse et horrible. Cela glissa en arrière, redescendit, et disparut. J'ai gardé l'impression confuse d'une chose humide, luisante, et de deux yeux épouvantables.
Nous nous sommes précipités sur le pont. La nuit tombait, mais l'obscurité n'était pas suffisante pour nous empêcher de voir un spectacle terrible et extraordinaire. Le long du bastingage de bâbord régnait une curieuse grisaille ondulante qui descendait à bord et se répandait sur les ponts. En regardant, je m'aperçus que j'y voyais plus clairement et d'une très extraordinaire façon. Et soudain, toute cette grisaille mouvante se concentra pour former des centaines d'hommes étranges. Dans la demi-obscurité, ils paraissaient irréels et impossibles, comme s'ils avaient été les habitants d'un monde fantastique de rêve. Mon Dieu! il me semblait que j'étais devenu fou!
- Alors pourquoi ne montent-ils pas à bord d'autres vaisseaux? Comment expliques-tu cela?
- Bien que ça me paraisse par moments, un peu fragile, je crois le pouvoir, en partant de mon idée.
- Comment? demanda-t'il encore une fois.
-Voilà, je pense que ce bateau est ouvert, comme je t'ai dit, exposé, dépourvu de protection, appelle ça comme tu voudras. Je dirais qu'il est raisonnable de penser que tout ce qui appartient au monde matériel est protégé des choses immatérielles, mais, dans certains cas, cette barrière peut être renversée. C'est ce qui a pu se produire à bord de ce bateau. S'il en est ainsi, il est peut-être sans défense contre les attaques d'êtres appartenant à une autre forme d'existence.
- Qu'est-ce qui a rendu ce bateau comme cela? demanda-t'il, d'une voix réellement terrifiée.
- Dieu sait! répondis-je. Cela a peut-être quelque chose à faire avec les champs magnétiques; mais tu ne comprendrais pas, et moi non plus d'ailleurs, à vrai dire. (...)
- Il y a trop d'ombres sur ce maudit paquebot !