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Les derniers corsaires est une évocation des combats sous-marin durant la seconde guerre mondiale. Comme Soldats de Sable (cf chronique de la semaine dernière)
Jocelyn Houde et
Marc Richard, les deux auteurs québécois de cet album, n'ont pas pris le parti de la fresque historique majeure mais la petite histoire de quelques personnages. En fait, il s'agit surtout d'un récit d'apprentissage. Si le lieutenant Walter Woolf connaît la théorie du combat, il est vite confronté à la réalité et surtout au capitaine Wallis, alias Ed le Puant. Ce personnage austère particulièrement réussi allie la sagesse du vieux briscard, la noblesse de l'homme d'honneur et la morgue de l'officier. On appréciera également le personnage du capitaine Fielding, fin stratège et orfèvre en combat sous-marin. En y repensant, il n'est sans rappeler le capitaine Stark (Chargez !!!) des Tuniques bleues. Bref, la narration repose essentiellement sur leurs rapports, parfois conflictuels, parfois cocasses, de maître à disciple. Par ce biais, le lecteur est entraîné dans les profondeurs du récit. Les situations s'enchaînent entre moments de tensions, de guerres et instants de calme, voire de réflexions. Combats et stratégies sont démontrés et expliqués sans lourdeur, les situations sont amenées avec beaucoup de finesse, laissant la place à des rebondissements inattendus. Au bout du compte, tout est précis, orchestré, fluide. La construction en trois temps est impeccable, ça file, on veut en savoir plus. Bref, un récit aussi construit et pensé que les opérations décrites.
Cette super-précision pourrait être un frein à l'émotion. Or, c'est là qu'intervient le travail magnifique du dessinateur
Jocelyn Houde qui n'est pas sans rappeler le
Christophe Blain d'
Isaac le pirate. Une référence ! A première vue pourtant, le trait est simple. Des trames garantissent une relative obscurité à l'ensemble, la couleur est simple également, jouant sur les tons chauds ou froids quand nécessaire. Mais plus on pénètre dans le coeur du récit, plus on s'aperçoit de la virtuosité du dessinateur. C'est puissant et beau quand nécessaire, dynamique ou contemplatif au besoin, ça accroche l'oeil immédiatement. Les émotions comme la panique ou la honte sont palpables. Et que dire des brouillards ou des vagues, superbe ! N'ayant pas les qualités techniques pour juger de la qualité d'un dessin, je m'enthousiasme rarement autant sur un illustrateur. Mais il faut bien avouer que peut avant sa mort en 2007,
Jocelyn Houde montrait une qualité époustouflante à chacune de ses cases. Loin des critères réalistes, il donnait pourtant une vraie présence à ses personnages et à ses histoires. de quoi laisser un goût très amer à tous les amateurs du 9e art qui aurait pu bénéficier de son talent. Je suis triste à retardement.
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